Efflorescences microalgales nuisibles et relation avec l’eutrophisation Mohamed Laabir, PhD Equipe Ecologie du Plancton, Laboratoire Ecosystèmes Lagunaires, UMR UMII-CNRS N°5119 Pl. E. Bataillon, Montpellier. La prolifération des microalgues peut causer une mortalité chez les poissons, contaminer la chaîne trophique avec les toxines et altérer les écosystèmes. La communauté scientifique parle de HAB (harmful algal blooms) ou efflorescences d’algues nuisibles. Une première classification permet de séparer deux groupes: Les producteurs de toxines et les producteurs de biomasse qui causent des anoxies à de fortes concentrations. Quelques espèces peuvent avoir les deux caractéristiques. The conceptual model below illustrates routings through which toxins impact many different trophic compartments (the colored boxes are hotlinks). Une étude récente estime qu’au niveau mondial, les toxines d’algues sont responsable de 60 000 intoxications humaines par an avec un taux de mortalité de 1.5 %. Les multiplications des efflorescences algales potentiellement toxiques, l’augmentation du nombre des espèces productrices et du nombre de toxines bioaccumulables ont généré un sentiment d’insécurité sanitaire. 1987, 14 baleines mortes suite à la consommation de poissons dont les Organes étaient chargés de saxitoxine (Alexandrium tamarense) Mortalité des poissons causée par des microalgues ichtyotoxiques Seabirds feed on the abundant life associated with the oceans and estuaries and thus are susceptible to the effects of HABs. One example was in 1991 when more than 100 pelicans and cormorants were found dead or suffering from unusual neurological symptoms in Monterey Bay, CA. This event was attributed to a bloom of the diatom, Psuedo-nitzcschia australis, which produce the toxin domoic acid. The toxin was transmitted to the seabirds via Northern anchovies. Les eaux colorées ont lieu lorsque des algues pigmentées prolifèrent. Même les espèces non toxiques comme le dinoflagellé Noctiluca, ici dans un port Japonais, peuvent tuer les animaux marins en épuisant l’oxygène des eaux côtières. California Noctiluca Bloom Florida Red Tide Bloom of Karenia brevis Prorocentrum micans bloom, Bigelow Laboratory, Maine Photo : A. Vaquer A. catenella Les microalgues sont une source de richesse pour les océans et responsable de l’essentiel de sa productivité primaire, L’immense majorité du phytoplancton marin n’est pas toxique et ne provoque pas de nuisances. 60 à 80 le nombre d’espèces potentiellement néfastes sur un total d’environ 4000 espèces marines. En plus des cyanobactéries (non traitées ici) deux classes de microalgues eucaryotes, les Dinophycées (dinoflagellés) Diatomphycées (diatomées) (diatomées neurotoxiques n’ont été connus que depuis 1987) Microalagues toxiques observés au MEB saxitoxines yessotoxines Alexandrium minutum Lingulodinium polyedrum Gymnodinium breve ? Dinophysis acuminata Prorocentrum belizeanum Acide okadaique dinophysistoxines Acide okadaique dinophysistoxines Ostreopsis lenticularis ostréotoxines Gambierdiscus toxicus ciguatoxines Pseudonitzschia multiseries Pseudonitzschia pseudodelicatissima Acide domoïque Seuls 50% des dinoflagellés décrits sont photosynthétiques, possèdent des chloroplastes et synthètisent leurs chlorophylles (a+c2) et des pigments accessoires (divers caroténoides, dont la péridinine typique du groupe). Certaines espèces abritent des endosymbiontes leur tenant lieu de chloroplastes. Les dinoflagellés tox iques sont photosynthétiques même si certaines espèces sont mixotrophes. La protection est assurée par une enveloppe pluristrate (thèque). thèque est fine et peu ornementée chez les dinoflagellés dits « nus » (exp. Gymnodinium) épaisse, renforcée par des plaques internes de cellulose chez les espèces dits cuirassés, La microscopie photonique et MEB sont utilisées pour identifier les espèces Le nombre, la forme et l’agencement des plaques constituent la tabulation qui est à la base de la nomenclature des genres et espèces A. Catenella Cellules en chaines Pas de pore ventral entre les plaques 1` et 4` ce qui la différencie d’A. tamarense Neurotoxic Shellfish Poisoning (NSP) - Causative Organisms: Gymnodinium breve (Photo credit - Y. Fukuyo) Gymnodinium breve - cyst form (Photo credit - Y. Fukuyo) Ciguatera Fish Poisoning (CFP) - Causative Organisms: Gambierdiscus toxicus Prorocentrum lima Paralytic shellfish poisonning (PSP): Causative organisms Alexandrium tamarense (vegetative cell in MEB) Alexandrium tamarense - cyst form (Photo credit - Y. Fukuyo) Les cyanobactéries Classe des Cyanophyceae Les Cyanobactéries appartiennent au groupe des bactéries actuelles ou eubactéries. Ce