Chapitre 7 : Arithmétique, Dénombrement 1 Entiers naturels Nous supposerons connu l’ensemble N, ainsi que ses propriétés usuelles. On donne simplement les résultats suivants : Proposition 1.1 • Toute partie non vide de N admet un plus petit élément. • Toute partie non vide et majorée de N admet un plus grand élément. 1.1 Principes de récurrence Théorème 1.2 (Principe de récurrence) Soit P (n) une assertion à une variable n. Si P (0) et ∀n ∈ N, P (n) ⇒ P (n + 1) alors ∀n ∈ N, P (n) est vraie. Rem On peut de même montrer qu’une propriété est vraie pour tout n > n0 en remplaçant l’initialisation par P (n0 ). Corollaire 1.3 (Récurrence d’ordre p) Soient P (n) une assertion à une variable n et p ∈ N∗ . Si P (0), P (1), . . . , P (p − 1) et ∀n ∈ N, (P (n) et P (n + 1) et . . . et P (n + p − 1)) ⇒ P (n + p) alors ∀n ∈ N, P (n) est vraie. Rem • Par exemple pour p = 2 (récurrence double), il faut voir si P (0) et P (1) sont vraies (initialisation) et si ∀n ∈ N, (P (n) et P (n + 1)) ⇒ P (n + 2). • ne pas oublier de faire p initialisations. Exemple 1.1 Soit (un )n∈N la suite définie par récurrence par u0 = 2, u1 = 3 et ∀n ∈ N, un+2 = 3un+1 − 2un . Montrons par récurrence d’ordre 2 sur n ∈ N la propriété P(n) : un = 2n + 1 . Corollaire 1.4 (Récurrence forte) Soit P (n) une assertion à une variable n. Si P (0) et ∀n ∈ N, (P (0) et P (1) et . . . et P (n)) ⇒ P (n + 1) alors ∀n ∈ N, P (n) est vraie. Rem L’hérédité peut se lire Supposons la propriété vraie jusqu’au rang n. Exemple 1.2 On définit la suite (un ) par u0 = 1, et pour tout n > 1, un = n−1 X k=0 uk . Déterminer le terme général de (un ). 1.2 Arithmétique dans N Définition 1.1 • On dit qu’un entier d ∈ N divise n ∈ N ou que n est un multiple de d s’il existe k ∈ N tel que n = kd. On le note d|n. • On dit qu’un entier p ∈ N est premier si p 6= 1 et si les seuls diviseurs de p sont 1 et lui-même. Rem Si d|n, et n 6= 0, on a d ≡ 0 [n]. Proposition 1.5 • Tout entier n > 2 admet un diviseur premier. Théorème 1.6 (Division euclidienne) Soient n ∈ N et p ∈ N∗ . Alors il existe un unique couple (q, r) ∈ N2 tel que n = pq + r et 0 6 r < p. On dit que n = pq + r est la division euclidienne de n par p. q est appelé le quotient et r le reste de la division euclidienne. Rem Si n et p sont donnés, on trouve q et r en posant la division euclidienne comme à l’école primaire ! Rem Si r est le reste de la division euclidienne de n par p, on n ≡ r [p]. Exemples 1.3 1. Déterminer le reste et le quotient de la division euclidienne de 100 par 30. 2. Si n ∈ N, on a un unique (q, r) ∈ N2 tel que n = 2q + r et 0 6 r < 2. Ainsi r = 0 ou r = 1 et n est pair ou impair. Définition 1.2 Soient a et b deux entiers naturels non nuls. • L’ensemble des diviseurs communs à a et b admet un plus grand élément, appelé plus grand diviseur commun de a et b et noté pgcd(a, b). • L’ensemble des multiples non-nuls communs à a et b admet un plus petit élément, appelé plus petit multiple commun de a et b et noté ppcm(a, b). Exemples 1.4 1. L’ensemble des diviseurs communs à 48 et 36 est {1, 2, 3, 6, 12}. Leur pgcd est donc 12. 2. L’ensemble des multiples communs à 36 et 30, plus petit que 36 × 30 = 1080 est {1080, 900, 720, 540, 360, 180}. Leur ppcm est donc 180. 