PRODUIRE DU LAIT DE BREBIS, REFLECHIR A SA PERIODE DE TRAITE Fiche n°3 n°3 : Début de traite précoce en période Roquefort Un système traditionnel en zones précoces à bon potentiel fourrager DEBUT DE TRAITE : DECEMBRE/MI-JANVIER Un peu d’histoire… Cette période de traite traditionnelle a été le plus souvent adoptée par des éleveurs ayant repris une exploitation familiale et livrant leur lait principalement au sein de l’Interprofession de Roquefort. En 2009, près de 2/3 des élevages du bassin laitier de Roquefort étaient concernés par cette période alors qu’en 2001, ils étaient beaucoup plus nombreux. Cette baisse s’explique par une diminution du nombre de fermes et des évolutions de période de traite parfois liées à des changements de laiterie. Caractéristiques Caractéristiques des systèmes d’exploitation Ce système repose sur une période de traite calée sur les dates d’ouverture et de fermeture des laiteries. Il a été choisi par des éleveurs majoritairement présents sur toutes les zones du Rayon de Roquefort. L’EXPLOITATION EN BREF Troupeau de taille moyenne : 380 brebis en moyenne* SAU assez importante : 75 ha en moyenne* dont 67% de SFP * Données SIEOL 2009 Pourquoi ce choix ? Reprise d’une exploitation déjà en place au sein de l’Interprofession de Roquefort Dicté par l’historique de l’exploitation Respectant les exigences de la laiterie en termes de dates d’ouverture et de fermeture 1 Conduite de la reproduction Un seul troupeau Lutte des agnelles décalée IA quasi-systématique Taux de mises bas élevé Bonne prolificité Faible mortalité des agneaux Conduite en un seul troupeau Les brebis sont conduites en un seul troupeau avec un décalage d’un à deux mois entre les mises bas des brebis et des agnelles. Pour certains élevages, un petit lot de brebis est mis à la reproduction précocement pour permettre l’entrée en traite étalée sur quelques semaines. Gestion des mises bas La concentration des mises bas est nécessaire pour répondre à une durée de traite courte. Les mises bas ont lieu en période hivernale, la mortalité des agneaux est relativement faible à ce moment-là. Penser aux actions de prévention : désinfection, paillage fréquent… Une Une période de traite courte Une durée de traite proche des 200 jours exige un regroupement des mises bas et une grande majorité du troupeau en production dès le début de la traite. La majorité du volume de lait est produit avec une ration hivernale constante en bergerie. De ce fait, la courbe de lactation est très régulière. Une bonne persistance laitière est observée, certains éleveurs soulignent même des difficultés de tarissement en juillet. La performance laitière peut être supérieure à 300 litres par brebis présente même si de fortes disparités existent. Elle s’explique par un bon niveau génétique, ainsi qu’une alimentation de qualité autant au niveau des fourrages récoltés que du pâturage au printemps. LA PRODUCTION LAITIERE EN BREF Production laitière /brebis traite correcte : 240 litres en moyenne* Durée de traite courte : 200 à 220 jours TB et TP proches de la moyenne des laiteries : 74 g/l* de TB et 55 g/l* de TP Prix du lait moyen : 919 €/1000 litres *, parfois pénalisé par la production laitière élevée en début de d’année * Données SIEOL 2009 Les éleveurs engagés dans cette période de traite peuvent être confrontés à des pénalités en début de traite dues aux livraisons de lait importantes sur janvier, février et mars. 2 Système fourrager et alimentation Utilisation des surfaces et gestion du pâturage Diagramme annuel représentant l’offre d’herbe au pâturage et le stade physiologique de la brebis PARFAITE Brebis en fin de gestation : offre d’herbe potentielle / faible capacité d’ingestion des brebis ADEQUATION OFFRE FOURRAGERE / BESOINS DU TROUPEAU Allaitement Gestation Lactation Brebis en milieu de lactation : offre d’herbe importante / besoin des brebis conséquents Brebis à l’entretien: besoin des brebis faible / herbe rare Bonne corrélation entre la pousse de l’herbe et les besoins des brebis. Utilisation des regains de luzerne et des ray-grass implantés en fin d’été. Bonne valorisation du pâturage tournant sur ray-grass au printemps avec des brebis en milieu de lactation. Valorisation possible des prairies naturelles et des parcelles à faible potentiel en période d’entretien. Gestion des stocks et alimentation Besoin de stocks de qualité, en quantité suffisante pour assurer les périodes d’allaitement et de début de traite en bergerie. Système fourrager basé sur l’utilisation de fourrages humides, de foin sec ou de foin de séchage en grange. Les stocks de fourrages humides sont réalisés en première coupe a au printemps en assurant une deuxième coupe en foin conséquente. En système foin, l’objectif est de réaliser des stocks sur trois coupes. Achat de fourrages nul ou limité, sauf en cas d’année de sécheresse (30 à 45 kg par brebis). 150 à 170 kg de concentrés distribués par brebis adulte, dont 30 à 40% de concentrés azotés selon le régime alimentaire. 