Format PDF - Revue d`études comparatives Est-Ouest

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Revue d'études comparatives Est-Ouest
44-3 | 2013
Entre atlantisme et européisme
À la croisée des traditions, conceptions et
questionnements
Une brève histoire des (dis)continuités dans les études mémorielles en
Pologne
At the crossroads between traditions, conceptions et interrogations: A brief
history of the (dis)continuities in “memory studies” in Poland
Kornelia Kończal
Éditeur
Éditions NecPlus
Édition électronique
URL : http://receo.revues.org/1370
ISSN : 2259-6100
Édition imprimée
Date de publication : 15 septembre 2013
Pagination : 125-171
ISBN : 9782358760867
ISSN : 0338-0599
Référence électronique
Kornelia Kończal, « À la croisée des traditions, conceptions et questionnements », Revue d'études
comparatives Est-Ouest [En ligne], 44-3 | 2013, mis en ligne le 15 septembre 2016, consulté le 28 mars
2017. URL : http://receo.revues.org/1370
© NecPlus
Revue d’études comparatives Est-Ouest, 2013,
vol. 44, n° 3, pp. 125-171
À LA CROISÉE DES TRADITIONS,
CONCEPTIONS ET QUESTIONNEMENTS
:
UNE BRÈVE HISTOIRE DES (DIS)CONTINUITÉS DANS LES
ÉTUDES MÉMORIELLES EN
POLOGNE
Kornelia KOŃCZAL
Doctorante à l’Institut universitaire européen, Florence ;
[email protected]
RÉSUMÉ : Malgré une longue tradition et des instruments de recherche intéressants, les approches polonaises des études sur la mémoire sont largement
inconnues hors de la Pologne. La présentation des travaux de sociologues
comme Stefan Czarnowski, Nina Assorodobraj-Kula et Barbara Szacka et des
historiens, avant tout ceux intéressés par les imaginaires sociaux et les identités collectives, met en question l’opinion bien établie sur la montée de la
mémoire depuis les années 1970 : elle prouve tout d’abord que l’exploration de
la mémoire sociale/collective a une histoire beaucoup plus longue que nous
ne le pensons ; elle démontre ensuite qu’il y a aussi d’autres instruments de
recherche et catégories analytiques que les récits dominants sur l’histoire des
études mémorielles nous le suggèrent. Un bref aperçu des nouveaux développements dans ce champ complète la vue d’ensemble sur la généalogie et l’histoire
des études sur la mémoire réalisées en Pologne au cours du dernier siècle.
MOTS CLÉS : sciences humaines et sociales, études sur la mémoire, méthodologie,
Pologne.
126 kornelia końCzal
Les années 1970 sont marquées par l’émergence de la notion de
« mémoire » dans les sciences humaines et sociales. Nombre d‘historiens, sociologues et philosophes ont répété que les années 1980 et 1990
étaient celles de « l’omniprésence de la mémoire. » Citons ici François
Bédarida :
Brusquement, vers le milieu des années 1970 – et le phénomène, loin
d’être purement français, est international – le mot mémoire envahit
tout. En peu de temps, on assiste à une valorisation exponentielle, qui
fait de la mémoire le vecteur central de nos sociétés. Non seulement,
on la cultive et on exalte ses vertus, mais on l’érige en impératif catégorique. Autour du « devoir de mémoire », absolu, universel, imprescriptible, un nouveau culte se constitue : le culte mémoriel.
Bédarida, 1998, p. 89.
Dans la plupart des cas, les descriptions du « memory boom » se
réfèrent à la conjoncture mémorielle en France (Dosse, 1998), en
Allemagne (Schmidt, 1991) et aux États-Unis (Olick, 2008). Pour
Aleida Assmann, l’une des igures les plus connues dans le domaine
des études sur la mémoire dans le monde germanique, ces trois pays
représentent même les trois traditions principales dans les études
mémorielles (Assmann, 2004).
Les principaux ouvrages français, allemands et anglais consacrés au
développement de la rélexion moderne sur la mémoire, tant individuelle que collective, forment une sorte de galerie de noms classiques
voire canoniques : Hermann Ebbinghaus (1850-1909), William James
(1842-1910), Frederic C. Bartlett (1886-1969) d’un côté ; Henri Bergson
(1859-1941), Maurice Halbwachs (1877-1945), Sigmund Freud (18561939) et Aby Warburg (1866-1929) de l’autre. Occasionnellement, l’on
peut trouver dans des ouvrages ouest-européens ou américains des
recherches et articles d’auteurs originaires d’Europe centrale et orientale. La « (re)découverte » récente des écrits du psychologue russe
Aleksej N. Leont’ev (1903-1979) en Allemagne en est un bon exemple
(Leont’ev, 2001 ; voir aussi Kölbl & Straub, 2010). Cependant, c’est
plutôt l’exception qui conirme la règle puisque la plupart de ces contributions à l’étude de la mémoire ne sont connues que dans leur pays
d’origine. Pour la période précédant 1989, la non-réception en Europe
de l’Ouest des ouvrages rédigés derrière le rideau de fer résulte d’un
manque de contacts et de coopération. Dans le cas des vingt dernières
années, il s’agit très souvent d’une absence de traductions, destin fatal
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TradiTions, concepTions eT quesTionnemenTs : éTudes mémorielles en pologne 127
des « petites langues » (Buchowski, 2004). Plus qu’un problème de
langue, c’est un problème culturel qui se pose ici. L’exemple du père
fondateur des études sur la mémoire en Pologne, Stefan Czarnowski,
montre que même le fait d’avoir étudié et écrit dans une des langues de
l’Europe de l’Ouest ne protège pas forcement de l’oubli.
Pour mieux comprendre la faible réception des études mémorielles
polonaises à l’Ouest, il faut retracer l’histoire de cette tradition de
recherche, à savoir sa généalogie et son développement. Quels étaient
les questionnements, les instruments de recherche et les méthodes
adaptées et employées par les sociologues et les historiens polonais qui
s’intéressaient au phénomène de la mémoire ? Pourquoi certains courants de pensée se sont-ils révélés productifs et ont-ils inspiré d’autres
recherches ? Comment le développement des études mémorielles en
Pologne se situe-t-il par rapport à la « valorisation exponentielle » de la
mémoire observée en Occident depuis les années 1970 ? Tels sont les
trois axes qui organisent la structure du présent article.
