Déterminants psychosociaux du racisme et de la discrimination1

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Universel-Singulier
Vendredi 30 Octobre 2009
Rennes, Archives Départementales
Déterminants psychosociaux du
racisme et de la discrimination
1
Pascal Morchain
Psychologue Social
CRPCC-LAUREPS (EA 1285)
Université Européenne de Bretagne Rennes2
1 Ce texte reprend le diaporama présenté lors de la conférence, et en précise, voire en développe certains points, en regard des
interventions de l’auditoire.
Pascal Morchain -Déterminants psychosociaux du racisme et de la discrimination- Rennes, 30 Octobre 2009
p.1
« Si la relativité se révèle juste, les Allemands diront que je
suis allemand, les Suisses que je suis citoyen suisse, et les
Français que je suis un grand homme de science. Si la
relativité se révèle fausse, les Français diront que je suis
suisse, les Suisses que je suis allemand, et les Allemands que je
suis juif »
Albert Einstein
Par cette citation d’Albert Einstein, je veux montrer dès l’entrée que les stéréotypes, et la
discrimination qui peut en résulter, sont toujours relatifs à un contexte, en l’occurrence ici la
validation ou l’échec d’une théorie scientifique, qui aura pour conséquence l’attribution d’une
nationalité, d’une confession,d’une identité, à son auteur. Et qui contribuera, d’une manière
ou d’une autre, à rehausser la valeur de l’identité d’un groupe social dans son ensemble.
Préjugés, Stéréotypes, et Discrimination. Définitions.
Les termes « préjugés » et « stéréotypes » ont souvent, dans le langage quotidien, une
connotation péjorative. Personne n’aime ainsi à être décrit comme quelqu’un « à préjugés »,
tout comme le fait de « développer une pensée stéréotypée » implique, dans le sens commun
tout au moins, une certaine rigidité et une certaine fermeture. Mais si préjugés et stéréotypes
peuvent présenter un contenu négatif, ils ont aussi un contenu positif. Par ailleurs, les
stéréotypes ne présentent pas qu’un contenu, ils nous permettent d’expliquer les différences
entre les groupes. Ils ont de plus une fonction essentielle : ils nous permettent de nous adapter
à autrui. En d’autres termes, si je ne savais pas comment sont -ou qui sont-, en général, les
chefs d’entreprise, je ne saurais pas comment rentrer en relation avec Dupond, chef
d’entreprise2.
Qu’est-ce qu’un préjugé ? C’est un jugement porté à l’égard -ou à l’encontre- de
personnes dès lors que ces personnes sont reconnues comme membres d’un groupe. Il s’agit
donc de la dimension évaluative d’une attitude. Ce jugement n’implique pas une quelconque
interaction avec les personnes concernées. Ainsi, sans les avoir jamais rencontrés, je peux
émettre un préjugé concernant les Abitibi-Témiscaminguais. Mais j’émets un préjugé si la
situation le demande (je réponds à une enquête et j’aurais vraiment l’air idiot de ne pas
répondre à l’enquêtrice qui est vraiment charmante). Comme attitude, le préjugé peut avoir
trois dimensions : une dimension affective (« j’aime » ou « je n’aime pas »), évaluative (je
trouve « bon », « mauvais », « meilleur »...), et conative (« j’ai l’intention d’agir de telle
2 Il s’agit ici de Françoise Dupond. Y aviez-vous spontanément pensé ?
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manière »). Certains auteurs (voir De la Haye, 1998 ; Sales-Wuillemin 2006) estiment que les
dimensions sont affectif/évaluatif ; conatif ; cognitif. Dans ce cas, cette dernière dimension
renvoie aux connaissances que les personnes ont du contenu, et font alors référence au
stéréotype comme une dimension du préjugé. Si pour Allport (1954) le préjugé est négatif,
pour Saenger dès 1953, un préjugé peut-être favorable. Si le mot préjugé est souvent connoté
négativement, c’est parce que les chercheurs se sont évidemment intéressés aux préjugés
défavorables, en raison de leurs conséquences. Les effets des préjugés favorables ne sont pas
conçus comme problématiques.
