Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux
Direction des services vétérinaires
ANALGÉSIE CHEZ LES ANIMAUX DE
LABORATOIRE
Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux
Table des matières
1. Introduction et définitions .......................................................................................... 3
2. Anatomie et physiologie de la nociception ................................................................. 4
3. Effets physiologiques de la douleur ............................................................................ 5
4. Signes de douleur ........................................................................................................ 6
5. Choix de l’analgésique ............................................................................................... 11
6. Anti-inflammatoires ................................................................................................... 12
7. Opioïdes ..................................................................................................................... 14
8. Anesthésiques locaux ................................................................................................ 16
9. Agonistes des récepteurs α2-adrénergiques............................................................. 18
10. Antagonistes des récepteurs NMDA ...................................................................... 19
11. Adjuvants ............................................................................................................... 20
12. Le futur ! ................................................................................................................. 20
Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux
1. Introduction et définitions
La douleur est définie comme une sensation déplaisante associée à une expérience
émotionnelle impliquant généralement des dommages tissulaires existants ou potentiels. La
douleur est une sensation subjective qui peut être difficile à observer chez les animaux où il y a
absence de communication verbale. Nous nous devons toutefois de prévenir la douleur et la
détresse chez les animaux utilisés en recherche. La douleur provoquera chez les animaux des
réactions de protection physiologiques et comportementales : évitement, vocalisations, etc.
La douleur est avant tout un signal d’alarme qui permet à l’organisme de se protéger contre les
stimuli douloureux subséquents. Cette formation a pour but de vous remémorer les bases de
l’analgésie et de définir les signes de douleur chez certaines espèces animales et les classes
thérapeutiques pouvant être utilisées.
Douleur aigue : douleur vive, immédiate et habituellement brève. Causée par des dommages
tissulaires comme des incisions cutanées, coups, pincements, etc.
Douleur chronique : douleur qui évolue sur une période de plus de trois mois. Causée
généralement par des maladies comme l’arthrite, le cancer ou des névrites.
Hyperalgésie : réponse exagérée à un stimulus douloureux.
Allodynie : douleur déclenchée par un stimulus habituellement indolore.
Analgésie : absence de douleur en réponse à un stimulus normalement douloureux.
Les analgésiques sont divisés selon l’Organisation mondiale de la santé en trois paliers :
Palier I
Non-morphiniques
Palier II
Morphiniques faibles/modérés
Palier III
Morphiniques forts
Aspirine
Ketoprofen
Buprénorphine
Butorphanol
Codéine
Fentanyl
Hydromorphone
Morphine
Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux
2. Anatomie et physiologie de la nociception
La nociception est l’ensemble des phénomènes à l’origine du message nerveux impliqué dans la
sensation de la douleur. Les terminaisons nerveuses à l’origine de la douleur sont appelés
nocicepteurs. Ceux-ci sont localisés dans les tissus cutanés, musculaires, articulaires et osseux.
Lorsqu’un stimulus douloureux survient, une cascade d’événements nerveux s’en suit. Au niveau
de l’organe atteint, que ce soit la peau, les viscères ou une articulation par exemple, des
récepteurs spécifiques de la nociception s’activent. Certains organes en sont très concentrés,
comme la peau, d’autres dépourvus, comme le cerveau. Ces « nocicepteurs » perçoivent donc le
stimulus mécanique, chimique ou thermique et un signal nerveux est envoyé par le nerf
périphérique jusqu’à la moelle épinière, puis voyage jusqu’au cortex, ou la douleur proprement
dite est alors perçue. Un influx nerveux de type rétrocontrôle est retourné à la moelle épinière
afin de modulée la douleur.
Trois types de nocicepteurs sont connus : mécaniques, mécano-thermiques ou polymodaux.
Nocicepteurs mécaniques Activés par des pressions mécaniques (fibres Aδ)
Nocicepteurs mécano-thermiques Activés par des températures extrêmes (fibres Aδ)
Nocicepteurs polymodaux
(+ nombreux)
Activés par des stimuli mécaniques, thermiques et
substances algogènes (fibres C)
Les substances algogènes sont libérées dans l’espace extracellulaire après le dommage tissulaire
et sont responsables de la sensibilité périphérique : histamine, substance P, prostaglandines,
ATP, glutamate, etc.
Les nocicepteurs ont certaines caractéristiques communes :
- Seuil élevé de déclenchement
- Intensité proportionnelle à la stimulation
- Capacité de sensibilisation : diminution du seuil de réaction après stimulations répétées
Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux
À l’exception des anesthésiques locaux, les analgésiques n’abolissent pas complètement la
douleur ressentie par l’animal. Il est possible de modifier la transmission de la douleur via trois
sites : zone périphérique, la moelle épinière et le cerveau. Les analgésiques agissent sur l’un ou
plusieurs de ces sites pour diminuer l’intensité douloureuse. À la périphérie, la sensibilité des
récepteurs augmentent en présence de prostaglandines (produites suite au traumatisme). Ce
sont les cellules de la corne dorsale dans la moelle épinière qui perçoivent la douleur. Quant au
cerveau, les fibres conductrices aboutissent dans plusieurs régions. Il est donc supposé qu’une
analgésie multimodale est préférable à l’utilisation d’un seul médicament.
Certains mécanismes inhibiteurs semblent être présents : libération de substances (ex.
endorphines) par l’organisme qui agissent sur les mêmes récepteurs et suppriment la douleur.
Ces mécanismes sont peu connus chez les animaux. Nous devons donc supposer qu’une
intervention douloureuse chez l’humain l’est tout autant chez l’animal. Il a été prouvé qu’une
analgésie préventive est plus avantageuse qu’une analgésie curative, soit après une chirurgie
par exemple.
3. Effets physiologiques de la douleur
La douleur amène un état de stress. Ce stress entraine des changements au niveau des
hormones sanguines ainsi qu’une diminution de l’immunité, une perte d’appétit, une fonte
musculaire… La douleur augmente aussi le risque de complications majeures en période
1 / 20 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !