Sciences Economiques et Sociales Première ES 1 – Lycée Hoche – 2011/2012 Partie I -­‐ Consommer, produire, répartir 2. La richesse et sa répartition 2.3 Quels sont les grands équilibres macroéconomiques ? - Compléments de cours - A) Lʼéquilibre emploi-ressources Correction des exercices faits en cours : avez-vous compris lʼégalité fondamentale ? PIB + Importations = Consommation Finale + FBCF + Exportations + Variations des Stocks 1. Une entreprise française a acheté 5 millions de t-shirts en Chine (pour 10 millions dʼeuros) quʼelle réexporte immédiatement dans le reste de lʼEurope (pour 15 millions dʼeuros). Cela augmente-t-il le PIB français ? 2. Un producteur dʼordinateurs a fabriqué en 2010 10 000 machines dont 3000 ont été achetées par les ménages français, 3000 par les entreprises et 1000 exportées. Où sont les autres ? 3. Lʼannée dʼaprès, en 2011, constatant que la demande reste la même (7000 en tout), lʼentreprise décide de ne produire que ce qui lui est nécessaire pour satisfaire celle-ci un fois déstockés tous les invendus de lʼannée dʼavant. Combien va-t-elle produire ? (R : 7000-3000 = 4000) Quel effet cette décision va-t-elle avoir sur le PIB de la France par rapport à 2010 ? 4. Vrai ou faux : une augmentation des importations déprime la croissance du PIB ? 5. Cela est-il toujours vrai si lʼexcédent commercial augmente en même temps que les importations ? Réponses : 1. Oui. Emplois X : 15M€ ; ressources : M=10 M€ et PIB=5 M€. On pouvait aussi dire que la variation du PIB était égale à X-M. 2. Stocks : + 3000 3. Il produira 7000-3000 = 4000 unités, ce qui fera baisser le PIB car lʼannée dʼavant le « PIB de lʼentreprise » était de 10000 alors que cette année il nʼest que de 4000. 4. Vrai car cela veut dire quʼune part croissante de la consommation et des investissements intérieurs est réalisée à partir dʼune production extérieure et non domestique. Non, car alors la production intérieure sert à satisfaire une demande étrangère (de consommation ou dʼinvestissement) plus forte que les importations. 5. Bruno Dourrieu – http://ikonomics.wordpress.com 1 Sciences Economiques et Sociales Première ES 1 – Lycée Hoche – 2011/2012 B) Les sources possibles de déséquilibre Lʼobjectif de cette partie est de comprendre que lʼéquilibre emplois-ressources tel que défini jusquʼà présent est un équilibre « comptable » mais pas forcément « économique ». Pour comprendre cette notion dʼéquilibre économique, commençons par analyser le doc. 1 (p. 42 du Manuel) : lʼéquilibre comptable dʼune économie imaginaire. Etant donné le principe dʼégalité entre ressources et emplois, cʼest la variation des stocks qui permet dʼassurer lʼéquilibre chaque année. Elle est donc calculée par différence avec les autres valeurs : n n+1 variation 10 000 2 500 12 500 5 000 3 000 2 000 2 500 12 500 10 000 2 500 12 500 4 500 2 000 1 500 4 500 12 500 - 500 (épargne) - 1 000 - 500 + 2000 en unités monétaires PIB M Ressources C I X Δstocks Emplois Comme on le voit, à ressources inchangées, la baisse des emplois de 2000 unités monétaires en n+1 (consommation : -500 due à la hausse de lʼépargne des ménages, investissements : -1000 et exportations : 1000) sʼest traduite par une augmentation exactement égale des stocks. Nous avons toujours un équilibre comptable mais une partie croissante des ressources ne trouve pas à être consommée, investie ou exportée, ce qui se traduit par une augmentation importantes des stocks en entre n et n+1 (+2000). Sur le plan économique, cʼest le signe dʼun déséquilibre croissant entre les ressources et les emplois de cette économie. Il y a fort à parier quʼen n+2, les entreprises