Selon Ashmore et Del Boca (1981), le terme de « stéréotype » a été formé par
l’imprimeur français Didot en 1798. Formé du grec στερεοσ (solide), et τψποσ (caractère),
il désigne un bloc obtenu par le moulage d’une page entière d’un ouvrage composée en
caractères mobiles, et pouvant servir à plusieurs tirages. Etymologiquement donc, le
stéréotype est un terme d’imprimerie, dont le synonyme est « cliché ». En psychologie
sociale, on parle de stéréotype en matière d’opinion. Le terme apparaît chez le journaliste
Walter Lippmann (1922), et désigne les « images dans notre tête », qui s’intercalent entre la
réalité et la perception que nous en avons. Depuis Lippman, diverses définitions ont été
proposées. On s’accorde toutefois pour dire qu’un stéréotype est une croyance concernant les
caractéristiques communes des membres d’un groupe ou d’une catégorie sociale (voir par
exemple Stroebe & Insko, 1989 ; Leyens, Yzerbyt & Schadron, 1994, 1996). Ce type de
définition relie un contenu informatif (traits de personnalité, comportements, etc ...) à un
groupe social : je vais dire que les femmes sont « intuitives », « sensibles », « sensuelles », et
« bavardes », etc ... Les stéréotypes sont par ailleurs partagés, qu’on les utilise ou non
(Devine, 1989 a,b) et qu’on soit ou non d’accord avec leur contenu. En d’autres termes, il faut
dire tout de suite que l’on ne peut pas ne pas avoir de stéréotypes. Sans ces « images », on
ne comprendrait pas notre monde social, on ne pourrait pas interagir avec autrui. C’est le
contenu des stéréotypes qui peut vous amener à sourire à la boutade suivante : « Le Ciel ou
l’Enfer ? Le Ciel, c’est un endroit où les cuisiniers sont Français, les amants Italiens, les
policiers Anglais, les mécaniciens Allemands, et tout est organisé par les Suisses. L’Enfer,
c’est le lieu où les cuisiniers sont Anglais, les amants Suisses, les policiers Allemands, les
mécaniciens Français, et le tout est organisé par les Italiens ». Aujourd’hui, plus qu’à leur
contenu, on s’intéresse à la nature du lien entre le contenu et le groupe (Schadron, Morchain,
& Yzerbyt, 1996), au processus de stéréotypisation.
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La discrimination est liée aux stéréotypes et aux préjugés. Elle en est une conséquence
comportementale, et renvoie aux comportements d’exclusion, ou à l’agression, pour autant
que ces comportements soient liés aux jeux d’appartenances groupales (voir pour un exemple
quotidien, Griffin, 1962). Dans cette présentation toutefois, on parlera aussi de discrimination
en termes de perceptions et de jugements (Salès-Wuillemin, 2006).
Bien sûr la discrimination ne concerne pas qu’une seule catégorie de personnes, il en existe
différentes formes : Origine (nom, couleur de peau) ; Age ; Genre ; Handicap ; Apparence et
surpoids ; Confession, etc. Le graphique suivant montre les discriminations à l’embauche
suivant différents critères :
Discrimination dans le recrutement : quelques résultats d’Amadieu (2006)
http://www.adia.fr/AnnonceDis.htm, le 20 Avril 2007
A ce point de l’exposé, on retiendra ces deux encadrés :
stéréotype : « perception »
préjugé : jugement
discrimination : conduite
Le préjugé est contrôlé
Le stéréotype est automatique
La discrimination peut-être automatique ou contrôlée
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Origines des stéréotypes, des préjugés, et de la discrimination
Comme le montre le schéma suivant, 3 origines ont été repérées dans la littérature en
psychologie sociale :
« Sociale » :
Apprentissage,
Contexte de
l’interaction …
Psychodynamique :
Personnalité
autoritaire
Stéréotypes
Catégorisation
Les origines « psychodynamique » et « sociale » font référence au contenu des stéréotypes et
aux formes de la discrimination, l’origine cognitive (« catégorisation ») fait référence à des
processus.
Origines (1) : Personnalité
Le modèle de la « Personnalité autoritaire » (Adorno & al. 1950) est représentatif du
courant psychodynamique. Pour Adorno et ses collègues, qui développent leur théorie dans
une perspective freudienne, l’origine des stéréotypes renvoie à un type particulier de
personnalité, marquée par la rigidité, le dogmatisme. Les stéréotypes (négatifs) et la
discrimination seraient, dans cette optique, liés au type de relations au sein de la famille. Mais
ce courant néglige les contextes situationnels et socio-culturels dans lesquels les stéréotypes
sont élaborés et émis. Ces contextes apparaissent pourtant déterminants dans la
compréhension du phénomène. Ainsi Minard (1952) montre que, dans une communauté
minière de Virginie, plus de 80 % des blancs manifestent de l’estime et de la solidarité envers
les noirs, quand tous sont dans la mine. En dehors de cette situation, à peine 20 %
maintenaient de telles relations ... Si les évaluations des mêmes personnes varient selon les
contextes, comment peuvent-elles renvoyer à la personnalité, censée rendre compte de
stabilité ? Par ailleurs, une approche en termes de personnalité ne peut rendre compte, par
exemple, ni du changement d’attitude américain envers les japonais, changement survenu
juste après Pearl Harbour, ni des attitudes anti-sémites dans l’Allemagne hitlerienne. Ces
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exemples indiquent que les stéréotypes peuvent difficilement être reliés de manière causale au
type de relations familiales, bien qu’ils soient aussi véhiculés au sein des familles.