Une synthèse de l’histoire des études mémorielles en Pologne restant
à écrire (Filipowicz, 2002 ; Traba, 2006 ; Kwiatkowski, 2008 ; Kończal
& Wawrzyniak, 2011), cette rélexion ne prétend pas à l’exhaustivité et
le bilan ne peut en être que provisoire. Nous espérons néanmoins pouvoir identiier des igures, des conceptions et des traditions de recherche
représentatives pour les études mémorielles réalisées par les historiens
et les sociologues polonais au cours du siècle dernier.
Stefan CzarnowSki : leS étudeS mémorielleS avant la lettre
Selon une interprétation bien établie en Pologne depuis un certain
temps, Stefan Czarnowski (1879-1937) est celui qui pourrait être considéré comme l’homologue polonais de Maurice Halbwachs. À ceci près
que ce dernier est perçu comme le père fondateur des études mémorielles
(Jaisson & Baudelot, 2007), tandis que Czarnowski n’est connu qu’en
Pologne. La comparaison n’est toutefois pas totalement arbitraire. Tout
d’abord, Czarnowski était un contemporain d’Halbwachs. Ensuite, il
a, tout comme ce dernier, suivi à Paris les cours et séminaires d’Émile
Durkheim (1858-1917) au Collège de France et à l’École Pratique des
Hautes Études, ce qui l’a incité à dédier une grande partie de sa vie à
l’analyse des faits sociaux. Tous deux se sont intéressés à la problématique des identités collectives. Ajoutons que pendant l’entre-deux-
128 kornelia końCzal
guerres, Czarnowski a consacré quelques articles et une monographie
à ce qui peut être appelé, pour reprendre l’expression de Pierre Nora,
« l’histoire au second degré », même si la notion de mémoire n’a pas
joué un rôle central dans son œuvre. Enin, Czarnowski a été « redécouvert » en Pologne après la Seconde Guerre mondiale : ses œuvres complètes (dont certaines étaient publiées pour la première fois en langue
polonaise) ont été éditées au milieu des années 1950 (Czarnowski,
1956a). Plus important encore, à partir de la in des années 1990, ses
écrits sont devenus de plus en plus populaires en Pologne du fait de
l’intérêt croissant des sciences humaines et sociales pour la problématique de la mémoire.
La réception actuelle de Czarnowski en Pologne se focalise avant
tout sur deux aspects de son travail : premièrement, sa rélexion sur
« le passé dans le présent » (Czarnowski, 1956c) – il convient de
préciser ici que la traduction française de cette expression forgée par
Czarnowski ne rend pas exactement l’original polonais : dawność w
teraźniejszości1 ; deuxièmement, son étude consacrée à Saint Patrick,
le héros national irlandais, dans laquelle il a minutieusement analysé le
processus d’héroïsation de ce personnage en Irlande2. Ces deux pistes
de recherche explorées par Czarnowski peuvent être appréhendées
comme une sorte d’anticipation de ce qu’a proposé en France, vers la
in des années 1970, l’historien Pierre Nora. En somme, « le passé dans
le présent » de Czarnowski n’est rien d’autre que l’histoire au second
degré déinie comme suit par Nora :
La voie ouverte à une tout autre histoire : non plus les déterminants,
mais leurs effets ; non plus les actions mémorisées ni même commémorées, mais la trace de ces actions et le jeu de ces commémorations ; pas les événements pour eux-mêmes, mais leurs constructions
dans le temps, l’effacement et la résurgence de leur signiication ;
non le passé tel qu’il s’est passé, mais ses réemplois permanents, ses
usages et ses mésusages, sa prégnance sur les présents successifs.
Nora, 1997, pp. 2229-2230.
1. Littéralement, l’expression polonaise signiie effectivement « passé dans le présent ». Toutefois, cette traduction ne rend pas la connotation d’éloignement ou de
mystère dont est teinté le terme polonais dawność.
2. Il s’agit de sa thèse rédigée sous la direction de Henri Hubert (czarnowski,
1919).
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De prime abord, ce constat vaut pour Le culte des héros et ses conditions sociales, ouvrage dans lequel Czarnowski a analysé la igure de
Saint Patrick suivant une approche qui, sans trop exagérer, peut être
qualiiée d’exploration d’un « lieu de mémoire » avant la lettre. Son
objectif était « de mettre en lumière les relations entre le culte des héros
et l’organisation sociale » (p. I) en analysant « La diffusion du nom,
les églises placées sous l’invocation du saint, les chants populaires et
autres, les emblèmes de leurs usages » (p. V). Dans sa préface, Henri
Hubert a ainsi qualiié l’analyse de Czarnowski : « Hagiographie, étude
philologique de mythologie irlandaise, histoire, en in de compte, tel est
le fond du livre. » (p. I)
Ce qui est frappant et mérite d’être relevé ici est le fait que
Czarnowski a écrit et publié son étude en français mais celle-ci, d’après
nos recherches, n’est pas forcément connue en France3. Même la réédition de l’ouvrage en 1975 (Czarnowski, 1975), c’est-à-dire au moment
exact où la mémoire commence à intéresser les sciences humaines
et sociales (Dosse, 1995), n’a pas eu de grand impact sur la popularité des œuvres de cet auteur en dehors de la Pologne. Au vu, d’un
côté, de parallèles manifestes entre les programmes de recherche de
Czarnowski et Halbwachs et, de l’autre, de différences frappantes de
leur statut dans le champ sociologique, le sociologue américain Barry
Schwartz a observé que :
Le culte des héros et ses conditions sociales (1919) de Stefan
Czarnowski, une analyse des rituels religieux dévoués à Saint Patrick,
a été la première monographie qui a élargi la notion durkheimienne
du cadre social et de la commémoration. Cependant, l’œuvre de
Czarnowski était trop spécialisée pour être appréciée au-delà d’un
petit cercle des spécialistes en sciences des religions. Les travaux d’un
autre élève de Durkheim, Maurice Halbwachs, nous ont été transmis
alors que les réalisations de Czarnowski, malgré leur importance
considérable et malgré leur mérite, sont tombées dans l’oubli.
Schwartz, 1996, pp. 275-276.
Ajoutons d’ailleurs que la traduction polonaise de l’ouvrage de
Czarnowski sur Saint Patrick (Kult bohaterów i jego społeczne podłoże:
3. On trouve cependant quelques « traces » de cette étude de Czarnowski chez son
contemporain, l’ethnologue Arnold van Gennep (1873-1957), ou, plus tard, dans
les écrits d’Alphonse Dupront (1905-1990) ou de Georges Dumézil (1898-1986).
Je remercie Damien Thiriet pour ces indications.
