17
A ctualités sur les pathologies de l’automne
Actualités sur les pathologies de l’automne
La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - n° 306-307 - septembre-décembre 2006
La prise en compte des facteurs environnementaux est
nécessaire.
Comment entre-t-il dans le code linguistique ?
Le langage est un code qui demande des compétences et des
capacités d’accès à la catégorisation, à la symbolisation et à
l’organisation. Un enfant a besoin d’aide pour y pénétrer et pour
préciser les règles d’usage. La vie quotidienne, avec sa précipi-
tation, ne permet pas d’être à l’écoute et d’avoir les conduites
d’étayage qui permettent à l’enfant de s’appuyer sur les propo-
sitions de l’adulte pour perfectionner les mots, construire des
phrases correctes…
Les questionnaires proposés aux familles permettent de repé-
rer les interactions verbales dans le cadre familial quotidien
et de guider la mise en place d’échanges adaptés. En prenant
soin de proposer des phrases bien structurées, en orientant le
langage vers des récits d’événements, l’expression de sensa-
tions, d’émotions – et pas simplement un langage utilitaire du
type “dépêche-toi ! range tes aff aires !” –, on peut modifi er les
conditions de développement et d’appropriation du langage.
Toutes les véritables conversations, les histoires racontées, les
comptines sont autant de déclencheurs du langage pour ceux qui
tardent à utiliser les mots, mais quand des troubles spécifi ques
du langage existent, il faut une guidance familiale très précise
pour amener les parents à utiliser les stratégies accessibles et
effi caces pour l’enfant.
QUELLES SUITES DONNER
AUX PLAINTES DES PARENTS ?
En interrogeant les familles et en se repérant d’après les échelles
de développement normal (tableaux I et II), le médecin peut
confi rmer ou infi rmer la plainte de la famille. Prenant en compte
l’enfant dans sa globalité, il oriente vers les spécialistes (ortho-
phoniste, psychologue, psychomotricien), qui vont eff ectuer les
examens spécialisés. Mais, avant l’analyse des capacités cognitives,
motrices ou linguistiques, le médecin réalisera ou fera réaliser des
examens sensoriels, car il faut rappeler que 15 % des enfants ont
un problème visuel et qu’un enfant sur 1 000 présente une surdité.
L’examen neuromoteur des déplacements, des mouvements et
des postures permettra de préciser la part motrice et praxique
dans les troubles sévères de développement du langage.
Si, autour d’un an, l’enfant ne produit pas de syllabes dupliquées
et ne cherche pas à entrer en communication, après avoir vérifi é
son audition, il sera nécessaire de pratiquer des examens com-
plets : développement moteur, visuel, psychologique, examen
neurologique…
S’il ne dit pas de phrase à 2 ans, mais comprend des ordres sim-
ples et désigne correctement, il faut s’intéresser à ses stratégies
d’interaction, relever précisément (analyse qualitative et quanti-
tative) les niveaux d’expression. S’il ne tente pas de communiquer,
il faut comme toujours vérifi er son audition, mais également
évaluer son développement cognitif et général, car un retard
global, un trouble du comportement, un syndrome spécifi que
sont peut-être en cause. À l’inverse, un enfant opposant n’est pas
forcément un enfant avec un trouble du comportement primaire.
En eff et, un enfant dysphasique cherche à communiquer, mais,
n’y parvenant pas, il devient opposant et diffi cile.
Si, à 3 ans, il n’associe pas les mots pour faire des phrases et
produit une syntaxe réduite sans les petits mots-fonctions, il
est nécessaire de pratiquer rapidement une évaluation ortho-
phonique complète.
S’il présente des troubles de l’intelligibilité orale, il est intéressant
de se référer au tableau II du développement phonologique et
de tenter de situer ses caractéristiques de prononciation, mais
là aussi un bilan orthophonique s’impose, car le trouble pho-
nologique est parfois la partie visible d’un trouble plus sévère
du langage (tableaux III et IV).
Les médecins peuvent utiliser les outils de dépistage (Dialogoris
0-4, L’Inventaire français de développement communicatif, DPL3,
PER 2000, BREV, ERTL4), qui permettent d’approcher les diffi cul-
tés et de diff érencier les enfants pour lesquels il faut proposer une
surveillance et ceux qu’il faut orienter rapidement vers des bilans
complets orthophoniques permettant un diagnostic d’éventuels
troubles spécifi ques de développement du langage. Il est toujours
essentiel d’éliminer un défi cit sensoriel, une pathologie neurolo-
gique, un trouble envahissant du développement ou des carences
importantes dans l’environnement de l’enfant.
LES BILANS ORTHOPHONIQUES
Des bilans orthophoniques peuvent être réalisés avec de jeunes
enfants au moyen d’outils standardisés et de situations spé-
cifi ques. Ils ont pour objectifs d’observer et d’analyser avant
deux ans :
– les stratégies de communication de l’enfant et de la famille ;
Tableau III.
Nomenclature générale des actes professionnels (NGAP) :
cotations des actes médicaux d’orthophonie (AMO) en fonction de la
pathologie pour les bilans initiaux et les bilans de renouvellement.
Pathologies explorées Bilan “initial” Bilan “de renouvellement”
Problèmes ORL “mécaniques”
– Troubles de la déglutition
– Troubles de l’articulation
AMO 16 AMO 11.20
Problèmes de langage versant “expressif”
– Langage oral
– Langage écrit
– Logique mathématique
– Troubles de la voix
AMO 24 AMO 16.80
Bégaiement AMO 30 AMO 21
Problèmes de langage versant “élaboration du langage”
– Maladies neurologiques
– Maladies psychiatriques
– Maladies génétiques
– IMC
– Surdités
AMO 30 AMO 21