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2.3 Quels sont les grands équilibres macroéconomiques ?
- Compléments de cours -
A) Lʼéquilibre emploi-ressources
Correction des exercices faits en cours : avez-vous compris lʼégalité fondamentale ?
PIB + Importations = Consommation Finale + FBCF + Exportations + Variations des Stocks
1. Une entreprise française a acheté 5 millions de t-shirts en Chine (pour 10 millions dʼeuros) quʼelle
réexporte immédiatement dans le reste de lʼEurope (pour 15 millions dʼeuros). Cela augmente-t-il le
PIB français ?
2. Un producteur dʼordinateurs a fabriqué en 2010 10 000 machines dont 3000 ont été achetées par les
ménages français, 3000 par les entreprises et 1000 exportées. Où sont les autres ?
3. Lʼannée dʼaprès, en 2011, constatant que la demande reste la même (7000 en tout), lʼentreprise
décide de ne produire que ce qui lui est nécessaire pour satisfaire celle-ci un fois déstockés tous les
invendus de lʼannée dʼavant. Combien va-t-elle produire ? (R : 7000-3000 = 4000) Quel effet cette
décision va-t-elle avoir sur le PIB de la France par rapport à 2010 ?
4. Vrai ou faux : une augmentation des importations déprime la croissance du PIB ?
5. Cela est-il toujours vrai si lʼexcédent commercial augmente en même temps que les importations ?
Réponses :
1. Oui. Emplois X : 15M ; ressources : M=10 M et PIB=5 M. On pouvait aussi dire que la variation du PIB
était égale à X-M.
2. Stocks : + 3000
3. Il produira 7000-3000 = 4000 unités, ce qui fera baisser le PIB car lʼannée dʼavant le « PIB de lʼentreprise »
était de 10000 alors que cette ane il nʼest que de 4000.
4. Vrai car cela veut dire quʼune part croissante de la consommation et des investissements intérieurs est
réalisée à partir dʼune production extérieure et non domestique.
5. Non, car alors la production intérieure sert à satisfaire une demande étrangère (de consommation ou
dʼinvestissement) plus forte que les importations.
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B) Les sources possibles deséquilibre
Lʼobjectif de cette partie est de comprendre que lʼéquilibre emplois-ressources tel que défini jusquʼà présent
est un équilibre « comptable » mais pas forcément « économique ». Pour comprendre cette notion
dʼéquilibre économique, commençons par analyser le doc. 1 (p. 42 du Manuel) : lʼéquilibre comptable dʼune
économie imaginaire. Etant donné le principe dʼégalité entre ressources et emplois, cʼest la variation des
stocks qui permet dʼassurer lʼéquilibre chaque année. Elle est donc calculée par différence avec les autres
valeurs :
en unis monétaires
n
n + 1
variation
PIB
10 000
10 000
-
M
2 500
2 500
-
Ressources
12 500
12 500
-
C
5 000
4 500
- 500 (épargne)
I
3 000
2 000
- 1 000
X
2 000
1 500
- 500
Δstocks
2 500
4 500
+ 2000
Emplois
12 500
12 500
Comme on le voit, à ressources inchangées, la baisse des emplois de 2000 unités monétaires en n+1
(consommation : -500 due à la hausse de lʼépargne des ménages, investissements : -1000 et exportations : -
1000) sʼest traduite par une augmentation exactement égale des stocks. Nous avons toujours un équilibre
comptable mais une partie croissante des ressources ne trouve pas à être consommée, investie ou
exportée, ce qui se traduit par une augmentation importantes des stocks en entre n et n+1 (+2000). Sur le
plan économique, cʼest le signe dʼun déséquilibre croissant entre les ressources et les emplois de cette
économie. Il y a fort à parier quʼen n+2, les entreprises préfèrent écouler leurs stocks plutôt que de
maintenir à un niveau inchangé leur production. Cela devrait se traduire par une baisse du PIB.
Remarque : on peut représenter la situation en n+1 de
cette économie en sʼinspirant du circuit économique
représenté dans le manuel p. 40 (doc. 2). Comme le
montre le circuit 1 ci-dessous, on a toujours un
équilibre comptable entre emplois et ressources et lʼon
peut expliquer la variation des stocks (+2000) par celle
des exportations (-500) et des dépenses
dʼinvestissement et de consommation (-1500). Lʼajout
dʼun flux dʼépargne permet de comprendre pourquoi la
dépense a diminué : les -1500 sʼexplique en effet par
une baisse de lʼinvestissement (-1000) et par une
« fuite de revenus à lʼextérieur du circuit » dʼun
montant de 500.
Pour comprendre cette notion de fuite, imaginons
lʼexemple extrême dʼune économie (pour
simplifier, elle est en situation dʼéquilibre
extérieur) où lʼintégralité des revenus distribués
au moment de la production serait épargnée :
circuit 2. Les dépenses de consommation et
dʼinvestissement sont logiquement à 0 et
lʼintégralité de la production passe en stock. Il y a
équilibre comptable entre ressources (11000) et
emplois (11000) mais déséquilibre économique
car la production pour le marché intérieur (10000)
est très supérieure à la demande intérieure (0).