130 kornelia końCzal
święty Patryk, bohater narodowy Irlandii) n’a été publiée qu’en 1956
(soit 35 ans après la parution de l’original français) dans les œuvres
complètes de Czarnowski éditées par Nina Assorodobraj-Kula (19081999), une de ses étudiantes, et Stanisław Ossowski (1897-1963), un de
ses amis et l’un des fondateurs de la sociologie en Pologne.
À ce jour, les écrits de Nina Assorodobraj-Kula précisément représentent l’autre référence principale des historiens et sociologues polonais
étudiant le phénomène de la mémoire4. Son article très fouillé, intitulé
« “Żywa historia”. Świadomość historyczna: symptomy i propozycje
badawcze » (L’histoire vive. La conscience historique : symptômes et
propositions de recherche), publié en 1963, est un plaidoyer pour l’analyse sociologique de la conscience historique et pour la conceptualisation d’une typologie de ses formes et fonctions (Assorodobraj-Kula,
1963). Il s’agit là effectivement de la présentation d’un programme
de recherche qui s’est avéré très eficace puisqu’il a inspiré toute une
génération de sociologues polonais (cf. ci-dessous). Fort malheureusement, cette contribution n’est disponible ni en français ni dans d’autres
langues étrangère et, par conséquent, elle est complètement ignorée audelà des frontières de la Pologne. Ceci est d’autant plus regrettable que
cet article peut être considéré comme une anticipation des textes de
référence de Pierre Nora, Paul Ricœur, Jacques Le Goff ou François
Bédarida concernant la relation entre l’histoire et mémoire.
Même si Stefan Czarnowski est perçu comme le père fondateur des
études mémorielles en Pologne, il convient d’évoquer quelques propositions plus anciennes, celles des sociologues Kazimierz Kelles-Krauz,
Ludwik Krzywicki et Florian Znaniecki ainsi que les pistes proposées
par les historiens Stanisław Zakrzewski et Marceli Handelsman. Leurs
écrits nous font découvrir quelques approches intéressantes de l’histoire dans une perspective mémorielle. Néanmoins, force est de constater que l’interprétation de ces textes ne se fonde que sur une relecture
postérieure aux études de référence dans ce domaine : lus aujourd’hui,
4. Nina Assorodobraj-Kula, femme de l’historien Witold Kula (1916-1988) – particulièrement bien connu en France pour sa coopération avec le milieu des Annales –
et mère de Marcin Kula, lui aussi historien et auteur, entre autres, d’un ouvrage sur
les médias de la mémoire, a étudié auprès de Marceli Handelsman (1882-1945),
spécialiste d’histoire médiévale et d’histoire de l’historiographie. Elle a fait sa
thèse de doctorat avec Stefan Czarnowski. Ensuite, elle a travaillé à Paris (19371939), étudiant la bourgeoisie française entre 1815 et 1830. Après la Seconde
Guerre mondiale, Nina Assorodobraj-Kula a enseigné à l’Université de Varsovie.
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TradiTions, concepTions eT quesTionnemenTs : éTudes mémorielles en pologne 131
leurs ouvrages nous semblent évidemment constituer la genèse des
études mémorielles polonaises ; à l’époque, en revanche, cette perspective était loin d’être évidente.
Le sociologue marxiste Kazimierz Kelles-Krauz (1872-1905)5 qui, à
l’instar de Czarnowski et Assorodobraj-Kula, a passé une partie de sa
vie en France, nous intéresse en raison de sa « loi de la rétrospection
révolutionnaire » (prawo retrospekcji przewrotowej) (Kelles-Krauz,
1995) présentée pour la première fois en 1895 à l’occasion du Second
congrès de l’Institut international de sociologie à Paris6. Se référant
à la célèbre remarque de Marx (« regarder dans le passé au-delà du
Moyen Âge, dans l’époque primitive de chaque nation ») et renouant
avec l’économiste Yves Guyot (1843-1928), il a analysé la genèse des
changements sociaux pour concevoir plus généralement, c’est-à-dire
au-delà du contexte purement polonais d’une part et marxiste de l’autre,
« l’assemblage caractéristique des idées progressistes avec la rétrospection » (Walicki, 1979, p. 291). Il a ainsi mis en relief un fait qui peut
nous paraître banal aujourd’hui mais qui ne l’était certainement pas à
l’époque, à savoir que même la plus révolutionnaire des révolutions
s’appuie sur le passé.
Ludwik Krzywicki (1859-1941), quant à lui, s’est également intéressé aux changements sociaux mais, contrairement aux sociologues
évoqués jusqu’ici, il était lié avant tout au monde universitaire germanique. Dans les années 1880, Krzywicki a formulé sa « théorie du fondement historique » (teoria podłoża historycznego) sur l’omniprésence
du passé, faisant ressortir que :
Le passé nous entoure de tous côtés. Nos habitudes et préjugés,
principes et croyances, émotions et tempéraments, par la suite nos
institutions politiques et juridiques, opinions morales et esthétiques,
nos systèmes philosophiques enin, tout cela constitue au il des
événements une seule catégorie cohérente – le fondement historique.
Krzywicki, 1951, p. 140.
Cette théorie a notamment été reprise après la Seconde Guerre mondiale par Kazimierz Dobrowolski (1894-1987)7, diplômé de la Sorbonne
5. Pour l’une de ses biographies, lire Snyder (1997).
6. Ils ont été publiés sous le titre : Travaux du second congrès, tenu à Paris en septembre-octobre 1895, de l’Institut international de sociologie, Paris, Giard, 1896.
7. Pour plus de précisions, voir Dobrowolski (1995).
132 kornelia końCzal
(1929), fondateur des bases de la « méthode intégrale » dans le domaine
de la recherche sociologique et auteur d’une étude sur le culte de Saint
Florent en Pologne (Dobrowolski, 1923).
Pour ce qui est des historiens, il faut tout d’abord mentionner
Stanisław Zakrzewski (1873-1936) de l’Université de Lwów qui, dès
1908, employait le terme de « culture historique » (kultura historyczna) pour désigner l’ensemble des relations entre individus et société
dans le passé (Zakrzewski, 1908). Cette notion est présente depuis
lors, essentiellement depuis les années 1980, dans le discours historique et sociologique en Pologne. Marceli Handelsman, par contre, a
distingué, dans son ouvrage classique sur la méthode et la connaissance
historique intitulé Historyka (1928), deux formes de présence du passé
dans le présent : « le passé objectivé » et « le passé non objectivé. »
(Handelsman, 1928). Le premier se réfère selon lui à la langue et aux
objets matériels demeurés jusqu’à nos jours ; l’autre se rapporte à la
mémoire. Handelsman s’est également intéressé à la problématique des
inluences du présent sur la perception du passé (Biskupski, 2006). Dans
son exposé devant le Ve Congrès polonais des historiens à Varsovie en
1930, il a insisté sur le fait que :
Chaque génération a sa propre relation aux événements passés, ses
propres intérêts scientiiques imposés par la réalité présente de la
vie, sa propre façon de voir. La réalité présente a imposé à chaque
génération son propre rapport au passé et lui a fourni les bases d’une
synthèse différente.
