PRODUIRE DU LAIT DE BREBIS, REFL REFLE FLECHIR A SA PERIODE DE TRAITE Fiche n°1 : Début de traite très précoce en fin d’été Valorisation de tout ou partie du lait produit hors cadre interprofessionnel DEBUT DE TRAITE : AOUT/SEPTEMBRE Un peu d’histoire… Cette période de traite est apparue au début des années 80 dans les élevages avec des doubles troupeaux et s’est développée dans les années 90 avec le début de la collecte par la laiterie Saint Georges. Au début des années 2000, la plupart des élevages concernés par cette période de traite ont simplifié leur système d’élevage en optant pour la gestion d’un seul lot de traite. Aujourd’hui, cette période de traite peut concerner des exploitations livrant successivement à deux entreprises de collecte (dans le cadre de l’Interprofession à partir du 15 novembre) comme des exploitations livrant leur lait uniquement en dehors du cadre de l’Interprofession. Caractéristiques des systèmes d’exploitation Ce système repose sur une période de traite longue nécessitant des structures et une main-d’œuvre importantes. Il a été adopté par des éleveurs majoritairement présents sur le Ségala et le Lévézou. L’EXPLOITATION EN BREF Grand troupeau : 625 brebis en moyenne* SAU importante : 83 ha en moyenne* dont 79% de SFP Au moins 2 unités de main d’œuvre * Données SIEOL 2009 Pourquoi ce choix ? Conforter le revenu d’une exploitation avec un volume de référence insuffisant Dégager un revenu supplémentaire pour permettre l’installation d’un associé Mieux valoriser le lait produit Permettre la spécialisation de l’exploitation Créer un atelier ovin lait en réponse à la demande d’étalement des laiteries 1 Conduite de la reproduction 2 lots de lutte 2 lots de mises bas Lutte à contre-saison IA quasi-systématique Bonne réussite à l’IA Bonne prolificité Raisonner l’allotement Maîtriser la mortalité des agneaux liée à des mises bas de fin d’été Dans certains élevages, les brebis sont conduites en un seul troupeau comprenant un ou plusieurs lots de lutte d’adultes et un ou plusieurs lots de lutte d’agnelles avec un décalage pouvant aller jusqu’à 2 mois entre adultes et agnelles. Pour d’autres élevages, la conduite des brebis se fait en deux troupeaux avec un chevauchement des périodes de traite (troupeau spécifique à la traite précoce et troupeau spécifique à la traite en période Roquefort). Prévoir une surveillance accrue (besoin en main d’œuvre) pour permettre une bonne gestion des naissances multiples (parcs individuels) et éviter la déshydratation des agneaux. Aménager un bâtiment suffisamment grand bénéficiant d’une bonne ventilation. Multiplier les actions de prévention pour assainir la bergerie : désinfection, dératisation, paillage fréquent… Une période de traite longue Les éleveurs engagés dans cette période de traite peuvent être confrontés à des difficultés de démarrage de la production laitière en période estivale. La chaleur conjuguée à une disponibilité fourragère limitée ou difficile à utiliser peuvent conduire à une faible ingestion des brebis. L’affouragement en vert en bergerie au début de l’automne peut permettre d’accompagner le démarrage de la lactation suivant les conditions climatiques et les ressources disponibles au pâturage. Une chute marquée de la production laitière est observable en novembre-décembre sur les premiers lots de traite à l’entrée en bergerie, mais également en fin de lactation (mai-juin) en réponse à une période de traite longue. La production laitière par brebis est relativement élevée mais doit être relativisée par rapport à la durée de traite qui peut atteindre jusqu’à 300 jours dans certains élevages. LA PRODUCTION LAITIERE EN BREF Production laitière /brebis traite élevée : 260 litres en moyenne* Durée de traite : 260 à 300 jours TB et TP élevés dus à une période de traite longue et au photopériodisme d’automne favorable Prix du lait plutôt favorable en raison de l’optimisation des droits à produire et des taux élevés * Données SIEOL 2009 2 Système fourrager et alimentation Utilisation des surfaces et gestion du pâturage Diagramme annuel représentant l’offre d’herbe au pâturage et le stade physiologique de la brebis FAIBLE VALORISATION DU PATURAGE Lactation Brebis en allaitement : offre d’herbe potentielle /brebis en bergerie Brebis en fin de lactation : besoins faibles /potentiel d’herbe important Allaitement Gestation Brebis en fin de gestation : capacité d’ingestion faible /herbe rare Intensification des surfaces fourragères par rapport aux besoins en stocks (récolte précoce et en quantité). Les surfaces à faible potentiel (prairies permanentes et pentes) sont valorisables au printemps par le pâturage. Possibilité de ressortir les brebis au pâturage un mois après la mise bas suivant les conditions climatiques. Gestion des stocks et alimentation Besoin de stocks de qualité, en quantité : nécessité d’assurer 6 à 8 mois d’alimentation en bergerie certaines années suivant les conditions climatiques. PLUS DE 600 KG MS DE FOURRAGES STOCKES PAR BREBIS Systèmes fourragers basés sur l’utilisation de fourrages humides (confortation des stocks possible avec de l’ensilage de maïs) ou de foin de séchage en grange. Achat de fourrages fréquent et important (plus de 100 kg MS par brebis). 