Circuit 1 : lʼéconomie en n+1
Circuit 2 : grosse fuite
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Quelles sont les sources des déséquilibres économiques ? partir des documents du Manuel p. 42-43)
Selon lʼéconomiste Jacques Généreux (doc. 2), il y a déséquilibre économique lorsque les « plans des
différents agents (ne) sont (pas) compatibles entre eux ex ante, cʼest à dire avant que les opérations
économiques ne soient réalisées ». Dit autrement, un déséquilibre apparaît lorsque, par exemple, la
production que les entreprises ont décidé de réaliser (leur « plan » de production) est supérieure à la
demande du marché (les « plan » de consommation). Cʼest ce qui se passe en année n+1 dans lʼéconomie
imaginaire étudiée au doc. 1 et lʼon observe que cet excédent dʼoffre se traduit par une forte augmentation
des stocks. On peut également imaginer une situation de déséquilibre la production ne serait pas
suffisante pour satisfaire la demande, ce qui pourrait se traduirait par une hausse des prix, des pénuries ou
un recours à lʼimportation.
Dans la mesure les agents économiques ne se concertent pas et prennent leurs décisions de manière
indépendante, on comprend que les situations de déséquilibre ex ante entre offre et demande ont toutes les
chances dʼapparaître. Cela nʼempêche pas pour autant quʼune fois les opérations économiques réalisées (on
dira ex post), il y ait nécessairement un équilibre « comptable » entre offre (ressources) et demande
(emplois) dans la mesure tous les biens et services disponibles dans lʼéconomie ont nécessairement fait
lʼobjet dʼun usage. Lʼéconomie imaginaire du doc. 1 se caractérise ainsi par un équilibre ex post mais une
déséquilibre ex ante.
Les sources des déséquilibres sont multiples, au delà de la raison évoquée plus haut dʼune absence de
concertation entre agents économiques. Les situations de ralentissement de lʼactivité économique (doc. 3)
conduisent généralement à une augmentation de la quantité dʼépargne non utilisée, du fait de la baisse de
lʼinvestissement ou du ralentissement du crédit octroyé par les banques. Une partie croissante des revenus
nʼest donc pas dépensée, ce qui déprime la demande et pousse les entreprises à réduire leur production
et leurs effectifs, accentuant du même coup lʼinsuffisance de la demande et le déséquilibre initial.
A contrario, une croissance économique rapide (doc. 4b) pourra conduire à un creusement du déficit
commercial dʼun pays (situation la valeur des importations dʼun pays est supérieure à celle de ses
exportations), ce qui est un autre type de déséquilibre. Si la hausse de la demande se heurte à des
capacités de production domestiques insuffisantes ou si elle porte sur des produits qui ne sont pas fabriqués
dans lʼéconomie nationale (par exemple des équipements technologiques nécessaires à lʼinvestissement
des entreprises), la hausse importante des importations viendra dégrader le solde commercial, aboutissant
le cas échéant à un déficit. Le déséquilibre du commerce extérieur peut cependant être le signe de situations
économiques moins heureuses que la croissance. Ainsi, la dégradation du solde commercial français depuis
1997 (doc. 4a) est certainement le signe dʼune baisse tendancielle de compétitivité des exportateurs
français. En sens inverse, un excédent commercial pourra trouver ses racines dans lʼincapacité dʼun pays à
exploiter lui-même ses ressources, comme cʼest par exemple le cas des pays en développement riches en
matières premières. On pourra alors parler, paradoxalement, dʼun « mauvais excédent » dans la mesure
il est le signe dʼune déficience des structures mêmes de lʼéconomie (en lʼoccurrence, un niveau insuffisant
de développement).
Pour aller plus loin
On pouvait trouver dʼautres sources de déséquilibres ; pour nʼen citer que quelques unes :
Les situations de crise ne font pas quʼaugmenter la quantité inutilisée dʼépargne, comme évoqué plus haut. Elles
conduisant également à une augmentation du volume de lʼépargne. En effet, pour faire face à dʼéventuels coups durs
(chômage en particulier), les nages ont tendance à épargner plus. Cette hausse de « lʼépargne de précaution » sʼest
observée en France après lʼéclatement de la crise des subprimes en 2008 1. Une modification des préférences
individuelles des consommateurs peut engendrer également un déséquilibre entre offre et demande. Par exemple,
lʼengouement des conducteurs français pour les voitures 4x4 dans les années 2000 sʼest traduit par une hausse des
importations en provenance dʼAllemagne, des Etats-Unis ou du Japon, dans la mesure les constructeurs français
nʼen proposaient pas. Une mesure de politique économique peut de même susciter un déséquilibre. Selon le
« théorème dʼéquivalence ricardienne 2 », les politiques budgétaires de relance sont vouées à lʼéchec car toute
augmentation du déficit et/ou de lʼendettement public conduit à une hausse immédiate de lʼépargne des ménages qui
anticipent lʼaugmentation future de la pression fiscale qui sera nécessaire pour financer le déficit ce qui déprime la
consommation et annule lʼeffet de relance.
1 Voir par exemple : http://bercy.blog.lemonde.fr/2010/06/04/le-taux-depargne-des-francais-devrait-rester-a-un-niveau-eleve-voire-saccroitre/
2 Appelé aussi « théorème dʼéquivalence Ricardo-Barro », du nom de lʼéconomiste libéral américain Robert Barro (né en 1944) qui a remis au goût du jour
en 1974 une idée que lʼéconomiste anglais David Ricardo (1772- 1823) avait proposé dès le XIXème siècle.
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