Télécharger ce fichier PDF - Journal Africain d`Imagerie Médicale

1
Apport de l’IRM haut champ dans la prise en charge des cancers du col de
l’utérus au Sénégal.
(
MRI management of cervical cancer in Senegal
)
Diop AD
(1)
, Dia AA
(2)
, Leye MMM
(3)
, Thiam O
(4)
, Mbengue A
(1)
, Ly Ba a
(1)
,BA Diop S
(1)
.
(1) Service de Radiologie et d’Imagerie Médicale du CHU de Fann Dakar-Sénégal
(2) UFR des Sciences de la Santé, Université de Thiès-Sénégal
(3) Institut de Santé et de Développement, Univertsité Cheikh Anta Diop de Dakar-Sénégal
(4) Service de Gynécologie du CHR de Ndioum, Saint Louis-Sénégal
RESUME:
Objectifs: Décrire le profil des cancers du col de l’utérus au CHU de Fann avec une
classification FIGO-IRM et situer l’intérêt de l’IRM dans la récidive post-opératoire. Patientes
et Méthode : Etude rétrospective monocentrique ayant inclus 30 patientes dont 3 après
chirurgie. Les examens étaient réalisés avec une IRM de 1,5 Tesla. Des séquences pondérées
en T2 dans les 3 plans étaient réalisées suivies d’une séquence de diffusion dans le plan
axial. Les quences dynamiques en pondération T1 étaient réalisées dans le plan axial
perpendiculaire au grand axe du col, avec saturation de la graisse avant et après injection de
gadolinium. La taille et le signal des tumeurs ont permis de faire une classification FIGO-IRM.
La recherche de ganglions et de récidives post opératoires chez trois femmes a été réalisée.
Résultats : L’âge moyen
des patientes était de 45,7 ans (31 ans-70 ans). La taille moyenne des tumeurs était de 6,25
cm (2 cm-15,2 cm). Le seuil des 4 cm était dépassé chez 92% des patientes. Toutes les lésions
apparaissaient en hyposignal T1, avec restriction de la diffusion. Leur signal en T2 était
variable avec une prédominance des lésions en hypersignal intermédiaire (72%) et le
rehaussement après injection était noté dans 96% des cas. Le stade II B FIGO-IRM était le
plus représentatif (56%) suivi du stade IV A (28%), soit une extension aux paramètres dans
84% de cas. Des ganglions suspects étaient notés chez 60% des patientes. Une patiente
présentait une récidive post opératoire. Conclusion : L’IRM est devenu quasi
incontournable dans le bilan pré-thérapeutique et la recherche de récidive post-opératoire des
cancers du col de l’utérus dans notre CHU. Mots clés : Cancer du col, Uterus, IRM,
FIGO, Dakar.
Correspondance
Dr Abdoulaye Dione DIOP, Service de Radiologie et d’Imagerie Médicale du CHNU de Fann: Avenue Cheikh
Anta DIOP, BP 5035 Dakar-Sénégal
Mail: adionedio[email protected]
Tel: 0022177608882/00221708776151
ARTICLE ORIGINAL
J Afr Imag Méd 2015; (7), 3: 108-115
2
SUMMARY:
Objectives: To describe an overview of cervical cancers at the Fann Teaching Hospital with
a FIGO-MRI classification and to emphasize the role of MRI in the post-operative recurrence.
Female patients and Methods: It was a retrospective monocentric study that included 30
female patients of whom 3 after surgery. The examinations were performed with a 1.5 Tesla
MRI. T2-weighed sequences in the 3 planes were performed followed by a sequence of
diffusion in the axial plane. T1-weighed dynamic sequences were performed in the axial plane
perpendicular to the long axis of the cervix, with fat saturation before and after injection of
gadolinium. The size and signal of tumours helped to make an MRI-FIGO classification. The
search for lymph nodes and postoperative recurrence in the three women has been completed.
Results: The
average age of the female patients was 45.7 years (31 years-70 years). The average size of
tumours was 6.25 cm (2 cm-15.2 cm). The threshold of 4 cm was exceeded in 92% of the
female patients. All lesions appeared as T1 hyposignal, with restricted diffusion. Their T2 signal
was variable with a predominance of intermediate hypersignal lesions (72%) and enhancement
after injection was noted in 96% of cases. The IIB FIGO -MRI stage was the most
representative one (56%) followed by IV A stage (28%), or an extension to parameters in 84%
of cases. Suspicious lymph nodes were noted in 60% of female patients. One patient had a
postoperative recurrence. Conclusion: MRI has become almost
inevitable in the pre-treatment assessment and search for post-operative recurrence of cancer
of the cervix in our teaching hospital. Key words : cervix cancer, uterus,
MRI, FIGO, Dakar.
