Universel-Singulier Vendredi 30 Octobre 2009 Rennes, Archives Départementales Déterminants psychosociaux du racisme et de la discrimination 1 Pascal Morchain Psychologue Social CRPCC-LAUREPS (EA 1285) Université Européenne de Bretagne Rennes2 1 Ce texte reprend le diaporama présenté lors de la conférence, et en précise, voire en développe certains points, en regard des interventions de l’auditoire. Pascal Morchain -Déterminants psychosociaux du racisme et de la discrimination- Rennes, 30 Octobre 2009 p.1 « Si la relativité se révèle juste, les Allemands diront que je suis allemand, les Suisses que je suis citoyen suisse, et les Français que je suis un grand homme de science. Si la relativité se révèle fausse, les Français diront que je suis suisse, les Suisses que je suis allemand, et les Allemands que je suis juif » Albert Einstein Par cette citation d’Albert Einstein, je veux montrer dès l’entrée que les stéréotypes, et la discrimination qui peut en résulter, sont toujours relatifs à un contexte, en l’occurrence ici la validation ou l’échec d’une théorie scientifique, qui aura pour conséquence l’attribution d’une nationalité, d’une confession,d’une identité, à son auteur. Et qui contribuera, d’une manière ou d’une autre, à rehausser la valeur de l’identité d’un groupe social dans son ensemble. Préjugés, Stéréotypes, et Discrimination. Définitions. Les termes « préjugés » et « stéréotypes » ont souvent, dans le langage quotidien, une connotation péjorative. Personne n’aime ainsi à être décrit comme quelqu’un « à préjugés », tout comme le fait de « développer une pensée stéréotypée » implique, dans le sens commun tout au moins, une certaine rigidité et une certaine fermeture. Mais si préjugés et stéréotypes peuvent présenter un contenu négatif, ils ont aussi un contenu positif. Par ailleurs, les stéréotypes ne présentent pas qu’un contenu, ils nous permettent d’expliquer les différences entre les groupes. Ils ont de plus une fonction essentielle : ils nous permettent de nous adapter à autrui. En d’autres termes, si je ne savais pas comment sont -ou qui sont-, en général, les chefs d’entreprise, je ne saurais pas comment rentrer en relation avec Dupond, chef d’entreprise2. Qu’est-ce qu’un préjugé ? C’est un jugement porté à l’égard -ou à l’encontre- de personnes dès lors que ces personnes sont reconnues comme membres d’un groupe. Il s’agit donc de la dimension évaluative d’une attitude. Ce jugement n’implique pas une quelconque interaction avec les personnes concernées. Ainsi, sans les avoir jamais rencontrés, je peux émettre un préjugé concernant les Abitibi-Témiscaminguais. Mais j’émets un préjugé si la situation le demande (je réponds à une enquête et j’aurais vraiment l’air idiot de ne pas répondre à l’enquêtrice qui est vraiment charmante). Comme attitude, le préjugé peut avoir trois dimensions : une dimension affective (« j’aime » ou « je n’aime pas »), évaluative (je trouve « bon », « mauvais », « meilleur »...), et conative (« j’ai l’intention d’agir de telle 2 Il s’agit ici de Françoise Dupond. Y aviez-vous spontanément pensé ? Pascal Morchain -Déterminants psychosociaux du racisme et de la discrimination- Rennes, 30 Octobre 2009 p.2 manière »). Certains auteurs (voir De la Haye, 1998 ; Sales-Wuillemin 2006) estiment que les dimensions sont affectif/évaluatif ; conatif ; cognitif. Dans ce cas, cette dernière dimension renvoie aux connaissances que les personnes ont du contenu, et font alors référence au stéréotype comme une dimension du préjugé. Si pour Allport (1954) le préjugé est négatif, pour Saenger dès 1953, un préjugé peut-être favorable. Si le mot préjugé est souvent connoté négativement, c’est parce que les chercheurs se sont évidemment intéressés aux préjugés défavorables, en raison de leurs conséquences. Les effets des préjugés favorables ne sont pas conçus comme problématiques. Selon Ashmore et Del Boca (1981), le terme de « stéréotype » a été formé par l’imprimeur français Didot en 1798. Formé du grec στερεοσ (solide), et τψποσ (caractère), il désigne un bloc obtenu par le moulage d’une page entière d’un ouvrage composée en caractères mobiles, et pouvant servir à plusieurs tirages. Etymologiquement donc, le stéréotype est un terme d’imprimerie, dont le synonyme est « cliché ». En psychologie sociale, on parle de stéréotype en matière d’opinion. Le terme apparaît chez le journaliste Walter Lippmann (1922), et désigne les « images dans notre tête », qui s’intercalent entre la réalité et la perception que nous en avons. Depuis Lippman, diverses définitions ont été proposées. On s’accorde toutefois pour dire qu’un stéréotype est une croyance concernant les caractéristiques communes des membres d’un groupe ou d’une catégorie sociale (voir par exemple Stroebe & Insko, 1989 ; Leyens, Yzerbyt & Schadron, 1994, 1996). Ce type de définition relie un contenu informatif (traits de