dossier presse rabah robert

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© Christian Berthelot
Lazare
Rabah Robert
Touche ailleurs que là où tu es né
du 30 janvier au 15 février 2014
Représentations : mardi, jeudi 19h30, mercredi, vendredi, samedi 20h30, dimanche 15h, relâche lundi
Tarifs : 24€ / 15€ / 12€ / 9€
Réservation : sur place ou par téléphone au 01 41 32 26 26 / du mardi au samedi de 13h à 19h
ou [email protected] et en ligne sur : www.theatre2gennevilliers.com
Service de presse :
Théâtre de Gennevilliers — Philippe Boulet — 01 41 32 26 10 — [email protected]
Compagnie Vita Nova — Isabelle Fabre — 06 23 44 04 74 — [email protected]
Lazare
Rabah Robert
Touche ailleurs que là où tu es né
du 30 janvier au 15 février 2014
texte et mise en scène, Lazare
scénographie, costumes, accessoires, Marguerite Bordat
direction musicale, Benjamin Colin
lumière, Vincent Gabriel
chorégraphie et assistanat à la mise en scène, Marion Faure
conseil artistique, Daniel Migairou
construction du décor, Olivier Berthel
aide à la construction du décor Ateliers du Grand T
avec
Guillaume Allardi, Anne Baudoux, Benjamin Colin, Bianca Iannuzi, Julien Lacroix, Bénédicte Le Lamer,
Mourad Musset, Giuseppe Molino, Yohann Pisiou
durée : 1h50
Production Vita Nova. Direction de production, administration, diffusion Emmanuel Magis / ANAHI
Coproduction Théâtre National de Bretagne/Rennes, Studio-Théâtre de Vitry, Le Grand T/Nantes, Théâtre Jacques-Prévert dʼAulnaysous-Bois, La Fonderie /Le Mans, ARCADI (Action Régionale pour la création artistique et la diffusion en Ile-de-France).
Avec le soutien du Théâtre de Gennevilliers, centre dramatique national de création contemporaine, de lʼInstitut Français–ministère des
Affaires étrangères et européennes, du Fonds SACD Théâtre et de la DRAC Ile-de-France–ministère de la culture et de la
communication.
Avec le soutien pour l'écriture de Beaumarchais et du CNL.
Spectacle créé le 13 novembre 2012 au festival Mettre en scène/ TNB/Rennes
Le texte est publié aux éditions Les Solitaires intempestifs.
en tournée :
26 et 27 février 2014 – Comédie de Valence
4 mars 2014 – Espaces pluriels, Scène conventionnée de Pau
12 et 13 mars 2014 – Théâtre des 4 saisons – Gradignan en partenariat avec le TnBA-Bordeaux.
du 18 au 20 mars 2014 – Le Grand T – Nantes
25 mars 2014 – La Coupe dʼOr – Rochefort
er
1 et 2 avril 2014 – La Vignette – Montpellier
13 et 14 mai 2014 – Comédie de Béthune
++
[samedi 8 février à 18h]
Rencontre philosophique : « Les partages des temps »
Emmanuel Alloa invite Jacques Rancière en regard du spectacle de Lazare
(entrée libre sur réservation)
Le Théâtre de Gennevilliers est subventionné par le ministère de la Culture et de la Communication, la Ville de Gennevilliers et le
Conseil Général des Hauts-de-Seine.
Rabah Robert
Touche ailleurs que là où tu es né
Une famille retrouve les bribes de son histoire après la disparition de la
figure du père et est aspirée dans la fiction de ses fantasmes où plusieurs
temps se mélangent.
Rabah Robert, Algérie-France, France-Algérie : les personnages sʼembarquent
dans un train qui part vers lʼinnommé. Une famille est confrontée à la disparition du
père, et quatre personnages – la mère, le fils Libellule et ses sœurs – se heurtent
aux mystères de sa vie. Dans la pièce se mélangent plusieurs types de langages :
des langues existantes, ré-inventées et turbulentes, des chansons écrites par
Lazare et inspirées de répertoires aussi divers que le blues, lʼopéra, la chanson
française ou les chants révolutionnaires, et aussi des tableaux peints à la van Gogh
par la mère, qui se lève au milieu de la nuit. Dans leur solitude, les enfants,
Libellule et ses sœurs, fantasment ce quʼa été la vie du père au moment de la
guerre dʼAlgérie. Des événements ont eu lieu. Le train remonte jusquʼà la conquête
de lʼAlgérie, aux enfumades des populations « indigènes » orchestrées par le
général Bugeaud... La mémoire familiale fragmentée, incomplète, élabore un
théâtre à partir de cette chambre de lʼimaginaire.
