Direction des services vétérinaires PATHOGÈNES SOURIS – de la théorie à la réalité Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux Table des matières 1. Introduction et définitions ...................................................................................................... 3 2. Généralités .............................................................................................................................. 4 3. Historique ................................................................................................................................ 6 4. Prévalence ............................................................................................................................... 6 5. Virus ......................................................................................................................................... 9 6. Bactéries ................................................................................................................................ 12 7. Parasites ................................................................................................................................ 14 8. Techniques de détection ....................................................................................................... 15 9. Avenir… .................................................................................................................................. 17 Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux 1. Introduction et définitions À Québec, près de 75 % des animaux utilisés en recherche ou en enseignement sont des rongeurs qui sont principalement des souris transgéniques. Les rats sont utilisés dans une proportion moindre. Les maladies infectieuses peuvent être considérées comme l’une des variables les plus importantes pouvant interférer avec les résultats de recherche. Les infrastructures, les équipements ainsi que les procédures doivent réduire au maximum la propagation des pathogènes. Les lignées de souris, qu’elles soient transgéniques ou non, possèdent des phénotypes particuliers. Elles peuvent spontanément développer une paralysie, être plus susceptibles à l’hydrocéphalie, avoir des stéréotypies comportementales et autres particularités. Il en est de même pour la susceptibilité aux maladies et aux infections. Outre les susceptibilités de lignées, d’espèces ou d’âge, il est important de savoir que les animaux réagissent de manière différente aux infections naturelles et aux infections expérimentales. En effet, une souris infectée naturellement par un pathogène peut ne démontrer aucun signe clinique, mais il en est tout autre lorsqu’elle est infectée expérimentalement. Finalement, la présence de pathogènes de manière simultanée peut modifier grandement la réponse de l’animal à son environnement, mais aussi aux effets potentiels des maladies. Vous pouvez donc constater que plusieurs facteurs sont présents. Nous ciblerons donc les pathogènes dont la prévalence était plus élevée en animalerie dans les dernières années ainsi que leurs effets sur la recherche. Définitions : Infection : présence d’un agent infectieux dans l’organisme, tels les bactéries, les virus, les parasites, les fungus mais aussi les prions (peu connu chez les rongeurs toutefois). Agent commensal : micro-organisme qui fait partie de la microflore d’un animal et qui profite de l’hôte, sans lui nuire. Agent pathogène opportuniste : micro-organisme qui ne provoque habituellement pas de Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux maladie, mais qui peut l’engendrer lorsque le système immunitaire et la résistance de l'individu sont affaiblis. Agent pathogène strict : agent infectieux qui peut entraîner une maladie chez son hôte. Cet agent infectieux est généralement retrouvé chez les hôtes malades uniquement. Maladie : Animal présentant des signes cliniques tels qu’un pelage ébouriffé, une diminution du poids corporel, de la diarrhée ou tout autre signe visible. 