Lʼexamen de lʼœil par lʼurgentiste Jean-François KOROBELNIK Service d'Ophtalmologie, CHU de Bordeaux Lʼurgentiste reçoit fréquemment des patients avec de symptômes visuels. Lʼenjeu est de distinguer ce qui est grave et urgent de ce qui ne lʼest pas : La douleur oculaire est un symptôme grave. Elle peut révéler une kératite (virale, traumatique, par gaz lacrymogène, par UV chez le soudeur ou à la neige en lʼabsence de protection) ou un glaucome aigu par fermeture de lʼangle (avec demimydriase aréflexique, et œil dur). Dans ces 2 cas cʼest une urgence médicale, et un avis spécialisé est nécessaire. En cas de rougeur sans douleur, il peut sʼagir dʼune conjonctivite ou dʼune hémorragie sous conjonctivale, et il nʼy a pas dʼurgence particulière. La baisse de vision brutale est aussi un symptôme de gravité. Si elle survient dʼun instant à lʼautre, elle est dʼorigine vasculaire : oblitération de lʼartère centrale de la rétine, ou bien neuropathie optique ischémique antérieure aigue. Dans ces cas lʼœil est blanc, la pupille en mydriase, et la vision quasi nulle. Cʼest une urgence médicale, car dʼautres épisodes ischémiques (sur lʼautre œil, accident vasculaire cérébral) peuvent survenir. Dans un contexte traumatique, il faut distinguer la contusion (globe fermé) qui nécessite un examen rapide, et la plaie du globe, qui nécessite un transfert en urgence vers un service hospitalier spécialisé. Un simple pansement oculaire non compressif protégera le globe pendant le transfert. Cʼest une urgence chirurgicale, mais ce nʼest pas une urgence vitale, et il faut attendre que le patient soit à jeun pour suturer la plaie sous anesthésie générale. Plus tôt cette suture est réalisée, moins il y a de risque dʼinfection endoculaire (la redoutable endophtalmie bactérienne).