personnalité, comportements, etc ...) à un groupe social : je vais dire que les femmes sont « intuitives », « sensibles », « sensuelles », et « bavardes », etc ... Les stéréotypes sont par ailleurs partagés, qu’on les utilise ou non (Devine, 1989 a,b) et qu’on soit ou non d’accord avec leur contenu. En d’autres termes, il faut dire tout de suite que l’on ne peut pas ne pas avoir de stéréotypes. Sans ces « images », on ne comprendrait pas notre monde social, on ne pourrait pas interagir avec autrui. C’est le contenu des stéréotypes qui peut vous amener à sourire à la boutade suivante : « Le Ciel ou l’Enfer ? Le Ciel, c’est un endroit où les cuisiniers sont Français, les amants Italiens, les policiers Anglais, les mécaniciens Allemands, et tout est organisé par les Suisses. L’Enfer, c’est le lieu où les cuisiniers sont Anglais, les amants Suisses, les policiers Allemands, les mécaniciens Français, et le tout est organisé par les Italiens ». Aujourd’hui, plus qu’à leur contenu, on s’intéresse à la nature du lien entre le contenu et le groupe (Schadron, Morchain, & Yzerbyt, 1996), au processus de stéréotypisation. Pascal Morchain -Déterminants psychosociaux du racisme et de la discrimination- Rennes, 30 Octobre 2009 p.3 La discrimination est liée aux stéréotypes et aux préjugés. Elle en est une conséquence comportementale, et renvoie aux comportements d’exclusion, ou à l’agression, pour autant que ces comportements soient liés aux jeux d’appartenances groupales (voir pour un exemple quotidien, Griffin, 1962). Dans cette présentation toutefois, on parlera aussi de discrimination en termes de perceptions et de jugements (Salès-Wuillemin, 2006). Bien sûr la discrimination ne concerne pas qu’une seule catégorie de personnes, il en existe différentes formes : Origine (nom, couleur de peau) ; Age ; Genre ; Handicap ; Apparence et surpoids ; Confession, etc. Le graphique suivant montre les discriminations à l’embauche suivant différents critères : Discrimination dans le recrutement : quelques résultats d’Amadieu (2006) http://www.adia.fr/AnnonceDis.htm, le 20 Avril 2007 A ce point de l’exposé, on retiendra ces deux encadrés : stéréotype : « perception » préjugé : jugement discrimination : conduite Le préjugé est contrôlé Le stéréotype est automatique La discrimination peut-être automatique ou contrôlée Pascal Morchain -Déterminants psychosociaux du racisme et de la discrimination- Rennes, 30 Octobre 2009 p.4 Origines des stéréotypes, des préjugés, et de la discrimination Comme le montre le schéma suivant, 3 origines ont été repérées dans la littérature en psychologie sociale : « Sociale » : Apprentissage, Contexte de l’interaction … Psychodynamique : Personnalité autoritaire Stéréotypes Catégorisation Les origines « psychodynamique » et « sociale » font référence au contenu des stéréotypes et aux formes de la discrimination, l’origine cognitive (« catégorisation ») fait référence à des processus. Origines (1) : Personnalité Le modèle de la « Personnalité autoritaire » (Adorno & al. 1950) est représentatif du courant psychodynamique. Pour Adorno et ses collègues, qui développent leur théorie dans une perspective freudienne, l’origine des stéréotypes renvoie à un type particulier de personnalité, marquée par la rigidité, le dogmatisme. Les stéréotypes (négatifs) et la discrimination seraient, dans cette optique, liés au type de relations au sein de la famille. Mais ce courant néglige les contextes situationnels et socio-culturels dans lesquels les stéréotypes sont élaborés et émis. Ces contextes apparaissent pourtant déterminants dans la compréhension du phénomène. Ainsi Minard (1952) montre que, dans une communauté minière de Virginie, plus de 80 % des blancs manifestent de l’estime et de la solidarité envers les noirs, quand tous sont dans la mine. En dehors de cette situation, à peine 20 % maintenaient de telles relations ... Si les évaluations des mêmes personnes varient selon les contextes, comment peuvent-elles renvoyer à la personnalité, censée rendre compte de stabilité ? Par ailleurs, une approche en termes de personnalité ne peut rendre compte, par exemple, ni du changement d’attitude américain envers les japonais, changement survenu juste après Pearl Harbour, ni des attitudes anti-sémites dans l’Allemagne hitlerienne. Ces Pascal Morchain -Déterminants psychosociaux du racisme et de la discrimination- Rennes, 30 Octobre 2009 p.5 exemples indiquent que les stéréotypes peuvent difficilement être reliés de manière causale au type de relations familiales, bien qu’ils soient aussi véhiculés au sein des familles. Origines (2) : Le social Le mot « social » est ici très large, puisqu’on fait référence à la fois au socius, et au sociétal. 