sont des bactéries qui pratiquent la photosynthèse, tout comme les algues, en dégageant du dioxygène. Ce sont les organismes les plus anciens connus en paléontologie; leurs traces remontent à près de 3,5 milliards d'années: premières cellules à produire l'oxygène qui aujourd'hui constitue notre atmosphère. La classification actuelle place souvent ce groupe à cheval entre le monde des bactéries (Procaryotes) et celui des Algues, d'où leur appartenance à la classe des Cyanophyceae qui signifie "Algues bleues". Les Cyanobactéries sont largement présentes parmi le plancton marin et certaines espèces produisent, en des circonstances particulières, des efflorescences à caractère toxique en consommant l'oxygène dissous dans l'eau. Elles passent alors d'un stade autotrophe (capables de fabriquer leur propre matière organique en utilisant l'énergie solaire) à un stade hétérotrophe (qui puisent leur énergie dans un constituant organique existant). Un excès de matière organique dans le milieu qui favorise ces efflorescences. Détection des espèces potentiellement toxiques Réseau Rephy Surveillance du phytoplancton toxique Rephy: Réseau spécialisé dans l’observation des populations phytoplanctoniques Mis en place en 1984 par l’Ifremer à cause de Dinophysis (intoxications en 1983-84). Fonctionnement du réseau en suivi: Points de suivi régulièrement répartis sur le littoral. Prélèvement d’eau 2 fois par mois (septembre-avril) et une dois par semaine (mai-août) en surface ou subsurface et observations sur échantillons vivants Et lugolés à l’aide d’un microscope inversé (méthode Utermohl 1958). Un dénombrement systématique est réalisé. Fonctionnement du réseau en alerte: Vise la protection de la santé publique. La situation d’alerte est déterminée par la Présence d’une espèce toxique. Augmentation de la fréquence de prélèvement. Echantillons d’eau. Echantillon de coquillages. Présence d’une espèce à DSP (Dinophysis) Test souris sur un extrait d’hépatopancrés de coquillages, mortalité avec seuil Égal à 5h. Présence d’une espèce à PSP (Alexandrium) Test souris Si test souris positif Conséquences administratives: Direction départementale des affaires maritimes – autorités préfectorales – Mesures officielles d’interdiction de commercialisation des coquillages. Nouvelles Méthodes de détection des espèces potentiellement toxiques Réseau REPHY (Ifremer) Prélèvement d’eau et de coquillages Identification des espèces Quantification au microscope (seuil 100 cellules/l) Observateur expérimenté Techniques difficiles à mettre en place (MEB..) Utilisation de la biologie moléculaire Test de toxicité Marquage fluorescent des cellules à l’aide de sondes Anticorps: se fixent de façon spécifique sur les antigènes (protéines, polysaccharides acides nucléiques ou toxines). Les phycotoxines non immunogéniques doivent être couplées à une protéine porteuse. Ces formes moléculaires sont reconnues par le système immunitaire des mammifères. Sondes nucléotidiques: séquence complémentaire à celle de l’acide nucléique Recherché et sont associées à un marqueur fluorescent. Dirigées souvent contre Les gènes qui codent l’ARN ribosomique. La sonde doit subir un marquage fluorescent. Microscopie à fluorescence ou cytométrie en flux •La majorité des anticorps et toutes les lectines visent les molécules associées à la surface des cellules Marquage fluorescent des cellules Immunofluorescently-labeled Alexandrium cell Alexandrium sp. (most likely fundyense) from a bloom near Casco Bay, Maine in 1998. The Alexandrium cell (about 35µm in diameter) is the smaller of the two cells. It shows the red autofluorescence of the chlorophyll surrounded by a bright green immunofluorescent stain that specifically targets the cell surface antigens of Alexandrium. The other larger cell is a co-occurring heterotrophic Protoperidinium sp. that lacks chlorophyll. (Kristin Gribble, WHOI) Toxinogénèse de la saxitoxine et de ses dérivés Des bactéries associées à des souches toxiques de dinoflagellés peuvent produire des toxines Exp: bactérie intracellulaire dans A. tamarense produit STX Variabilité intra et interspécifique dans la production de toxines Profil toxinique spécifique à chaque souche (identification) saxitoxine brévétoxines Squelette Carboné du Canal sodium Toxicologie Intoxications peuvent être classées en deux catégories: Symptômes liés à (1) la neurotoxicité et (2) l’appareil digestif Phycotoxines neurotoxiques Décès généralement par arrêt respiratoire Acide domoïque Agit sur les récepteurs au glutamate du SNC Risque cancérogène Acide okadaïque Inhibe les protéines phosphatases Neurotoxicité cellulaire des phycotoxines Les saxitoxines et