2. Généralités Il est important de savoir qu’une infection n’est pas synonyme de maladie. Un animal infecté ne démontrera pas nécessairement de signes cliniques. La majorité des agents infectieux causent des effets invisibles qu’ils soient locaux ou systémiques. Malgré l’absence de signes, les répercussions sur les résultats de recherche peuvent être importantes, notamment lorsque les pathogènes affectent le système immunitaire, le système reproducteur, etc. En plus de l’effet direct du pathogène, des résultats biaisés pourraient être observés à la suite du traitement avec un médicament systémique ou topique. Les coûts associés aux ressources humaines et matérielles utilisées lors du traitement sont également à considérer en plus des conséquences sur les animaux infectés et tous ceux hébergés dans l’animalerie, si l’euthanasie est la seule option possible. Les conséquences dépendent du pathogène. Il est donc impératif de tout mettre en œuvre pour identifier les agents potentiellement « problématiques » et de diminuer les risques de contamination des animaux. Une absence de signes cliniques ne permet pas de conclure à une absence de l’un de ces agents. Les facteurs qui entraineront une infection sont nombreux et sont liés aux agents infectieux en cause ainsi qu’aux animaux. La contamination des animaux peut s’effectuer selon trois modes de transmission des agents infectieux : - Contact direct : Agent dont un contact direct entre animaux ou animaux-humains est requis pour la transmission. Ex : Teigne, mites - Contact indirect : Agent dont la transmission se fait grâce à l’environnement. Ex : Maladie respiratoire transmise par aérosol Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux - Vecteur passif : Agent dont la transmission se fait grâce à des objets. Ex. : Cages, cachettes, litière, eau, nourriture, etc. La provenance des contaminants provient surtout des animaux infectés qui excrètent le pathogène dans leurs urines, leurs fèces, leurs sécrétions respiratoires, mais aussi les squames de la peau, le sang, le lait. Cette excrétion va de l’animal infecté à l’animal porteur selon un des modes de transmission mentionnés ci-haut. L’animal s’infecte majoritairement par la voie digestive et respiratoire. L’inoculation par voie cutanée est aussi une possibilité lors d’injection ou de traitements. Certains agents infectieux peuvent se transmettre par voie sexuelle. Les animaux doivent donc provenir de fournisseurs reconnus où des tests sont effectués régulièrement et dont les résultats sont connus par l’animalerie. Toutes les souris provenant d’un fournisseur non autorisé doivent être considérées comme sources potentielles d’infection. L’état de santé des animaux peut être compromis durant le transport. Il est donc primordial de vérifier l’état des boites de transport à l’arrivée des animaux. Un transport direct entre le fournisseur et l’animalerie va permettre une diminution des risques de contaminations. Les souris sont en contact direct avec de la litière, de la nourriture, de l’eau ainsi que des éléments d’enrichissement en tout temps. Les sources et le traitement de ces éléments doivent être analysés afin de mettre des mesures opérationnelles suffisantes pour réduire l’introduction d’agents pathogènes dans les cages. C’est pourquoi la nourriture, la litière ainsi que l’eau doivent être stérilisées ou traitées de manière à éliminer les pathogènes (par exemple : osmose inversée ou irradiation). L’environnement implique aussi l’air fourni aux animaux et il est important d’utiliser des cages adaptées. Les cages conventionnelles ou munies exclusivement de couvercles filtres sont à proscrire et sont interdites en colonies. Les changements de cages ne doivent pas être effectués à l’air libre puisque la meilleure protection demeure au niveau de la cage. L’humain est essentiel à la recherche d’un point de vue expérimental (pour effectuer le protocole) ainsi qu’au maintien de bonnes pratiques pour le bien-être des animaux (changement de cages, alimentation, traitement, désinfections régulières, etc.). Il est important de diminuer l’entrée des pathogènes par l’humain. Plusieurs actions simples doivent être mises en place afin de limiter la contamination : limiter l’accès strictement au personnel nécessaire Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux pour la réalisation du projet, porter les équipements de protection individuels pour protéger le manipulateur ainsi que l’animal manipulé. D’autres mesures peuvent aussi devoir être mises en place comme la douche, l’absence de possession de rongeurs à la maison, etc. Il est important de vous rappeler qu’il faut éviter de parler à son collègue la porte ouverte ! Rester debout dans le cadrage de la porte, c’est inefficace ! Comme nous sommes TOUS responsables du bon maintien d’un statut de santé chez les animaux, il est important de vous rappeler que toute action prescrite, qu’elle vous semble minime ou extraordinaire, doit être effectuée ! 