Origines (2) : Le social
Le mot « social » est ici très large, puisqu’on fait référence à la fois au socius, et au sociétal.
1. Contexte socio-économique : La théorie du « bouc émissaire » (Dollard, 1934 ;
Hovland & Sears, 1940) : lorsque les frustrations sont trop fortes, nous serions tentés de
diriger notre hostilité vers des groupes minoritaires, censés être à l’origine de ces frustrations.
En accord avec cette hypothèse, Hovland & Sears (1940) ont constaté l’existence d’une
relation entre le lynchage des Noirs et le niveau de prospérité économique du sud des EtatsUnis (corrélation négative entre le prix du coton et le nombre de lynchages). Cela étant,
l’existence d’un lien causal entre frustration et agression n’a jamais vraiment été démontré.
Par ailleurs, peut-être n’est-ce pas la frustration en elle-même, mais la perception d’une
injustice, ou le sentiment d’une injustice, qui est à l’origine des stéréotypes. Il s’agirait alors
de ce que l’on appelle l’équité relative (Walster & al., 1978) : la perception d’injustice sociale
provoque un malaise psychologique qui nous pousserait à rétablir l’équité, soit par
l’ajustement matériel, soit par une réinterprétation de la situation.
2. Conflit réel. Dans cette optique les stéréotypes s’expliquent par les rapports sociaux
conflictuels entre les groupes. Par exemple, Avigdor (1953) place des groupes dans des
situations soit compétitives, soit coopératives. Elle note l’apparition de stéréotypes plutôt
négatifs dans les situations compétitives, plutôt positifs dans les situations coopératives. C’est
aussi ce que montrent Sherif et ses collaborateurs (1961, 1966) dans une série d’expériences
menées en camps de vacances : des activités compétitives augmentent l’émission de
jugements défavorables et de comportements discriminatoires à l’égard de ceux des autres
groupes. Seule l’activité coopérative amène un changement dans les jugements et les
comportements. Cependant, comme l’indique Brewer (1979), le conflit n’est pas une
condition nécessaire et suffisante pour expliquer l’apparition des stéréotypes.
3. Groupes de référence. De très nombreux travaux montrent que les stéréotypes et les
éventuelles conduites de discrimination sont appris au sein des différents groupes de
référence. Comme l’a par exemple montré Newcomb (1943), les attitudes apprises dans un
groupe peuvent se transformer, ou perdurer, en fonction du groupe de référence : après
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plusieurs mois passés à l’université, des étudiants blancs conservateurs adoptent des attitudes
raciales plus tolérantes qui correspondent à celles de leur nouveau groupe de référence.
4. Apprentissage
(a) Apprentissage par imitation. Plusieurs recherches ont par exemple montré que les
enfants blancs qui développent le plus de jugements négatifs à l’encontre des Noirs
ont simplement observé et copié les attitudes racistes de leurs parents (voir Bourhis &
Gagnon, 1994 ; Bourhis & Leyens, 1994).
(b) Simple Observation de la structure sociale. Selon Eagly (Eagly & Steffen, 1984 ;
Eagly, 1987 ; Eagly & Kite, 1987), les stéréotypes résultent, soit de la conséquence de
l’observation de différences réelles entre différents groupes dans une société donnée,
soit d’influences sociales (mass media, interactions sociales). Pour elle, les stéréotypes
ethniques et sexuels découleraient des rôles sociaux occupés par les protagonistes lors
de contacts entre groupes. Ces rôles déterminent pour une large part les
comportements et l’observation de ces comportements fournit les données sur
lesquelles les gens vont se former une image des groupes concernés. Eagly (1987)
soutient par exemple que notre vision des femmes et des hommes est biaisée par la
structure sociale qui contraint les comportements de chacun : c’est parce que nous
avons plus souvent l’occasion d’observer les hommes plus que les femmes dans des
positions élevées des hiérarchies que nous associerions aux hommes plus qu’aux
femmes des caractéristiques de personnalité telles que la compétence, l’autorité...
(c) Mass media (Morchain, 1982 ; mais surtout Furnham et ses collègues, dès 1997 ; et
Marchand, 2004). la façon dont les articles de journaux ou les actualités télévisées
présentent les groupes minoritaires peut renforcer les stéréotypes concernant ces
groupes. Songez par exemple à l’amalgame qui fut fait en France avant les attentats du
11
Septembre
2001 :
« Sans-
papiers/clandestins/immigrés/“Arabes”3/chômage/violence ». Depuis le 11 septembre
2001, on voit plutôt apparaître les liaisons « Arabes »/Islam/Terrorisme. Les pages
suivantes illustrent la transmission des stéréotypes (au niveau de leur contenu) et
indiquent une potentielle (et parfois réelle) discrimination.