1. Contexte socio-économique : La théorie du « bouc émissaire » (Dollard, 1934 ; Hovland & Sears, 1940) : lorsque les frustrations sont trop fortes, nous serions tentés de diriger notre hostilité vers des groupes minoritaires, censés être à l’origine de ces frustrations. En accord avec cette hypothèse, Hovland & Sears (1940) ont constaté l’existence d’une relation entre le lynchage des Noirs et le niveau de prospérité économique du sud des EtatsUnis (corrélation négative entre le prix du coton et le nombre de lynchages). Cela étant, l’existence d’un lien causal entre frustration et agression n’a jamais vraiment été démontré. Par ailleurs, peut-être n’est-ce pas la frustration en elle-même, mais la perception d’une injustice, ou le sentiment d’une injustice, qui est à l’origine des stéréotypes. Il s’agirait alors de ce que l’on appelle l’équité relative (Walster & al., 1978) : la perception d’injustice sociale provoque un malaise psychologique qui nous pousserait à rétablir l’équité, soit par l’ajustement matériel, soit par une réinterprétation de la situation. 2. Conflit réel. Dans cette optique les stéréotypes s’expliquent par les rapports sociaux conflictuels entre les groupes. Par exemple, Avigdor (1953) place des groupes dans des situations soit compétitives, soit coopératives. Elle note l’apparition de stéréotypes plutôt négatifs dans les situations compétitives, plutôt positifs dans les situations coopératives. C’est aussi ce que montrent Sherif et ses collaborateurs (1961, 1966) dans une série d’expériences menées en camps de vacances : des activités compétitives augmentent l’émission de jugements défavorables et de comportements discriminatoires à l’égard de ceux des autres groupes. Seule l’activité coopérative amène un changement dans les jugements et les comportements. Cependant, comme l’indique Brewer (1979), le conflit n’est pas une condition nécessaire et suffisante pour expliquer l’apparition des stéréotypes. 3. Groupes de référence. De très nombreux travaux montrent que les stéréotypes et les éventuelles conduites de discrimination sont appris au sein des différents groupes de référence. Comme l’a par exemple montré Newcomb (1943), les attitudes apprises dans un groupe peuvent se transformer, ou perdurer, en fonction du groupe de référence : après Pascal Morchain -Déterminants psychosociaux du racisme et de la discrimination- Rennes, 30 Octobre 2009 p.6 plusieurs mois passés à l’université, des étudiants blancs conservateurs adoptent des attitudes raciales plus tolérantes qui correspondent à celles de leur nouveau groupe de référence. 4. Apprentissage (a) Apprentissage par imitation. Plusieurs recherches ont par exemple montré que les enfants blancs qui développent le plus de jugements négatifs à l’encontre des Noirs ont simplement observé et copié les attitudes racistes de leurs parents (voir Bourhis & Gagnon, 1994 ; Bourhis & Leyens, 1994). (b) Simple Observation de la structure sociale. Selon Eagly (Eagly & Steffen, 1984 ; Eagly, 1987 ; Eagly & Kite, 1987), les stéréotypes résultent, soit de la conséquence de l’observation de différences réelles entre différents groupes dans une société donnée, soit d’influences sociales (mass media, interactions sociales). Pour elle, les stéréotypes ethniques et sexuels découleraient des rôles sociaux occupés par les protagonistes lors de contacts entre groupes. Ces rôles déterminent pour une large part les comportements et l’observation de ces comportements fournit les données sur lesquelles les gens vont se former une image des groupes concernés. Eagly (1987) soutient par exemple que notre vision des femmes et des hommes est biaisée par la structure sociale qui contraint les comportements de chacun : c’est parce que nous avons plus souvent l’occasion d’observer les hommes plus que les femmes dans des positions élevées des hiérarchies que nous associerions aux hommes plus qu’aux femmes des caractéristiques de personnalité telles que la compétence, l’autorité... (c) Mass media (Morchain, 1982 ; mais surtout Furnham et ses collègues, dès 1997 ; et Marchand, 2004). la façon dont les articles de journaux ou les actualités télévisées présentent les groupes minoritaires peut renforcer les stéréotypes concernant ces groupes. Songez par exemple à l’amalgame qui fut fait en France avant les attentats du 11 Septembre 2001 : « Sans- papiers/clandestins/immigrés/“Arabes”3/chômage/violence ». Depuis le 11 septembre 2001, on voit plutôt apparaître les liaisons « Arabes »/Islam/Terrorisme. Les pages suivantes illustrent la transmission des stéréotypes (au niveau de leur contenu) et indiquent une potentielle (et parfois réelle) discrimination. 