Valérie Mréjen
Pour moi, les trois pièces, Passé-je ne sais où, qui revient, Au pied du mur sans porte, et
Rabah Robert, traversent une partie cachée de lʼHistoire de France. Je ne raconte pas
lʼHistoire de France, je raconte les trous. Quʼest-ce quʼon fait des trous ? Comment on vit
quand il y a des trous ? À travers lʼhistoire de cette famille, on revisite ces temps.
Comment on fait aujourd'hui pour être ensemble, travailler ensemble ? Puisque je suis là,
comment je fais maintenant ?
Lazare
Rabah Robert
Jʼai cherché longtemps le titre, je mʼen suis tenu à Rabah Robert parce quʼil est lʼévocation de deux pays séparés,
loin et si proches. La France, un pays soudé à un autre, lʼAlgérie, qui tantôt disparaît tantôt apparaît à la surface.
Singulièrement, depuis bientôt dix ans, je mʼinterroge sur le va-et-vient entre la langue écrite et celle que lʼon parle,
je tends lʼoreille vers ceux qui avec très peu de mots inventent un langage parce quʼils le font vivre. Jʼarrache à la
vie des éléments qui me font tressaillir, comme des regards et des manières de parler venus dʼailleurs, des
métissages de langues, des rues secrètes où ceux qui nʼont pas accès au théâtre offrent la poésie vivante.
La dualité entre différents types de langues crée des flottements, des chocs et frottements de monde.
La combinaison des absences
La disparition du père est lʼun des centres vides autour duquel sʼarticule la pièce. Cʼest lʼépaisseur distante
progressivement accumulée du temps où depuis sa mort jʼai pu vivre sans lui.
Rabah Robert ouvre le monde du pays du Sourd Sommeil puisquʼil est devenu une image. Jʼécris une pièce sur lui
pour me rapprocher de lui, pour lʼinclure précisément. Cʼest lʼâme conductrice, initiatrice de la pièce. La disparition
dʼun être cher est quelque chose que nous connaissons tous. En dépassant le cas personnel, je veux écrire la
contraction du temps, lʼavant et lʼaprès de la mort du père.
Dans la construction des scènes, les rêves sʼouvrent les uns dans les autres comme des poupées russes.
Franchir les seuils, le seuil est ailleurs, passage à travers soi dans lʼautre.
Les personnages qui reviennent
Ce projet est le dernier volet du triptyque commencé avec Passé - je ne sais où, qui revient et Au pied du mur
sans porte. On retrouve les mêmes personnages mais dʼune pièce à lʼautre, quelque chose en eux a changé. Il
sʼagit pour moi dʼajouter des rapports nouveaux, dʼunir diverses parties, de répéter des signes afin que lʼœuvre se
réfléchisse à lʼinfini.
Lazare, avril 2012
© Christian Berthelot
Rabah Robert, troisième volet dʼun triptyque
Rabah Robert part dʼun principe assez simple, le père qui
est mort est là avec les autres sur le plateau, il est lʼabsent
toujours présent. La mère, qui avait pris des cachets dans
Au pied du mur sans porte, parle de la maladie de la
mélancolie. Dans cette nouvelle pièce, on va essayer de
voir quels sont les systèmes de pensée qui mènent à la
violence. Jʼavais évité ce thème sur Passé je ne sais où
qui revient, et là jʼai trouvé un moyen de le traiter, en
passant par des clowns, des personnages comme les
chapeliers, qui évaluent, jugent, créent des modes de
fonctionnement quʼils diffusent, communiquent,
transportent et transmettent. Les chapeliers, ce sont des
virus. Des maladies qui aliènent les modes de
fonctionnement. Ils sont le virus du libéralisme le plus total,
ces maladies qui arrivent dans les maisons, au cœur dʼune
famille, par le biais dʼune faiblesse et qui engendrent des
comportements.
Je me suis posé la question du
but de la colonisation : est-ce
une immense affaire
commerciale, dʼexpropriation,
de razzia, de vol ? Et
aujourdʼhui, ne pourrait-on pas
parler dʼune forme de
colonisation économique, une
forme de colonisation par
lʼabêtissement ? Artaud dit :
« Un esprit qui dort est envahi
par dʼautres esprits ». Quʼestce que cʼest que de ne pas
être sujet ? Pour être sujet
quand on est colonisé, que ce
soit par lʼéconomie, que ce soit
par la pensée, ne faut-il pas
passer par la violence ? Cʼest
une question, je nʼai pas de
réponse.