Handelsman, 1931, p. 16.
Cependant, c’est Florian Znaniecki (1882-1958), l’un des fondateurs de la sociologie polonaise et américaine, qui a activement stimulé le développement futur des études mémorielles polonaises. Sa
contribution est importante pour deux raisons : d’une part, sa rélexion
originale sur le « coeficient humanistique » (współczynnik humanistyczny) (Znaniecki, 1922), une notion largement négligée voire oubliée
dans le discours sociologique international contemporain, introduite
en 1922 (Szacki, 1986, pp. 90-102 ; Plummer, 2004) ain de mettre en
exergue et de valoriser dans les études sociologiques la perception et
l’interprétation des expériences individuelles et collectives ; d’autre
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TradiTions, concepTions eT quesTionnemenTs : éTudes mémorielles en pologne 133
part, ses travaux sur la méthode biographique, c’est-à-dire l’analyse
qualitative de la vie des individus8. L’apport de cette approche au
développement des études mémorielles en général, et en Pologne en
particulier, est de deux sortes : dans un premier temps, l’épanouissement de cette méthode a eu pour résultat de produire un large réservoir de sources extrêmement riches et précieuses pour l’histoire (de
la mémoire) polonaise ; dans un deuxième temps, une grande partie
des études sur la mémoire réalisées récemment en Pologne est précisément née de cette tradition de recherche.
florian znanieCki et SeS diSCipleS : la méthode biographique
Les débuts de la méthode biographique remontent à la coopération
de Florian Znaniecki qui, à partir de 1914, a vécu aux États-Unis et en
Pologne avec le sociologue américain William Thomas (1863-1947),
une des igures de proue de l’école de Chicago (Chapoulie, 2001).
Leur ouvrage commun sur Le paysan polonais en Europe et aux ÉtatsUnis (Thomas & Znaniecki, 1974 [1998 pour l’édition française]),
paru en cinq volumes entre 1918 et 1920, constitue l’une des publications canoniques de la sociologie qualitative. Les deux sociologues
ont rassemblé un corpus considérable de matériaux biographiques sur
les paysans polonais (principalement leurs lettres) pour analyser le
processus d’adaptation des immigrés polonais à leurs nouvelles conditions de vie. En étudiant ces « récits de vie », Thomas et Znaniecki
ont pu tirer des conclusions du plus haut intérêt sur l’organisation
sociale des immigrés et l’évolution de leurs valeurs dans une nouvelle
situation sociale et culturelle.
La spéciicité de la méthode biographique en Pologne repose sur
la collecte de matériaux d’analyse par le biais de concours publics.
L’organisation de vingt concours de ce genre entre 1921 et 1938 illustre
bien l’ampleur du phénomène – précisons que leurs résultats ont été
publiés en 25 volumes. Ils n’avaient pas seulement une valeur strictement scientiique, plusieurs de ces volumes étant devenus vraiment
populaires auprès du grand public. Entre autres sujets traités dans les
concours lancés par Florian Znaniecki et ses collaborateurs, en premier lieu Józef Chałasiński (1904-1979), citons les vies d’ouvriers
8. Nombre d’auteurs se sont inspirés de cette méthode, par exemple Bertaux, 1981 ;
Włodarek & Ziółkowski (1990) ; Ferrarotti (1983) ; Bertaux (2005).
134 kornelia końCzal
(Chałasiński, 1979 [1931] ; Wojciechowski, 1930 ; Mysłakowski &
Gross, 1938) et de chômeurs (Instytut gospodarstwa społecznego,
1933), les activités et opinions politiques des femmes, la perception
des villes par leurs habitants (Znaniecki, 1931) ou la vie des immigrés
(Pamiętniki emigrantów, 1939). Le plus vaste des concours autobiographiques polonais de l’entre-deux-guerres a été organisé en 1936 par
l’Institut national de la culture paysanne (Państwowy Instytut Kultury
Wsi) et ses initiateurs ont reçu 1 544 autobiographies et mémoires de
paysans ! Les résultats de ce projet de recherche furent publiés par Józef
Chałasiński en quatre volumes sous le titre La jeune génération de paysans (Młode pokolenie chłopów, 1938)9.
Chałasiński, disciple de Znaniecki à l’Université de Poznań et, après
1945, co-fondateur de l’Institut de sociologie de l’Université de Łódź, a
expliqué les avantages de la démarche biographique comme suit :
Les meilleures descriptions de la vie paysanne et ouvrière ne proviennent pas du silence des cabinets ; il ne faut même pas espérer les
trouver dans les contacts sporadiques qu’on peut obtenir par l’étude
sur le terrain. Le chercheur ne peut se satisfaire d’autre chose que du
contact direct avec le milieu qui l’intéresse. Toutefois, le sociologue
n’a pas les moyens pratiques de vivre en permanence au sein de la
population qui constitue l’objet de sa recherche ; la valeur éminente
de l’autobiographie réside précisément dans le fait que cette technique procure le meilleur substitut au contact direct, impossible à
maintenir en permanence. Par rapport à l’idéal, ce n’est certes là
qu’un pis-aller, mais on ne saurait concevoir un meilleur outil de
remplacement.
Chałasiński, 1930, pp. 19-20,
cité par Markiewicz-Lagneau, 1976, p. 604.
Pour les années 1930, il faut encore mentionner trois collectes
d’autobiographies organisées par le Yidisher Visnshaftlekher Institut
(l’Institut scientiique juif crée en 1925 à Wilno, alors en Pologne)10.
9. Voir également Instytut gospodarstwa społecznego (1935).
10. Le Yidisher Visnshaftlekher Institut a été fondé, entre autres, par le philologue Max Weinreich (1894-1969) et l’historien Elias Tcherikover (1881-1943).
Ce centre d’étude de l’histoire, de la culture et de la langue des juifs d’Europe
orientale était également une institution régulatrice pour la langue yiddish. Depuis
1940, l’Institut se trouve à New York (Institute for Jewish Research). Site : http://
www.yivo.org
VOLUME 44, SEPTEMBRE 2013
TradiTions, concepTions eT quesTionnemenTs : éTudes mémorielles en pologne 135
En 1932, 1934 et 1939, pas moins de 627 autobiographies de jeunes
juifs polonais (rédigées en yiddish, polonais et hébreu) ont été obtenues. Malgré une perte considérable due à la guerre, un recueil d’autobiographies traduites en anglais a été publié en 2002 sous la direction
de Jeffrey Shandler sous le titre Awakening Lives. Autobiographies of
Jewish Youth in Poland before the Holocaust.
