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Viande : l’industrie alimentaire nous tue à petit
feu
mercredi 28 octobre 2015, par Alain Geerts
Le Centre international de recherche sur le cancer (Circ) vient de sortir une note sur l’évaluation de la
cancérogénicité de la viande. Il y fait la synthèse de plus de 800 études sur le cancer chez l’homme de
laquelle il ressort que la consommation de viande peut provoquer certains types de cancer. Sur cette base,
l’Organisation mondiale pour la santé (OMS) classe comme « probablement cancérogène pour l’homme »
la consommation de viande rouge et comme « cancérogène pour l’homme » la charcuterie.
Si la presse fait grand cas de cette information en la présentant comme « neuve », elle est pourtant la
juste conclusion de nombreux travaux connus depuis longtemps réalisés par les spécialistes des cancers et
les spécialistes d’une alimentation réellement de qualité. Elle vient en outre compléter l’ensemble des «
casseroles » que traine l’industrie de la viande dont l’incidence de sa production sur le climat (émission
d’oxydes d’azote et de C02), la grande consommation d’eau nécessaire pour sa production, la pollution de
l’eau et des sols du fait de l’utilisation d’intrants chimiques (nitrates, pesticides…), etc…
Les oncologues considèrent quant à eux qu’une trop grande consommation de viande et de « produits
carnés transformés » peut engendrer le cancer colorectal, de la prostate, des ovaires, voire du poumon.
Dans un rapport publié récemment, l’Institut national du cancer ()(Inca) estimait convaincants les liens
entre consommation de viande et de charcuterie et cancer colorectal.
Depuis de nombreuses années IEW informe la population sur cette question et interpelle les responsables
politiques pour réorienter la consommation afin d’obtenir des améliorations tant de la santé des citoyens
que de la qualité de l’environnement. En résumé, ce qui est constaté, c’est que ces nuisances sont le
résultat des dérives d’une production industrielle centrée sur l’élevage intensif.
Est-il nécessaire de rappeler que 90% de la viande consommée est encore issue de cette filière dont
l’objectif ultime est de rentabiliser la moindre calorie produite par une bête nourrie par des aliments à
haute richesse énergétique (maïs, soja, farines animales) vendus au coût le plus bas. Comme le résumait
Fabrice Nicolino, auteur de Bidoche : "Aujourd’hui, on peut dire que la viande a atteint la perfection
industrielle, c’est une industrie mondialisée, qui appartient souvent à des fonds de pension ou des
organismes financiers et qui pose les mêmes problèmes que l’économie financiarisée : la nécessité de
dégager des taux de rentabilité de 8 à 10%..."
Il y a aussi la question des médicaments dont sont gavés les animaux d’élevage… Il est bien connu que
leur pharmacopée est riche d’une quantité impressionnante de produits que l’on retrouve sous différentes
formes et à différentes doses dans la viande : douvicides, anticcidiens, anthelminthiques, hormones,
vaccins, neuroleptiques et antibiotiques. Ses substances sont autorisées, mais sur base du principe
aujourd’hui complètement dépassé en toxicologie, mais encore majoritairement utilisé pour l’agréation
des produits, le principe selon lequel « la dose fait le poison ». Sait-on comment l’oxytétracycline se
mélange avec la gonadolibérine chez un poulet ? Comment le flubendazole se marie avec l’azapérone et
les prostaglandines PGF2 dans la chair d’un porc ? Le thiabendazole avec le diazinon ou le décoquinate
dans le sang d’une bonne vache charolaise ? [1] Non.