Le colon, cʼest aussi le père.
Avec la mort du père, se pose
la question de notre plénitude
à chacun de nous, et de ce
que lʼon va faire de notre vie.
Être colonisé, cʼest percevoir
lʼastre qui hante nos prisons à
travers les barreaux, percevoir
le monde, les couleurs, les
mouvements, et cet appel à se
créer avec le monde qui va.
Dans cette pièce, Ouria, environnée de violences, se met
peindre comme Vincent van Gogh, alors quʼelle est femme
de ménage et ne connaît rien à la peinture. Un contrepoint,
une forme de révolution par lʼindividu. Dans Rabah Robert,
il est question de révolution. Et après le changement tant
espéré, le retour à lʼordre, la récupération par les généraux
prenant le pouvoir et spoliant le peuple.
[…]
Ouria, la mère a toujours été, dans mes pièces, une figure,
une sorcière qui, dans un pot de cendres, fait renaître le
feu. Elle a toujours eu un rapport à lʼart qui était justement
un art assez sauvage, proche dʼune Médée. Elle construit
cette magie depuis longtemps. La mère est dans ce
mouvement-là, qui est toujours, en passant par le rêve, de
peindre un tableau et en même temps, ce pays où ils sʼen
vont prendre le train, elle le connaît puisquʼelle lʼa peint.
Elle nʼest pas du tout barrée, maman. Loin de là, maman
nʼest jamais barrée. Elle est un contrepoint important. Jʼai
choisi deux points très opposés : Ouria et van Gogh.
Jʼaurais pu prendre un autre peintre moins connu. Mais la
puissance rythmique de son geste me semble essentielle.
La mère vit un passage à la conscience : dans mes pièces,
bien que sa vie soit très dure et quʼelle travaille réellement,
elle est souvent prisonnière dans un monde dʼenfants, et
là, il y a cette prise de conscience. Pour elle et pour
Libellule.
Lʼécriture de Rabah Robert marque pour moi un passage à
une poésie plus écrite, qui porte la trace de plusieurs
voyages, en Algérie, en Hollande, en Russie. Les auteurs
russes ont été présents tout au
long de ce cheminement.
Certains vers sont inspirés de la
rythmique de Marina Tsvetaeva,
cʼest très rapide, très précis,
assez monstrueux en fait.
Dʼautres auteurs que
jʼaffectionne sont présents dans
lʼécriture de Rabah Robert,
comme Kafka ou Rimbaud.
Certains mouvements du texte
changent complètement la
phrase, la démolissent et la
mettent ailleurs. On retrouve du
Alice au pays des merveilles
dans les chapeliers. Et Beckett,
dans le sens où les gens ne
comprennent pas leur vie et
voudraient quʼau théâtre on
comprenne tout.
Les personnages arrivent
toujours dʼun endroit pour
arriver à une fin, un ailleurs. La
tension des corps fait exister la
situation sur un objet, un objet
imaginaire ou un objet concret.
Il nʼy a pas de parole sans quʼil
y ait le corps avant. Je
demande au corps de lʼacteur
dʼouvrir des temps de lʼordre de
lʼimaginaire, de les ouvrir
comme étant un espace
habitable. (…) Le geste vient, et
après on dit ce qui a eu lieu, on peut jouer avec le temps,
le changer, le déformer, le sceller.
La question du temps est souvent posée dans ce théâtrelà : temps dʼexistence, temps des mémoires, temps du
maintenant, temps impossible. Le temps impossible est lié
au temps du rêve ou à des choses qui ne devraient pas
être là, mais se trouvent là. (…) Ce qui mʼintéresse, cʼest
de rentrer dans des temps de perception. Dans mes
pièces, les personnages sont des ensembles, ils
ressemblent à une page dʼécriture où tout est déjà presque
déterminé par des mouvements. (…) Ce à quoi jʼaspire
dans Rabah Robert, cʼest de travailler sur du temps réel.
La fiction naît du corps, le réel est tissé de fiction. Cʼest
parce que mon corps rentre dans un endroit précis, ou une
forme ou un mouvement, que se crée de nouveau du réel.
Quand jʼécris ou parfois quand je parle, jʼai lʼimpression
que cʼest quelqu'un, un courant à travers moi, qui va parler.