3 Il serait d’ailleurs intéressant de creuser ce à quoi réfère chez nos contemporains l’étiquette « Arabe » : à une nationalité, à une culture, à une langue, à une confession, à tous ces critères? Pascal Morchain -Déterminants psychosociaux du racisme et de la discrimination- Rennes, 30 Octobre 2009 p.7 Quelques illustrations : images de l’humain La France et ses colonies (Algérie) Collection Kharbine- Tabapor Echelle unilinéaire des « races » humaines (Nott & Gliddon, 1868) « La notion de « race » (…) a son origine en biologie et désigne une espèce génétiquement distincte d’une autre (Osborne, 1971). Cette notion fut utilisée au XIXème siècle par les ethnologues, qui divisèrent l’espèce humaine en trois « races » selon leur couleur de peau : noire, jaune, et blanche. Depuis, les généticiens ont montré que les différences entre personnes d’une même race sont bien plus importantes que les différences entre les « races » (Stringer, 1991 ; cf. aussi les recherches sur le génome humain). En conséquence, le terme race ne peut s’appliquer aux êtres humains (UNESCO, 1969). Si donc cette notion n’a guère de fondements biologiques, elle reste pourtant utilisée par certains groupes racistes, et plus généralement on en trouve trace dans le langage commun. C’est qu’elle a une fonction sociale importante. Elle permet en effet d’expliquer les évènements, les différences entre les êtres humains, de justifier les exclusions et finalement de maintenir les inégalités sociales. Dès 1953, Saenger écrivait « La propagation de la théorie de l’infériorité raciale ne sert pas seulement à apaiser la conscience des groupes exploitants majoritaires, elle est souvent spécifiquement adaptée à leurs besoins économiques changeants. Elle ne dit pas uniquement que les minorités opprimées sont “heureuses” de leur situation, mais elle explique plus particulièrement que le groupe dominé ne peut pas effectuer le travail duquel il a été exclu au bénéfice du dominant. » (pp.88-89). Le même phénomène se produit dans le cas du sexisme. » (Morchain, 2009, p.105-106) Pascal Morchain -Déterminants psychosociaux du racisme et de la discrimination- Rennes, 30 Octobre 2009 p.8 Noirs, Chinois, Juifs... Dans Tintin Tintin au Congo, 1931 Le lotus bleu, 1936 Une vignette qui a disparu L’étoile Mystérieuse Bohlwinkel L’étoile Mystérieuse, 1942 Initialement appelé Blumenstein, financier de New York. Pour ne pas être taxé d’antisémitisme Hergé le renomma par la suite Bohlwinkel (« magasin de bonbons », en bruxellois). Il se rendit compte par la suite que le nom restait un nom juif La publicité pour jeux et jouets dans les magazines au moment des fêtes (2008) Pascal Morchain -Déterminants psychosociaux du racisme et de la discrimination- Rennes, 30 Octobre 2009 p.9 Images de la femme (2008) A la fois séductrice et au foyer… Femme-jouet… Origines (3) : cognition Tajfel (1970, 1972) a montré que le simple fait de catégoriser aléatoirement des sujets en deux groupes entraîne l’apparition du biais pro-endogroupe, c’est-à-dire la tendance à surévaluer son propre groupe et à sous-évaluer l’autre groupe (voir Ferguson & Kelley, 1964), ce que Sumner (1906) appelle « ethnocentrisme ». Ainsi, la condition nécessaire et suffisante à l’élaboration des stéréotypes réside dans les processus de catégorisation. Imaginez que je vous demande : « Comment sommes-nous, nous, les lecteurs de cet article ? ». Je gage que « l’image » que vous développez est plutôt positive. Imaginez maintenant que je vous demande « Comment sont-ils, eux, les lecteurs de cet article ? ». Je gage que « l’image » est maintenant moins positive. Imaginez maintenant un contexte impliquant la compétition, ou encore un contexte de propagande, ou encore un contexte dans lequel vous « gagnez » moins ou croyez gagner moins- que les autres, et vous avez compris comment le contexte peut influer sur le processus. Dans l’ensemble, et a minima, ces recherche sont montré (1) sur le plan des jugements : « nous sommes un peu meilleurs qu’eux » ; (2) sur le plan des comportements : nous récompensons davantage les membres de notre groupe (endogroupe) que les membres de l’autre groupe (exogroupe). Pascal Morchain -Déterminants psychosociaux du racisme et de la discrimination- Rennes, 30 Octobre 2009 p.10 Le simple fait d’être catégorisé dans un groupe ou une catégorie entraîne la perception que … NOUS EUX … et entraîne facilement la discrimination. C’est donc parce que nous avons besoin de classer les objets de notre environnement que nous développons des stéréotypes et avons des conduites discriminatoires. Le contexte social / sociétal vient ensuite renforcer ou inhiber le processus. Fonctionnement Dès 1922, Lippmann définit les stéréotypes comme des « images dans la tête », qui s’intercalent entre la réalité et la perception que nous en avons. En d’autres termes, les stéréotypes sont conçus comme des filtres cognitifs. Réalité Leur impact peut Perception de la réalité STEREOTYPES être situé à deux niveaux : perception-jugements et comportements. Comme le montre le schéma ci-dessous, quand impact il y a, il peut être positif ou négatif STEREOTYPES Perception, Jugements + Comportement Discrimination Non-Discrimination Pascal Morchain -Déterminants psychosociaux du racisme et de la discrimination- Rennes, 30 Octobre 