préfèrent écouler leurs stocks plutôt que de maintenir à un niveau inchangé leur production. Cela devrait se traduire par une baisse du PIB. Remarque : on peut représenter la situation en n+1 de cette économie en sʼinspirant du circuit économique représenté dans le manuel p. 40 (doc. 2). Comme le montre le circuit 1 ci-dessous, on a toujours un équilibre comptable entre emplois et ressources et lʼon peut expliquer la variation des stocks (+2000) par celle des exportations (-500) et des dépenses dʼinvestissement et de consommation (-1500). Lʼajout dʼun flux dʼépargne permet de comprendre pourquoi la dépense a diminué : les -1500 sʼexplique en effet par une baisse de lʼinvestissement (-1000) et par une « fuite de revenus à lʼextérieur du circuit » dʼun montant de 500. Circuit 1 : lʼéconomie en n+1 !"#$%&'($)*+,!"##-$ Pour comprendre cette notion de fuite, imaginons lʼexemple extrême dʼune économie (pour simplifier, elle est en situation dʼéquilibre extérieur) où lʼintégralité des revenus distribués au moment de la production serait épargnée : circuit 2. Les dépenses de consommation et dʼinvestissement sont logiquement à 0 et lʼintégralité de la production passe en stock. Il y a équilibre comptable entre ressources (11000) et emplois (11000) mais déséquilibre économique car la production pour le marché intérieur (10000) est très supérieure à la demande intérieure (0). Circuit 2 : grosse fuite… ./#$%&'($)*+,%"##-$ !"#$%&'($)*+,!"""-# ./#$%&'($)*+,!"""-# !"#$$! 0!1+,!""""$# 0!1+,%####&$ 8&$9:*+,("##-$ %&$$$! 8&$9:*+,!""""-# !"'#$$! 67#3)*3*+,'"##-$ 2343)5*+,%####-$ .#'%;)3+,"##-$ 67#3)*3*+,"-# 2343)5*+,!""""-# .#'%;)3+,!""""-# ?5/+@+AB=)&7%=35%+>5+9=%95=&+ <5=&3+>5+9=%95=&+ Bruno Dourrieu – http://ikonomics.wordpress.com 2 Sciences Economiques et Sociales Première ES 1 – Lycée Hoche – 2011/2012 Quelles sont les sources des déséquilibres économiques ? (à partir des documents du Manuel p. 42-43) Selon lʼéconomiste Jacques Généreux (doc. 2), il y a déséquilibre économique lorsque les « plans des différents agents (ne) sont (pas) compatibles entre eux ex ante, cʼest à dire avant que les opérations économiques ne soient réalisées ». Dit autrement, un déséquilibre apparaît lorsque, par exemple, la production que les entreprises ont décidé de réaliser (leur « plan » de production) est supérieure à la demande du marché (les « plan » de consommation). Cʼest ce qui se passe en année n+1 dans lʼéconomie imaginaire étudiée au doc. 1 et lʼon observe que cet excédent dʼoffre se traduit par une forte augmentation des stocks. On peut également imaginer une situation de déséquilibre où la production ne serait pas suffisante pour satisfaire la demande, ce qui pourrait se traduirait par une hausse des prix, des pénuries ou un recours à lʼimportation. Dans la mesure où les agents économiques ne se concertent pas et prennent leurs décisions de manière indépendante, on comprend que les situations de déséquilibre ex ante entre offre et demande ont toutes les chances dʼapparaître. Cela nʼempêche pas pour autant quʼune fois les opérations économiques réalisées (on dira ex post), il y ait nécessairement un équilibre « comptable » entre offre (ressources) et demande (emplois) dans la mesure où tous les biens et services disponibles dans lʼéconomie ont nécessairement fait lʼobjet dʼun usage. Lʼéconomie imaginaire du doc. 1 se caractérise ainsi par un équilibre ex post mais une déséquilibre ex ante. Les sources des déséquilibres sont multiples, au delà de la raison évoquée plus haut dʼune absence de concertation entre agents économiques. Les situations de ralentissement de lʼactivité économique (doc. 