C
’est primordial
aujourd’hui. Le 04 n’est pas
connu ni reconnu. Il faut
mener une stratégie de marketing
pour montrer qui on est." Camille
Jankowski, portant à
bras-le-corps la Mission de déve-
loppement économique (MDE)
qui a travaillé sans relâche sur le
sujet, est entrée immédiatement
dans le vif du sujet.
En France, plusieurs régions
ont su mettre en avant leurs
atouts et ainsi rendre leur territoi-
re attractif. À l’heure de la déserti-
fication médicale, de la hausse
du chômage, de la délocalisation
industrielle, miser sur des va-
leurs et avoir une stratégie de sé-
duction sont des actions payan-
tes. Venu d’Aveyron, Alexandre
Cayrac, chargé de mission "at-
tractivité" a présenté le plan mis
en place et a répondu aux ques-
tions des partenaires du Club de
l’économie.
Les points communs
entre l’Aveyron et les Alpes
de Haute-Provence?
L’Aveyron a beaucoup de points
communs avec les Alpes de Hau-
te-Provence. Nous sommes un
département rural avec trois pô-
les urbains et 270 000 habitants.
Son économie se base sur
l’agroalimentaire, la filière infor-
matique avec la société Bosch
France, des activités de produc-
tion (sous-traitants automobiles,
aviation...), des activités de luxe
avec le couteau Laguiole et les ar-
tisans gantiers. On a du tourisme
avec le viaduc de Millau. Des
tours operators chinois passent
ici, c’est un emblème important.
Pourquoi une stratégie
marketing?
On s’est lancé dans cette démar-
che parce que le département
était en déclin démographique. Il
fallait redresser la barre car la
baisse de population met un
coup d’arrêt à la croissance éco-
nomique et fait mourir un dépar-
tement. C’est un gros enjeu. Para-
doxalement, l’Aveyron a un taux
de chômage de 7 %, ce qui est as-
sez faible. On a des emplois mais
on n’arrive pas à trouver des em-
ployés. Pour attirer les gens, il
faut être attractif.
La solution?
On aurait pu faire une grosse
campagne de publicité mais les
effets sont difficiles à quantifier
sur le long terme. Alors on s’est
intéressé à l’Alsace et l’Auvergne
qui ont mis en place des straté-
gies pour mettre en avant leurs
territoires. On a associé tous les
partenaires culturel, sportif, tou-
ristique, économique... car la col-
lectivité ne maîtrise pas toute
l’offre de son territoire. Cette dé-
marche vient en appui d’une poli-
tique ambitieuse entre acteurs
privés et publics. En Aveyron, le
pilote est le Conseil départemen-
tal. Le fil rouge était "Cap 300 000
habitants", aujourd’hui, on en
est à 278000. Quand vous déve-
loppez une marque, vous ne par-
lez plus de collectivités. Pour un
élu, ce n’est pas évident mais
c’est le seul moyen de faire parta-
ger un projet commun. Ce travail
a abouti à la création de la mar-
que "L’Aveyron, vivre vrai".
Les étapes pour y arriver?
Le but est de se différencier. On a
identifié nos concurrences et on
a questionné les gens pour savoir
qui on est. Ça paraît bête mais
c’est très riche. Grâce aux ressen-
tis des Aveyronnais, on a eu un
portrait de notre territoire. Cette
carte d’identité, elle est forte et
partagée par tous. Elle génère de
la fierté. Appartenir à un territoi-
re, ça fait plus appel aux tripes
qu’au cerveau. Après, on a fait
une étude à l’extérieur. On a ain-
si pu connaître nos forces et nos
faiblesses. Quand vous savez qui
vous êtes, vous pouvez construi-
re une stratégie pour aller plus
loin.
Les difficultés?
On a les mêmes guerres de clo-
cher en Aveyron. Au Nord, on est
en moyenne montagne avec le
plateau de l’Aubrac et au Sud, on
est à côté de Montpellier. Les
identités sont très différentes à
l’intérieur du département mais
à l’extérieur, on est tous Aveyron-
nais.