3 Il serait d’ailleurs intéressant de creuser ce à quoi réfère chez nos contemporains l’étiquette « Arabe » : à une nationalité, à
une culture, à une langue, à une confession, à tous ces critères?
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Quelques illustrations : images de l’humain
La France et ses colonies (Algérie)
Collection Kharbine- Tabapor
Echelle unilinéaire des « races » humaines
(Nott & Gliddon, 1868)
« La notion de « race » (…) a son origine en biologie et désigne une espèce génétiquement distincte d’une autre
(Osborne, 1971). Cette notion fut utilisée au XIXème siècle par les ethnologues, qui divisèrent l’espèce humaine
en trois « races » selon leur couleur de peau : noire, jaune, et blanche. Depuis, les généticiens ont montré que
les différences entre personnes d’une même race sont bien plus importantes que les différences entre les
« races » (Stringer, 1991 ; cf. aussi les recherches sur le génome humain). En conséquence, le terme race ne
peut s’appliquer aux êtres humains (UNESCO, 1969). Si donc cette notion n’a guère de fondements
biologiques, elle reste pourtant utilisée par certains groupes racistes, et plus généralement on en trouve trace
dans le langage commun. C’est qu’elle a une fonction sociale importante. Elle permet en effet d’expliquer les
évènements, les différences entre les êtres humains, de justifier les exclusions et finalement de maintenir les
inégalités sociales. Dès 1953, Saenger écrivait « La propagation de la théorie de l’infériorité raciale ne sert
pas seulement à apaiser la conscience des groupes exploitants majoritaires, elle est souvent spécifiquement
adaptée à leurs besoins économiques changeants. Elle ne dit pas uniquement que les minorités opprimées sont
“heureuses” de leur situation, mais elle explique plus particulièrement que le groupe dominé ne peut pas
effectuer le travail duquel il a été exclu au bénéfice du dominant. » (pp.88-89). Le même phénomène se produit
dans le cas du sexisme. » (Morchain, 2009, p.105-106)
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p.8
Noirs, Chinois, Juifs... Dans Tintin
Tintin au Congo, 1931
Le lotus bleu, 1936
Une vignette qui a disparu
L’étoile Mystérieuse
Bohlwinkel
L’étoile Mystérieuse, 1942
Initialement appelé Blumenstein,
financier de New York. Pour ne
pas être taxé d’antisémitisme
Hergé le renomma par la suite
Bohlwinkel
(« magasin
de
bonbons », en bruxellois). Il se
rendit compte par la suite que le
nom restait un nom juif
La publicité pour jeux et jouets dans les magazines au
moment des fêtes (2008)
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p.9
Images de la
femme (2008)
A la fois séductrice et
au foyer…
Femme-jouet…
Origines (3) : cognition
Tajfel (1970, 1972) a montré que le simple fait de catégoriser aléatoirement des sujets
en deux groupes entraîne l’apparition du biais pro-endogroupe, c’est-à-dire la tendance à
surévaluer son propre groupe et à sous-évaluer l’autre groupe (voir Ferguson & Kelley, 1964),
ce que Sumner (1906) appelle « ethnocentrisme ». Ainsi, la condition nécessaire et suffisante
à l’élaboration des stéréotypes réside dans les processus de catégorisation. Imaginez que je
vous demande : « Comment sommes-nous, nous, les lecteurs de cet article ? ». Je gage que
« l’image » que vous développez est plutôt positive. Imaginez maintenant que je vous
demande « Comment sont-ils, eux, les lecteurs de cet article ? ». Je gage que « l’image » est
maintenant moins positive. Imaginez maintenant un contexte impliquant la compétition, ou
encore un contexte de propagande, ou encore un contexte dans lequel vous « gagnez » moins ou croyez gagner moins- que les autres, et vous avez compris comment le contexte peut
influer sur le processus. Dans l’ensemble, et a minima, ces recherche sont montré (1) sur le
plan des jugements : « nous sommes un peu meilleurs qu’eux » ; (2) sur le plan des
comportements : nous récompensons davantage les membres de notre groupe (endogroupe)
que les membres de l’autre groupe (exogroupe).
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Le simple fait d’être catégorisé dans un groupe ou une catégorie entraîne la perception
que … NOUS
EUX
… et entraîne facilement la discrimination.
C’est donc parce que nous avons besoin de classer les objets de notre environnement que
nous développons des stéréotypes et avons des conduites discriminatoires.
Le contexte social / sociétal vient ensuite renforcer ou inhiber le processus.