INTRODUCTION
Le cancer du col de l’utérus est la seconde
cause de cancer féminin dans le monde en
terme d’incidence et reste le premier cancer
dans les pays en voie de développement
notamment au Sénégal [1,2,3]. Les
stratégies de dépistage et de prévention par
le frottis cervico-vaginal et la vaccination
contre le virus du Human Papilloma Virus
(HPV) ont contribué à l’amélioration du
pronostic de ce cancer. Toutefois il reste
toujours un problème de santé public dans
nos régions leur diagnostic est le plus
souvent fait à un stade tardif. Le pronostic
des cancers du col de l’utérus est
étroitement lié au volume tumoral, à son
degré d’extension locorégional et à
l’envahissement ganglionnaire [3].
L’imagerie par résonance magnétique du
fait de sa bonne résolution en contraste et de
son approche multiplanaire, est de loin la
technique d’imagerie la plus performante
pour une bonne évaluation de ces données
pronostiques. Elle joue également un rôle
incontournable dans le suivi des patientes
après chirurgie [3].
L’objectif de notre étude est de:
- donner le profil sémiologique des
cancers du col de l’utérus rencontrés en
évaluant la taille tumorale, leur signal,
le degré d’extension pour aboutir à une
classification FIGO-IRM.
- situer la place de l’IRM dans la
recherche de récidive post- opératoire.
PATIENTES ET MÉTHODE:
J Afr Imag Méd 2015; (7), 3: 108-115
DIOP Abdoulaye Dione et al
3
Nous avons réalisé une étude rétrospective
monocentrique sur une période de 47 mois
(du 01 janvier 2009 au 30 Novembre 2012).
Trente patientes de 45,7 ans d’âge moyen
avec de extrêmes de 31 ans et 70 ans ont été
incluses. Parmi les 30 examens, 27 étaient
réalisés pour bilan d’extension d’un cancer
du col utérin confirmé et 3 pour recherche
de récidive post-opératoire.
Les examens ont été réalisés avec une IRM
de 1,5 Tesla, Achieva, Philips Medical
System.Une antenne « Body » a été utilisée
chez des patientes en décubitus dorsal,
vessie en semi réplétion.Le balisage vaginal
ou rectal au gel échographique n’était pas
systématique.
Pour chaque patiente, l’examen, débutait
par une séquence Turbo Spin Echo
pondérée en T2 dans le plan sagittal strict et
se poursuivait par des coupes axiales
obliques en T2 dans un plan perpendiculaire
au grand axe du col utérin. D’autres coupes
en pondération T2 étaient réalisées dans un
plan coronal oblique perpendiculaire au
précédant.
On réalisait des coupes « grand champ »
dans le plan coronal en pondération T2
permettant l’étude du haut appareil urinaire
et des aires ganglionnaires lombo-aortiques.
Elles étaient suivies d’une séquence de
diffusion avec une cartographie ADC dans
le plan axial.
Une séquence dynamique pondérée en T1
axial avec saturation de la graisse avant et
après injection de gadolinium était ensuite
réalisée.
Les paramètres suivants ont été étudiés: le
signal et la taille des tumeurs, l’extension
locorégionale permettant de faire une
classification FIGO-IRM, et évaluer
l’envahissement ganglionnaire.
Les données recueillies ont été saisies sur un
fichier Excel et analysées à l’aide du
logiciel statistique Epi info version 3.3.5.
RÉSULTATS :
Sur les 27 examens réalisés pour bilan
d’extension de cancer du col utérin, 2
étaient revenus normaux soit 7.4%. Les 25
restants (92.6%) constituaient la base de
notre étude pour la volumétrie tumorale,
l’étude du signal, la classification FIGO-
IRM et l’évaluation de l’envahissement
ganglionnaire.
Signal tumoral
Toutes les lésions observées au cours de
notre étude apparaissaient en hyposignal T1
avec restriction de la diffusion (Fig.1c-d).
Leur signal en pondération T2 était variable
avec un hypersignal intermédiaire retrouvé
dans 18 cas soit 72% (Fig.2) ; le reste des
lésions apparaissaient en hyposignal T2.
