Fiche à détacher et à archiver
La Lettre du Neurologue - n° 2 - vol. IV - avril 2000
II
Diagnostic d’une polyneuropathie
A. FORMES AIGUËS - Installation en quelques jours.
Au maximum : 4 semaines.
I. Formes axonales
Absence de bloc de conduction, de ralentissement de la conduction
nerveuse (ondes F et latences distales motrices normales), potentiels
sensitifs souvent très altérés ou absents. La fibrillation électrique est indi-
cative de l'intensité du processus de dénervation.
–forme axonale du syndrome de Guillain-Barré : (Campylobacter
jejuni); parfois nerfs moteurs inexcitables ; LCR : hyperprotéinora-
chie modérée ou absente.
–porphyrie aiguë intermittente : dosage des porphyrines urinaires.
–formes aiguës d'intoxication : sels de thallium, arsenic, lithium,
triorthocrésylphosphate.
–rares cas de polyneuropathies diabétiques (inauguration d’un traite-
ment, amaigrissement rapide), de polyneuropathies urémiques (dia-
lyse mal conduite), de polyneuropathies alcoolo-carentielles.
–formes polyneuropathiques des vascularites nécrosantes : recherche
de signes d'atteinte systémique. Biopsie nerveuse indispensable.
II. Formes démyélinisantes
Présence de ralentissements de la conduction nerveuse (ondes F,
latences distales motrices allongées), dispersion de la réponse évo-
quée musculaire, possibles blocs de conduction sur les fibres
motrices, atteinte volontiers multifocale. LCR : hyperprotéinorachie.
–syndrome de Guillain-Barré. Biopsie nerveuse inutile.
–polyneuropathie de la diphtérie.
III. Neuronopathies
Atteinte du corps cellulaire du neurone moteur ou sensitif.
–forme motrice : absence d'altérations sensitives - poliomyélite anté-
rieure aiguë.
–forme sensitive : absence d'altérations motrices - neuropathie sen-
sitive aiguë.
B. FORMES SUBAIGUËS - Installation des troubles en
semaines et mois ou en quelques années.
I. Formes axonales
Conduction motrice normale ou peu ralentie, potentiel évoqué mus-
culaire réduit, potentiel évoqué sensitif altéré. Atteinte à prédomi-
nance distale des membres inférieurs. LCR le plus souvent normal.
Atteinte du système nerveux autonome assez fréquente. La biopsie
nerveuse est généralement peu informative, sauf cas particuliers.
–polyneuropathies métaboliques : diabète, insuffisance rénale,
hypothyroïdie.
–polyneuropathies nutritionnelles : alcoolo-carentielles, carences
vitaminiques diverses.
–polyneuropathies toxiques : *environnement ou toxiques indus-
triels : plomb, N-Hexane et N-méthyl-butyl-ketone, acrylamide ;
*médicaments : vincristine, amiodarone, isoniazide, disulfirame,
métronidazole, cis-platine, taxol, DDI.
–polyneuropathies des maladies systémiques : une vascularite est
fréquemment en cause, biopsie nerveuse souvent informative.
Sarcoïdose, formes polyneuropathiques des vascularites nécrosantes.
–polyneuropathies des hémo- et lymphoréticulopathies : lymphomes,
polyglobulie.
–polyneuropathies des dysglobulinémies : *malignes : principale-
ment le myélome multiple (signes de dénervation active fréquents).
*autres : cryoglobulinémies (associées à une hépatite C).
–polyneuropathies infectieuses : sida, hépatite C.
–polyneuropathies de l'amylose primitive. Signes végétatifs fré-
quents. Biopsie nerveuse indispensable.
II. Formes démyélinisantes
Ralentissement des conductions nerveuses motrices et sensitives,
aspect souvent hétérogène et non proportionnel de l'atteinte, poten-
tiels sensitifs altérés, blocs de conduction des fibres motrices pos-
sibles. LCR : hyperprotéinorachie. La biopsie nerveuse est souhaitable
mais non indispensable au diagnostic dans la plupart des cas.
–polyradiculonévrites inflammatoires idiopathiques subaiguës.
–polyneuropathies subaiguës secondaires à une maladie systémique,
une dysglobulinémie : lupus, sarcoïdose, myélome condensant et
plasmocytome solitaire, POEMS syndrome, sida.
III. Neuronopathies
–motrices : rares, parfois rencontrées dans les lymphomes hodgki-
niens ou non hodgkiniens.
–sensitives (ganglionopathies) : *syndrome de Gougerot-Sjögren :
évolution subaiguë-chronique, biopsie nerveuse indispensable (infil-
trat inflammatoire), biopsie des glandes salivaires.*neuronopathie
sensitive paranéoplasique de Denny-Brown (anticorps anti-Hu). *neu-
ronopathie sensitive progressive en l'absencede cancer. *neuronopa-
thie au cisplatine. *intoxication par la vitamine B6.*neuronopathie
subaiguë après infection par Rickettsia conorii.
C. FORMES CHRONIQUES - Installation en années, par-
fois depuis l’enfance. Intérêt de l'examen des membres de la
famille.
I. Formes axonales
Ralentissement de la conduction motrice modéré, parfois plus mar-
qué. Potentiels sensitifs altérés ou absents.
–héréditaires : *Polyneuropathies sensitivo-motrices héréditaires :
formes axonales de CMT (type 2 et X). *Polyneuropathies avec trouble
biochimique connu. *amyloses héréditaires : fréquence des signes
végétatifs associés. Biopsie nerveuse indispensable. Intérêt de l'étude
génétique (biologie moléculaire). *polyneuropathies sensitives hérédi-
taires.
–acquises : rares formes associées aux gammapathies monoclo-
nales bénignes à IgG.
II. Formes démyélinisantes
–héréditaires : *ralentissement homogène de la conduction nerveuse
sur tous les nerfs. Intérêt de la biopsie nerveuse : aspects en bulbes d'oi-
gnon (non spécifiques). *polyneuropathie de type CMT : CMT1A (liée
auchromosome 17). *polyneuropathies avec anomalie biochimique
connue : maladie de Refsum, leucodystrophie métachromatique.
– acquises : *ralentissement non homogène de la conduction nerveu-
se, possibilité de blocs de conduction. Intérêt de la biopsie nerveuse.
*polyradiculonévrites inflammatoires chroniques idiopathiques pro-
gressives ou à rechutes. *polyneuropathies associées aux gammapa-
thies monoclonales bénignes à IgM. (dosage de l'anti-MAG).
III. Neuronopathies
–motrices : formes spinales de CMT
–sensitives : *neuropathies héréditaires sensitives ? *neuropathie
ataxiante chronique idiopathique.