2009 p.11 En fait, tout dépend du contexte (économique, social, sociétal…) ! Par exemple dès 1935 Katz et Braly montrèrent que des stéréotypes négatifs sont plus tranchés en public qu’en privé, tout simplement parce qu’il est de bon ton de les émettre. En général, s’il y a conflit pré-existant ou anticipé, s’il y a des inégalités ou des inéquités perçues, ou encore quand la situation implique la nécessité de justifier4, la probabilité de discrimination augmente. Il existe aussi des normes de non-discrimination : certains groupes sont protégés normativement, en fonction des valeurs du moment. Par exemple, Franco et Maass (1999) montrèrent la variabilité de désirabilité 9 de certains 8 clairement, groupes comme confessionnels : le montre le graphique ci-contre, pour les sujets 7 6 5 interrogés (des Catholiques italiens), il 4 est acceptable d’émettre des opinions 3 défavorables 2 envers les Islamistes fondamentalistes, mais pas envers les 1 Islamistes Fondamentalistes Témoins de Jéhovah Hare Krishna Juifs Juifs5. C’est que l’Histoire est passée par là… Les normes et les valeurs amènent ainsi les personnes à contrôler leurs conduites. En voici un exemple tiré de Hergé (Coke en Stock, version de 1958 et de 1967). On voit que le vocabulaire des Noirs a changé : en 1967, il est plus conforme à la langue française, « normalisé ». 4 Schadron & Morchain, 2003. 5 Ce graphique est adapté d’après Franco & Maass (1999) : on montre uniquement ici les opinions concernant des groupes de croyances religieuses. (1 = Totalement inacceptable, 9 = Totalement acceptable [d’émettre des opinions négatives]). Pascal Morchain -Déterminants psychosociaux du racisme et de la discrimination- Rennes, 30 Octobre 2009 p.12 1958 1967 Les valeurs peuvent ainsi amener les personnes non seulement à éviter de juger (négativement), à contrôler leurs conduites, mais aussi à aider ceux qui sont discriminés, comme ce fut le cas au Chambon sur Lignon lors de la seconde guerre mondiale (voir encadré). « Dès 1937 ce village accueillait des réfugiés espagnols, en 1938 des réfugiés du nazisme, et en 1940 des Juifs, sans rencontrer vraiment de réactions des autorités. Le Samedi 22 Juin 1940, Philippe Pétain signe l’armistice à 18h30 et se dit prêt à arrêter tous les réfugiés et à les déporter en Allemagne, si Hitler le demande. Le lendemain, au Chambon, les pasteurs André Trocmé et Edouard Theis prononcent lors de l’office un sermon s’opposant à cette décision : « (…) Cette doctrine [totalitaire] n’est rien d’autre que l’antichristianisme. C’est pour nous une question de conscience que de l’affirmer, aujourd’hui comme hier. Il est à peu près certain que des enfants de notre église ont donné leur vie pour combattre cette doctrine. (…) D’abord, abandonnons aujourd’hui toutes nos divisions entre chrétiens, et toutes nos chicanes entre Français. Cessons de nous étiqueter, de nous désigner les uns les autres par ces termes où nous mettons du mépris : droite et gauche, paysans, ouvriers, intellectuels, prolétaires ou possédants, et de nous accuser mutuellement de tous les méfaits. Recommençons à nous faire confiance les uns aux autres, et à nous saluer et à nous accueillir, en nous rappelant à chaque rencontre, comme le faisaient les premiers chrétiens, que nous sommes frères et soeurs en Jésus-Christ. Ensuite, ayant abandonné ces méfiances et ces haines, ainsi que les passions politiques auxquelles elles sont accrochées, groupons-nous décidément autour de Jésus-Christ, le chef de l’Église universelle, et adoptons, comme source de pensée, d’obéissance et d’action, son évangile, rien que son évangile. Enfin comprenons que le retour à l’obéissance nous oblige à des ruptures, ruptures avec le monde, ruptures avec des manières de vivre que nous avions acceptées jusqu’ici. Des pressions païennes formidables vont s’exercer (…) sur nous-mêmes et sur nos familles, pour tenter de nous entraîner à une soumission passive à l’idéologie totalitaire. Si l’on ne parvient pas tout de suite à soumettre nos âmes, on voudra soumettre tout au moins nos corps. Le devoir des chrétiens est d’opposer à la violence exercée sur leur conscience les armes de l’Esprit. » (retrouvé sur le site http://www.chambon.org/lcsl_texte_1940_fr.htm). Ce sermon fait très clairement appel aux valeurs chrétiennes, et s’oppose non moins clairement à l’idéologie pétainiste. C’est un appel aux valeurs et à l’identité réunie, pour lutter contre un Nouvel Ordre et ses valeurs inhumaines. Il appelle à la désobéissance civile, au nom des idéaux chrétiens. Les 16 et 17 Juillet 1942 la police française arrêta à Paris environ 13000 Juifs. (…) Si [au Chambon] une vingtaine de personnes furent arrêtées et déportées, on estime que 5000 personnes, dont 3500 Juifs, ont été sauvées au Chambon et dans les villages environnants (Rochat & Modigliani, 1995). » (Morchain, 2009, pp.97-98) Pascal Morchain -Déterminants