Fonctionnement
Dès 1922, Lippmann définit les stéréotypes comme des « images dans la tête », qui
s’intercalent entre la réalité et la perception que nous en avons. En d’autres termes, les
stéréotypes sont conçus comme des filtres cognitifs.
Réalité
Leur
impact
peut
Perception
de la
réalité
STEREOTYPES
être
situé
à
deux
niveaux :
perception-jugements
et
comportements. Comme le montre le schéma ci-dessous, quand impact il y a, il peut être
positif ou négatif
STEREOTYPES
Perception,
Jugements
+
Comportement
Discrimination
Non-Discrimination
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En fait, tout dépend du contexte (économique, social, sociétal…) ! Par exemple dès
1935 Katz et Braly montrèrent que des stéréotypes négatifs sont plus tranchés en public qu’en
privé, tout simplement parce qu’il est de bon ton de les émettre.
En général, s’il y a conflit pré-existant ou anticipé, s’il y a des inégalités ou des inéquités
perçues, ou encore quand la situation implique la nécessité de justifier4, la probabilité de
discrimination augmente.
Il existe aussi des normes de non-discrimination : certains groupes sont protégés
normativement, en fonction des valeurs du moment. Par exemple, Franco et Maass (1999)
montrèrent la variabilité de désirabilité
9
de certains
8
clairement,
groupes
comme
confessionnels :
le
montre
le
graphique ci-contre, pour les sujets
7
6
5
interrogés (des Catholiques italiens), il
4
est acceptable d’émettre des opinions
3
défavorables
2
envers
les
Islamistes
fondamentalistes, mais pas envers les
1
Islamistes
Fondamentalistes
Témoins de Jéhovah
Hare Krishna
Juifs
Juifs5. C’est que l’Histoire est passée par
là…
Les normes et les valeurs amènent ainsi les personnes à contrôler leurs conduites. En
voici un exemple tiré de Hergé (Coke en Stock, version de 1958 et de 1967). On voit que le
vocabulaire des Noirs a changé : en 1967, il est plus conforme à la langue française,
« normalisé ».
4 Schadron & Morchain, 2003.
5 Ce graphique est adapté d’après Franco & Maass (1999) : on montre uniquement ici les opinions concernant des groupes de
croyances religieuses. (1 = Totalement inacceptable, 9 = Totalement acceptable [d’émettre des opinions négatives]).
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p.12
1958
1967
Les valeurs peuvent ainsi amener les personnes non seulement à éviter de juger
(négativement), à contrôler leurs conduites, mais aussi à aider ceux qui sont discriminés,
comme ce fut le cas au Chambon sur Lignon lors de la seconde guerre mondiale (voir
encadré).
« Dès 1937 ce village accueillait des réfugiés espagnols, en 1938 des réfugiés du nazisme, et en 1940 des Juifs,
sans rencontrer vraiment de réactions des autorités. Le Samedi 22 Juin 1940, Philippe Pétain signe l’armistice
à 18h30 et se dit prêt à arrêter tous les réfugiés et à les déporter en Allemagne, si Hitler le demande. Le
lendemain, au Chambon, les pasteurs André Trocmé et Edouard Theis prononcent lors de l’office un sermon
s’opposant à cette décision : « (…) Cette doctrine [totalitaire] n’est rien d’autre que l’antichristianisme. C’est
pour nous une question de conscience que de l’affirmer, aujourd’hui comme hier. Il est à peu près certain que
des enfants de notre église ont donné leur vie pour combattre cette doctrine. (…) D’abord, abandonnons
aujourd’hui toutes nos divisions entre chrétiens, et toutes nos chicanes entre Français. Cessons de nous
étiqueter, de nous désigner les uns les autres par ces termes où nous mettons du mépris : droite et gauche,
paysans, ouvriers, intellectuels, prolétaires ou possédants, et de nous accuser mutuellement de tous les méfaits.