Une prise de contraste tumorale était notée
chez 24 des 25 patientes soit 96% (Fig 3c).
Taille tumorale
La taille moyenne des tumeurs était de 6,2
cm avec des extrêmes de 2 cm et 15,2 cm.
Le seuil des 4 cm était dépassé chez 23
patientes soit 92%.
Extension locorégionale (F.I.G.O. IRM)
Le stade IIB était plus représentatif,
retrouvé chez 14 patientes soit 56%
(figure1) suivi du stade IVA (figure3). Le
tableau I présente les différents stades
d’extension des cancers du col retrouvés
dans notre série, selon la classification
F.I.G.O-IRM.
J Afr Imag Méd 2015; (7), 3: 108-115
4
Tableau I: Classification FIGO-IRM des
cancers du col chez nos patientes.
STADES
EFFECTIF
POURCENTAGE
IB1 1 4%
IB2 0 0%
IIA 3 12%
IIB 14 56%
IIIA 0 0%
IIIB 0 0%
IVA 7 28%
IVB 0 0%
TOTAL 25 100%
Envahissement ganglionnaire.
Des ganglions suspects de localisation secondaire
étaient retrouvés chez 15 patientes soit 60%
(figure 4).
Fig1: tumeur du col utérin stade IIB FIGO. A et B:
coupes axiale et sagittale T2 qui montrent la masse
tumorale cervicale en hypersignal intermédiaire avec
envahissement des paramètres et rupture du stroma
fibreux (flèche rouge). C: coupe sagittale T1 où la
tumeur est en hyposignal (flèche jaune). D : coupe
axiale diffusion où la lésion apparaît en hypersignal
(flèche blanche).
Fig 2 : tumeur du col stade IIa (A coupe axiale
T2 ; B coupe sagittale T2) qui apparaît en
hypersignal intermédiaire T2 (flèches rouges)
par rapport au stroma fibreux péri-cervical qui
se présente en franc hyposignal T2 (flèche
jaune).
DIOP Abdoulaye Dione
et al
J Afr Imag Méd 2015; (7), 3: 108-115
5
IRM et suivi post thérapeutique.
Parmi les trois patientes adressées pour
suivi post chirurgie d’un cancer du col
utérin, seule une présentait une récidive
locale sous forme d’une masse tumorale
développée dans le cul de sac vaginal
antérieur (figure5).
- Signal tumoral
Les séquences en pondération T2 sont les plus
informatives.Comme nous l’avons constaté dans
notre série, les tumeurs du col utérin apparaissent
le plus souvent en hypersignal T2 intermédiaire
par rapport au stroma fibreux qui reste en
franc hyposignal. Toutefois dans certains cas,
Fig3
:
Tumeur du col utérin stade IVa, examen réalisée après
balisage vaginal (flèche courbe). A, B: coupes sagittale et axiale
T2 montrant une volumineuse masse tumorale cervicale
envahissant la paroi vésicale postérieure (flèche). C : coupe
sagittale T1 FAT SAT avec injection du gadolinium où la sion
présente un rehaussement modéré par rapport au myomètre
(flèche).
Fig 4:
Tumeur cervicale stade IVA avec
adénomégalies ilio-pelviennes (flèches) visibles
sur les séquences coronale T2 (A), axiale T1 Fat
SAT Gadolinium (B) et axiale diffusion (C).
Fig 5: récidive tumorale chez une patiente de 53ans opérée
d’un cancer du col utérin. A. B Coupes sagittale et axiale T2 où
la tumeur apparaît en en hypersignal intermédiaire, développée
dans le cul de sac vaginal antérieur (flèches courbes). Elle
apparaît en hypersignal diffusion (C) et est rehaussée après
injection (D) (flèches droites).
DIOP Abdoulaye Dione
et al
J Afr Imag Méd 2015; (7
DISCUSSION:
Dans notre étude, 92,6% des patientes
présentaient des lésions visibles tandis que
chez deux patientes soit 7,3%, l’IRM était
1 / 10 100%
La catégorie de ce document est-elle correcte?
Merci pour votre participation!

Faire une suggestion

Avez-vous trouvé des erreurs dans linterface ou les textes ? Ou savez-vous comment améliorer linterface utilisateur de StudyLib ? Nhésitez pas à envoyer vos suggestions. Cest très important pour nous !