Le neurone sensitif (celui qui est
le plus souvent atteint dans
l’infection à VIH) capte les
informations au niveau de la
peau, ou des organes internes
(viscères, articulations…) et les
conduit par un long filament -
l’axone - jusqu’au corps de la
cellule, avec son noyau, situé
dans un renflement de la racine
nerveuse, le ganglion spinal ou
sensitif, près de la moelle
épinière (dans la colonne
vertébrale). Une connection a
lieu avec un autre neurone
sensitif qui remonte jusqu’au
cerveau, là où se fait le décodage
et l’interprétation des sensations,
en fonction du vécu de la
personne.
En fait les axones des neurones
sensitifs sont de deux types, l’un
de gros calibre véhiculant des
sensations “fines”
(reconnaissance des formes, des
textures au toucher par
exemple), qui est protégé par une
gaine isolante composée de
lipides et protéine (myéline),
l’autre plus simple et plus grêle
véhiculant les sensations plus
primitives, telles le chaud, le
froid, la douleur.
La gaine de myéline protège le
neurone en continu, sauf aux
points d’interconnection où cette
gaine est interrompue,et qui
constituent donc des points de
vulnérabilité particulière.
Il existe de plus de nombreuses
interconnections en réseau entre
les fibres sensitives transportant
les sensations venant des
différents “ étages ” de
l’organisme jusqu’à la moelle
épinière, ce qui explique qu’une
douleur perçue en un point de la
peau puisse en fait être ressentie
comme venant d’un territoire
plus vaste.
Les sensations sont transmises
par l’influx nerveux , qui est tout
simplement une sorte de
phénomène électrique généré par
la membrane du neurone, et qui
se transmet ensuite
spontanément tout au long de
l’axone.
Il existe aussi des flux de
constituants cellulaires, qui, s’ils
sont endommagés, perturbent le
fonctionnement du neurone et de
l’influx nerveux. Le nerf n’est
pas en contact direct avec le tissu
avoisinant : il y a une sorte de
zone tampon entre les deux
(périnèvre), qui par malheur
retient aussi les substances
toxiques et les déchets.
Les neurones sont irrigués par
des vaisseaux sanguins dont la
paroi est en principe étanche,
sauf en des points précis du
système (le ganglion sensitif où
se trouve le corps du neurone
périphérique ), ou dans le tronc
nerveux lui-même si la paroi de
ce vaisseau est altérée,
permettant la sortie de molécules
potentiellement toxiques ou de
cellules agressives
(macrophages).
Les atteintes du neurone
périphérique peuvent porter sur
le corps de la cellule (au niveau
du noyau, ou de son
métabolisme, en particulier dans
les mitochondries, qui sont la
centrale énergétique de la
cellule), ou sur le “ câble ”
(l’axone).
Dans le cas le plus fréquent,
l’atteinte commence vers l'aval et
remonte ensuite le long de la
fibre nerveuse ; l’extrémité du
neurone dégénère, mais a
tendance à repousser, avec
formation d’un petit bouton de
régénération, qui tend à aller de
nouveau vers sa cible, le
récepteur sensitif. Ce bouton est
hyperexcitable, et génère un
excès d’influx nerveux et donc de
sensations douloureuses.
La gaine de myéline dégénère s’il
y a une atteinte de l’ axone ; elle
disparaît ou peut se régénérer
avec une épaisseur plus fine.
L’attaque peut aussi se situer
d’emblée au niveau de la gaine
de myéline, et l’axone se trouve
plus ou moins nu et se rétracte.
Il y a donc beaucoup
d’interactions entre l’axone et
son enrobage.
Les neuropathies périphériques
qui apparaissent chez les
personnes infectées par le VIH
sont principalement celles qui
sont liées à l’infection virale elle-
même, et celles qui sont liées à
une toxicité médicamenteuse des
antirétroviraux.
Il n'y a pas dans la nature des
symptômes ressentis par le
patient et observés par le
médecin de facteur net qui
permet de faire la différence
entre l'une ou l'autre cause, ce
qui explique la difficulté de
prendre en charge ces troubles
dans certains cas.
D’autres causes sont également
possibles mais nous ne les
évoquerons pas ici (infection
opportuniste - rarement - ,
diabète, alcoolisme, toxicité
médicamenteuse liée à une autre
famille de molécules).
La description du mécanisme
impliqué dans la neuropathie
périphérique du VIH revient à
une anglaise, Margaret Esiri, qui
Les neuropathies périphériques qui
apparaissent chez les personnes infectées
par le VIH sont principalement celles qui
sont liées à l’infection virale elle-même, et
celles qui sont liées à une toxicité
médicamenteuse des antirétroviraux
Chères n e u r o p a t h i e s . . .
.
Structure anatomique essentielle et fragile, les neurones sont vulnérables
aux agressions du virus VIH et des médicaments
NEUROPATHIES PERIPHERIQUES
2
I N F O T R A I T E M E N T S N ° 1 0 6 N O V E M B R E 2 0 0 2
par Odile Vergnoux
C o o r d i n a t i o n . s c i e n t i fiq u e @ a c t i o n s - t r a i t e m e n t s . o r g
190, bd de Charonne
75020 Paris
TEL 0143676600 FAX 0143673700
WEB: www.actions-traitements.org
Directeur de la publication
Jean-Marc Bithoun
Rédacteurs en chef
Odile Vergnoux,
Eugène Rayess
Coordinateur scientifique
Odile Vergnoux
Comité de rédaction
Jean-Pierre Fournier,
Eugène Rayess,
Odile Vergnoux,
Marek Korzec,
Pierre-Jean Lamy,
Yves Béhar,
Jean-Marc Bithoun,
Gonzalo Brauchy,
Fabrice Deschamps,
Frank Rodenbourg
Chef d’édition
Eugène Rayess
Réalisation
Actions Traitements
r e n c o n t r e r
P e r m a n e n c e
d ’ i n f o r m a t i o n
sur les traitements
en partenariat avec le CRIPS
les 2èmes et 4èmes jeudi
de chaque mois,
de 18h à 21h30
Prochaines dates :
14 novembre
28 novembre
12 décembre
à la galerie
“Au dessous du volcan”
8, rue St e croix de la
bretonnerie - 75004 Paris
Tél : 01 42 74 15 43
n o u s
r e n c o n t r e r