Quel est ce courant ? Quʼest-ce qui se passe pour cette
pauvre chose quʼest le moi, qui me semble rempli de
multicolore, de multiforme, de plein de bateaux. Quʼest-ce
qui agit au moment où lʼon est le contenant de choses que
lʼon essaye de manier et de diriger ? Les affects créent
aussi de la pensée, créent le mot partant du cri. On
retrouve les premières secousses humaines, les premiers
mouvements, qui sont des cris, des aboiements, et
deviennent du chant avant de passer à la peinture. Quand
nous regardons, nous avons besoin pour être touchés de
quelque chose de plus secret, enfoui, pour pouvoir toucher
nous aussi à nos profondeurs dʼêtre et dʼexistence. Être
ramené par le talon dʼAchille jusquʼà la boue, jusquʼà la
vase. Ce qui sort alors, cʼest le premier mouvement
magma du cri, de lʼêtre. Le souffle va se couper, aller au
fond et remonter pour dire de lʼêtre, au-delà dʼun système
et dʼune carapace humaine. Ce dépassement-là, beaucoup
de gens le refusent, ils veulent cadrer et rester dans leurs
habitudes.
[…]
Dans Passé, je ne sais
où qui revient il y a un
crime qui nʼa pas été
dénoncé, vengé, une
figure de grand-père,
qui serait comme le
père dʼHamlet, mais
quʼon ne voit jamais. Et
le meurtre du grandpère en 1945 à
Guelma marque le
passage à un nouvel
âge. Il y a eu la
Seconde Guerre
Mondiale, et un nouvel
ordre commence à
sʼinstaller. Ce meurtre
du grand-père fait que
sa fille Ouria, la mère
de Libellule, ne va pas
à lʼécole, nʼa pas
lʼéducation qui permet
de distiller la violence
autrement, de
comprendre les
systèmes pour ne pas
être utilisé par eux.
Suite à quoi, son fils ne va pas à lʼécole et a de très
grandes difficultés. Du grand-père, il nʼy a que des traces,
des stigmates, on ne parle pas de son absence. Il nʼest
pas là. « Le pays de ma mère sʼéloigne et je me rapproche
de rien » : les gens se retrouvent sans histoire et sans
repère, pris dans des grands ensembles, des tours, cette
histoire qui nʼa pas été racontée les met au pied du mur de
situations où, désormais, ils sont acculés.
Dans Rabah Robert, on remonte jusquʼaux grottes
enfumées par les troupes françaises lors la conquête de
lʼAlgérie : lʼhomme alors atteint lʼextrémité de la
méchanceté, une chose de lʼordre de lʼinnommable. Qui
parle ici, qui écrit aussi lʼhistoire ? Par quoi mon corps est
constitué ? Quand j'ai commencé à écrire Passé - je ne
sais où qui revient, jʼignorais lʼhistoire de ma mère et elle
parlait déjà en moi, à travers moi. Ce nʼest pas moi qui
parlais, cʼest le temps, lʼépaisseur du temps, la matière du
temps de lʼarchéologie qui fouillait en moi des mémoires
cachées de bêtes ignobles.
Dans Rabah Robert, Oustiti sa fille part dans un monde
parallèle, elle ne comprend pas comment cela fonctionne
pour elle aujourd'hui dans le monde et elle va remonter
jusquʼaux grottes, à l'époque des enfumades. Elle ne
comprend pas cette assignation à nʼêtre que ce quʼelle
représente, un fragment de la société coupé des multiples
possibilités dʼexister avec les autres et toutes les pensées.
À un moment, ça explose et Oustiti comprend quʼelle est
reliée à des choses plus anciennes. Dans Passé je ne sais
qui revient, après avoir rêvé de l'incendie en 1945 de la
maison de sa mère, Libellule se noie dans le temps, dans
la mer, où, il est relié à une nature première, à une force
première, qui est de lʼordre aussi des affects, qui fait aussi
notre animalité. Lʼespace théâtral est un espace des
mémoires, un corps mémoire, un territoire très vaste.
Pour moi, les trois pièces, Passé-je ne sais où, qui revient,
Au pied du mur sans porte, et Rabah Robert, traversent
une partie cachée de lʼHistoire de France. Je ne raconte
pas lʼHistoire de France, je raconte les trous. Quʼest-ce
quʼon fait des trous ? Comment on vit quand il y a des
trous ? À travers lʼhistoire de cette famille, on revisite ces
temps. Comment on fait
aujourd'hui pour être
ensemble, travailler
ensemble ? Puisque je
suis là, comment je fais
maintenant ?