Recommençons à nous faire confiance les uns aux autres, et à nous saluer et à nous accueillir, en nous
rappelant à chaque rencontre, comme le faisaient les premiers chrétiens, que nous sommes frères et soeurs en
Jésus-Christ. Ensuite, ayant abandonné ces méfiances et ces haines, ainsi que les passions politiques auxquelles
elles sont accrochées, groupons-nous décidément autour de Jésus-Christ, le chef de l’Église universelle, et
adoptons, comme source de pensée, d’obéissance et d’action, son évangile, rien que son évangile. Enfin
comprenons que le retour à l’obéissance nous oblige à des ruptures, ruptures avec le monde, ruptures avec des
manières de vivre que nous avions acceptées jusqu’ici. Des pressions païennes formidables vont s’exercer (…)
sur nous-mêmes et sur nos familles, pour tenter de nous entraîner à une soumission passive à l’idéologie
totalitaire. Si l’on ne parvient pas tout de suite à soumettre nos âmes, on voudra soumettre tout au moins nos
corps. Le devoir des chrétiens est d’opposer à la violence exercée sur leur conscience les armes de l’Esprit. »
(retrouvé sur le site http://www.chambon.org/lcsl_texte_1940_fr.htm). Ce sermon fait très clairement appel aux
valeurs chrétiennes, et s’oppose non moins clairement à l’idéologie pétainiste. C’est un appel aux valeurs et à
l’identité réunie, pour lutter contre un Nouvel Ordre et ses valeurs inhumaines. Il appelle à la désobéissance
civile, au nom des idéaux chrétiens. Les 16 et 17 Juillet 1942 la police française arrêta à Paris environ 13000
Juifs. (…) Si [au Chambon] une vingtaine de personnes furent arrêtées et déportées, on estime que 5000
personnes, dont 3500 Juifs, ont été sauvées au Chambon et dans les villages environnants (Rochat &
Modigliani, 1995). » (Morchain, 2009, pp.97-98)
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Un problème : l’expression implicite
La majeure partie du temps, les stéréotypes (positifs et négatifs) et la discrimination
s’appliquent en automatisme, à l’insu de la personne, et l’expression passe par le langage.
C’est
le
cas
par
exemple
de
l’infra-humanisation
et
du
biais
linguistique
intergroupes. L’infra-humanisation (Leyens & al., 2000, Demoulin & al., 2004, Vaes & al.,
2002, 2003) consiste en l’attribution préférentielle aux membres d’exogroupes, des émotions
primaires (moins humaines, i.e. partagées par d’autres espèces animales). Les Emotions
Secondaires sont quant à elles ressenties (sont décrites comme) essentiellement par l’être
humain. Les émotions primaires prototypiques sont par exemple la Surprise, la Rage, la
Colère, la Douleur, le Plaisir, la Joie, la Peur ; les Emotions secondaires prototypiques, la
Tendresse, l’Amour, l’Espérance, la Culpabilité, et la Honte. Dans l’infra-humanisation,
l’attribution d’émotions se fait de manière non consciente. L’infra-humanisation n’est pas un
déni d’humanité, qui est conscient (les Juifs appelés UnMensch ou Untermensch par les nazis
par exemple).
Quant au Biais linguistique intergroupes (Maass & al., 1989), il consiste en une utilisation
biaisée des catégories linguistiques en fonction de la désirabilité de l’événement et du groupe
de la cible. Le schéma suivant (tiré d’un diaporama de Yvette Assilaméhou, Université
Rennes2) en donne un exemple :
Description d’un comportement
Désirables de l’endogroupe
Indésirables de l’exogroupe
Désirables de l’exogroupe
Indésirables de l’endogroupe
Termes abstraits Adjectifs
Termes concrets Verbes
d’action
" Zidane est talentueux "
" Materazzi est agressif "
" Materazzi marque un but "
" Zidane met un coup de boule "
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p.14
Un exemple des effets automatiques des stéréotypes
comportement (Bargh, Chen, & Burrows, 1996, étude 3)
sur
le
Dans cette étude, les sujets doivent estimer si le nombre de points
qui apparaît brièvement dans un carré sur un écran d’ordinateur est pair ou
impair. Pendant que les sujets fixent le carré, entre les différents essais du
jeu, des visages de Noirs ou de Blancs sont présentés pendant environ 20
ms avant chaque essai (les gens n’en sont pas conscients, on parle d’un
F1 Error :
Failure saving data
amorçage). Après 300 essais apparaît un message
d’erreur, et l’expérimentateur dit : « Je suis désolé, mais
on
dirait
que
vous
allez
devoir
recommencer
l’expérience ». Naturellement, les sujets sont fort
énervés, et l’on mesure leur hostilité envers l’expérimentateur. C’est dans le cas où ils ont été
amorcés avec des visages Noirs que les personnes se montrent le plus hostiles. La raison en
est qu’aux USA l’agressivité est un des traits associés aux Noirs. La situation impliquant
l’hostilité étant congruente au stéréotype activé, ce dernier a pu se traduire ici par une
conduite.
Comment lutter ? Contrôler et réduire
« Il est plus difficile de désagréger un préjugé qu’un atome »
(A. Einstein)
On vient de le voir, ces mécanismes sont automatiques, non conscients (Bargh, Chen
& Burrows, dès 1996 ; Dijksterhuis & van Knippenberg, dès 1998 ; Devine, dès 1989).
Pourtant ils ne s’appliquent pas de n’importe quelle manière, il existe chez les personnes un
contrôle au niveau non conscient : si elles estiment, sans qu’elles en soient conscientes, qu’un
stéréotype ne peut pas s’appliquer dans une situation, elle ne l’utilisent pas (toujours sans en
être conscientes, voir Schadron & Morchain, 2008). Par ailleurs, si les processus s’appliquent
automatiquement, on peut toujours travailler sur les contenus, et les modifier peu ou prou.
