PRODUIRE DU LAIT DE BREBIS, REFLECHIR A SA PERIODE DE TRAITE Fiche n°4 n°4 : Début de traite tardif en période Roquefort Un système traditionnel en zones tardives à potentiel fourrager limité DEBUT DE TRAITE : MI-JANVIER/FEVRIER Un peu d’histoire… Cette période de traite traditionnelle est le plus souvent adoptée par des éleveurs situés sur les Causses sud (59%) et les contreforts sud du Lévézou (20%). Historiquement calquée sur une production de lait à l’herbe, la période de traite s’est vue prolongée en août avec l’ouverture de la laiterie fromagère de Saint Georges de Luzençon au début des années 80, donnant ensuite droit à des références d’été en 2000. Depuis, le phénomène s’est accentué avec l’élargissement de la période interprofessionnelle jusqu’à fin août, et la mise en place des mesures liées à l’étalement de la production. Caractéristiques des systèmes d’exploitation Ce système repose sur une période de traite calée sur les dates d’ouverture et de fermeture des laiteries au sein de l’Interprofession de Roquefort avec une durée de traite moyenne à courte (180 à 220 jours). L’EXPLOITATION EN BREF Troupeau de taille moyenne : 450 brebis en moyenne* SAU importante : 97 ha en moyenne dont 72% de SFP* avec parcours sur zones de Causses * Données SIEOL 2009 Pourquoi ce choix ? Les élevages sont historiquement tardifs dans la région de Causses d’altitudes et du Lévézou. Les stocks fourragers sont basés sur la récolte d’un cycle végétatif unique et limité, dictant ainsi une période de traite principalement à l’herbe. Produire principalement du lait à l’herbe avec peu de stocks et d’intrants est une voie favorable pour la maîtrise des coûts de production. 1 Conduite de la reproduction 1 à 2 lots de lutte adultes Lutte des agnelles 15 jours à 1 mois après IA quasi-systématique Taux de mises bas élevé Bonne réussite à l’IA Prolificité correcte Conduite en un seul troupeau Les brebis sont conduites en un seul troupeau comprenant un ou deux lots de lutte fin juillet-début août sur les adultes à une semaine d’écart, puis un lot de lutte d’agnelles à 15 jours ou 1 mois. Les luttes sur retour sont limitées à un seul cycle pour éviter des animaux tardifs difficiles à tarir. Gestion des mises bas La concentration des mises bas est nécessaire pour répondre à une durée de traite courte. Les mises bas ont lieu en période hivernale, la mortalité des agneaux est relativement faible à ce moment-là. Penser aux actions de prévention : désinfection, paillage fréquent… La préparation à la lutte a lieu en période estivale et nécessite une complémentation en bergerie. Une période de traite courte Une durée de livraison proche des 200 jours exige un regroupement des mises bas et une majorité du troupeau à la traite dès le début de livraison. Les premiers mois de lactation, le lait est produit avec une ration hivernale constante en bergerie. Une bonne persistance laitière est observée ensuite avec la mise à l’herbe. Par contre, des éleveurs soulignent des difficultés de tarissement en septembre pour les animaux tardifs. En début de livraison, les taux (TB, TP) sont souvent faibles puis augmentent avec la mise à l’herbe. Les performances laitières sont variables et pas nécessairement recherchées pour garder un troupeau adapté aux ressources fourragères limitées. LA PRODUCTION LAITIERE EN BREF Production laitière /brebis traite correcte : 240 litres en moyenne* Durée de traite courte : 180 à 220 jours TB et TP proches de la moyenne des laiteries : 72 g/l* de TB, 54 g/l* de TP Prix du lait moyen : 895 €/1000 litres *, parfois pénalisé par le volume de lait produit sur le début de l’année * Données SIEOL 2009 Les éleveurs débutant la traite à la mi-janvier peuvent être confrontés à des pénalités en début de traite dues aux fortes productions de lait sur janvier, février et mars. 2 Système fourrager et alimentation Utilisation des surfaces et gestion du pâturage Diagramme annuel représentant l’offre d’herbe au pâturage et le stade physiologique de la brebis BONNE VALORISATION Brebis à l’entretien: besoin des brebis faible /reprise de l’activité végétale : valorisation possible des parcours DU PATURAGE Allaitement Gestation Lactation Brebis en milieu de lactation : offre d’herbe importante /besoin des brebis conséquent Brebis en fin de lactation : besoin des brebis faible /offre fourragère faible Bonne corrélation entre la pousse de l’herbe et les besoins des brebis. Utilisation des regains de luzerne et des prairies artificielles. Mise à l’herbe début avril combinant déprimage sur les prairies naturelles et pâturage sur des surfaces en mélange raygrass /céréales immatures, puis pâturage tournant sur prairies artificielles (ray-grass, dactyle, trèfle blanc) avec des brebis en première partie de lactation. Utilisation limitée des parcours en début d’été en zone de Causses. Valorisation possible des repousses d’automne en période d’entretien et de gestation tard dans la saison. Gestion des stocks et alimentation Besoin de stocks de qualité, en quantité suffisante pour assurer les périodes d’allaitement et de début de traite en bergerie, ainsi que la période sèche estivale. AUTOUR DE 400 KG MS DE FOURRAGES STOCKES PAR BREBIS Système fourrager basé sur l’utilisation de fourrages secs ou parfois en partie stockés humides (ensilage, enrubannage). Dans ce cas, les stocks de fourrages humides sont réalisés en première coupe en assurant une deuxième coupe en foin. Par contre, en système foin, l’objectif est de réaliser des stocks à partir de luzernières en 1ère et 2ème coupes, et des prairies en graminées déprimées puis fauchées en juin. Achat de fourrages limité, voire nul, sauf en cas d’année de sécheresse (20 à 40 kg par brebis présente). 