Après la Seconde Guerre mondiale, dans un nouveau contexte politique et social, les concours d’autobiographies sont même devenus
plus populaires qu’auparavant11 : environ 800 d’entre eux ont été
lancés jusqu’en 1972 pour un nombre de participants estimé à environ
250 000 (Gołębiowski, 1982-1985). Nul ne s’étonnera que la méthode
biographique est également connue sous le nom de « méthode
polonaise » (Auvert, 2008).
Dans cet « âge d’or » de la méthode biographique en Pologne, c’està-dire entre les années 1920 et le début des années 1970, nous pouvons distinguer deux traditions différentes respectivement attachées
aux noms de Florian Znaniecki et de Ludwik Krzywicki. Le premier
courant est lié à la conception novatrice de la sociologie développée par Znaniecki : le matériel autobiographique a été perçu comme
une des voies de la connaissance sociologique. Il a en effet permis
d’analyser les systèmes de valeurs, les visions de l’avenir, les interactions entre les groupes et les individus mais aussi leurs signiications
symboliques. Le courant lié à Ludwik Krzywicki, quant à lui, s’est
focalisé sur la recherche empirique et les méthodes statistiques. C’est
dans cette optique que le groupe de recherche de l’Institut d’économie
sociale de Varsovie a organisé de vastes concours pour rassembler
plusieurs centaines d’autobiographies. De plus, contrairement aux
études menées par Znaniecki et son équipe, les projets de recherche
entrepris par Krzywicki avaient bel et bien une ambition militante et
ont été appréhendés comme une sorte d’intervention politique. Un de
leurs objectifs était de mettre en lumière les conditions dificiles de
certains groupes sociaux et de donner la parole à ceux qui en étaient
privés jusqu’alors. Dans sa préface à un recueil d’autobiographies,
Krzywicki déclarait en 1933 encore :
11. Dans Pół wieku pamiętnikarstwa... (Un demi-siècle d’écriture autobiographique…) un recueil publié en 1971, on trouve une liste d’environ 600 concours
autobiographiques organisés en Pologne jusqu’en 1970 ainsi qu’une bibliographie.
136 kornelia końCzal
L’Institut d’économie sociale se propose de présenter une publication
sur la dure condition de l’ouvrier sans travail, dans toute sa vérité et
dans le détail de sa vie. C’est pourquoi nous faisons appel à tous ceux
qui ont l’expérience quotidienne de l’échec, qui éprouvent la vanité
de la course à l’emploi et l’impossibilité de toucher un salaire pour
qu’ils tracent de leur plume les démarches qu’ils font en quête d’un
morceau de pain et pour qu’ils décrivent le sort qui leur est fait.
Instytut gospodarstwa społecznego, 1933,
cité par Markiewicz-Lagneau, 1976, pp. 595-596.
Dans son étude rétrospective sur le destin des enquêtés, Janina
Markiewicz-Lagneau a identiié deux apports majeurs des concours
d’autobiographie des années 1920 et 1930 pour ceux qui y
ont participé :
a) Le fait d’écrire sur son propre cas éveille chez l’écrivain d’occasion un intérêt certain à l’égard des problèmes sociaux et permet de
se resituer socialement en relativisant pour ainsi dire sa propre situation par confrontation avec les paramètres de son milieu social ;
b) non seulement l’expérience de l’écriture a un effet général de prise
de conscience sociale de l’individu, mais la communauté d’intérêts
née du concours paraît durable [....]
Markiewicz-Lagneau, 1976.
C’est précisément cet aspect, à savoir la perception des écrits autobiographiques comme un instrument de prise de conscience, qui peut
aider à expliquer certaines causes du déclin de la méthode biographique
observé en Pologne depuis les années 1970 et nettement plus prononcé
ces vingt dernières années. À ce sujet, l’historien et auteur de nombreux travaux sur les écrits autobiographiques, Bronisław Gołębiowski,
relève le changement des données socioéconomiques après 1989. Selon
lui, les concours d’autobiographie ne sont plus vus aujourd’hui comme
un outil de contestation ou d’émancipation :
Les gens pensent à peu près comme ça : nous avons accepté le modèle
actuel ; si nous le nions, par quoi pourrait-il être remplacé ? […] Il
n’est pas bon, mais que pourrais-je proposer de mieux ? […] Les
gens ne veulent pas écrire leur autobiographie en vain quand ils ne
discernent pas d’alternatives pour le modèle actuel. Même s’ils le
trouvent mauvais.
Gołębiowski, 2009.
VOLUME 44, SEPTEMBRE 2013
TradiTions, concepTions eT quesTionnemenTs : éTudes mémorielles en pologne 137
Cette appréciation relète probablement, non seulement le point de
vue des auteurs potentiels, mais encore une grande partie de la société
polonaise contemporaine. L’exemple d’un concours autobiographique
pour les chômeurs lancé par la Szkoła Główna Handlowa (Warsaw
School of Economics) dans les années 2000 (Pamiętniki bezrobotnych, 2003-2008) est une bonne illustration de cet état de fait : il n’a
déclenché aucun débat public, contrairement aux autobiographies de
chômeurs collectées par Ludwik Krzywicki dans les années 1930. Cela
est d’autant plus déplorable que l’exploitation du matériel autobiographique est particulièrement adaptée à l’analyse d’expériences concrètes
durant la période de transformations économiques, sociales et politiques
des vingt dernières années. Non moins saillant que l’aspect souligné par
Gołębiowski est le rôle des nouveaux médias et, avant tout, la popularité des blogs qui remplissent souvent la fonction d’un journal intime ou
même d’une autobiographie. Ce phénomène prouve que l’intérêt pour
les « écritures de soi » est toujours fort ou peut-être même plus fort
que jamais mais qu’il s’exprime aujourd’hui surtout à titre personnel et
principalement par voie numérique.