450 KG MS de FOURRAGES STOCKES PAR BREBIS 3 Repères travail Diagramme annuel représentant l’articulation entre les travaux saisonniers des surfaces et les travaux concernant le troupeau Sevrage agnelles MB agnelles PAS DE CONCURRENCE ENTRE TRAVAUX MB brebis Semis céréales Moisson, semis RG Semis de l’herbe Ensilage ou enrubannage Fenaison IA agnelles IA brebis Pic de travail en hiver, au moment des mises bas (sevrage des agnelles, vente des agneaux, début de traite). Pas de concurrence de tâches entre le travail d’astreinte et les travaux saisonniers. L’organisation du travail et le nombre de personnes peuvent permettre d’atteindre moins de 1 200 heures de travail d’astreinte par UMO, pour 2 UMO, avec environ 40 heures / UGB. Possible avec une seule personne dès lors que la taille du troupeau ne dépasse pas 250 brebis, avec aide ponctuelle à la mise bas. Période calme conséquente en fin d’été et en automne. Et si je décidais d’adopter cette période de traite ? Conditions de réussite Capacité à faire des stocks de qualité en quantité et gestion facilitée de l’alimentation en bergerie Parcellaire accessible à la pâture au printemps et à l’automne Bâtiments avec une capacité suffisante et une bonne ventilation/isolation surtout au moment des mises bas Besoin en main-d’œuvre pouvant être compensé par une automatisation de la distribution de l’alimentation Ont contribué à ce document : Françoise Bouillon (CA 48), Catherine de Boissieu (Institut de l’élevage), Bruno Liquière (Confédération Générale de Roquefort), Jean-Claude Mathieu (EDE 81), Claudine Murat (CA 12), Emmanuel Morin (Institut de l’élevage), Gilles Noubel (Unotec), Michel WEBER (CA 12). 4 PRODUIRE DU LAIT DE BREBIS, REFLECHIR A SA PERIODE DE TRAITE FICHE N°3 ILLUSTRATION A PARTIR D’UN CAS CONCRET CONCRET Exemple d’une exploitation située sur le Ségala Exploitation spécialisée en traite Roquefort précoce sur le Ségala 64 ha de SAU, 387 brebis, 1197 hl de lait produit Démarrage de la traite au 20 décembre 1,5 UMO Objectif de l’éleveur : maintenir le système actuel sans évolution de surfaces, améliorer la production laitière par brebis et éventuellement diminuer le troupeau. FONCTIONNEMENT DU TROUPEAU 403 brebis présentes à la mise bas 6 béliers 393 brebis ayant mis bas Taux d’IA : 97% Taux de mise bas : 97,5% Taux de fertilité à l’IA : 60% (EMP* = 387 brebis) Taux de prolificité : 165% date de début de traite : 20 décembre 214 jours de livraison * Effectif Moyen Présent 647 agneaux nés 382 brebis traites Taux de mortalité des agneaux : 6% 119 768 litres de lait produit 99 agnelles de renouvellement 309 litres / brebis présente 314 litres / brebis traite 508 agneaux vendus Conduite de la reproduction IA Mois Luttes naturelles oct. nov. Mises bas déc. janv. fév. mars avril mai juin juillet août sept. Lot 1 (~320 brebis) Lot 2 (~100 agnelles) ASSOLEMENT ET PRODUCTION FOURRAGERE Ensilage d’herbe + Foin en balles carrées Prairies permanentes Prairies temporaires Ray grass 18 ha 18 ha 14 ha Céréales 14 ha 530 kg MS fourrages récoltés /brebis SAU 64 ha pas d’achat 5 REPERES ECONOMIQUES (CAMPAGNE 2009) / EMP EMP = 387 Produit brut ovin lait 133 680 € dont lait coproduit viande aides ovines Charges opérationnelles ovin lait Marge sur coût alimentaire Marge brute ovin lait 345 € 98 910 € 30 540 € 4 230 € 49 120 € dont charges d’alimentation directe frais divers élevage frais surfaces fourragères 256 € 79 € 11 € 127 € 27 230 € 7 400 € 14 490 € 71 690 € 84 560 € 70 € 19 € 46 € 185 € 218 € Marge brute / produit brut ovin lait (%) 63% Produit brut 165 100 € Résultats d’exploitation Résultats de l’atelier ovin lait Total dont atelier ovin lait Charges opérationnelles Dépenses de structure hors amort. et frais fin. Excédent brut d’exploitation 133 680 € 60 100 € 36 050 € 68 950 € Excédent brut d’exploitation / produit brut (%) Annuités et frais financiers CT Revenu disponible Revenu disponible /UMO exploitant Lait vendu à 826 €/1000 litres en moyenne 42 % 19 500 € 49 450 € 32 960 € Commercialisation d’agnelles de reproduction Coût de production de l’atelier ovin lait (/ 1000 litres de lait produit) En 2009, le résultat de l’exploitation permet de rémunérer la main-d’œuvre à 0,6 SMIC par UMO exploitant. A noter des investissements récents entraînant des amortissements plus importants que le montant des annuités. prix de revient 1 007 € Sur la campagne 2009, le coût de production de l’atelier ovin lait de cette exploitation atteint 1 458 € pour 1 000 litres de lait produit. Pour atteindre un objectif de rémunération de la main-d’œuvre à 1,5 SMIC / UMO exploitant, le prix de revient du lait s’élève à 1 007 € pour 1 000 litres de lait. Charges Travail Foncier et capital Frais divers de gestion Bâtiments et installations Mécanisation Frais d’élevage Appro. des surfaces Appro. des animaux Produits Lait commercialisé Produit viande Autres produits Aides 6