Climatologie et évolution climatique du sud Aveyron

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Laboratoire d’Etudes sur
le Développement
Durable.
Centre d’Analyses et de prévisions
Sarl au capital de 20 000 €
Climatologie et évolution
climatique
du sud Aveyron
Résumé pour les décideurs
Siège Social : rue de la fontaine, 82800 BRUNIQUEL tel/fax : 05 63 28 23 34. mob : 06 15 94 79 00 E-mail :
[email protected] 444 557 953 00015 - APE 381 1Z - RCS Montauban 444 557 953 - N° gestion 2002 B 382
avec la collaboration d'Alain Gurréra, chargé de mission développement durable, DDT de l'Aveyron
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Le sud du département de l’Aveyron subit quatre influences climatiques différentes avec un
climat montagnard dégradé dans la région de Séverac le château, un climat océanique humide
sur le Lévézou, un climat méditerranéen de montagne sur le millavois et un climat
méditerranéen dégradé allant des Rougiers au Causse du Larzac.
Si la climatologie de ce vaste terroir est globalement sujette à des étés chauds et des hivers
froids liés à l’altitude moyenne il faut toutefois noter selon la position géographique des
stations de mesure, des différences assez sensibles pour les précipitations et les températures
moyennes.
La carte suivante positionne les moyennes calculées par Météo France sur des durées allant de
15 à 50 années selon les stations de collectes de données.
La pluviométrie moyenne du territoire se situe à 965 mm/an. La dispersion des données autour de
cette moyenne reste relativement faible puisqu’aux extrêmes nous ne notons que des écarts
inférieurs à 25% (-22% sur Millau et + 23% sur Montpaon Fondamente). Les deux stations hors
département (Les Plans et Le Caylar) sont sujettes à des événements intenses de type cévenol et
connaissent de fait une pluviométrie plus importante.
L’altitude moyenne des stations météorologiques du sud aveyronnais se situe à 730 m et le centre
départemental de Météo France est établi sur les hauteurs de Millau à une altitude de 714m.
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Température et pluviométrie sur le territoire. Evolution depuis 1965
Nous notons, sur les cinquante dernières
années, une élévation de la température
moyenne annuelle d’environ 1,5°C, avec une
tendance plus marquée en hiver (+1,65°C)
qu’en été (+ 1,28°C). L’amplitude reste
toutefois très importante, les records
s’établissant à Montlaur où Météo France a
mesuré -22,5°C (16-01-1985) et + 41°C (1208-2003).
En contre partie nous notons une tendance
à la baisse de la pluviométrie, le calcul
montrant une diminution moyenne de 60
mm de précipitation entre 1965 et 2008, soit
600 m3 de pluie en moins par hectare.
L’analyse des précipitations selon les saisons
montre que le printemps et l’automne ne
sont quasiment pas impactés. En contre
partie l’été connaît une légère augmention
des quantités réçues en liaison directe avec
une intensifiation des orages alors que
l’hiver montre un nette diminution propre à
influencer la recharge des nappes
phréatiques et des aquiféres.
Sur la période de l’étude (1965-2008) le gain
constaté en été est de 28 mm/an alors que
le déficit hivernal est de 87 mm soit une
baisse de 42%.
Il ne pleut pas tous les jours dans le sud de
l’Aveyron et les relevés de Météo France
indiquent que la région connaît en moyenne
115 journées de précipitation avec des
écarts non négligeables entre Réquista (130
j.an-1) et Millau (98 j.an-1).
Nous remarquons une fréquence annuelle
moyenne de 9,5 décades sèches, avec une
augmentation des séquences de trois
décades consécutives, soit un accroissement
de la durée des périodes sèches.
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Le vent et ses conséquences
Comme le montre la rose de vent, la
région de Millau est essentiellement
soumise à deux influences, la première
qui est dominante à pour direction
ouest-nord-ouest (secteur 320). C’est le
principal vecteur de pluie. La seconde
provient du sud est (secteur 140).
Cette région reçoit naturellement
beaucoup de vent. Depuis 1965 on note
250 événements violents d’une vitesse
supérieure à 30m.s-1, soit 108km.h-1. La
rafale maximum a été enregistrée dans
le secteur 340 le 02décembre 1976
avec un vent à 49m.s-1, soit 176km.h-1,
contre 46m.s-1 lors de la tempête du
27décembre 1999 (secteur 280).