60 à 80% des stocks réalisés en 1ère coupe, 2ème coupe réservée à l’allaitement et au début de lactation. 160 à 200 kg de concentrés distribués par brebis adulte, dont 30 à 40% de concentrés azotés selon le régime alimentaire. 3 Repères travail Diagramme annuel représentant l’articulation entre les travaux saisonniers des surfaces et les travaux concernant le troupeau 2,5 UMO MINIMUM MB agnelles Semis de l’herbe Semis céréales Ensilage Vente agneaux Sevrage agnelles IA brebis Moisson, semis RG Fenaison MB brebis IA agnelles Pic de travail à l’automne. Concurrence de tâches : mises bas et sevrage avec moisson et semis des prairies et des céréales. En moyenne 1250 heures de travail d’astreinte par UMO, pour 2,5 UMO. Besoin en main-d’œuvre élevé en lien avec la taille des troupeaux. Période calme en fin d’hiver et courte en début juillet. Et si je décidais d’adopter cette période de traite ? Conditions de réussite Capacité à faire des stocks de qualité en quantité Possibilité d’avoir du pâturage à l’automne Main d’œuvre suffisante pour palier la contrainte d’une traite longue et la concurrence des travaux Nécessité de réfléchir son système fourrager pour gagner en autonomie fourragère Avoir une bergerie adaptée à la période chaude en surface disponible, ventilation et mettre en place des pratiques sanitaires rigoureuses. Ont contribué à ce document : Françoise Bouillon (CA 48), Catherine de Boissieu (Institut de l’élevage), Bruno Liquière (Confédération Générale de Roquefort), Jean-Claude Mathieu (EDE 81), Claudine Murat (CA 12), Emmanuel Morin (Institut de l’élevage), Gilles Noubel (Unotec), Michel WEBER (CA 12). PRODUIRE DU LAIT DE BREBIS, REFLECHIR A SA PERIODE DE TRAITE FICHE N°1 ILLUSTRATION A PARTIR PARTIR D’UN CAS CONCRET Exemple d’une exploitation située sur le Lévézou Exploitation mixte en traite très précoce sur le Lévézou 125 ha de SAU, 680 brebis, 1950 hl de lait produit 15 vaches allaitantes, système broutards Démarrage de la traite au 1er septembre 2 UMO + 1 apprenti Objectif de l’éleveur : démarrer la traite début septembre pour optimiser les références laitières avec une production intersaison et dégager un revenu suffisant pour deux familles. FONCTIONNEMENT DU TROUPEAU 756 brebis présentes à la mise bas 6 béliers 740 brebis ayant mis bas Taux d’IA : 85% Taux de mise bas : 98% Taux de fertilité à l’IA : 76% (EMP* = 680 brebis) Taux de prolificité : 160% 1er date de début de traite : septembre 320 jours de livraison * Effectif Moyen Présent 1184 agneaux nés 694 brebis traites Taux de mortalité des agneaux : 3% 195 200 litres de lait produit 220 agnelles de renouvellement 287 litres / brebis présente 280 litres / brebis traite 930 agneaux vendus Conduite de la reproduction IA Mois Luttes naturelles août sept. oct. Mises bas nov. déc. janv. fév. mars avril mai juin juillet Lot 1 (~300 brebis) Lot 2 (~50 brebis) Lot 3 (~200 brebis) Lot 4 (~50 brebis) Lot 5 (~120 agnelles) Lot 6 (~80 agnelles + vides) ASSOLEMENT ET PRODUCTION FOURRAGERE Prairies permanentes Prairies temporaires Ray grass Luzerne/dactyle Céréales 10 ha 30 ha 20 ha 45 ha 20 ha SAU 125 ha Séchage en grange + Enrubannage 500 kg MS fourrages récoltés /brebis 190 kg MS fourrages achetés /brebis 5 REPERES ECONOMIQUES (CAMPAGNE 2009) / EMP EMP = 680 Produit brut ovin lait 273 600 € dont lait coproduit viande aides ovines 402 € 209 630 € 56 000 € 7 940 € Charges opérationnelles ovin lait Marge sur coût alimentaire Marge brute ovin lait 308 € 82 € 12 € 97 630 € dont charges d’alimentation directe frais divers élevage frais surfaces fourragères 144 € 71 990 € 12 940 € 12 700 € 106 € 19 € 19 € 137 640 € 175 900 € 202 € 259 € Marge brute / produit brut ovin lait (%) 64% Produit brut 331 830 € Résultats d’exploitation Résultats de l’atelier ovin lait Total dont atelier ovin lait 273 600 € Charges opérationnelles Dépenses de structure hors amort. et frais fin. Excédent brut d’exploitation 126 060 € 88 360 € 117 400 € Excédent brut d’exploitation / produit brut (%) Annuités et frais financiers CT Revenu disponible Revenu disponible /UMO exploitant Produit brut /brebis et marge brute /brebis élevés 35 % 48 000 € 69 400 € 34 700 € Lait bien valorisé : 995 €/1000 litres, peu de classe III Agneaux vendus à un prix élevé en automne (70 €/agn) Coût de production de l’atelier ovin lait (/ 1000 litres de lait produit) En 2009, les produits de l’exploitation permettent de rémunérer la maind’œuvre à 1 SMIC par UMO exploitant quand la productivité de la main-d’œuvre est proche de 85 000 litres par unité de maind’œuvre exploitant et salarié. prix de revient 1 077 € Sur la campagne 2009, le coût de production de l’atelier ovin lait de cette exploitation atteint 1 614 € pour 1 000 litres de lait produit. Pour atteindre un objectif de rémunération de la main-d’œuvre à 1,5 SMIC / UMO exploitant, le prix de revient du lait s’élève à 1 077 € pour 1 000 litres de lait. Charges Travail Foncier et capital Frais divers de gestion Bâtiments et installations Mécanisation Frais d’élevage Appro. des surfaces Appro. des animaux Produits Lait commercialisé Produit viande Autres produits Aides 6