L’apogée des concours d’autobiographie appartient désormais au
passé. L’histoire de l’Association des amis des Mémoires (Towarzystwo
Przyjaciół Pamiętnikarstwa), dont Jan Szczepański (1913-2004) et
Józef Chałasiński avaient eu l’idée en 1969, l’illustre de manière très
concrète. Dans le cadre de cette association, devait être constitué un
Centre d’écriture mémorielle (Centrum Pamiętnikarstwa Polskiego)
dont la fonction était en quelque sorte comparable à celle de l’Association pour l’autobiographie et le patrimoine autobiographique créée
en France par Philippe Lejeune en 1992 (http://www.sitapa.org/accueil.
php). Le Centre, fondé en Pologne vers la in des années 1960, devait
comprendre une bibliothèque, des archives, un service d’information,
un bureau chargé d’organiser des expositions temporaires et même
une maison d’édition (Wierzchoś, 2008). L’association a tout d’abord
remporté quelques succès : établissement de quatre sections (Varsovie,
Wrocław, Olsztyn et Rzeszów), création de la revue Pamiętnikarstwo
Polskie (L’écriture mémorielle en Pologne), lancement de nombreux
138 kornelia końCzal
concours autobiographiques12. Pendant près de vingt ans, elle assume
ses fonctions avec beaucoup d’enthousiasme et un sens aigu de l’engagement. Or la in des années 1980 est marquée par une crise profonde,
suivie peu après d’un scandale sans précédent. Durant la transformation
politique et économique de la Pologne postsocialiste, l’association est
contrainte de quitter ses locaux près de Varsovie. En raison du manque
de moyens inanciers, la collection d’ouvrages est gravement endommagée : seule une dizaines de milliers de manuscrits d’un fonds qui en
comptait environ 900 000 a pu être sauvée.
Quant à l’histoire plus récente de la méthode biographique en
Pologne, deux tendances se manifestent : l’une est le remplacement
des instituts de sociologie en tant qu’organisateurs des concours par
d’autres acteurs ; l’autre se réfère à la montée en puissance de l’histoire
orale : au cours des vingt dernières années, la place abandonnée par les
concours autobiographiques a été occupée avec succès par la collecte
de témoignages oraux.
Le manque d’intérêt pour les concours autobiographiques de la part
de la sociologie universitaire est certainement dû, au moins partiellement, aux dificultés inancières et organisationnelles liées à de telles
entreprises. Il est probable que les rédactions des journaux ou diverses
organisations non gouvernementales soient mieux équipées pour la collecte de grande envergure de matériaux autobiographiques : renouant
avec la tradition de la méthode polonaise, des journaux et magazines
ainsi que différentes associations culturelles lancent de temps à autre
des concours d’autobiographie. Le plus ancien des concours polonais,
organisé depuis 1969 jusqu’à nos jours par l’Association culturelle de
la ville de Szczecin (Szczecińskie Towarzystwo Kultury), en est un
excellent exemple.
Aujourd’hui, les études sociologiques les plus récentes se réclamant
de la méthode biographique portent principalement, ainsi que nous le
verrons ci-dessous, sur la période de la Seconde Guerre mondiale et ses
conséquences pour les destins des individus et des groupes sociaux. Un
trait caractéristique de ce nouveau chapitre de la méthode est l’élargis12. Les archives de l’Association se trouvent actuellement aux Archives nationales
à Varsovie. Elles rassemblent une riche documentation sur les concours d’autobiographies d’ouvriers, d’habitants de la ville de Poznań, d’habitants de la Silésie, de
femmes au foyer, d’activistes villageois, d’émigrés, de diplômés des universités
populaires, de médecins, de chômeurs et d’instituteurs.
VOLUME 44, SEPTEMBRE 2013
TradiTions, concepTions eT quesTionnemenTs : éTudes mémorielles en pologne 139
sement considérable du corpus des sources : il ne contient plus seulement des sources textuelles mais aussi des témoignages oraux. C’est
pourquoi l’on peut y distinguer deux courants de recherche : d’une
part, les études utilisant les écrits autobiographiques trouvés dans les
archives tant publiques que privées ; d’autre part, les travaux appuyés
sur l’histoire orale (Holzer, 1990 ; Theiss, 1998 ; Filipkowski, 2006). Le
premier courant ne se limite pas, comme c’était le cas durant la grande
période des concours, aux autobiographies mais prend également en
considération les lettres et journaux intimes (Świda-Ziemba, 2003 ;
Kula, 2007). Le second se centre notamment sur la relation au sein du
triangle histoire – mémoire – identité (Kaźmierska , 1999 ; Engelking,
2001 ; Melchior, 2004).
le triomphe deS SondageS ?
de la ConSCienCe hiStorique à la mémoire ColleCtive
La continuité de la ligne de rélexion sur la mémoire, entamée par
Stefan Czarnowski et développée par son élève Nina AssorodobrajKula, a été assurée par les sociologues de l’Université de Varsovie,
avant tout Barbara Szacka et Andrzej Szpociński. Ils ont allié l’exploration de la conscience historique à la méthodologie quantitative – les
sondages. Trois axes principaux de questionnement se dégagent de ce
courant de recherche.
Jadwiga Possart et Barbara Szacka, toutes deux élèves d’Assorodobraj-Kula, ont effectué une série de sondages pour reconstruire la
conscience historiques de différents groupes sociaux : habitants des
villes (Possart, 1967) et des villages (Szacka, 1967), étudiants (Szacka,
1981) et membres de l’intelligentsia polonaise (Szacka, 1983 ; Szacka
& Sawisz, 1990). Au vu des résultats de ces diverses études, Barbara
Szacka montre rétrospectivement que les différences dans le rapport au
temps peuvent être de nature aussi bien quantitative que qualitative. Au
sujet de ce dernier aspect, Szacka différencie orientation historiciste
(nastawienie historycystyczne), où le présent n’est pas pensé comme
une opposition au passé mais comme son prolongement, et orientation
« escapiste » (nastawienie eskapistyczne) caractérisant ceux qui voudraient vivre dans une époque passée. Ces dernières années, on constate
l’émergence d’un troisième type de rapport au passé : l’orientation touristique (nastawienie turystyczne) où le passé est appréhendé comme un
140 kornelia końCzal
pays lointain – The past is a foreign country selon la célèbre formule de
David Lowenthal (1985) – qu’on peut (et veut) visiter.