psychosociaux du racisme et de la discrimination- Rennes, 30 Octobre 2009 p.13 Un problème : l’expression implicite La majeure partie du temps, les stéréotypes (positifs et négatifs) et la discrimination s’appliquent en automatisme, à l’insu de la personne, et l’expression passe par le langage. C’est le cas par exemple de l’infra-humanisation et du biais linguistique intergroupes. L’infra-humanisation (Leyens & al., 2000, Demoulin & al., 2004, Vaes & al., 2002, 2003) consiste en l’attribution préférentielle aux membres d’exogroupes, des émotions primaires (moins humaines, i.e. partagées par d’autres espèces animales). Les Emotions Secondaires sont quant à elles ressenties (sont décrites comme) essentiellement par l’être humain. Les émotions primaires prototypiques sont par exemple la Surprise, la Rage, la Colère, la Douleur, le Plaisir, la Joie, la Peur ; les Emotions secondaires prototypiques, la Tendresse, l’Amour, l’Espérance, la Culpabilité, et la Honte. Dans l’infra-humanisation, l’attribution d’émotions se fait de manière non consciente. L’infra-humanisation n’est pas un déni d’humanité, qui est conscient (les Juifs appelés UnMensch ou Untermensch par les nazis par exemple). Quant au Biais linguistique intergroupes (Maass & al., 1989), il consiste en une utilisation biaisée des catégories linguistiques en fonction de la désirabilité de l’événement et du groupe de la cible. Le schéma suivant (tiré d’un diaporama de Yvette Assilaméhou, Université Rennes2) en donne un exemple : Description d’un comportement Désirables de l’endogroupe Indésirables de l’exogroupe Désirables de l’exogroupe Indésirables de l’endogroupe Termes abstraits Adjectifs Termes concrets Verbes d’action " Zidane est talentueux " " Materazzi est agressif " " Materazzi marque un but " " Zidane met un coup de boule " Pascal Morchain -Déterminants psychosociaux du racisme et de la discrimination- Rennes, 30 Octobre 2009 p.14 Un exemple des effets automatiques des stéréotypes comportement (Bargh, Chen, & Burrows, 1996, étude 3) sur le Dans cette étude, les sujets doivent estimer si le nombre de points qui apparaît brièvement dans un carré sur un écran d’ordinateur est pair ou impair. Pendant que les sujets fixent le carré, entre les différents essais du jeu, des visages de Noirs ou de Blancs sont présentés pendant environ 20 ms avant chaque essai (les gens n’en sont pas conscients, on parle d’un F1 Error : Failure saving data amorçage). Après 300 essais apparaît un message d’erreur, et l’expérimentateur dit : « Je suis désolé, mais on dirait que vous allez devoir recommencer l’expérience ». Naturellement, les sujets sont fort énervés, et l’on mesure leur hostilité envers l’expérimentateur. C’est dans le cas où ils ont été amorcés avec des visages Noirs que les personnes se montrent le plus hostiles. La raison en est qu’aux USA l’agressivité est un des traits associés aux Noirs. La situation impliquant l’hostilité étant congruente au stéréotype activé, ce dernier a pu se traduire ici par une conduite. Comment lutter ? Contrôler et réduire « Il est plus difficile de désagréger un préjugé qu’un atome » (A. Einstein) On vient de le voir, ces mécanismes sont automatiques, non conscients (Bargh, Chen & Burrows, dès 1996 ; Dijksterhuis & van Knippenberg, dès 1998 ; Devine, dès 1989). Pourtant ils ne s’appliquent pas de n’importe quelle manière, il existe chez les personnes un contrôle au niveau non conscient : si elles estiment, sans qu’elles en soient conscientes, qu’un stéréotype ne peut pas s’appliquer dans une situation, elle ne l’utilisent pas (toujours sans en être conscientes, voir Schadron & Morchain, 2008). Par ailleurs, si les processus s’appliquent automatiquement, on peut toujours travailler sur les contenus, et les modifier peu ou prou. Enfin, l’application automatique des stéréotypes, qui peut entraîner la discrimination, est proche de la conduite automobile ou de nombre de nos routines quotidiennes : elle résulte d’un apprentissage. Elle est donc susceptible de pouvoir être modifiée. Pascal Morchain -Déterminants psychosociaux du racisme et de la discrimination- Rennes, 30 Octobre 2009 p.15 Au niveau individuel, sur le plan cognitif tout d’abord, quand nous sommes conscient de leur existence, de leurs conséquences, et qu’ils nous gênent, nous pouvons contrôler nos stéréotypes. Ainsi Devine (1989, Devine & al., 1991) demande à des étudiants blancs de lister consciemment leurs croyances sur les noirs américains. Elle montre que les étudiants « racistes » listent beaucoup plus de traits négatifs que les « non-racistes ». Etre conscient de l’existence des stéréotypes peut donc atténuer leur production, particulièrement dans un contexte de non-discrimination. On peut également redéfinir les personnes en termes d’individus (hypothèse de la décatégorisation, Wilder, 1978 ; Brewer, 1988). Selon Brewer (1988), la personnalisation