Le bateau pour lʼAlgérie,
cʼest comme le train
dans Rabah Robert, un
espace transversal. On
traverse le temps, on
quitte un endroit où lʼon
représentait quelque
chose de particulier, vers
un autre endroit où lʼon
va de nouveau
représenter quelque
chose de particulier.
Dans cet interstice, cet
entre-deux, les gens se
promènent sur le bateau
avec leurs petites mains,
leurs petites antennes,
leurs oreilles, sʼécoutent,
se regardent, se croisent,
cʼest assez beau.
Les racines sont dans les pas que lʼon fait. Comment ne
pas être esclave de lʼhistoire, réinventer, faire des bonds
dans lʼexistence, ne pas se laisser manipuler par tous les
champs dʼoppression, par les gens qui attendent que lʼon
crée de la haine pour se servir de nous, et nous enfermer
là, maintenant. Encore Hamlet : « Je suis ici, dans ce
royaume, comme enfermé dans une noix ». À la fin de la
pièce, Libellule reproche à son père dʼavoir fait la
révolution pour rien. Rabah Robert va répondre que la lutte
nʼest pas finie, quʼil y a toujours des champs de résistance
à créer. La guerre nʼest pas seulement au moment où il y a
la guerre, elle est tout le temps. Libellule, lui, se bat
dʼabord avec la langue. Cʼest la bataille que jʼai, moi, entre
la poésie et le fait de ne pas avoir été à lʼécole, une lutte
perpétuelle. Dʼoù la confrontation des langues dans mon
écriture. Ce nʼest pas un être qui écrit, ce sont des êtres
qui parlent. Jʼaime un théâtre monde.
Lazare.
Propos recueillis par Daniel Migairou, octobre 2012
Photos : Christian Berthelot
Derrière la gare
la marche creusée dans le mur
où le souvenir de Rabah Robert est assis.
Il me regarde.
Je le regarde.
Miroir loin comme la nuit face à face.
Je suis heureux, il me regarde.
Je suis heureux, je le regarde.
Nous sommes proches, proches et saisissables.
Extrait de Rabah Robert
Lazare
Lazare a franchi un jour les portes du Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis. Depuis, il nʼa plus quitté les salles et les
plateaux, écrivant ses premières pièces et multipliant les rencontres avec des metteurs en scène tels Josef Nadj,
François Tanguy, Claude Régy ou Stanislas Nordey, qui lʼinvite à rejoindre lʼÉcole du Théâtre National de Bretagne.
Auteur dès son adolescence, improvisateur dans les lieux publics, il devient acteur et metteur en scène avant de créer,
en 2006, sa compagnie Vita Nova, dont le nom est une référence à la Divine Comédie de Dante. Autour de Lazare se
constitue un « noyau dur » de fidèles collaborateurs qui vont lʼaccompagner dans une grande aventure théâtrale débutée
en 2008. Une trilogie qui sʼouvre avec Passé – je ne sais où, qui revient, suivi en 2011 de Au pied du mur sans porte,
deux titres empruntés à Pessoa, avant de se conclure, temporairement, avec Rabah Robert. Cette trilogie sʼest
construite autour du personnage de Libellulle, double de lʼauteur, et de sa famille. Une famille entre France et Algérie,
réunie autour dʼune mère à forte personnalité qui a sa propre langue, et dʼun père absent-présent, une famille dʼun de
ces quartiers de banlieue qui subit et se bat. Mais le théâtre de Lazare nʼest pas pour autant un théâtre documentaire.
Cʼest un théâtre qui vit à travers lʼécriture, un théâtre de rêve, de fragments, de retours en arrière, de frottements, de vrai
et de faux, un théâtre qui fait de la parole recomposée le coeur de la représentation. Une parole écrite, rythmée comme
une partition, dont lʼoralité traverse le corps des acteurs et leur donne une énergie vitale. Pas de jugements, pas
dʼexplications, pas de lieux communs dans ce théâtre qui bouscule autant les formes de représentations que lʼécriture
dramatique.