gonyautoxines, toxines tres puissantessont responsables de l’intoxication PSP (paralytic shellfish Poisoning). Symptômes: troubles digestifs précoces suivisde troubles neurologiques graves (fatigabilité musculaire importante, convulsions et paralysies flasques avec détresse respiratoire Troubles apparaissent 30 à 120mn après la consommation de divvers invertébrés marins contaminés Principaux agents: Genre Alexandrium, Gymnodinium catenatum, Pyrodinium bahamense Moyens de lutte contre les algues toxiques Réduction de l’apport des nutriments: L’industrialisation, la pollution urbaine, l’agriculture apporte par le biais du bassin versant et des rivières des flux importants de nutriments et modifient le ratio de ces éléments (plus d’éléments azotés et moins de silicium ce qui avantagerait les dinoflagellés) Les japonais en réduisant les apports en nutriments ont diminué l’abondance des HABs. Introduction des algues toxiques par les eaux de ballast: Les bateaux sont des facteurs majeurs d’introduction des espèces non indigènes (Rosenthal 1981),Augmentation du trafic maritime, du volume des ballasts qui augmente l’O2 disponible. Les Stratégies de lutte ont été la stérilisation avec le péroxyde d’hydrogène, des produits chimiques, la déballastage En haute mer, un choc thermique de 40-50 °C ou électrique. Le coût reste élevé. Introduction des espèces à travers les activités aquacoles: Il y’a plusieurs cas d’introduction de macroalgues et de sa faune associée dans les eaux côtières(Carlton 1985). Les algues toxiques peut aussi être introduites par ce biais. Contrôle des efflorescences Contrôle chimique Des éléments chimiques peuvent inhiber ou détruire les HABs. Ces éléments Doivent être spécifiques pour ne pas avoir des effets négatifs sur l’écosystème Le cuivre: de faibles concentration de cuivre peuvent tuer Gymnodinium breve, le cuivre est un constituant naturel de l’eau de mer. Cependant le coût de traitement Est important et ce élément a un large spectre d’action. Utilisé dans les années 60. Aponin et d’autres éléments chimiques: l’aponin est produit par un stérol pouvant Endommager G. breve au bout de 4-10 jours. L’élément chimique ne doit pasÊtre léthal pour plus de 50 % de la faune et la flore présente dans le système traité. Floculants: (argiles et les polymères) Un floculant quand il est ajouté à l’eau permet une suspension des particules et leur Agrégation et sédimentation. Des floculants inorganiques peuvent être des sulfates D’aluminium et des sels ferriques). L’argile est potentiellement intéressant et été utilisé.Cependant, il faut étudier l’effet des ces sédiments sur la faune et la flore benthique. Contrôle physique Permet de détruire les cellules microalgales ou de les soustraire de l’eau de mer. Skimming of surface water: Shirota (1989) a évoqué une tentative japonaise de collecter le phytoplancton en utilisant Un équipement qui provoque une agrégation de ces particules. Destruction par des ultrasons: Des cellules algales peuvent être exposées à des ultrasons à des grandes fréquences ce qui Permet de détruire ces microalgues. Mais ce procédé n’est pas sélectif. Contrôle biologique -L’ingestion par le zooplancton et la filtration par les mollusques peuvent Être utilisés pour soustraire les algues nuisibles de la colonne d’eau. Cependant, les capacités de culture du zooplancton ou la biomasse Des filtreurs à utiliser sont insuffisants pour exercer une force de prédation efficace. -Virus: -Les virus ont le potentiel d’être très spécifiques et donc des agents de Contrôle efficaces et abondants dans les eaux côtières. Un effort de Recherche doit être orienté à ce niveau. -Parasites Le dinoflagellé Amoebophrya cerati est un parasite intracellulaire des Dinoflagellés libres comme Alexandrium. Les parasites attaquent l’hôte Et se multiplient à l’intérieur de la cellule aboutissant à des milliers D’autre parasites s’étant multiplié. Bactéries: Des souches bactériennes isolées à la fin du bloom de G. mikimotoi ont montré une grande spécificité algicide contre cette espèce. Des cultures De G. mikimotoi ont été complétement détruites au bout de 24-38 h. La substance responsable est secrétée en présence du dinoflagellé. Utilisation d’autres microalgues: Algues allélopathiques contre l’algue nuisible ou microalgues ayant des Taux de division plus importants. Exemple d’attaque virale La majorité de ces agents de contrôle, (chimiques, physiques, biologiques) Ont été testés expérimentalement Dans des laboratoires (microcosmes) Très peu in situ et quand c’est le cas, Il n’y a pas encore d’études sérieuses Et poussées concernant leur effet sur L’environnement et le fonctionnement De l’écosystème marin.