implique une décatégorisation, ce qui réduit la probabilité que des expériences avec cet individu soient généralisées sous quelque forme que ce soit à des catégories sociales. Cette hypothèse est conforme avec les recherches montrant la difficulté de juger un agrégat (Schadron, Morchain, & Yzerbyt, 1996). Utiliser une catégorie supérieure réduit également la discrimination. En effet, dans ce cas, la partition englobe différentes catégories (exemple : catégoriser les individus comme « Humains » à la place d’« Hommes »« Femmes ») et atténue en quelque sorte les différences. Une autre alternative est celle du croisement catégoriel (Deschamps & Doise, 1979). Comme on l’a dit plus haut, il y a catégorisation « croisée » quand il y a pour chaque sujet une dichotomie entre sa catégorie d’appartenance et l’autre catégorie selon une première catégorisation qui ne se recouvre pas mais qui se croise avec sa catégorie d’appartenance et l’autre catégorie selon une seconde catégorisation (p.295). Les recherches montrent que si la double catégorisation accentue le biais proendogroupe, le croisement catégoriel l’atténue (Brown & Turner, 1981). Par exemple, si quand je suis en voiture je me définis comme du département 35 (à cause de ma plaque minéralogique) et que la voiture qui me précède est du 22, qu’en plus c’est une femme qui est au volant, il y a double catégorisation (il est donc probable que je sois quelque peu discriminant. Si en plus sa voiture est fort différente de la mienne…). Mais si, bien que je sois « 35 » et l’autre « 22 », je constate que le conducteur est un homme, il y a croisement catégoriel (il est donc probable que je sois moins discriminant. Si en plus sa voiture est comme la mienne, ça devrait aider…). Il apparaît également nécessaire de prendre le temps avant d’émettre un jugement, les contraintes temporelles entraînant en effet plus de jugements stéréotypés (Kruglanski et al., 2002) .Chercher l’information infirmante est aussi une stratégie possible (qu’est-ce qui fait que l’autre est différent de ce que je pensais au départ). Enfin éviter de se considérer comme « expert » peut aussi aider (la jugeabilité sociale (Schadron, dès 1991, Schadron & Yzerbyt, Pascal Morchain -Déterminants psychosociaux du racisme et de la discrimination- Rennes, 30 Octobre 2009 p.16 1991, 1993) ayant montré que des experts peuvent être amenés à produire des jugements plus stéréotypés que des non experts). Sur le plan comportemental, l’hypothèse du contact entre les groupes est séduisante. Elle postule que pour réduire l’impact des stéréotypes négatifs, et réduire par conséquent la discrimination, il faut mettre les gens en contact les uns avec les autres. Mais comme Allport (1954) le remarque, le simple fait que des groupes se côtoient davantage ne peut suffire à restaurer l’harmonie. Selon Allport, le contact doit être prolongé, comporter de nombreuses possibilités de rencontres. Il doit également comporter une activité coopérative (cf. Sherif). Enfin le contact devrait concerner des personnes de statut égal, l’inverse ne pouvant conduire qu’à renforcer les préjugés du groupe dominant. Les recherches donnent raison à Allport, mais certaines montrent que le jugement interpersonnel est plus favorable quand le contact avec la cible est plaisant, et que la personne est perçue comme stéréotypique de son groupe (Wilder, 1984). Le fait d’avoir des buts communs et des conduites de coopération (Weigel, Wiser & Cook, 1975, cités par Lippa, 1994:310) est ainsi plus important que le simple contact. Avoir des activités communes, certes, mais Worchel (1986) montre que la réussite à ces activités est déterminante : il faut donc veiller à ce qu’elle puisse être atteinte. Si enfin on est leader d’un groupe, il apparaît nécessaire aussi d’identifier les membres de groupe comme bien différents les uns des autres (« NON, on n’est pas tous pareils ! ») : Toutefois, une trop grande ressemblance peut susciter une motivation à recréer la catégorisation par une discrimination. Ainsi, dans le domaine éducatif, nier les différences ethniques n’apparaît pas comme une bonne stratégie d’intégration, mais peut conduire comme le notent Yzerbyt et Schadron (1996) à une position « assimilationniste », dans laquelle les personnes des groupes dominés vont devoir se conformer aux normes et valeurs du groupe dominant. Affirmer et exploiter les différences apparaît plus intéressant. Et combien plus enrichissant. En guise de conclusion Les relations entre les groupes expliquent l’existence des stéréotypes et des préjugés, mais… les stéréotypes et les préjugés expliquent et justifient les relations entre les groupes (entre autres, la discrimination). Les stéréotypes, les préjugés, et la discrimination… (1) ne sont pas propres à certains groupes ou à certains individus (« moi aussi j’en ai ! ») (2) avancent souvent masqués (3) interviennent souvent