[ALPES - 3] BLP/ALPES/DEPART/30.PAGES 24/09/16

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Alpes
Samedi 24 Septembre 2016
www.laprovence.com
3
Club de l’économie
Le 04 doit trouver sa marque
Par Laure Gareta / Photos : Eric Camoin
[email protected]
Les Alpes de Haute-Provence ont tous les
atouts pour devenir un véritable cœur économique et touristique, mais une stratégie
perspicace semble avoir beaucoup de mal à
émerger face à la passivité d’un monde politique enlisé dans la loi NOTRe, les échéances électorales, le schéma départemental
de coopération intercommunale... Le Club
de l’économie "La Provence", qui s’est tenu
hier au golf de Niozelles, a mis autour de la
table chefs d’entreprises et institutionnels
afin de discuter à bâtons rompus de marketing territorial. Un terme peu explicite et
pourtant d’une importance cruciale pour le
développement d’un département.
L’objectif ? Créer une image de marque et
retrouver la fierté d’être "du 04". Le Club
de l’éco a donné la parole à l’Aveyron, en la
personne d’Alexandre Cayrac, qui a su mettre en place une dynamique collective pour
redresser une zone rurale qui déclinait.
C
’est
primordial
aujourd’hui. Le 04 n’est pas
connu ni reconnu. Il faut
mener une stratégie de marketing
pour montrer qui on est." Camille
Jankowski, portant à
bras-le-corps la Mission de développement économique (MDE)
qui a travaillé sans relâche sur le
sujet, est entrée immédiatement
dans le vif du sujet.
En France, plusieurs régions
ont su mettre en avant leurs
atouts et ainsi rendre leur territoire attractif. À l’heure de la désertification médicale, de la hausse
du chômage, de la délocalisation
industrielle, miser sur des valeurs et avoir une stratégie de séduction sont des actions payantes. Venu d’Aveyron, Alexandre
Cayrac, chargé de mission "attractivité" a présenté le plan mis
en place et a répondu aux questions des partenaires du Club de
l’économie.
les urbains et 270 000 habitants.
Son économie se base sur
l’agroalimentaire, la filière informatique avec la société Bosch
France, des activités de production (sous-traitants automobiles,
aviation...), des activités de luxe
avec le couteau Laguiole et les artisans gantiers. On a du tourisme
avec le viaduc de Millau. Des
tours operators chinois passent
ici, c’est un emblème important.
❚ Pourquoi une stratégie
marketing ?
On s’est lancé dans cette démarche parce que le département
était en déclin démographique. Il
fallait redresser la barre car la
baisse de population met un
coup d’arrêt à la croissance économique et fait mourir un département. C’est un gros enjeu. Paradoxalement, l’Aveyron a un taux
de chômage de 7 %, ce qui est assez faible. On a des emplois mais
on n’arrive pas à trouver des employés. Pour attirer les gens, il
faut être attractif.
❚ La solution ?
On aurait pu faire une grosse
campagne de publicité mais les
effets sont difficiles à quantifier
sur le long terme. Alors on s’est
intéressé à l’Alsace et l’Auvergne
qui ont mis en place des stratégies pour mettre en avant leurs
territoires. On a associé tous les
partenaires culturel, sportif, touristique, économique... car la collectivité ne maîtrise pas toute
l’offre de son territoire. Cette démarche vient en appui d’une politique ambitieuse entre acteurs
privés et publics. En Aveyron, le
pilote est le Conseil départemental. Le fil rouge était "Cap 300 000
habitants", aujourd’hui, on en
est à 278 000. Quand vous développez une marque, vous ne parlez plus de collectivités. Pour un
élu, ce n’est pas évident mais
c’est le seul moyen de faire parta-
❚ Les points communs
entre l’Aveyron et les Alpes
de Haute-Provence ?
L’Aveyron a beaucoup de points
communs avec les Alpes de Haute-Provence. Nous sommes un
département rural avec trois pô-
ger un projet commun. Ce travail
a abouti à la création de la marque "L’Aveyron, vivre vrai".