Jean-François Perrier, extrait de la brochure de la 67
© Christian Berthelot
ème
édition du Festival dʼAvignon
Lazare
Né en 1975 à Fontenay-aux-Roses, Lazare est auteur, metteur en scène et improvisateur. Formé au Théâtre du Fil
(Protection Judiciaire de la Jeunesse/Aide Sociale à lʼEnfance) puis à lʼÉcole du Théâtre National de Bretagne, de 2000
à 2003 dirigé par Stanislas Nordey. Il fonde la compagnie Vita Nova en 2006. A compter de la saison 2014-2015, Lazare
sera artiste associé à La Commune CDN dʼAubervilliers.
Il a écrit et mis en scène :
- Orcime et Faïence, présenté au T.G.P de Saint-Denis en 1999
- Cœur Instamment Dénudé, présenté au Lavoir Moderne Parisien en 2000
- Purgatoire, au Limonaire à Paris en 2000.
- Les morts ne sont pas morts - les cendres sont germes - je ferme les yeux et viens me perdre dans lʼeau qui dort
(prélude de Passé - je ne sais où, qui revient). Bourse dʼencouragement du Centre National du Théâtre en 2007
- Inua, inspiré dʼun conte inuit. Création circassienne de Netty Radvany, présentée au festival de Magdebourg en
Allemagne en juillet 2011
Le triptyque :
- Passé - je ne sais où, qui revient
Création et mise en scène par lʼauteur au théâtre lʼÉchangeur à Bagnolet en février 2009 ; au Théâtre national de
lʼOdéon pour le festival Impatience en juin 2010 ; à la comédie de Béthune en février 2011. Cette pièce a reçu une
bourse de création du Centre National du Livre en 2007 et lʼaide à la création de la DRAC Ile-de-France en 2009
- Au pied du mur sans porte
Création et mise en scène par lʼauteur au Studio-Théâtre de Vitry-sur-Seine en février 2010 ; à lʼEchangeur à Bagnolet
en janvier 2011 ; au festival Mettre en scène au Théâtre National de Bretagne en novembre 2011. Le spectacle a reçu
lʼaide à la création DRAC-IDF 2011, le soutien de Beaumarchais/SACD. La pièce figure parmi les cinq finalistes du
Grand prix de lʼœuvre dramatique décerné par le CNT en 2011.
- Rabah Robert
Création en novembre 2012 au festival Mettre en scène à Rennes.
En tant que comédien, il a joué sous la direction de Josef Nadj dans Sherry Brandy (Théâtre de la Ville, 2010) ; Claude
Merlin dans Nocturne à tête de cerf (2000), La Sirène de Pascal Mainard (2005), Théâtre de bouche de Ghérasim Luca
(2009) ; Ivan Stanev dans Le bleu du Ciel de Bataille (Berlin, La rose des vents à Lille, 2000) ; Stanislas Nordey dans
Atteintes à sa vie de Martin Crimp (TNB, 2004) et Le triomphe de lʼamour de Marivaux (TNB et Nanterre-Amandiers,
2005) ; Pascal Kirsch et Bénédicte Le Lamer dans Mensch (Odéon, 2007).
Au cinéma, il a travaillé avec Nicolas Sornaga dans Mr Morimoto (2007) et Chose rose Loula (2009) et Armel Roussel
dans Page blanche (2011, Arte).
Il fait de nombreuses improvisations (poésie spontanée, récits noirs, chutes et drames instantanés) seul ou accompagné
de musiciens, notamment au Théâtre des Bouffes du Nord, pour le festival La Voix Est Libre, en 2005 avec Elise
Dabrovski ; 2007 avec Benjamin Colin, 2008 avec Jean-François Pauvros et 2009 avec Ballaké Sissoko.
En duo avec Benjamin Colin, il crée le spectacle dʼimprovisation Les chambres de hasard à la Guillotine, à Montreuil puis
aux Bouffes du Nord à Paris en 2006.
Ils sont accueillis en résidence à la Fondation Royaumont (centre des musiques orales et improvisées) en 2008, puis
participent tous les deux à la tournée franco-malienne du Griot au slameur, en 2008, et sur le chemin géo-poétique
Tumulus dans divers pays de lʼEst depuis 2009.