150 à 170 kg de concentrés distribués par brebis adulte, dont 25 à 33% de concentrés azotés selon le régime alimentaire. 3 Repères travail Diagramme annuel représentant l’articulation entre les travaux saisonniers des surfaces et les travaux concernant le troupeau MB brebis MB agnelles Sevrage agnelles Semis céréales Moisson, semis RG IA agnelles Semis de l’herbe Ensilage ou enrubannage Fenaison IA brebis Pic de travail en hiver, au moment des mises bas (sevrage des agnelles, vente des agneaux, début de traite). Concurrence de tâches entre le travail d’astreinte et les travaux saisonniers pour les récoltes. En moyenne 1200 heures de travail d’astreinte par UMO, pour 2 UMO et autour de 40 heures /UGB, voire moins avec une très bonne organisation. Période calme conséquente en fin d’été et en automne. Et si je décidais d’adopter cette période de traite ? Conditions de réussite Capacité à faire des stocks de qualité mais également en quantité pour pallier la sécheresse estivale. Parcellaire accessible et aménagé pour la pâture au printemps, en été et à l’automne (clôture + point d’eau). Bâtiments avec une capacité suffisante et une bonne ventilation/isolation, animaux maintenus à l’intérieur en journée en période de fortes chaleurs. Besoin en main-d’œuvre pouvant être compensé par une automatisation de la distribution de l’alimentation à la bergerie. Ont contribué à ce document : Françoise Bouillon (CA 48), Catherine de Boissieu (Institut de l’élevage), Bruno Liquière (Confédération Générale de Roquefort), Jean-Claude Mathieu (EDE 81), Claudine Murat (CA 12), Emmanuel Morin (Institut de l’élevage), Gilles Noubel (Unotec), Michel WEBER (CA 12). 4 PRODUIRE DU LAIT DE BREBIS, REFLECHIR A SA PERIODE DE TRAITE FICHE N°4 ILLUSTRATION A PARTIR D’UN CAS CONCRET Exemple d’une exploitation située sur les Causses sud Exploitation spécialisée en traite Roquefort tardif sur les Causses 165 ha de SAU, 200 ha de parcours, 780 brebis, 1860 hl de lait produit Démarrage de la traite au 14 février 2 UMO Objectif de l’éleveur : maintenir le système actuel avec une production laitière par brebis correcte et un minimum d’intrants. FONCTIONNEMENT DU TROUPEAU Taux d’IA : 98% Taux de mise bas : 95% Taux de fertilité à l’IA : 77% 880 brebis présentes à la mise bas 5 béliers 840 brebis ayant mis bas (EMP* = 786 brebis) Taux de prolificité : 150% date de début de traite : 14 février 199 jours de livraison * Effectif Moyen Présent 1260 agneaux nés 780 brebis traites Taux de mortalité des agneaux : 9% 186 000 litres de lait produit 230 agnelles de renouvellement 236 litres / brebis présente 238 litres / brebis traite 910 agneaux vendus Conduite de la reproduction IA Mois Luttes naturelles oct. nov. déc. Mises bas janv. fév. mars avril mai juin juillet août sept. Lot 1 (~650 brebis) Lot 2 (~230 agnelles) ASSOLEMENT ET PRODUCTION FOURRAGERE Foin en balles carrées Prairies naturelles Luzerne Prairies de longue durée Céréales 7 ha 44 ha 84 ha 30 ha SAU 165 ha Parcours 200 ha 450 kg MS fourrages récoltés /brebis 10 kg MS fourrages achetés /brebis Utilisation des parcours 4 mois en été 5 REPERES ECONOMIQUES (CAMPAGNE 2009) / EMP EMP = 786 Produit brut ovin lait 231 700 € dont lait coproduit viande aides ovines 295 € 172 800 € 47 900 € 8 300 € Charges opérationnelles ovin lait Marge sur coût alimentaire Marge brute ovin lait 220 € 61 € 11 € 92 000 € dont charges d’alimentation directe frais divers élevage frais surfaces fourragères 117 € 47 700 € 27 300 € 14 400 € 61 € 35 € 18 € 109 200 € 139 700 € 139 € 178 € Marge brute / produit brut ovin lait (%) 61% Produit brut 319 200 € Résultats d’exploitation Résultats de l’atelier ovin lait Total dont atelier ovin lait 231 700 € Charges opérationnelles Dépenses de structure hors amort. et frais fin. Excédent brut d’exploitation 106 800 € 104 500 € 107 900 € Excédent brut d’exploitation / produit brut (%) Annuités et frais financiers CT Revenu disponible Revenu disponible /UMO exploitant Lait vendu à 929 €/1000 litres en moyenne 34 % 50 200 € 58 500 € 29 300 € 12% des agneaux sont finis et vendus à prix élevés (99 €/agn) Lait bien valorisé : peu de lait en classe III Coût de production de l’atelier ovin lait (/ 1000 litres de lait produit) En 2009, les produits de l’exploitation permettent de rémunérer la maind’œuvre à près de 1,5 SMIC par UMO exploitant quand la productivité de la maind’œuvre est proche de 93 000 litres par unité de main-d’œuvre exploitant. prix de revient 933 € Sur la campagne 2009, le coût de production de l’atelier ovin lait de cette exploitation atteint 1 591 € pour 1 000 litres de lait produit. Le prix de revient du lait de 933 € pour 1 000 litres de lait correspond au prix de vente. Charges Travail Foncier et capital Frais divers de gestion Bâtiments et installations Mécanisation Frais d’élevage Appro. des surfaces Appro. des animaux Produits Lait commercialisé Produit viande Autres produits Aides 6