3) conduisent généralement à une augmentation de la quantité dʼépargne non utilisée, du fait de la baisse de lʼinvestissement ou du ralentissement du crédit octroyé par les banques. Une partie croissante des revenus nʼest donc pas dépensée, ce qui déprime la demande … et pousse les entreprises à réduire leur production et leurs effectifs, accentuant du même coup lʼinsuffisance de la demande et le déséquilibre initial. A contrario, une croissance économique rapide (doc. 4b) pourra conduire à un creusement du déficit commercial dʼun pays (situation où la valeur des importations dʼun pays est supérieure à celle de ses exportations), ce qui est un autre type de déséquilibre. Si la hausse de la demande se heurte à des capacités de production domestiques insuffisantes ou si elle porte sur des produits qui ne sont pas fabriqués dans lʼéconomie nationale (par exemple des équipements technologiques nécessaires à lʼinvestissement des entreprises), la hausse importante des importations viendra dégrader le solde commercial, aboutissant le cas échéant à un déficit. Le déséquilibre du commerce extérieur peut cependant être le signe de situations économiques moins heureuses que la croissance. Ainsi, la dégradation du solde commercial français depuis 1997 (doc. 4a) est certainement le signe dʼune baisse tendancielle de compétitivité des exportateurs français. En sens inverse, un excédent commercial pourra trouver ses racines dans lʼincapacité dʼun pays à exploiter lui-même ses ressources, comme cʼest par exemple le cas des pays en développement riches en matières premières. On pourra alors parler, paradoxalement, dʼun « mauvais excédent » dans la mesure où il est le signe dʼune déficience des structures mêmes de lʼéconomie (en lʼoccurrence, un niveau insuffisant de développement). Pour aller plus loin On pouvait trouver dʼautres sources de déséquilibres ; pour nʼen citer que quelques unes : Les situations de crise ne font pas quʼaugmenter la quantité inutilisée dʼépargne, comme évoqué plus haut. Elles conduisant également à une augmentation du volume de lʼépargne. En effet, pour faire face à dʼéventuels coups durs (chômage en particulier), les ménages ont tendance à épargner plus. Cette hausse de « lʼépargne de précaution » sʼest 1 observée en France après lʼéclatement de la crise des subprimes en 2008 . Une modification des préférences individuelles des consommateurs peut engendrer également un déséquilibre entre offre et demande. Par exemple, lʼengouement des conducteurs français pour les voitures 4x4 dans les années 2000 sʼest traduit par une hausse des importations en provenance dʼAllemagne, des Etats-Unis ou du Japon, dans la mesure où les constructeurs français nʼen proposaient pas. Une mesure de politique économique peut de même susciter un déséquilibre. Selon le 2 « théorème dʼéquivalence ricardienne », les politiques budgétaires de relance sont vouées à lʼéchec car toute augmentation du déficit et/ou de lʼendettement public conduit à une hausse immédiate de lʼépargne des ménages qui anticipent lʼaugmentation future de la pression fiscale qui sera nécessaire pour financer le déficit … ce qui déprime la consommation et annule lʼeffet de relance. 1 Voir par exemple : http://bercy.blog.lemonde.fr/2010/06/04/le-taux-depargne-des-francais-devrait-rester-a-un-niveau-eleve-voire-saccroitre/ 2 Appelé aussi « théorème dʼéquivalence Ricardo-Barro », du nom de lʼéconomiste libéral américain Robert Barro (né en 1944) qui a remis au goût du jour ème en 1974 une idée que lʼéconomiste anglais David Ricardo (1772- 1823) avait proposé dès le XIX siècle. Bruno Dourrieu – http://ikonomics.wordpress.com 3