Le vent conjugué aux autres données
climatiques (Température, pluviométrie,
insolation) intervient sur deux paramètres
importants pour cette région agricole,
l’évapotranspiration (ETP) et le réserve
utile des sols en eau (R-RU100).
L’ETP potentielle sur la période 19652007 est 1014 mm. Elle se distribue
selon une gaussienne ayant son
maximum au mois de juillet ou elle
atteint 17% du potentiel de l’année. Le
mimimun se situe durant l’hiver, le
cumul des trois mois ne répresentant
que 10% de l’ETP annuelle. Nous ne
notons pas d’évolution sur la priode de
l’étude.
Grâce aux mesures dont nous
disposons depuis 1966, nous obtenons
une régression de la série qui montre
une nette tendance à la baisse avec une
moyenne de R tombant de 55% à 48%
de la RU. La baisse est nettement plus
sensible en été, même si elle est déjà
inquiétante en hiver.
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Les tendances à l’horizon 2030.
Température et précipitations
A l’image même des évolutions
mondiales prévues aux différents scénarii
du GIEC, la température moyenne de la
région millavoise devrait continuer à
croître avec une légère accélération du
phénomène puisque le modèle prévoit une
augmentation probable de 0,9°C entre
2010 et 2030 et supérieure à 1,4°C à
l’horizon 2040.
Projections 2030
Projections 2040
Hiver
+ 1,15 °C
+ 1,46 °C
Printemps
+ 1,23 °C
+ 1,56 °C
Eté
+ 0,64 °C
+ 0,80 °C
Automne
+ 0,53 °C
+ 0,67 °C
Faisant suite au constat de la baisse de
pluviométrie moyenne sur la période étudiée,
le modèle prévoie la continuité du
phénomène. La tendance indique une
quantité moyenne de précipitation de l’ordre
de 865 mm par an à l’horizon 2030, soit
environ 35 mm de moins qu’aujourd’hui.
Ce sont les précipitations hivernales qui
devraient diminuer le plus, ce qui aura pour
conséquence d’impacter fortement la
recharge des nappes. Les précipitations
estivales sont en très légère augmentation,
mais il est fort probable qu’elles se
manifestent essentiellement sous forme
d’averses orageuses violentes. Il est possible
que nos assistions à une augmentation des
averses de grêle au printemps.
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Sécheresse et ensoleillement
Le déficit de pluviométrie entre 2000 et
2030 se répartit de manière inégale entre
les saisons, avec comme le montre le
tableau suivant un baisse importante durant
l’hiver (-33%).
Il convient toutefois de noter que les
séquences de deux décades ont tendance à
diminuer au profit des séquences de 3
décades. Les périodes de sécheresse seront
donc plus longues et impacteront plus
fortement le couvert végétal.
La diminution de la pluviométrie très
certainement liée à la diminution de la
couverture nuageuse devrait concourir à
l’augmentation de l’insolation moyenne
sur le territoire du sud Aveyron.
ETP et R-RU100
La stabilisation projetée de l’ETP pose un
problème pour l’agriculture locale qui
devra s’adapter aux nouvelles conditions
météorologiques régionales.
Nous notons une évolution négative de l’
ETP de l’hiver (-5%) et de l’automne (10%) confirmant les projections de la
pluviométrie et de la probable modification
du
couvert
végétal
résultant
de
l’augmentation de l’ETP du printemps
(+2%) et de l’été (+1%).
L’augmentation de la température
moyenne annuelle ainsi que de l’insolation
liée à la baisse de la pluviométrie fait que
la réserve en eaux des sols diminuera de
façon importante en passant d’une
moyenne de 49 à 45%. (≈10% en été)
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Les conséquences :
Ce rapport montre une évolution des conditions météorologiques de la région millavoise sur
les vingt années à venir. Nous notons en particulier une hausse de la température moyenne
d’environ 1°C et une baisse sensible de la pluviométrie notamment durant l’hiver.
Ces nouvelles conditions risquent d’impacter considérablement les milieux naturels tout
comme les milieux artificialisés aussi convient-il d’en analyser les conséquences les plus
probables.
a) Sur les écosystèmes et la biodiversité
Par écosystème on entend un ensemble constitué par un milieu naturel et les êtres vivants
(végétaux et animaux) qui l'occupent. Le milieu naturel, ou biotope, se définit par ses
caractéristiques physico-chimiques qui, la plupart du temps, délimitent les paysages.