3. Si b divise a, pgcd(a, b) = a sous forme irréductible, il faut diviser en haut et en bas par b a c • Le plus petit dénominateur commun à deux fractions et est b d • Pour mettre une fraction Rem Proposition 1.7 Si a = bq + r est la division euclidienne de a par b (avec a et b ∈ N∗ ) et si r 6= 0, pgcd(a, b) = pgcd(b, r). Algorithme d’Euclide : Pour calculer le pgcd de a et de b : on pose a0 = a et a1 = b (ou l’inverse si b > a) et on effectue la division euclidienne de a0 par a1 : a0 = a1 q + r. On pose a2 = r. • Si a2 = 0, on s’arrête là et pgcd(a, b) = a1 (car a1 |a0 ). • Sinon pgcd(a, b) = pgcd(a1 , a2 ) par la proposition précédente. On effectue alors la division euclidienne de a1 par a2 : a1 = a2 q + r. On pose a3 = r. — Si a3 = 0, on s’arrête là et pgcd(a, b) = pgcd(a1 , a2 ) = a2 (car a2 |a1 ). — Sinon pgcd(a, b) = pgcd(a2 , a3 ) par la proposition précédente. .. . On réitère l’opération jusqu’à trouver un reste ai+1 nul (ceci arrive forcément car a0 > a1 > · · · > ai , donc ai 6 a0 − i). Le pgcd de a et b est alors ai , le dernier reste non nul. Exemple 1.5 Calculer le pgcd de 1071 et 1029. Théorème 1.8 (Décomposition en facteurs premiers) Soit n ∈ N∗ , alors n s’écrit de manière unique (à l’ordre r Y i des facteurs près) sous la forme n = pα i , avec r ∈ N, p1 , . . . , pr des nombres premiers deux à deux distincts et i=1 α1 , . . . , αr des entiers non nuls. Rem Avec la convention qu’un produit vide vaut 1. Exemples 1.6 • 24 = • 40 = Proposition 1.9 • Le pgcd de deux entiers a et b s’obtient en prenant les puissances minimales intervenant dans les décompositions en facteurs premiers de a et b. • Le ppcm de deux entiers a et b s’obtient en prenant les puissances maximales intervenant dans les décompositions en facteurs premiers de a et b. Exemples 1.7 • pgcd(40, 24) = • ppcm(40, 24) = 2 Ensembles finis 2.1 Définitions • • • • • Rem • • • Intuitivement, un ensemble fini de cardinal n est un ensemble {x1 , . . . , xn }, où les xi décrivent E et sont deux à deux distincts. • En interprétant ceci avec l’application h : i 7→ xi , le fait que les xi décrivent E signifie que h est surjective. Le fait que les xi soient deux à deux distincts, que h est injective. Ceci motive la définition suivante. Définition 2.1 On dit qu’un ensemble E est fini de cardinal n s’il existe h : J1, nK → E bijective. On appelle alors {h(1), . . . , h(n)} une énumération de E. Si E est fini, on note card(E) le cardinal de E (ou |E| ou #E). Exemples 2.1 1. Par convention ∅ est fini de cardinal 0. 2. J1, nK est fini de cardinal n 3. Jp, qK est fini de cardinal q − p + 1 Proposition 2.1 • Soient E et F deux ensembles, h : E → F une application bijective. Si E est fini de cardinal n, alors F est fini de même cardinal. • Réciproquement si E et F ont même cardinal, il existe h : E → F bijective. Théorème 2.2 Soit E un ensemble fini. Si F est un sous-ensemble de E, alors F est fini et card(F ) 6 card(E). On a égalité Ssi F = E. Rem Ainsi si E et F sont deux ensembles de même cardinaux, il suffit de montrer une inclusion pour avoir l’égalité. Proposition 2.3 • Soit h : E → F une application injective. Si F est fini, alors E est fini et card(E) 6 card(F ). • Soit h : E → F une application surjective. Si E est fini, alors F est fini et card(F ) 6 card(E). Théorème 2.4 Soit h : E → F . Si E et F sont finis de même cardinal, alors h est injective Ssi h est surjective Ssi h est bijective. Rem 2.2 Ceci devient faux pour des ensembles infinis : Opérations sur les ensembles finis Définition 2.2 On dit que deux ensembles A et B sont disjoints si A ∩ B = ∅. Proposition 2.5 Si A et B sont deux ensembles disjoints et finis, alors A ∪ B est fini et card(A ∪ B) = card(A) + card(B). Corollaire 2.6 • Si E est fini et A ∈ P(E), alors card(E\A) = card(E) − card(A). ! p p [ X • Si A1 , . . . , Ap sont finis et deux à deux disjoints, card Ai = card(Ai ). i=1 i=1 Rem Proposition 2.7 Soient A et B deux ensembles finis. Alors A ∪ B est fini et card(A ∪ B) = card(A) + card(B) − card(A ∩ B). Exemple 2.2 Le nombre de cartes dans un jeu de 32 cartes qui sont soit des trèfles soit des 8 est Proposition 2.8 (Produit cartésien) Soient A et B deux ensembles finis, alors A × B est fini et card(A × B) = card(A) card(B). Exemple 2.3 On tire successivement avec remise 2 cartes dans un jeu de 32. Quelle est le nombre de tirages possibles où la première carte est un pique, et la seconde est un valet ? Corollaire 2.9 Si A est un ensemble fini, pour tout p ∈ N∗ , Ap est fini de cardinal (card(A))p . Exemple 2.4 On tire successivement avec remise 5 boules dans une urne contenant des boules numérotées de 1 à 49. Le nombre de tirages possibles est Corollaire 2.10 • Si A et B sont deux ensembles finis F(A, B) = B A est fini de cardinal (card(B))card(A) . • Si A est fini, P(A) est fini de cardinal 2card(A) . 2.3 Dénombrements Proposition 2.11 Soit E un ensemble fini de cardinal n et p ∈ N. Le nombre de p-uplets d’éléments de E deux à n! deux distincts est si p 6 n, 0 sinon. (n − p)! Rem • On parle d’arrangement de p éléments parmi n. • C’est aussi le nombre d’injections d’un ensemble de cardinal p dans un ensemble de cardinal n. • On retrouve donc le fait que l’on ne peut avoir une injection d’un ensemble de cardinal p dans un ensemble de cardinal n si p > n. Ceci est connu sous le nom de principe des tiroirs : s’il y a p chaussettes à ranger dans n tiroirs, avec p > n, alors au moins un des tiroirs contient deux chaussettes. Exemple 2.5 Combien y a-t-il de possibilités pour tirer successivement sans remise 5 boules numérotées entre 1 et 49 ? Définition 2.3 Soit E un ensemble fini. On appelle permutation de E toute bijection de E dans lui même. Exemple 2.6 Déterminer toutes les permutations de J1, 3K. Corollaire 2.12 Si E est un ensemble fini de cardinal n, le nombre de permutations de E est n!. Rem Ainsi le nombre de manières d’énumérer (ou ordonner) un ensemble à n élements est n!. Exemple 2.7 Proposition 2.13 On note Pk (E) l’ensembles des parties de E à k éléments. Si E est fini de cardinal n et si n k ∈ J0, nK, Pk (E) est fini de cardinal . k Rem Comme vu dans la preuve, la différence entre les arrangements à p éléments et les parties à p éléments est que l’on tient compte de l’ordre pour les premiers, mais pas pour les secondes. Exemple 2.8 On tire simultanément 5 boules dans une urne contenant des boules numérotées de 1 à 49. Le nombre de tirages possibles est Exemple 2.9 Combien y a-t-il de façons de former les groupes de colles (numérotés) dans une classe de 45 élèves ? Et si l’on ne les numérote pas ? Proposition2.14 n • ∀n ∈ N∗ , = n. 1 n n • ∀n ∈ N, = = 1. 0 n n n(n − 1) . • ∀n > 2, = 2 2 n n • ∀n ∈ N, ∀k ∈ J0, nK, = . k n−k Rem n n−1 n−1 • ∀n > 2, ∀k ∈ J0, n − 1K, = + . k k−1 k n X n • ∀n ∈ N, = 2n k k=0 n Par convention, lorsque k > n, = 0. k Proposition 2.15 (Formule du binôme de Newton) n X n k n−k ∀n ∈ N, ∀(x, y) ∈ R , (x + y) = x y . k 2 n k=0 Avec répétition possible Avec ordre Sans ordre Sans répétition