FICHE HISTOIRE DES ARTS
Année scolaire 2015-2016 Niveau de classe : 3°
THÉMATIQUE : ARTS, CREATIONS, CULTURES
OBJET D'ÉTUDE
JACQUES TATI, MON ONCLE, 1958
Disciplines concernées
Arts Plastiques, Education Musicale
Arts de l'espace Arts du langage Arts du quotidien
Arts du son Arts du spectacle vivant Arts du visuel
Titre de l'oeuvre : Mon Oncle
1958 – Prix spécial du Jury du Festival de Cannes
1959 – Oscar du meilleur film en langue étrangère à Hollywood.
Durée : 1h49
FRISE
CHRONOLOGIQUE
-1914
Première guerre
mondiale
-1918
-1939
Deuxième guerre
mondiale
-1945
-1958 – Mon
Oncle
-1973
-1989
Chute du mur de Berlin
-2001
11 Septembre-NYC
Trente glorieuses
QUESTIONS SOULEVÉES PAR L'OEUVRE ?
En quoi la société de consommation influence-t-elle la création artistique ? Comment les artistes en
parlent-ils ?
CONTEXTE HISTORIQUE, SOCIAL, ARTISTIQUE…
La période des Trente Glorieuses court de 1945 à 1973. C'est une période de forte croissance économique
grâce aux innovations technologiques et la mise en place du travail à la chaîne emprunté aux Etats-Unis,
l'apparition de la société de consommation, liée au baby-boom et au développement de la publicité et des
supermarchés. Les états investissent dans les voies de communication, et les matières premières ainsi que le
pétrole sont à l'époque très bon marché. A partir de 1945, la durée du travail hebdomadaire diminue et les
congés payés s'allongent dans les pays développés. Une société de loisirs, la télévision et les départs en
vacances tiennent une part importante apparaît. En 1973, le premier choc pétrolier signe la fin de la croissance.
BREVE BIOGRAPHIE DE L'AUTEUR, ARTISTE...
Jacques TATI, de son vrai nom Jacques Tatischeff est en 1908. Descendant d'un ambassadeur du Tsar à
Paris, il est destiné à poursuivre le travail d'encadreur de son père, mais ses copains de rugby voient en lui un
comique et l'encouragent à devenir acteur. Il débute comme acteur puis réalise des courts-métrages, jusqu'à
son premier long métrage en 1949: Jour de fête. Le personnage maladroit de M. Hulot apparaît et sera repris
dans Les vacances de M. Hulot en 1953,puis Mon Oncle,suivi de Playtime (1967), Trafic (1971) et Parade
(1974).D'un burlesque initial, il évolue vers une représentation du monde qui donne foi dans l'innocence et
l'enfance. En 1967 commencent des difficultés financières, en 1974 il crée une maison de production qui fera
faillite. En 1977 il reçoit un César d'honneur et meurt en 1982 à l'âge de 75 ans.
ANALYSE DE L'OEUVRE
Synopsis : dans un quartier moderne où tout est très (trop) bien agencé habitent M. Arpel, son épouse et leur
fils Gérard, que cette vie sans saveur ennuie.
L'intrusion dans la famille de M. Hulot, le frère de Madame, personnage rêveur et plein de fantaisie, sème le
trouble dans cet univers aseptisé, d'autant plus qu'il devient rapidement le meilleur ami de Gérard... Extrait de
www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=2614.html.
Les différents plans proposés dans le film Mon Oncle montrent des éléments apparentés aux Trente
glorieuses :
L'AMÉRICANISATION :
Jacques Tati produit une version anglaise, qui permettra la reconnaissance
de son film par le pôle culturel américain. Cette américanisation de
l'Europe et du quotidien se retrouve dans le film avec les voitures
américaines, l'utilisation de la musique de jazz, et la présentation d'un
mode de vie à l'américaine. La présentation de l'usine de M. Arpel est
également une représentation des industries en plein essor. On fait souvent
référence ici à l'oeuvre de Charlie CHAPLIN, Les temps modernes.
SYMBOLES DE LA RECONSTRUCTION :
Dans le générique au début du film, le chantier et les panneaux de chantier sont également des symboles de la
reconstruction, avec l'usage intensif du béton. Les nouveaux matériaux comme le plastique, issu du pétrole,
sont également très présents : la blouse de Mme Arpel, mais aussi le broc qui rebondit, et tous les objets au
design futuriste qui décorent la maison des Arpel.
LA COULEUR ET LA COMPOSITION :
Le film est en couleur, il exploite les progrès fait dans l'industrie cinématographique dans les années 1940-
1950.
Les différents espaces sont identifiés par l'usage de gammes chromatiques et compositions différentes :
- la modernité s'exprime dans un camaïeu de gris, tranché par des couleurs vives comme le vert du canapé,
faisant référence à la designer française Charlotte Perriand (voir site internet: http://www.mam-st-
etienne.fr/index.php?rubrique=31&exposition_id=226). La composition est géométrique faite de carrés et de cercles.
- le passé utilise des tons chauds, variation dans les ocres, bruns, noirs chauds. L'image est composée avec un
style baroque, fait de courbes et d'obliques dynamiques.