Les variations des différentes composantes du climat local impacterons naturellement la
phénologie des espèces naturelles présentes. Il est donc hautement probable que nous
assistions à l’apparition de familles et d’espèces floristiques et faunistiques nouvelles
concomitante à une régression des espèces à forte tendance septentrionale au profit des
espèces méridionales dont certaines présenteront un potentiel invasif suffisant pour modifier
sensiblement le paysage du territoire.
b) Sur la ressource en eau
Le réseau hydrographique du sud Aveyron est essentiellement représenté par 2 rivières, le
Tarn et ses affluents dans le sud du territoire et l’Aveyron au nord. La carte ci-dessous
représente le réseau hydrographique principal du territoire avec les principaux sous bassins.
L e graphe montre une tendance baissière du débit du Tarn à Millau, donnée valable pour l’ensemble
du bassin hydrographique. La diminution des précipitations devra amplifier ce phénomène.
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Ainsi avec la modification du débit des eaux de surface, la probabilité de constater l’allongement
ainsi que la sévérité des périodes d’étiage devient réelle. Il en est de même pour le régime de
remplissage des réservoirs naturels auquel s’ajoutera une probabilité certaine de variation de la
qualité des eaux, ce qui aura des incidences certaines sur la potabilisation et sur la limitation des
usages traditionnels.
c) Sur l’agriculture et la forêt
Grâce à l’AOC ROQUEFORT, l’agriculture est le cœur économique du sud de l’Aveyron. Les
modifications climatiques annoncées auront des impacts certains sur la production végétale et en
particulier sur la potentialité fourragère du territoire, avec un risque d’accélération du phénomène
lié à l’augmentation de l’érosion éolienne.
Nous constatons également une
augmentation de la somme de
degrés-jours, constat qui devrait
se confirmer pour les 20 années
à venir (source CLIMFOUREL).
Ainsi la probabilité de la
modification des étapes de la
phénologie des végétaux devient
grande, avec le risque d’avoir
des floraisons pendant les
périodes de gel. Il conviendra
donc d’adapter les cultures aux
futures conditions climatiques.
Parmi les risques probables il faut citer la disparition des cultivars actuels au profit d’espèces
nouvelles dont le rendement n’est pas avéré, une baisse de la productivité animale (lait et viande),
l’apparition d’espèces envahissantes et de nouveaux parasites réclamant de méthodes de
traitements ou des plans de prophylaxie qu’il convient de mettre au point.
Il en est de même pour la forêt qui
prendra nettement un faciès
méditerranéen, avec une avancée
marquée du chêne vert en
remplacement des espèces
atlantiques et/ou montagnardes. Il
en est de même pour les parasites
(scolytes et processionnaires) dont
nous constatons le glissement des
populations vers le nord.
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d) Sur les risques naturels
L’évolution de la pluviométrie avec l’apparition d’événements extrêmes et l’augmentation des
alternances de périodes humides et sèches sera à l’origine de l’intensification de deux risques
naturels, les inondations et les aléas retrait-gonflement des sols argileux.
PPRI. Sources : Préfecture 12
Sources BRGM
e) soSsourceur les infrastructures et bâti
Le sud du département de l’Aveyron est bien exposé à ce type de risques auquel il faudra ajouter le
risque incendie des parcelles boisées.
f) Sur les infrastructures et le bâti
L’intensification probable des aléas géologiques et climatiques représente une source probable de
fragilisation des réseaux qu’ils soient enterrés (eaux, gaz…) ou de surface (routes, rails…).
Dans les zones à risque, le bâti sera potentiellement impacter par du fissurage, des montées brutales
des eaux, mais aussi par le manque d’adaptation aux conditions météorologiques avec comme
conséquence une surconsommation énergétique.
g) Sur la production d’énergies renouvelables
Le potentiel aveyronnais de production d’énergie renouvelable est important, car actuellement il
suffirait à couvrir les besoins du département s’il était consommé localement. Il convient toutefois de
s’interroger sur l’évolution des réservoirs naturels. L’éolien sera impacté par l’évolution de la force et
de la fréquence des événements venteux, tout comme la production d’hydroélectricité qui dépendra
fortement du renouvellement des réserves hydriques.