En 1975, indépendamment de Possart et Szacka, Anna Pawełczyńska,
ancienne directrice de l’Ośrodek Badań Opinii Publicznej, le premier
institut de recherche sur l’opinion publique en Pologne créé en 1958
à Varsovie, a mené une étude sur la Seconde Guerre mondiale dans la
mémoire des Polonais. Les résultats, publiés deux ans plus tard, sont à
la fois une preuve indéniable de la domination de la mémoire familiale
dans les souvenirs des individus et un document de son temps illustrant
les liens étroits entre les enjeux scientiiques, politiques et idéologiques
de l’époque : en effet, la mémoire des atrocités de la guerre se limite
aux nazis et à l’occupation hitlérienne. En d’autres termes, au milieu
des années 1970, l’occupation soviétique semble complètement effacée
de la mémoire des Polonais (Pawełczyńska, 1977)13. Contrairement à
Szacka, Pawełczyńska n’était pas liée au milieu de Nina AssorodobrajKula mais son intérêt pour les études quantitatives est néanmoins
inluencé par la rélexion méthodologique et théorique de l’auteur du
manifeste L’Histoire vive (1963). Pourtant, seul le titre de l’ouvrage de
Pawełczyńska Żywa historia – pamięć i ocena lat okupacji (L’histoire
vive – mémoire et perception des années d’occupation) constitue une
référence directe à cette notion introduite dans le discours sociologique
par Assorodobraj-Kula.
Le troisième courant de recherche s’est focalisé sur le contexte familial et local. Au milieu des années 1970 également, une étude sur la
représentation de l’histoire dans les milieux familiaux est réalisée sous
la direction de Jerzy Szacki (1973), le mari de Barbara Szacka. Après
les changements de l’année 1989, cette problématique suscite de nouveau l’intérêt des sociologues qui analysent la mémoire familiale en
recourant à des sondages (Derczyński, 2000) et des entretiens approfondis (Kurczewska, 2006).
Selon Barbara Szacka, la tradition des études sociologiques sur
le rapport des individus et de la société au passé est une singularité
13. Interviewée par l’auteur en septembre 2010, Anna Pawełczyńska n’a pu se
rappeler si l’absence de l’occupation soviétique dans les résultats de son étude était
l’effet d’un « ajustement » de la part de la censure ou relétait les vrais souvenirs
des enquêtés.
VOLUME 44, SEPTEMBRE 2013
TradiTions, concepTions eT quesTionnemenTs : éTudes mémorielles en pologne 141
polonaise14. Cette opinion devrait naturellement être nuancée15 mais la
tradition polonaise dans ce domaine est effectivement digne d’attention. De surcroît, le concept de conscience historique était un (non-)lieu
de rencontre entre sociologues et historiens polonais. La conscience
historique de la société polonaise a notamment été explorée par les
représentants des deux disciplines. Pendant que les sociologues travaillaient à l’aide de sondages et se penchaient sur l’état actuel des choses,
les historiens, comme Jerzy Topolski (Topolski, 1981 et 1994), Jerzy
Maternicki (1998) ou Jan Pomorski (1985), se reportaient aux manuels
scolaires, aux concepts pédagogiques, au degré de connaissance du
passé et à l’intérêt pour l’histoire, adoptant une démarche historique,
souvent sur le long terme. Pourtant, cela ne signiie pas que l’échange
entre les deux disciplines ait été facile. Un colloque interdisciplinaire
organisé au milieu des années 1980 l’a amplement démontré. Au lieu
de résoudre quelques dificultés de compréhension et de déinition de
la conscience historique entre sociologues et historiens s’interrogeant
sur ce concept, le colloque a plutôt engendré de nouveaux malentendus
(Maternicki, 1985).
S’il subsiste encore des sociologues (Malikowski, 2000) et des historiens (Borodziej, 1997 ; Szarota, 1997) utilisant le terme de conscience
historique, celui-ci a progressivement perdu de son aura à partir des
années 1990 au proit de la notion de mémoire collective. L’histoire de
deux projets d’édition est éclairante à cet égard. En 1989 et 1990, trois
volumes sont parus dans la série Studia nad świadomością historyczną –
« Études sur la conscience historiques » (Szpociński, 1989 ; Kwiatkowski,
1990 ; Szacka & Sawisz, 1990). Cet ensemble, qui poursuit le premier
des trois courants de recherche mentionnés plus haut, a eu pour pro14. Barbara Szacka a réitéré cette idée à plusieurs reprises, par exemple lors d’un
colloque interdisciplinaire consacré aux études sur la mémoire menées en Pologne
et en Allemagne, organisé par le Centre de recherches historiques de l’Académie
des sciences de Pologne à Berlin en mars 2007.
15. Soulignons néanmoins que les sondages en tant que tels ne sont nullement une
singularité ou une spéciicité polonaise. Dans la plupart des pays européens, des
sondages sont répétés régulièrement ain de déterminer les événements les plus
appréciés ou les personnages historiques les plus populaires. Une bonne illustration de ce dernier phénomène est la série de sondages menés en France pour la
revue appréciée ou grand public L’Histoire en 1981, 1987 et 2000 (lecuir, 1981 ;
rioux, 1987 ; JouTard & lecuir, 2000). Voir également Lecuir (2002). Ces sondages renouent avec deux enquêtes conduites en juin 1948 et en octobre 1949 sur
« les hommes représentatifs de l’histoire de France » (sToeTzel, 1950).
142 kornelia końCzal
longement direct une autre série dont Barbara Szacka et son collègue
Andrzej Szpociński ont pris l’initiative. Elle s’intitule « La société
polonaise contemporaine face au passé » (Współczesne Społeczeństwo
Polskie Wobec Przeszłości) et cinq volumes ont été publiés jusqu’à présent (Szpociński & Kwiatkowski, 2006 ; Kwiatkowski, 2008 ; Szacka,
2006 ; Szpociński, 2009 ; Golka, 2009-2010). Un simple regard sur
les titres de la première collection sufit pour déceler la tendance que
conirment les titres de la deuxième : l’évolution conceptuelle de la
« conscience historique » vers la « mémoire collective ». Le même
processus de substitution des termes-clés répandus jusque-là dans les
études sur le rapport des sociétés et des individus à leur passé est en
cours depuis les années 1990 pour les termes « tradition » (tradycja) et
« culture historique » (kultura historyczna) : tous deux ont également
été peu à peu remplacés par celui de « mémoire collective ».
le paySage deS étudeS mémorielleS polonaiSeS aprèS 1989 :
l’intérêt pour de nouveaux SujetS
S’il est vrai que, dès le milieu des années 1970, les publications
clandestines ont exercé une certaine inluence tant sur la recherche
en Pologne que sur la conscience historique des Polonais, la nouvelle
situation politique d’après 1989 et surtout l’ouverture des archives ont
complètement transformé les conditions de travail des historiens. Ces
derniers ont désormais accès à une masse de documents auparavant
hors d’atteinte. La publication d’un grand nombre de documents bruts
a ouvert de nouveaux espaces de rélexion et stimulé l’intérêt pour certains trous noirs de l’histoire, ce que la tradition polonaise appelle les
« taches blanches » (białe plamy).