3. Historique Trois périodes ont été identifiées par Weisbroth en ce qui a trait à la prévalence des agents infectieux chez les rongeurs de laboratoire. La première période fait référence à la domestication et à l’hébergement des animaux à l’intérieur d’établissement. Une diminution marquée voire la disparition de certains pathogènes demandant un hôte secondaire ou un vecteur a été observée. Les pathogènes demandant des conditions environnementales spécifiques ont aussi été éliminés. La deuxième période est liée au développement de technologies d’analyse et de mesures opérationnelles pour identifier, mais aussi limiter la flore de l’animal. C’est à cette période que la dérivation par césarienne a été effectuée pour la première fois. La dernière période est liée au développement de colonies exemptes de pathogènes spécifiques ou communément appelées SPF (Specific pathogen free). Des avancées importantes dans les soins à apporter aux animaux en termes notamment d’hébergement (cages ventilées par exemple) ont été observées. 4. Prévalence Virus Les virus sont les pathogènes reconnus comme étant ceux qui influencent le plus le système immunitaire, que ce soit par sa suppression ou son activation. Leur présence est donc à éviter ! Le norovirus ou MNV est de loin le virus le plus présent avec une prévalence plus de 10 fois Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux celles des autres virus additionnés. Le MHV (hépatite) et le MPV (parvovirus) sont aussi des virus qui sont présents de manière importante. Bactéries La famille des Helicobacter prédomine le spectre des bactéries testées positives chez la souris. Des bactéries opportunistes et faisant partie de la flore normale sont aussi présentes en quantité non négligeable. Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux Parasites La liste des parasites pathogènes chez la souris est limitée. De ceux-ci, seuls les oxyures sont présents en quantité importante. Les parasites intestinaux non pathogènes sont souvent observés (Entamoeba, Trichomonads, etc.). Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux 5. Virus MNV (Mouse Norovirus) Le norovirus fait partie de la famille des calicivirus et il est non enveloppé (très résistant dans l’environnement). Il a été découvert en 2003 et est de loin le virus le plus présent dans les animaleries nord-américaines. Il est spécifique d’hôte et la souche murine n’affecte pas les humains. Ce virus ne semble pas occasionner de signes cliniques chez les animaux immunocompétents. Cependant, comme le phénotype complet du système immunitaire de plusieurs lignées transgéniques est inconnu, ce virus pourrait occasionner des problèmes ! Ce virus est apparu dans le radar des infectiologues et des chercheurs lorsque des mortalités importantes ont été observées chez une lignée double KO. Une infection généralisée a été observée et aucun pathogène connu n’avait été détecté. Un nouveau virus venait donc d’apparaitre ! Les animaux présentaient des signes généraux de maladies, soient une perte de poids, un dos courbé ainsi qu’un pelage ébouriffé. Certaines lignées comme les 129 et les C3H Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux ont démontré des signes de diarrhée après une infection expérimentale. Ce virus est transmis par la voie féco-orale. La transmission aux sentinelles est donc habituellement un moyen efficace pour savoir s’il est présent dans les salles d’hébergement. La dose infectieuse est petite et l’excrétion semble assez longue. Cependant, des études comparatives ont montré des différences dans la réplication virale et l’excrétion de différentes souches. Bien qu’il semble assez inoffensif, ces effets peuvent être importants d’un protocole de cancer à un protocole d’immunologie. Son éradication est facile, mais comme la dose infectieuse de contamination est faible et que sa persistance dans l’environnement est longue, ce virus est un bon indicateur du maintien de bonnes pratiques en animalerie. L’absence de résultat positif signifie un travail bien fait ! La dépopulation avec décontamination, la redérivation par transfert d’embryons ou de sperme ainsi que la césarienne avec transfert adoptif ont démontré leur efficacité dans l’éradication de ce virus. MHV (Mouse Hepatitis Virus) Les coronavirus sont des virus larges, pléomorphiques et enveloppés. Le MHV est un pathogène peu commun au Québec, mais qui revient tout de même positif aux tests de santé de manière modérée. Ce virus a deux biotypes particuliers liés à leur tropisme pour certains organes et à leurs effets biologiques. Les souches entérotropiques affectent habituellement le système digestif et les souches polytropiques affectent en premier lieu le système respiratoire pour progresser parfois en maladie systémique avec atteinte du foie et du cerveau. Les isolats ne sont toutefois pas limités à ces deux catégories. En effet, ils peuvent posséder des caractéristiques des deux biotypes simultanément. Les formes entérotropiques sont très fréquentes tandis que les formes généralisées sont très rares. Il est important de noter qu’il y a plus de 25 souches de ce virus. Les signes cliniques peuvent donc être très différents selon la virulence, le tropisme tissulaire et les antigènes présents en plus des facteurs liés à l’animal comme l’âge, le génotype, la fonction immunitaire ainsi que les manipulations expérimentales. Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux Voici quelques caractéristiques importantes de ce virus : - Peu résistant dans l’environnement - Probablement non infectieux après 48 heures - Très contagieux - Transmission par fèces, contact direct, indirect et vecteurs passifs (gants, cages, etc.) - Transmissible aux cellules en culture et lignées tumorales Ce virus a un impact sur plusieurs aspects de la recherche, entre autres par son action sur le système immunitaire, la nécrose de plusieurs organes (foie, intestins, cerveau), la modification enzymatique, le rejet de greffons, la modification de l’involution thymique, etc. Les effets sont donc non négligeables et peuvent compromettre la viabilité de certains projets voire la majorité des protocoles en plus d’affecter le bien-être des animaux. Il est facile d’éliminer ce virus vu la faible résistance dans l’environnement et la susceptibilité aux désinfectants usuels, en plus de l’habilité des animaux immunocompétents à éliminer le virus après 3-4 semaines. L’absence de reproduction chez les nouveaux animaux pendant 6-8 semaines entraine l’élimination de ce virus. Les problèmes surviennent au niveau des animaux immunodéficients ainsi que les lignées transgéniques qui sont peu phénotypées. L’éradication lors d’éclosion de maladie se fait par euthanasies massives ou redérivation par transferts d’embryons. Parvovirus Le parvovirus est un virus ADN non enveloppé. Avec les oxyures, il peut être considéré comme la bête noire des agents pathogènes puisqu’il est persistant de manière importante dans l’environnement et très résistant aux méthodes usuelles de désinfection et d’éradication ! Ce virus peut être transmis par diverses sécrétions animales (urine, fèces, sécrétions oro-nasales). Les souris de laboratoire ainsi que les souris sauvages peuvent être contaminées et transmettre ce virus. Il est donc impératif de respecter des mesures strictes de contrôle de vermine, de stérilisation de nourriture et litière et de manipulations des animaux en colonies. Ce type de virus est composé de deux groupes génétiquement différents : le MPV (Mouse Parvovirus) et le MVM (Minute Virus of Mice). Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux Le MPV est le plus fréquent et cause une infection persistante avec une absence de lésions apparentes chez les animaux immunocompétents et immunodéficients. Ce virus affecte majoritairement le système immunitaire. Il peut entraîner une augmentation de rejet des greffes en plus de l’augmentation de la mortalité fœtale entrainant de petites portées. Le MVM est autolimitant en 4 semaines avec une absence de lésions apparentes pour les animaux immunocompétents. Les animaux immunodéficients lors d’infections naturelles ou expérimentales ont présenté une infection létale. Les effets du parvovirus sont d’ordre principalement immunologique avec une diminution de l’activité des lymphocytes T qui peut être catastrophique pour certains animaux et certains protocoles expérimentaux. Son élimination et la prévention de sa propagation doivent donc devenir des préoccupations quotidiennes comme tous agents infectieux (ou presque !). Si un test positif est observé, des mesures strictes doivent être mises en place afin de limiter la contamination : - Une désinfection agressive de l’environnement à l’aide de produits désinfectants efficaces et une stérilisation par vapeur d’eau lorsque possible. - Les filtres des cages et les supports ventilés doivent être méticuleusement décontaminés puisque ce virus y survit facilement. - Les cages, la litière, la nourriture, les vêtements du personnel et tous les équipements doivent être considérés comme potentiellement contaminés. - Une quarantaine avec limitation des mouvements du personnel doit être mise en place. - Les animaux infectés doivent être euthanasiés avec repopulation ou une redérivation. 