Il reste à explorer le devenir de l’énergie photovoltaïque et de celle issue de la biomasse. Le flux
solaire ne devrait pas varier de manière significative mais il faudra tenir compte de l’évolution de la
nébulosité au printemps et en été, ce qui conditionnera les choix technologiques. La production
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future de biomasse agricole et sylvicole sera également à intégrer en particulier pour l’avenir des
filières bois, méthanisation et production d’agro-carburants.
h) Sur les transports des biens et des personnes
Pour des raisons économiques et de santé publique, la probabilité de mise en place de limitation
d’usage, en particulier dans les zones urbaines, s’avère être le moyen de régulation devant amener
une réflexion de fond sur la mixité d’usage des espaces. Il s’agit de promouvoir non seulement une
nouvelle politique de la mobilité, mais aussi une vision novatrice de la ville et de l’urbanisation.
i)
Sur la santé humaine et animale
L’apparition de nouveaux vecteurs géographiques liés à l’évolution climatique, la modification de la
phénologie des végétaux représentent de nouvelles sources allergènes dont il est difficile d’estimer
le coût social. De même l’augmentation probable des maladies chroniques, l’impact des pollutions et
l’augmentation de l’amplitude thermique du climat futur seront probablement sources d’une
surmortalité au sein des populations défavorisées.
L’attente d’une demande médicale en
augmentation semble évidente, alors que
la carte ci contre montre une diminution
sensible de l’offre en Midi Pyrénées qui
passera à 255 médecins pour 100000
habitants, contre 359 actuellement.
Il conviendra également d’intégrer
l’évolution de la pyramide des âges de la
population du sud Aveyron afin de
préparer une offre adaptée.
Sources : liaisons sociales magazine mars 2009/Cnam TS
Ce qui est vrai pour la population est également vrai pour le cheptel qui est particulièrement bien
adapté au territoire et aux conditions météorologiques actuelles, mais qui pourrait souffrir des
conséquences du changement climatique à venir.
j)
Sur l’économie territoriale
L’économie du territoire sud aveyronnais étant axée sur la production agricole, il est probable que
nous constations une évolution du modèle traditionnel lié aux spécificités du terroir. Il convient
également de mener une réflexion sur les activités touristiques et la surconsommation qu’elle génère
naturellement. Afin de limiter l’impact sur la ressource il sera sans doute souhaitable de travailler à
une désaisonnalisation des activités en collaboration avec les professionnels.
Il faudra enfin réfléchir aux conditions des travaux extérieurs lors des périodes de canicule.
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k) Sur l’évolution sociétale du territoire
La population du Sud Aveyron est
vieillissante, ce qui est une constante
régionale, mis à part pour Toulouse
et Montpellier, qui sont les
métropoles d’équilibre de la région
étudiée.
La structure économique du territoire
ne permet pas de conserver les
jeunes diplômés au-delà de bac+2,
population qui représente les forces
vives d’une région.
Faute d’une politique territoriale
concertée, il est probable que nous
assistions à une paupérisation d’une
frange importante de sa population.
- O – O – O-
En guise de conclusion, les mesures effectuées par Météo France montrent que la région du sud
Aveyron a connu une évolution climatique assez représentative de l’évolution française moyenne.
Les principales conséquences se sont portées sur l’évapotranspiration potentielle et sur la réserve
hydrique des sols superficiels démontrant que la gestion de l’eau reste une priorité.
Ces constats impliquent une réflexion sur le devenir climatique de la région et de ses conséquences
pour les différentes activités de la collectivité, que se soit dans le domaine résidentiel ou dans les
domaines économiques, industriels et agricoles.
Au-delà de problématique de l’eau, l’évolution des conditions climatiques sur la région du sud
Aveyron impactera nécessairement son environnement, sa population mais aussi son économie dont
le secteur agricole qui devra rapidement s’adapter.
Ces constatations permettent d’évaluer les principaux impacts du changement climatique sur les
activités du territoire. Bien connaître l’ensemble des impacts potentiels revient à saisir toutes les
opportunités d’une nécessaire adaptation afin de faire évoluer la collectivité dans les meilleures
conditions sociétales, environnementales et économiques.
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