Publications
THEATRE
- Passé - je ne sais où, qui revient - éditions Voix navigables (2009)
- Au pied du mur sans porte - éditions Voix navigables (2010) et Les Solitaires intempestifs (2013)
- Rabah Robert (touche ailleurs que là où tu es né) - Les Solitaires intempestifs (2013)
REVUES
- Trajectoire, dans la revue trimestrielle Frictions, n° 5, 2002
- Le four, dans le hors-série de la Revue des deux mondes : Grotte Chauvet, 33 000 ans, 33 000 mots, 2011
- Dans la pénombre ocre, Les Carneums, publication sur le site du CDN de Caen- Normandie, 2011
Guillaume Allardi
est acteur, auteur et musicien, diplômé en 2003 de lʼEcole du Théâtre National de Bretagne. Au théâtre, il a travaillé notamment avec
Claude Régy, Hubert Colas, Yves-Noël Genod, Pascal Kirsch et Bénédicte Le Lamer, Jean Michel Rivinof. En 2007, il crée, avec
Constance Arizzoli et Loïc Le Roux, la compagnie Continuum, qui donnera naissance à trois projets mêlant musique et poésie dont il
est, sauf pour le premier, lʼauteur : noir (continuum), Labyrinthe(s) et Les muscles de lʼexil. En tant quʼauteur, il publie, aux Editions
Larousse, Le Corps ou le fruit de lʼexpérience, paru en octobre 2010. Son travail poétique est publié dans des revues telles que La
Barque, Babel Tour.
Anne Baudoux
est comédienne. Sortie du Conservatoire dʼart dramatique de Rennes en 1989. Au théâtre, elle joue sous la direction de Lazare (Passé je ne sais où, qui revient ; Au pied du mur sans porte) avec qui elle fonde la Compagnie Vita Nova en 2008, Marie-Christine Soma (Les
Vagues de Virginia Woolf), Thierry Roisin (Hep dʼaprès La Misère du monde de Pierre Bourdieu, Woyzeck de Georg Büchner, Manque
de Sarah Kane, LʼÉmission de télévision de Michel Vinaver), Didier Bezace (Une femme sans importance dʼAlan Bennett, Grand-Peur
e
et misère du III Reich et La Noce chez les petits bourgeois de Bertolt Brecht), Jean-Paul Queïnnec (Les Tigres maritimes), Sophie
Renauld (Hantés)… Entre 2009 et 2012, elle est conseillère pédagogique à lʼÉcole du Théâtre national de Bretagne dirigée par
Stanislas Nordey. Elle a participé à la dernière création du Théâtre du Radeau, Passim (François Tanguy).
Benjamin Colin
est poète et compositeur. Il travaille régulièrement avec Fantazio, contrebassiste chanteur dont les projets peuvent prendre la forme
d'un bal minimaliste ou bien d'une free-party improvisée, ainsi qu'avec des gens de cirque (jongleurs, acrobates aériens) et des
performeurs (slameurs, improvisateurs, danseurs…) depuis une petite dizaine d'années.
Bianca Iannuzi
est comédienne et chanteuse, elle vit et travaille à Paris. Elle a suivi une formation de chant (chant classique, chant improvisé) à Berlin.
De 2005 à 2011 est comédienne chanteuse en compagnie de rue, avec la Cie Terrain Vague. En 2010 rejoint l'équipe de Porcopolis
pour CRIT CRU et travaille avec Lazare sur INUA (2011) et Rabah Robert.
Julien Lacroix
est comédien et metteur en scène. Au théâtre, il joue dans des mises en scène de Laurence Mayor, Florence Giorgetti, Jacques Vincey,
Patrick Haggiag, François Wastiaux, Josiane Fritz et Michel Proc, Lazare, collectif De Quark... Il collabore à des performances avec
Tomeo Verges (au Palais de Tokyo), et Robert Cantarella (au 104 et à la Nuit Blanche). Il assiste régulièrement Florence Giorgetti dans
ses mises en scène. Sa première mise en scène Excédent de poids, insignifiant : amorphe de Werner Schwab a été créé au Théâtre de
Vanves en avril 2010.
Bénédicte Le Lamer
est comédienne. Elle entre à l'Ecole du Théâtre national de Bretagne en 1998. Elle joue pour Claude Régy dans Carnet dʼun disparu de
Léos Janáček (2001), puis Variations sur la mort de Jon Fosse (2003) et Homme sans but dʼArne Lygre (2007). Puis pour Hamlet et
Mam'zelle Poésie, mise en scène par Yves Noël Genod (2008). Le Village de cristal de Fernand Deligny (cie les endimanchés), mise en
scène par Alexis Forestier (2011). En 2003, elle fonde, au Mans, avec Pascal Kirsch la compagnie pEqUOd. Elle y joue les pièces qu'ils
conçoivent ensemble : Tombée du jour (2005), Guardamunt (2007-2009) autour des Carnets de Vaslav Nijinski, Mensch d'après les
fragments Woyzeck de Büchner (2007), Et hommes et pas d'après Elio Vittorini (2010).