Enfin, l’application automatique des stéréotypes, qui peut entraîner la discrimination, est
proche de la conduite automobile ou de nombre de nos routines quotidiennes : elle résulte
d’un apprentissage. Elle est donc susceptible de pouvoir être modifiée.
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Au niveau individuel, sur le plan cognitif tout d’abord, quand nous sommes conscient
de leur existence, de leurs conséquences, et qu’ils nous gênent, nous pouvons contrôler nos
stéréotypes. Ainsi Devine (1989, Devine & al., 1991) demande à des étudiants blancs de lister
consciemment leurs croyances sur les noirs américains. Elle montre que les étudiants
« racistes » listent beaucoup plus de traits négatifs que les « non-racistes ». Etre conscient de
l’existence des stéréotypes peut donc atténuer leur production, particulièrement dans un
contexte de non-discrimination. On peut également redéfinir les personnes en termes
d’individus (hypothèse de la décatégorisation, Wilder, 1978 ; Brewer, 1988). Selon Brewer
(1988), la personnalisation implique une décatégorisation, ce qui réduit la probabilité que des
expériences avec cet individu soient généralisées sous quelque forme que ce soit à des
catégories sociales. Cette hypothèse est conforme avec les recherches montrant la difficulté de
juger un agrégat (Schadron, Morchain, & Yzerbyt, 1996). Utiliser une catégorie supérieure
réduit également la discrimination. En effet, dans ce cas, la partition englobe différentes
catégories (exemple : catégoriser les individus comme « Humains » à la place d’« Hommes »« Femmes ») et atténue en quelque sorte les différences. Une autre alternative est celle du
croisement catégoriel (Deschamps & Doise, 1979). Comme on l’a dit plus haut, il y a
catégorisation « croisée » quand il y a pour chaque sujet une dichotomie entre sa catégorie
d’appartenance et l’autre catégorie selon une première catégorisation qui ne se recouvre pas
mais qui se croise avec sa catégorie d’appartenance et l’autre catégorie selon une seconde
catégorisation (p.295). Les recherches montrent que si la double catégorisation accentue le
biais proendogroupe, le croisement catégoriel l’atténue (Brown & Turner, 1981). Par
exemple, si quand je suis en voiture je me définis comme du département 35 (à cause de ma
plaque minéralogique) et que la voiture qui me précède est du 22, qu’en plus c’est une femme
qui est au volant, il y a double catégorisation (il est donc probable que je sois quelque peu
discriminant. Si en plus sa voiture est fort différente de la mienne…). Mais si, bien que je sois
« 35 » et l’autre « 22 », je constate que le conducteur est un homme, il y a croisement
catégoriel (il est donc probable que je sois moins discriminant. Si en plus sa voiture est
comme la mienne, ça devrait aider…).
Il apparaît également nécessaire de prendre le temps avant d’émettre un jugement, les
contraintes temporelles entraînant en effet plus de jugements stéréotypés (Kruglanski et al.,
2002) .Chercher l’information infirmante est aussi une stratégie possible (qu’est-ce qui fait
que l’autre est différent de ce que je pensais au départ). Enfin éviter de se considérer comme
« expert » peut aussi aider (la jugeabilité sociale (Schadron, dès 1991, Schadron & Yzerbyt,
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1991, 1993) ayant montré que des experts peuvent être amenés à produire des jugements plus
stéréotypés que des non experts).
Sur le plan comportemental, l’hypothèse du contact entre les groupes est séduisante.
Elle postule que pour réduire l’impact des stéréotypes négatifs, et réduire par conséquent la
discrimination, il faut mettre les gens en contact les uns avec les autres. Mais comme Allport
(1954) le remarque, le simple fait que des groupes se côtoient davantage ne peut suffire à
restaurer l’harmonie. Selon Allport, le contact doit être prolongé, comporter de nombreuses
possibilités de rencontres. Il doit également comporter une activité coopérative (cf. Sherif).