Les Alpes de Haute-Provence ont tous les
atouts pour devenir un véritable cœur éco-
nomique et touristique, mais une stratégie
perspicace semble avoir beaucoup de mal à
émerger face à la passivité d’un monde poli-
tique enlisé dans la loi NOTRe, les échéan-
ces électorales, le schéma départemental
de coopération intercommunale... Le Club
de l’économie "La Provence", qui s’est tenu
hier au golf de Niozelles, a mis autour de la
table chefs d’entreprises et institutionnels
afin de discuter à bâtons rompus de marke-
ting territorial. Un terme peu explicite et
pourtant d’une importance cruciale pour le
développement d’un département.
L’objectif? Créer une image de marque et
retrouver la fierté d’être "du 04". Le Club
de l’éco a donné la parole à l’Aveyron, en la
personne d’Alexandre Cayrac, qui a su met-
tre en place une dynamique collective pour
redresser une zone rurale qui déclinait.
Club de l’économie
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Selon Armel Le Hen, vice-pré-
sident développement économi-
que de la DLVA, "il faut avoir
une réflexion. Comment organi-
ser le périmètre? Notre locomoti-
ve touristique est Gréoux mais
toutes les marques peuvent être
complémentaires".
Du côté de Digne, le périmè-
tre ne doit pas faire débat. "Le pé-
rimètre? C’est le 04, le départe-
ment dans son ensemble" souli-
gne Patricia Granet, vice-prési-
dente au Conseil départemen-
tal. "Ça me ressource cette vision
des choses aveyronnaise mais ce
n’est pas celle qu’on vit au quoti-
dien. Comment faire bouger les li-
gnes? Il va falloir mettre les pieds
dans le plat pour avancer. On a
l’impression d’en être encore à
"Manon des sources" et qui va
avoir l’eau ! Nos divisions
n’amèneront à rien de bon. On
est tous Bas-Alpins."
Une vision qui résume en
quelques mots les difficultés à
mettre en place une stratégie glo-
bale à la dimension départemen-
tale. Mais Alexandre Cayrac a su
démontrer qu’avec une alliance
publique-privée forte, tout est
possible.
Denis Vogade, président de
l’UDE04, voit dans cette mis-
sion "une fenêtre de tir pour le
Conseil départemental. Avec la
loi NOTRe, il perd de sa substan-
ce, une stratégie de marketing
doit être une action pour porter
le département".
Département voisin, les Hau-
tes-Alpes, représentées par
Yvan Chaix, directeur de
l’Agence départementale de dé-
veloppement économique et
touristique, a apporté son expé-
rience. "Nous avions six structu-
res. Sous la présidence d’Yves
Dusserre au Conseil départemen-
tal, on les a dissoutes pour n’en
faire plus qu’une. On est plus co-
hérent et plus fort. Le bon périmè-
tre c’est le département. S’il n’est
pas bien structuré, il sera étouffé
par la région."
"L’Aveyron arrive à tirer la
quintessence de sa diversité. Le
05 avance. Tout nous prouve que
c’est possible. Ce qu’il nous man-
que dans le 04 est un vrai leader
politique qui prenne son bâton
de pèlerin. Aujourd’hui chacun
bosse pour son petit intérêt et on
perd l’identité de notre départe-
ment" affirme Jean-Marie Bot-
tero, directeur du groupe Afer.
Soutenu par Simon Caparros,
président de la Chambre des mé-
tiers: "Il faut avoir l’humilité de
reconnaître que chacun a des ca-
pacités et l’intelligence de tra-
vailler tous ensemble."
Vanessa Mack, DRH à
L’Occitane, souligne que "le 04
est à un carrefour. Plutôt que se
demander comment communi-
quer sur les Alpes, la Provence, le
Verdon... pourquoi ne pas le fai-
re sur ce "cœur"? Quand je suis
touriste, ce que je recherche c’est
une offre globale. Le 04 a tout, ça
serait dommage de le segmen-
ter."
Le 04 doit trouver sa marque
LES PARTENAIRES DU CLUB À L’ÉCOUTE
Alpes
Par Laure Gareta / Photos : Eric Camoin
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Samedi 24 Septembre 2016
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