6. Bactéries Helicobacter Cette bactérie Gram négative de forme incurvée ou spiralée est micro-aérophile. Elle n’est pas résistante dans l’environnement. Elle a été isolée de plusieurs mammifères vivants incluant l’homme et la souris à partir des années 90. Le genre Helicobacter contient 20 espèces identifiées, dont 11 chez la souris. Les espèces les plus fréquentes sont Helicobacter hepaticus, bilis, rappini et rodentium. Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux Helicobacter H. bilis Espèce(s) touchée(s) Rat, souris, gerbilles, chiens, chats, humains, et autres ? H. hepaticus, muridarum, rodentium, trogontum, Rats, souris typhlonius H. rappini Souris, moutons, porcs, chiens, chats, humains Chez l’animal immunocompétent, l’Helicobactériose est habituellement sans signe clinique, mais la souris infectée demeure une source du pathogène pour les animaux dont le système immunitaire est diminué. Ceux-ci pourraient présenter des signes de maladie intestinale inflammatoire tels que diarrhée ou prolapsus rectal. Les signes cliniques sont variables selon la bactérie et la lignée de souris. Lors de nécropsie d’une souris infectée, une colite, une proctite, une typhlocolite ainsi que des adénocarcinomes peuvent être observés. Le foie peut présenter une nécrose et une hépatite non suppurative. Celle-ci semble plus sévère chez les mâles que chez les femelles. Les animaux sont aussi plus sensibles au développement d’hépatomes et d’hépatocarcinomes. Ces lésions sont surtout associées à Helicobacter hepaticus. Les autres espèces affectent également le système gastro-intestinal. . Par exemple, H bilis, cause des IBD (Inflammatory bowel diseases ou maladie intestinale inflammatoire) ainsi que des tumeurs intestinales chez des lignées immunosupprimées. H muridarum cause des gastrites, mais semble non pathogène au niveau des intestins. Les conséquences au niveau de la recherche sont principalement liées à l’inflammation du système digestif qui entraîne une susceptibilité accrue aux tumeurs, une perturbation de l’absorption des drogues et diètes, de la reproduction, des réponses aux vaccins, etc. Il est donc important d’éliminer cette bactérie au sein des souris de laboratoire. Pasteurella Pasteurella pneumoptropica est une bactérie Gram négative présent dans la flore normale de la Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux souris au niveau de la peau, du système respiratoire et digestif. Cet agent opportuniste cause des lésions purulentes et exsudatives au niveau de plusieurs organes. Ex. : abcès sous-cutanés, conjonctivite, rhinite, mammite, métrite, etc. Ces lésions sont majoritairement retrouvées chez les souris immunodéficientes. Le traitement consiste à l’administration d’enrofloxacin pour une durée de 7-14 jours. Il est souhaitable d’inclure ce pathogène de la liste d’exclusion pour toutes les colonies, mais il est difficile de s’assurer de son éradication puisque cette bactérie fait partie de la flore normale de la souris. 7. Parasites Oxyures Les oxyures (pinworms) sont des nématodes ubiquitaires des souris sauvages et de laboratoire. Chez la souris, Aspicularis tetraptera et Syphacia obvelata sont les nématodes les plus souvent observés. Les rats, les gerbilles et les hamsters peuvent occasionnellement être infectés. Syphacia Obvelata a une prévalence variant de 30% pour les animaleries « barrière » et de 70 % dans les animaleries de type « conventionnel » selon un soudage américain de 2008. Le cycle du parasite est direct (aucun hôte intermédiaire requis) et est complété entre 11 et 15 jours. La propagation dans la colonie se fait donc rapidement. La femelle dépose ses œufs dans les poils de la région périanale et la méthode diagnostic du ruban adhésif est suffisante. Un test PCR est également disponible. Aspicularis tetraptera a un cycle qui prend plus de 3 semaines à se finaliser. Les œufs sont excrétés dans les fèces. La méthode diagnostique de choix est la coprologie avec un examen des fèces. Un test PCR est également disponible. Le contrôle de ces agents infectieux peut être effectué par redérivation ou par l’administration de traitements antiparasitaires comme le fenbendazole. Plusieurs diètes contenant du fenbendazole sont disponibles sur le marché et facilite le traitement des animaux. Plusieurs autres traitements seuls ou en combinaison ont démontré leur efficacité (ivermectin, piperazine, benzimidazole). Les coûts associés à ces traitements peuvent être importants et leurs effets secondaires ne sont pas à négliger. La décontamination de l’environnement est obligatoire et se doit d’être agressive. Les œufs sont résistants à la sécheresse et