❚ Les étapes pour y arriver ?
Le but est de se différencier. On a
identifié nos concurrences et on
a questionné les gens pour savoir
qui on est. Ça paraît bête mais
c’est très riche. Grâce aux ressentis des Aveyronnais, on a eu un
portrait de notre territoire. Cette
carte d’identité, elle est forte et
partagée par tous. Elle génère de
la fierté. Appartenir à un territoire, ça fait plus appel aux tripes
qu’au cerveau. Après, on a fait
une étude à l’extérieur. On a ainsi pu connaître nos forces et nos
faiblesses. Quand vous savez qui
vous êtes, vous pouvez construire une stratégie pour aller plus
loin.
❚ Les difficultés ?
On a les mêmes guerres de clocher en Aveyron. Au Nord, on est
en moyenne montagne avec le
plateau de l’Aubrac et au Sud, on
est à côté de Montpellier. Les
identités sont très différentes à
l’intérieur du département mais
à l’extérieur, on est tous Aveyronnais.
LES PARTENAIRES DU CLUB À L’ÉCOUTE
Selon Armel Le Hen, vice-président développement économique de la DLVA, "il faut avoir
une réflexion. Comment organiser le périmètre ? Notre locomotive touristique est Gréoux mais
toutes les marques peuvent être
complémentaires".
Du côté de Digne, le périmètre ne doit pas faire débat. "Le périmètre ? C’est le 04, le département dans son ensemble" souligne Patricia Granet, vice-présidente au Conseil départemen-
tal. "Ça me ressource cette vision
des choses aveyronnaise mais ce
n’est pas celle qu’on vit au quotidien. Comment faire bouger les lignes ? Il va falloir mettre les pieds
dans le plat pour avancer. On a
l’impression d’en être encore à
"Manon des sources" et qui va
avoir l’eau ! Nos divisions
n’amèneront à rien de bon. On
est tous Bas-Alpins."
Une vision qui résume en
quelques mots les difficultés à
mettre en place une stratégie glo-
bale à la dimension départementale. Mais Alexandre Cayrac a su
démontrer qu’avec une alliance
publique-privée forte, tout est
possible.
Denis Vogade, président de
l’UDE 04, voit dans cette mission "une fenêtre de tir pour le
Conseil départemental. Avec la
loi NOTRe, il perd de sa substance, une stratégie de marketing
doit être une action pour porter
le département".
Département voisin, les Hau-
tes-Alpes, représentées par
Yvan Chaix, directeur de
l’Agence départementale de développement économique et
touristique, a apporté son expérience. "Nous avions six structures. Sous la présidence d’Yves
Dusserre au Conseil départemental, on les a dissoutes pour n’en
faire plus qu’une. On est plus cohérent et plus fort. Le bon périmètre c’est le département. S’il n’est
pas bien structuré, il sera étouffé
par la région."
"L’Aveyron arrive à tirer la
quintessence de sa diversité. Le
05 avance. Tout nous prouve que
c’est possible. Ce qu’il nous manque dans le 04 est un vrai leader
politique qui prenne son bâton
de pèlerin. Aujourd’hui chacun
bosse pour son petit intérêt et on
perd l’identité de notre département" affirme Jean-Marie Bottero, directeur du groupe Afer.
Soutenu par Simon Caparros,
président de la Chambre des métiers : "Il faut avoir l’humilité de
reconnaître que chacun a des capacités et l’intelligence de travailler tous ensemble."
Vanessa Mack, DRH à
L’Occitane, souligne que "le 04
est à un carrefour. Plutôt que se
demander comment communiquer sur les Alpes, la Provence, le
Verdon... pourquoi ne pas le faire sur ce "cœur" ? Quand je suis
touriste, ce que je recherche c’est
une offre globale. Le 04 a tout, ça
serait dommage de le segmenter."
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