Quelles sont les sources des déséquilibres économiques ? (à partir des documents du Manuel p. 42-43)
Selon lʼéconomiste Jacques Généreux (doc. 2), il y a déséquilibre économique lorsque les « plans des
différents agents (ne) sont (pas) compatibles entre eux ex ante, cʼest à dire avant que les opérations
économiques ne soient réalisées ». Dit autrement, un déséquilibre apparaît lorsque, par exemple, la
production que les entreprises ont décidé de réaliser (leur « plan » de production) est supérieure à la
demande du marché (les « plan » de consommation). Cʼest ce qui se passe en année n+1 dans lʼéconomie
imaginaire étudiée au doc. 1 et lʼon observe que cet excédent dʼoffre se traduit par une forte augmentation
des stocks. On peut également imaginer une situation de déséquilibre où la production ne serait pas
suffisante pour satisfaire la demande, ce qui pourrait se traduirait par une hausse des prix, des pénuries ou
un recours à lʼimportation.
Dans la mesure où les agents économiques ne se concertent pas et prennent leurs décisions de manière
indépendante, on comprend que les situations de déséquilibre ex ante entre offre et demande ont toutes les
chances dʼapparaître. Cela nʼempêche pas pour autant quʼune fois les opérations économiques réalisées (on
dira ex post), il y ait nécessairement un équilibre « comptable » entre offre (ressources) et demande
(emplois) dans la mesure où tous les biens et services disponibles dans lʼéconomie ont nécessairement fait
lʼobjet dʼun usage. Lʼéconomie imaginaire du doc. 1 se caractérise ainsi par un équilibre ex post mais une
déséquilibre ex ante.
Les sources des déséquilibres sont multiples, au delà de la raison évoquée plus haut dʼune absence de
concertation entre agents économiques. Les situations de ralentissement de lʼactivité économique (doc. 3)
conduisent généralement à une augmentation de la quantité dʼépargne non utilisée, du fait de la baisse de
lʼinvestissement ou du ralentissement du crédit octroyé par les banques. Une partie croissante des revenus
nʼest donc pas dépensée, ce qui déprime la demande … et pousse les entreprises à réduire leur production
et leurs effectifs, accentuant du même coup lʼinsuffisance de la demande et le déséquilibre initial.
A contrario, une croissance économique rapide (doc. 4b) pourra conduire à un creusement du déficit
commercial dʼun pays (situation où la valeur des importations dʼun pays est supérieure à celle de ses
exportations), ce qui est un autre type de déséquilibre. Si la hausse de la demande se heurte à des
capacités de production domestiques insuffisantes ou si elle porte sur des produits qui ne sont pas fabriqués
dans lʼéconomie nationale (par exemple des équipements technologiques nécessaires à lʼinvestissement
des entreprises), la hausse importante des importations viendra dégrader le solde commercial, aboutissant
le cas échéant à un déficit. Le déséquilibre du commerce extérieur peut cependant être le signe de situations
économiques moins heureuses que la croissance. Ainsi, la dégradation du solde commercial français depuis
1997 (doc. 4a) est certainement le signe dʼune baisse tendancielle de compétitivité des exportateurs
français. En sens inverse, un excédent commercial pourra trouver ses racines dans lʼincapacité dʼun pays à
exploiter lui-même ses ressources, comme cʼest par exemple le cas des pays en développement riches en
matières premières. On pourra alors parler, paradoxalement, dʼun « mauvais excédent » dans la mesure où
il est le signe dʼune déficience des structures mêmes de lʼéconomie (en lʼoccurrence, un niveau insuffisant
de développement).
Pour aller plus loin
On pouvait trouver dʼautres sources de déséquilibres ; pour nʼen citer que quelques unes :
Les situations de crise ne font pas quʼaugmenter la quantité inutilisée dʼépargne, comme évoqué plus haut. Elles
conduisant également à une augmentation du volume de lʼépargne. En effet, pour faire face à dʼéventuels coups durs
(chômage en particulier), les ménages ont tendance à épargner plus. Cette hausse de « lʼépargne de précaution » sʼest
observée en France après lʼéclatement de la crise des subprimes en 2008 1. Une modification des préférences
individuelles des consommateurs peut engendrer également un déséquilibre entre offre et demande. Par exemple,
lʼengouement des conducteurs français pour les voitures 4x4 dans les années 2000 sʼest traduit par une hausse des
importations en provenance dʼAllemagne, des Etats-Unis ou du Japon, dans la mesure où les constructeurs français
nʼen proposaient pas. Une mesure de politique économique peut de même susciter un déséquilibre. Selon le
« théorème dʼéquivalence ricardienne 2 », les politiques budgétaires de relance sont vouées à lʼéchec car toute
augmentation du déficit et/ou de lʼendettement public conduit à une hausse immédiate de lʼépargne des ménages qui
anticipent lʼaugmentation future de la pression fiscale qui sera nécessaire pour financer le déficit … ce qui déprime la
consommation et annule lʼeffet de relance.
1 Voir par exemple : http://bercy.blog.lemonde.fr/2010/06/04/le-taux-depargne-des-francais-devrait-rester-a-un-niveau-eleve-voire-saccroitre/
2 Appelé aussi « théorème dʼéquivalence Ricardo-Barro », du nom de lʼéconomiste libéral américain Robert Barro (né en 1944) qui a remis au goût du jour
en 1974 une idée que lʼéconomiste anglais David Ricardo (1772- 1823) avait proposé dès le XIXème siècle.