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33e CONGRÈS MONDIAL DE LA VIGNE ET DU VIN ∙ DU 20 AU 27 JUIN 2010 ∙ TBILISSI ∙ GÉORGIE
CONSTAT ET INCIDENCE DU CHANGEMENT
Bureau National Interprofessionnel du Cognac
Station Viticole
L. BOITAUD
V. DUMOT
© BNIC / Stéphane Charbeau
CLIMATIQUE DANS LA REGION DE COGNAC
G. FERRARI
L. LURTON
69 rue de Bellefonds - 16100 COGNAC - France
Introduction
] Région délimitée Cognac
vers
Nantes
^
vers
Niort, Poitiers,
Paris
Paris
Île de Ré
La Rochelle
Carte de la
Région délimitée
de Production
de Cognac et
localisation
des 2 stations
météorologiques
retenues dans
l’étude.
Rochefort
Île
d'Oléron
St Jean d'Angély
Fleuv
e
Ch
arente
Saintes
Cognac
vers
Limoges
Jarnac
Angoulême
Segonzac
Océan
Atlantique
Jonzac
Châteauneuf
Barbezieux
La
vers
Périgueux
e
nd
Giro
Grande Champagne
Petite Champagne
Borderies
Fins Bois
Bons Bois
Bois Ordinaires
© BNIC
vers
Bordeaux
[
vers Libourne
\
La Région délimitée de production du Cognac se situe dans l’ouest de la France, au
nord du bassin aquitain, en bordure de l’océan Atlantique. Le climat de la région viticole de Cognac est un climat océanique tempéré, assez homogène. Les températures
sont suffisantes pour assurer une bonne maturité du raisin destiné à la production
des eaux-de-vie, mais sans être excessives.
En 2007, le IVe rapport du Groupe d’Experts Intergouvernemental sur l’Évolution du
Climat [1] conclut à un réchauffement climatique mondial sans équivoque. À l’échelle
de la France, la température moyenne a augmenté de 0.1°C par décennie depuis le
début du XXe siècle et le réchauffement s’est nettement accéléré depuis 30 ans [2].
Les conditions thermiques pendant la phase de maturation des raisins sont prépondérantes pour atteindre les caractéristiques technologiques recherchées. Afin d’évaluer l’incidence du changement climatique dans le vignoble de Cognac, une étude a
été mise en place en 2007 par la Station Viticole du BNIC.
Les données climatiques de deux stations météorologiques, Cognac (Charente) et
Saintes (Charente-Maritime), ont été acquises par le BNIC auprès de Météo France.
Évolution climatique
c Augmentation des températures moyennes
d Effet canicule renforcé
Les évolutions des variables climatiques des deux stations météorologiques sont très
semblables et conformes aux scénarios décrits par Météo France [2] à l’échelon national. Les températures moyennes montrent une tendance nette à l’augmentation
depuis la décennie 1980.
Le nombre de jours de très forte chaleur (>35°C) a augmenté, et l’effet de canicule
observé pendant les mois d’été s’est accentué. Ainsi, la moyenne mobile des températures maximales du mois d’août a progressé de 2°C sur la station de Cognac et de
1.8°C sur la station de Saintes au cours des 25 dernières années.
]
]
^
^
15
Température moyenne (°C)
Saintes
Cognac
14
13
Températures
moyennes
annuelles
des stations
de Saintes et
Cognac
12
11
10
1918
1928
1938
1953
1963
1973
1983
1993
2003
[
\
Afin de s’affranchir des variations annuelles, les moyennes mobiles sur 30 ans des
températures moyennes annuelles ont été calculées. Entre 1980 et 2004, elles ont
augmenté de 0.8°C pour la station de Cognac et de 1°C pour celle de Saintes.
[
\
e Diminution du nombre de jours de gel
14
^
Avril
12
% jours de gel - Saintes
]
Températures maximales du mois d’août (moyennes mobiles sur 30 ans)
sur les stations de Cognac et Saintes
Mars
3
10
3
2
8
6
1
10
9
9
4
5
2
0
1918-1937
1948-1967
1968-1987
1988-2007
Le nombre de jours de
températures très basses
(<-5°C) et la fréquence du
nombre de jours de gel
de printemps ont diminué
significativement.
Le pourcentage du nombre
de jours de gel de la station
de Saintes pendant les mois
de mars et d’avril est passé
de 12 % avant 1987 à 6 % sur
la période 1988-2007.
f Précipitations en légère hausse
Températures moyennes (moyennes mobiles sur 30 ans) sur les stations de Cognac et Saintes
[
\
Une légère tendance à l’augmentation des moyennes des précipitations annuelles est
constatée. Les moyennes mobiles sur 30 ans sont en augmentation de 6 % sur la station de Saintes et de 2 % sur la station de Cognac depuis 1980. Ces évolutions sont en
cohérence avec l’évolution moyenne décrite à l’échelle de la France : 7 % sur le cumul
annuel des précipitations en un siècle [2].