de manière involontaire et inconsciente (4) sont largement présents dans les médias, la publicité, les manuels scolaires… Pascal Morchain -Déterminants psychosociaux du racisme et de la discrimination- Rennes, 30 Octobre 2009 p.17 (5) favorisent et justifient la perpétuation des discriminations et des hiérarchies sociales (6) Contrairement à ce que l’on croit, la discrimination peut apparaître très rapidement ! Comment alors changer vers plus d’égalité ? Il apparaît finalement qu’on ne peut pas envisager de changer des stéréotypes / préjugés et de lutter contre les discriminations en s’attaquant uniquement aux croyances des individus. Il est absolument nécessaire d’agir à la fois sur les croyances individuelles et sur les pratiques sociales, par exemple d’une part en luttant contre les stéréotypes négatifs par l’information, l’éducation (on travaille ici au niveau de leur contenu…), d’autre part en favorisant des dispositifs qui garantissent l’égalité (dans le recrutement le CV anonyme6 en est un exemple). Et si les choses sont difficiles, pensons à Cyrano : « Que dites-vous ?... C'est inutile ?... Je le sais ! Mais on ne se bat pas dans l’espoir du succès ! Non ! Non, c’est bien plus beau lorsque c'est inutile ! Qu'est-ce que c'est que tous ceux-là ! Vous êtes mille ? Ah ! Je vous reconnais, tous mes vieux ennemis ! Le Mensonge ? Tiens, tiens ! Ha ! ha ! Les Compromis, les Préjugés, les Lâchetés !... Que je pactise ? Jamais, jamais ! Ah ! te voilà, toi, la Sottise ! Je sais bien qu'à la fin vous me mettrez à bas ; N'importe : je me bats ! je me bats ! je me bats ! » (Rostand, Cyrano de Bergerac, scène VI). Point n’est besoin d’espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer. 6 on peut à ce propos s’interroger sur les conséquences inattendues, voire perverses de son usage. En effet, s’il n’y a pas d’iinformations explicites, les personnes peuvent avoir recours aux stéréotypes sans pouvoir les contrôler du tout, tandis qu’il leur est possible de contrôler l’activation d’un stéréotype basé sur le nom du candidat, par exemple. Pascal Morchain -Déterminants psychosociaux du racisme et de la discrimination- Rennes, 30 Octobre 2009 p.18 Table des matières PREJUGES, STEREOTYPES, ET DISCRIMINATION. DEFINITIONS. -----------------------------------------------------------1 ORIGINES DES STEREOTYPES, DES PREJUGES, ET DE LA DISCRIMINATION -----------------------------------------------4 Origines (1) : Personnalité --------------------------------------------------------------------------------------------- 4 Origines (2) : Le social ------------------------------------------------------------------------------------------------- 5 1. Contexte socio-économique ------------------------------------------------------------------------------------------------5 2. Conflit réel -----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------5 3. Groupes de référence --------------------------------------------------------------------------------------------------------5 4. Apprentissage ------------------------------------------------------------------------------------------------------------------6 Quelques illustrations : images de l’humain ----------------------------------------------------------------------------7 Origines (3) : cognition ------------------------------------------------------------------------------------------------- 9 FONCTIONNEMENT ------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 10 UN PROBLEME : L’EXPRESSION IMPLICITE---------------------------------------------------------------------------------- 13 Un exemple des effets automatiques des stéréotypes sur le comportement (Bargh, Chen, & Burrows, 1996, étude 3)------------------------------------------------------------------------------------------------------------------ 14 COMMENT LUTTER ? CONTROLER ET REDUIRE ---------------------------------------------------------------------------- 14 EN GUISE DE CONCLUSION ---------------------------------------------------------------------------------------------------- 16 TABLE DES MATIERES --------------------------------------------------------------------------------------------------------- 18 REFERENCES -------------------------------------------------------------------------------------------------------------------- 19 Pascal Morchain -Déterminants psychosociaux du racisme et de la discrimination- Rennes, 30 Octobre 2009 p.19 Références Adorno, T.W., Frenkel-Brunswik, E., Levinson, D.J. & Sanford, R.N. (1950). The Authoritarian Personality. New-York : Harper & Row. Allport, G. (1954). The nature of prejudice. Reading, Mass : Addison-Westley. Ashmore, R.D., & Del Boca, F.K. (1981). Conceptual approaches to stereotypes and stereotyping. In D. L. Hamilton (Ed.), Cognitive processes in stereotyping and intergroup behavior. 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