aux Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux désinfectants. Mais ils sont tués par la chaleur; la stérilisation de la litière et de la nourriture est donc essentielle. L’utilisation de cages ventilées à pression négative peut aider à contrôler la propagation. Mites Plusieurs espèces de mites peuvent infecter les souris. Elles incluent Myobia musculi, Radfordia affinis, Myocoptes musculinus et Psorergates simplex. Elles ont une prédilection pour la peau en région dorsale antérieure comme la nuque, la tête et le museau. La transmission se fait uniquement par contact direct. Les animaux sentinelles sont inefficaces pour la détection. Une hypersensibilité aux mites peut affecter des recherches immunologiques. Une perte de poids pourrait également être observée ainsi que des problèmes d’infertilité et de mortalités prématurées lors de forte charge parasitaire. Une infection chronique peut aussi causer de l’amyloïdose. Le traitement consiste à l’administration d’ivermectin. 8. Techniques de détection Afin de pouvoir se fier au résultat du test, il est important de faire appel à un laboratoire qui a fait ses preuves, puisqu’un résultat erroné pourrait s’avérer catastrophique pour nos colonies. Nous utilisons principalement les services de Charles River et d’IDEXX Radil, deux laboratoires qui effectuent des tests de détection pour les pathogènes de rongeurs depuis de nombreuses années. Ces laboratoires font également beaucoup de recherche et de développement pour nous offrir de nouveaux produits mieux adaptés à la réalité, comme les tests de surveillance de l’environnement, ou les EZ-spot ou Opti-spot, par exemple. Le choix du test comme tel est d’importance capitale. En effet, selon le pathogène qui est recherché, selon le temps de contact entre l’animal et le pathogène suspecté ou selon le système immunitaire de l’animal, le test idéal pourrait varier. Il existe plusieurs tests de détection utilisés pour permettre un diagnostic : - PCR (Polymerase chain reaction) - Sérologie - Culture bactérienne - Détection visuelle des parasites (coprologie, ruban adhésif…) Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux - Histopathologie PCR Ce test détecte les acides nucléiques (ADN et ARN) des agents infectieux. Chaque espèce d’agent infectieux possède une séquence propre d’ADN ou d’ARN unique. La PCR consiste à amplifier le matériel génétique pour un pathogène spécifique pour permettre sa détection dans un échantillon. Elle permet la détection infime d’un pathogène et est donc très sensible. Par contre, elle n’indique pas si le pathogène est actif chez l’animal. Sérologie Ce test détecte les anticorps produits par l’animal contre le pathogène spécifique. Il détecte donc la réponse du système immunitaire de l’hôte. L’animal doit être immunocompétent ! Il ne permet pas de détecter si l’animal est présentement malade ou a déjà été infecté par le pathogène. La production d’anticorps par l’animal requiert un certain temps (minimum de 2 semaines) après l’exposition au pathogène pour construire la réponse immunitaire, mais cela peut varier selon les lignées transgéniques. Caractéristiques PCR Sérologie Type d’échantillon Animal mort ou vivant (immunocompétent ou non), environnement Sang d’un animal immunocompétent Exposition au pathogène Courte durée Au moins 2 semaines Tests disponibles Grande quantité Quantité plus limitée Culture bactérienne Les échantillons soumis sont mis en cultures sur des milieux spéciaux et les bactéries recherchées peuvent croître sur ceux-ci. L’aspect et les caractéristiques des bactéries permettent l’isolation et l’identification des bactéries uniquement. Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux Détection visuelle des parasites Ces méthodes s’appliquent uniquement au parasite et sont relativement faciles à effectuer. (coprologie, ruban adhésif…) Histopathologie Cette technique complète la nécropsie macroscopique des animaux en analysant les lésions au niveau microscopique. 9. Avenir… L’utilisation de test de détection de pathogènes dans l’environnement est de plus en plus fréquente. Il est donc possible que dans un futur assez rapproché, la PNF de sentinelles soit modifiée pour intégrer ce genre de test. L’intégration de ces tests ne permettra pas nécessairement d’éliminer complètement l’utilisation des animaux sentinelles, mais leur nombre pourrait éventuellement être diminué (principe de réduction). Remerciements Un merci particulier à Jonathan Massé qui nous a donné un solide coup de main à l’écriture de ce document ! Anne-Marie Catudal et Daphnée Veilleux-Lemieux