Incidence viticole du changement climatique
c D’un climat « tempéré » à « tempéré chaud »
e Avancée de la date de vendange
L’indice héliothermique de HUGLIN (IH) mesure la quantité de chaleur reçue par la plante
pendant sa période de végétation. En degrés par an, il comptabilise les températures
moyennes journalières supérieures à 10°C sur la période du 1er avril au 30 septembre.
Cet indice permet de caractériser de façon globale le climat d’une région viticole [3].
Sur le vignoble de Cognac de 1979
à 2008, une augmentation de 1°C
de la température maximale diurne
sur la période avril-août se traduit
par un avancement de 10 jours de
la date de récolte.
Ces résultats sont cohérents
avec ceux publiés par DAUX et
al. en 2007 (vignobles Alsace,
Champagne, Bourgogne, Touraine,
Bordeaux) [5].
2400 – C LIMAT C HAUD
L’indice de HUGLIN pour la
région de Cognac passe
progressivement d’un climat
majoritairement considéré
comme frais jusque dans les
années 1980 à la catégorie
« climat tempéré ». Certaines
années récentes se situaient
même dans la catégorie de
climat « tempéré chaud »
(2005), voire « chaud » pour
l’année 2003.
2200 –
C LIMAT T EMPERE C HAUD
COGNAC
×
Õ
+ 1°C
- 10 jours
Indice de Huglin
2000 –
1800 –
1600 –
C LIMAT T EMPERE
f Modifications de la maturation
Une des conséquences du raccourcissement du cycle végétatif est la modification du
régime thermique auquel est soumis la vigne pendant la phase de maturation des
baies. L’augmentation des températures accélère l’accumulation des sucres par stimulation de l’activité photosynthétique. De plus, les températures élevées favorisent
la dégradation de l’acide malique, directement corrélée à l’acidité des moûts [6]. Plus
la somme de températures reçue par la vigne (indice d’HUGLIN) est élevée et plus le
TAV à la récolte est fort. À l’inverse, plus l’indice de HUGLIN est élevé et plus l’acidité
de la vendange est faible.
C LIMAT FRAIS
1400 –
Poste
1200 – C LIMAT T RES FRAIS
|
|
1920
1940
Saintes
Cognac
|
1960
|
1980
|
2000
d Raccourcissement du cycle végétatif
]
^
COGNAC
mars
avril
mai
juin
juillet
août
octobre
septembre
novembre
79/86
87/91
92/96
02/06
débourrement
-4 jours
début fin
floraison
-14
véraison
-19
-19 jours
début vendanges
-21 jours
G. SNAKKERS (2007)
97/01
Depuis 1979, on
observe dans le
vignoble de Cognac,
une tendance nette à
l’avancement de la date
des vendanges qui peut
être rapprochée d’une
diminution de la durée
du cycle végétatif [4].
[
Corrélation entre le TAV déclaré à la récolte, l’acidité totale au début des vendanges et
l’indice de HUGLIN du débourrement aux vendanges depuis 1979
\
Conclusion
Cette étude permet de préciser le constat des évolutions climatiques de ces dernières décennies à l’échelle du vignoble de Cognac. Elle confirme les constatations déjà réalisées
dans d’autres régions viticoles, tant sur l’amplitude des phénomènes observés que sur leur incidence sur le comportement de la vigne. Elle constitue ainsi une base utilisable
par la filière pour anticiper les changements en cours et mettre en place les adaptations nécessaires à ces évolutions du contexte de production.
BIBLIOGRAPHIE
[1] GROUPE D’EXPERTS INTERGOUVERNEMENTAL SUR L’EVOLUTION DU CLIMAT (GIEC), 2007. Bilan 2007 des changements climatiques : rapport de synthèse. Contribution des Groupes de travail I, II et III au 4ème rapport
d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. GIEC, Genève, Suisse, 103 pages.
[2]
[3]
[4]
[5]
[6]
DANDIN P., 2006. Évolution du climat et sécheresses. Congrès de la FNCCR, Bordeaux, sept. 2006. Météo-France, Direction de la Climatologie.
HUGLIN P., 1986. Biologie et écologie de la vigne. 372 pages. Editions Lausanne, Paris.
SNAKKERS G., 2007. Évolution des stades phénologiques et des caractéristiques de la production constatées pendant les dernières décennies. Journée technique Station Viticole BNIC 2007.
DAUX V., LE ROY LADURIE E., MESTRE O., CHEVET JM., 2007. Températures et dates de vendanges en France. Actes du colloque « Réchauffement climatique, quels impacts probables sur les vignobles ? », Dijon 2007.
GAUDILLERE J.P., 2005. Site, climat, pratiques culturales : qu’est-ce qui détermine le rendement et la composition des moûts ? Données physiologiques. Journée technique Station Viticole BNIC 2005.
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