Jacques TATI utilise également des plans qui représentent le passage d'un monde à
l'autre : les panneaux de chantier en contraste avec le vieux mur sur lequel est inscrit en
graffiti le titre du film ; le plan avec la brèche dans le muret.
Enfin, en écho à la société de consommation, la voisine sort d'une Dauphine flambant
neuve, avec un chapeau de style tonkinois qui parodie la publicité sortie par Renault à
cette époque (voir pub ci-contre). La Dauphine est le signe de la démocratisation de
l'automobile.
LE SON :
Les différents éléments d'une bande son
Les voix et les dialogues : narration, compréhension de l'histoire
Les bruits et les bruitages : souligne l'action
Les sons d'ambiances : un fond sonore en arrière plan qui permet de nous immerger dans l'image
La musique : émotion, narration aussi.
Le son a un rôle très important :
Chez les Arpel, il n'y a pas de musique, seuls les bruitages jouent avec l'image sur
un décalage : Les sons modernes et les bruits des machines exagérés créent un
malaise. La maison, a priori séduisante qui fait référence à la Villa Savoye de Le
Corbusier, devient vite un enfer sonore et un espace d'inconfort. Les objets
prennent une place très importante dans la vie quotidienne, les apparences et la
modernité sont des éléments incontournables de la société de consommation.
Chez l'oncle, la musique est à la fois joyeuse, populaire et douce : c'est une musique de guinguette (piano,
guitare, batteur, accordéon). Elle a le premier rôle. L'ambiance elle, est une ambiance de marché, on entend
des voix d'enfants, bruits de la nature. Les gens se parlent mais nous ne comprenons pas, n'entendons pas. Le
son, ici, sert à recréer une ambiance légère, les gens sont naturels et ne sont pas encore influencés par le
paraître et la société de consommation.
Quartier résidentiel des Arpel
(29'25 à 33') et (17' à 20')
Quartier du vieux Paris de mon oncle
(8' à 12')
Dialogues x
Bruitages x
Sons d'ambiance x
Musique x
Une autre œuvre de Jacques Tati : Publicité Taille Fine Gervais -1968-
Ding et souffle de l'ascenseur : modernité, confort, technologie. L'ascenseur est bondé,
plein d'hommes d'affaires. Avatars du monde moderne, gris et tous pareils (des clones?).
Ils sont carrés, peu souriants, le regard dur et froid. Ils ne semblent pas humains et font
partie intégrante du décor ; des éléments parmi d’autres de cette nouvelle société de consommation. Au
contraire, la dame corpulente sur ses talons-aiguilles se déplace avec grâce et délicatesse (comme des pas de
danse). La jeune fille arrive : pas réguliers, coupe au carré, mini-jupe : Elle incarne les standards de la
société de consommation de la fin des années 60 et elle arrive donc à se glisser dans l 'ascenseur.
A retenir : Tati joue le jeu de la pub (la marque, la jeune fille mince, le coté comique) mais il ne peut
s’empêcher de critiquer cette société moderne à la fois uniformisée et déshumanisée qui laisse de coté
ceux qui ne lui ressemblent pas.
CONCLUSION (RÉPONSE AUX QUESTIONS)
La société de consommation a influencé l'art sous toutes ses formes : cinéma, musique,
littérature, arts plastiques, etc. Durant les trente glorieuses, l'explosion de la société de
consommation a amélioré les conditions de vie des citoyens, mais a également fait émerger
une société du paraître et de la possession. Posséder devient un symbole de réussite, permet de
véhiculer une « image » du bien-être. Posséder permettrait d'être plus heureux... Toutefois,
Jacques Tati, dans son film, pose une question simple : posséder rend-il réellement heureux ? A
travers son film, Tati met en garde contre cette société de consommation. Avoir toujours plus
n'est pas un gage de bonheur, il peut y contribuer mais il ne faut pas oublier les valeurs simples
de la vie : la communication, l'échange, la simplicité, le rire qui sont des valeurs véhiculées par
l'univers paisible de M. Hulot et de l'enfance.
OEUVRES LIÉES, RÉFÉRENCES, ETC.
- Stromae, Carmen, 2013 (voir le cour « art du son et société » étudiée en éducation musicale)
Dans cette chanson, Stromae (de son vrai nom Paul Van Haver) fait en quelque sorte une reprise d'un air
d'opéra célèbre composé par Georges Bizet en 1875 : L'amour est un oiseau rebelle (extrait de l'opéra
Carmen) par Maria Callas.
Stromae détourne le texte original pour faire une critique des réseaux sociaux et plus largement de notre
société : l'amitié et et les liens que nous tissons sont devenus des biens de consommation comme les autres,
éphémères et jetables. Il dénonce aussi une société devenu très individualiste où le narcissisme domine.
Autres œuvres étudiées en éducation musicale et en lien avec la société de consommation :
Jean-Jacques Goldman, Les choses, 2001
Oldelaf, Barres Techno, 2009
Oeuvres liées, références :
-Le Corbusier, Villa Savoye, 1928-1931 (architecture)
-Charlotte Perriand (designer)
-Charlie Chaplin, Les temps modernes, 1936 (film)
- Richard HAMILTON, just What Is It that Makes Today's Homes So Different, So Appealing ?,1956
(collage)
- Ola Simonson et Johannes Stjarne, Music for one apartment and six drummers, court métrage 2001
(musique)
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