Giuseppe Molino
arrive en France comme boursier au Centre de Danse International R. Hightower à Cannes. Après deux saisons au Ballet Royal de
Wallonie, il se tourne vers la danse contemporaine et collabore avec plusieurs chorégraphes dont Andy Degroat, Héla Fattoumi et Eric
Lamoureux, Paco Decina, Bernardo Montet, Catherine Diverres, Nasser Martin Gousset. Il alterne les projets de danse et de théâtre
contemporains avec Serge Noyelle et Jean-Paul Wenzel. En 2001 il participe à la création de Bérénice de Racine par Bernardo Montet
et Frédéric Fisbach, avec qui il collabore ensuite. Puis avec Katia Fleig, Benoit Résillot, Pulchérie Gadmer, Alexis Fichet, Marie-Laure
Crochant et Ambra Senatore / Fabrice Melquiot.
Mourad Musset
est musicien chanteur, membre de La Rue Kétanou et Mon coté punk. Il a reçu une formation dʼacteur au Théâtre du Fil à Savigny-surOrge (théâtre de la protection judiciaire) de 1993 à 1997.
Yohann Pisiou
est comédien, formé à la Compagnie Maritime (Pierre Castagné) et à lʼERAC. Au théâtre, il joue sous la direction dʼAnne Alvaro et David
Lescot, Jean-Pierre Vincent, Laetitia Guédon, Brigitte Barilley.
Marguerite Bordat
est scénographe. Elle est associée aux spectacles de Pierre-Yves Chapalain et Pierre Meunier, réalise les costumes pour Eric
Lacascade et Joël Pommerat et conçoit les marionnettes de Bérangère Vantusso.
Marion Faure
est chorégraphe. Parallèlement à ses projets chorégraphiques (Cie Ortema), en tant qu'artiste interprète, elle danse des pièces d'Alwyn
Nicholaïs, Jo Stromgren, Luc Petton, Angelin Preljocaj, Etcha Dvornik, Lucinda Child, Willi Dorner… Actuellement, au sein de la Cie Vita
Nova, elle développe un travail autour de la gestuelle de l'acteur en lien aux mouvements du texte.
Infos pratiques
Théâtre de Gennevilliers
Fondateur Bernard Sobel
Direction Pascal Rambert
41 avenue des Grésillons
92230 Gennevilliers
Standard + 33 [0]1 41 32 26 10
www.theatre2gennevilliers.com
Réservation
sur place ou par téléphone au +33 [0]1 41 32 26 26
du mardi au samedi de 13h à 19h
télépaiement par carte bancaire
Vente en ligne sur :
www.theatre2gennevilliers.com
Revendeurs habituels :
Fnac — Carrefour 0 892 683 622 (0,34 euros/min), fnac.com,
Theatreonline.com, 0 820 811 111 (prix dʼune communication locale),
Starter Plus, Billetreduc, Kiosque jeune, Crous et billetteries des Universités Paris III, VII, VIII, X,
Maison du Tourisme de Gennevilliers, Maison du Tourisme dʼAsnières-sur-Seine
Accessibilité
Salles accessibles aux personnes à mobilité réduite.
Navettes retour vers Paris
Certains soirs, après la représentation, une navette gratuite vous raccompagne vers Paris. Arrêts desservis : Place de
Clichy, Saint-Lazare, Opéra, Châtelet et République.
Accès Métro
Ligne [13 ] direction Asnières-Gennevilliers, Station Gabriel Péri [à 15 mn de Place de Clichy] Sortie [1] puis suivre les
flèches rayées rouges et blanches de Daniel Buren
Accès Bus
Ligne [54] direction Gabriel Péri ; arrêt Place Voltaire
Accès voiture
- Depuis Paris - Porte de Clichy : Direction Clichy-centre. Tourner immédiatement à gauche après le Pont de Clichy,
direction Asnières-centre, puis la première à droite, direction Place Voltaire puis encore la première à droite, avenue
des Grésillons.
- Depuis lʼA 86, sortie n° 5 direction Asnières / Gennevilliers-centre / Gennevilliers le Luth.
Parking payant gardé à proximité.
Le FoodʼArt
Restaurant au sein du T2G, ouvert avant et après le spectacle
Tel. + 33 [0]1 47 93 77 18
Valérie Mréjen
Les textes signés par Valérie Mréjen lui ont été commandés par le T2G pour le programme 2013-2014.
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