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Résumé
En dépit de l’intérêt croissant pour mesurer les effets de la perturbation thyroïdienne
chez l’humain et identifier les produits chimiques environnementaux qui en sont
responsables, les moyens d’évaluation disponibles visant à cribler de manière précoce cette
perturbation thyroïdienne restent insuffisants et imparfaits. En effet, les mécanismes
d’action des produits chimiques à effet toxique pour la fonction thyroïdienne sont multiples
et constituent autant d’évènements initiateurs pour ce type de perturbation. Dans un
contexte règlementaire, cela implique l’utilisation de nombreux tests in vitro ciblant chacun
l’un de ces mécanismes ou des tests in vivo pour une évaluation des effets à plus long terme.
Dans le cadre de cette thèse, trois modèles d’étude ont ainsi été choisis pour
permettre un criblage précoce de la perturbation de la fonction thyroïdienne, et à terme une
simplification des procédures de criblage préconisées au niveau règlementaire grâce à la
réduction du nombre de tests à conduire pour couvrir l’ensemble des mécanismes d’action
connus pour causer une perturbation de l’axe hypothalamus-hypohyse-thyroïde (HPT).
Le premier modèle d’étude qui a été proposé, permettant d’identifier les toxiques
thyroïdiens, est un modèle in vivo d’exposition à court terme (durant 7 jours) et par voie
orale chez le rat mâle adulte. Avec ce modèle, le profil d’expression d’une sélection de
transcrits de gènes spécifiques de la fonction thyroïdienne s’est avéré différent chez les rats
exposés pendant 7 jours à des toxiques thyroïdiens connus [le Propylthiouracil, le
Methimazole, et l’Amitrole qui inhibent la thyroperoxydase; l’Iodure de Sodium,
l’Iofensulfone, et l’Amiodarone qui libèrent de l’iode en excès; le Perchlorate de Sodium qui
inhibe l’incorporation de l’iode au sein de la thyroïde et le Carbonate de Lithium qui
perturbe le transport transcellulaire] et chez les rats exposés à des composés sans action
connue sur l’axe hypothalamus-hypophyse-thyroïde (HPT) [Iprodione et Atrazine]. Le suivi du
profil d’expression de transcrits de gènes permet de réaliser un criblage à des doses sub-
toxiques de la capacité de composés inconnus à agir directement sur l’axe HPT, après 7 jours
d’exposition seulement. L’utilisation des paramètres toxicologiques classiques, tels