Enfin le contact devrait concerner des personnes de statut égal, l’inverse ne pouvant conduire
qu’à renforcer les préjugés du groupe dominant. Les recherches donnent raison à Allport,
mais certaines montrent que le jugement interpersonnel est plus favorable quand le contact
avec la cible est plaisant, et que la personne est perçue comme stéréotypique de son groupe
(Wilder, 1984). Le fait d’avoir des buts communs et des conduites de coopération (Weigel,
Wiser & Cook, 1975, cités par Lippa, 1994:310) est ainsi plus important que le simple
contact. Avoir des activités communes, certes, mais Worchel (1986) montre que la réussite à
ces activités est déterminante : il faut donc veiller à ce qu’elle puisse être atteinte. Si enfin on
est leader d’un groupe, il apparaît nécessaire aussi d’identifier les membres de groupe comme
bien différents les uns des autres (« NON, on n’est pas tous pareils ! ») : Toutefois, une trop
grande ressemblance peut susciter une motivation à recréer la catégorisation par une
discrimination. Ainsi, dans le domaine éducatif, nier les différences ethniques n’apparaît pas
comme une bonne stratégie d’intégration, mais peut conduire comme le notent Yzerbyt et
Schadron (1996) à une position « assimilationniste », dans laquelle les personnes des groupes
dominés vont devoir se conformer aux normes et valeurs du groupe dominant. Affirmer et
exploiter les différences apparaît plus intéressant. Et combien plus enrichissant.
En guise de conclusion
Les relations entre les groupes expliquent l’existence des stéréotypes et des préjugés,
mais… les stéréotypes et les préjugés expliquent et justifient les relations entre les groupes
(entre autres, la discrimination). Les stéréotypes, les préjugés, et la discrimination…
(1) ne sont pas propres à certains groupes ou à certains individus (« moi aussi j’en ai ! »)
(2) avancent souvent masqués
(3) interviennent souvent de manière involontaire et inconsciente
(4) sont largement présents dans les médias, la publicité, les manuels scolaires…
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(5) favorisent et justifient la perpétuation des discriminations et des hiérarchies sociales
(6) Contrairement à ce que l’on croit, la discrimination peut apparaître très rapidement !
Comment alors changer vers plus d’égalité ?
Il apparaît finalement qu’on ne peut pas envisager de changer des stéréotypes /
préjugés et de lutter contre les discriminations en s’attaquant uniquement aux croyances des
individus. Il est absolument nécessaire d’agir à la fois sur les croyances individuelles et sur les
pratiques sociales, par exemple d’une part en luttant contre les stéréotypes négatifs par
l’information, l’éducation (on travaille ici au niveau de leur contenu…), d’autre part en
favorisant des dispositifs qui garantissent l’égalité (dans le recrutement le CV anonyme6 en
est un exemple). Et si les choses sont difficiles, pensons à Cyrano : « Que dites-vous ?... C'est
inutile ?... Je le sais ! Mais on ne se bat pas dans l’espoir du succès ! Non ! Non, c’est bien
plus beau lorsque c'est inutile ! Qu'est-ce que c'est que tous ceux-là ! Vous êtes mille ? Ah ! Je
vous reconnais, tous mes vieux ennemis ! Le Mensonge ? Tiens, tiens ! Ha ! ha ! Les
Compromis, les Préjugés, les Lâchetés !... Que je pactise ? Jamais, jamais ! Ah ! te voilà, toi,
la Sottise ! Je sais bien qu'à la fin vous me mettrez à bas ; N'importe : je me bats ! je me bats !
je me bats ! » (Rostand, Cyrano de Bergerac, scène VI).
Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre,
ni de réussir pour persévérer.
6 on peut à ce propos s’interroger sur les conséquences inattendues, voire perverses de son usage. En effet, s’il n’y a pas
d’iinformations explicites, les personnes peuvent avoir recours aux stéréotypes sans pouvoir les contrôler du tout, tandis qu’il
leur est possible de contrôler l’activation d’un stéréotype basé sur le nom du candidat, par exemple.
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Table des matières
PREJUGES, STEREOTYPES, ET DISCRIMINATION. DEFINITIONS. -----------------------------------------------------------1
ORIGINES DES STEREOTYPES, DES PREJUGES, ET DE LA DISCRIMINATION -----------------------------------------------4
Origines (1) : Personnalité --------------------------------------------------------------------------------------------- 4
Origines (2) : Le social ------------------------------------------------------------------------------------------------- 5
1. Contexte socio-économique ------------------------------------------------------------------------------------------------5
2. Conflit réel -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------5
3. Groupes de référence --------------------------------------------------------------------------------------------------------5
4. Apprentissage ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------6
Quelques illustrations : images de l’humain ----------------------------------------------------------------------------7
Origines (3) : cognition ------------------------------------------------------------------------------------------------- 9
FONCTIONNEMENT ------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 10
UN PROBLEME : L’EXPRESSION IMPLICITE---------------------------------------------------------------------------------- 13
Un exemple des effets automatiques des stéréotypes sur le comportement (Bargh, Chen, & Burrows, 1996,
étude 3)------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 14
COMMENT LUTTER ? CONTROLER ET REDUIRE ---------------------------------------------------------------------------- 14
EN GUISE DE CONCLUSION ---------------------------------------------------------------------------------------------------- 16
TABLE DES MATIERES --------------------------------------------------------------------------------------------------------- 18
REFERENCES -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 19
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