Depuis lors, les travaux sur la mémoire collective se répartissent
grosso modo entre trois thèmes principaux. La Seconde Guerre mondiale et la Shoah occupent incontestablement une place prépondérante :
nulle revue polonaise traitant du phénomène mémoriel sans articles sur
la guerre dans la mémoire nationale, locale, familiale ou individuelle.
Parmi les questions le plus souvent abordées, igurent le soulèvement
du ghetto de Varsovie – 1943 (Szaynok, 2004 ; Kobylarz, 2009;
Grupińska, 2000), l’insurrection de Varsovie – 1944 (Drozdowski,
1995 ; Mańkowski & Święch, 1996), l’expérience des internés des
camps de concentration et d’extermination (Kapralski, 2000) ainsi
VOLUME 44, SEPTEMBRE 2013
TradiTions, concepTions eT quesTionnemenTs : éTudes mémorielles en pologne 143
que d’autres atrocités de la guerre pour ne mentionner que le massacre
de Katyń, un crime passé sous silence pendant plusieurs décennies
(Kisielewski, 2008 ; Kunert, 2010).
En outre, le milieu des années 1990 est marqué par une césure radicale dans la recherche sur l’histoire des relations entre les Polonais et
leurs voisins russes et ukrainiens mais surtout dans l’exploration des
relations germano-polonaises. Deux autres thèmes restés tabous jusquelà suscitent un grand intérêt parmi les historiens polonais : les camps
où ont été internés des Allemands dans l’après-guerre (Nowak, 1997 ;
Dziurok, 2002) et l’expulsion de ces derniers dans la seconde moitié
des années 1940 (Bachmann & Kranz, 1997 ; Borodziej & Hajnicz,
1998 ; Bömelburg & Traba, 2001 ; Buras & Majewski, 2003). De plus
en plus de projets dans ce domaine sont le fruit d’entreprises germanopolonaises, à l’image de la vaste documentation des expulsions éditée
en polonais et en allemand sous la direction de Włodzimierz Borodziej
et de son collègue allemand Hans Lemberg (1933-2009) (Borodziej,
Lemberg & Kraft, 2000 ; Borodziej & Lemberg, 2000-2004), ou encore
le projet, également bilingue, promu par l’Ofice germano-polonais
pour la jeunesse, « Pologne-Allemagne. La guerre et la mémoire », destiné à un usage scolaire (Kochanowski & Kosmala, 2009).
Last but not least, il faut remarquer le nombre croissant de publications sur la Shoah, en particulier au cours des dix dernières années,
c’est-à-dire après la sortie du livre de Jan Tomasz Gross, Les voisins
(2000) sur le massacre des Juifs de Jedwabne par les Polonais en 1941,
et le débat très agité sur la question de la culpabilité (Machcewicz &
Persak, 2002). Le Centre de recherche sur la Shoah (Centrum Badań
nad Zagładą Żydów), institut de recherche fondé en 2003 à Varsovie
par l’Académie des sciences de Pologne, a joué un rôle capital en la
matière. Le rôle des historiens, sociologues, psychologues et chercheurs
en littérature y travaillant est déini comme suit :
La Shoah s’est déroulée sur le territoire polonais et en présence
des Polonais mais, dans la conscience historique de la majorité des
Polonais, elle ne fait pas jusqu’ici partie de l’histoire de la Pologne
ni du destin polonais. Nous sommes persuadés qu’il fallait changer
cet état des choses. C’est la raison pour laquelle nous voulons lier la
144 kornelia końCzal
recherche à l’éducation ain de diffuser les savoirs et de former les
esprits.
http://www.holocaustresearch.pl/?l=a&lang=pl
Depuis 2005, le Centre publie l’annuaire Zagłada Żydów. Studia i
Materiały (« La Shoah. Études et matériaux »)16 ; parmi ses différents
projets, citons, entre autres, les ateliers franco-polonais, « Le
génocide des Juifs : mémoire nationale et écriture de l’histoire »,
organisés en 2003, 2004 et 2005 en coopération avec le CNRS et
l’Institut de la mémoire nationale – Instytut Pamięci Narodowej
(Engelking-Boni, 2006).
Le deuxième axe de recherche qui s’est implanté au cours des vingt
dernières années est l’histoire mémorielle de la période communiste.
La collection « Au pays de la République populaire de Pologne »
(W krainie PRL-u) est particulièrement importante à cet égard. Elle
regroupe aussi bien des volumes sur l’instrumentalisation du passé par
l’État (Zaremba, 2001 ; Main, 2004 ; Osęka, 2007) que des études sur
les constructions mémorielles d’organisations et milieux sociaux différents (Wawrzyniak, 2009 ; Wóycicka, 2009). Par ailleurs, quelques
initiatives de l’Association KARTA représentent une autre approche
de l’histoire mémorielle du passé récent17. Il convient de rappeler ici
le projet lancé en 2000 par l’auteur et journaliste Anka Grupińska sur
« La mémoire de la République populaire de Pologne. Les récits sur
les astuces communautaires et individuelles face au système, 195616. Un recueil d’articles choisis est également publié en anglais sous le titre
Holocaust Studies and Materials.
17. L’organisation non gouvernementale KARTA a été fondée en 1982. Son objectif est de documenter l’histoire du temps présent de la Pologne et de l’Europe de
l’Est. KARTA coopère, entre autres, avec l’ONG russe Memorial. En outre, elle
organise régulièrement des expositions et des concours historiques pour les jeunes
(elle est également membre de l’Association internationale des organisations non
gouvernementales proposant dans leurs pays respectifs des concours historiques –
EUSTORY – pour les jeunes). Enin, ses archives sont un vrai trésor de documents
visuels, écrits et oraux. Parmi les fonds documentaires d’une importance capitale,
citons les enregistrements réalisés par KARTA dans le cadre du projet Mauthausen
Survivors Documentation Project ou « Les archives de l’Est » concernant le destin
des Polonais dans les Kresy après 1939, « Les archives de l’opposition » (pour la
période 1944-1989), « Les archives de l’histoire proche » réunissant la documentation de divers concours historiques, « Les archives photographiques » où l’on
trouve plus de 170 000 clichés réalisés entre 1890 et 1990 ou « Les archives de
l’histoire orale » contenant plus de 2 500 relations de témoins de l’époque.
VOLUME 44, SEPTEMBRE 2013
TradiTions, concepTions eT quesTionnemenTs : éTudes mémorielles en pologne 145
1989 » (Pamiętanie Peerelu. Opowieści o wspólnych i indywidualnych sposobach na system, 1956-1989)18. Ce projet a permis de réunir
une centaine d’interviews avec des membres de l’opposition actifs
dans différentes villes polonaises durant les années 1970 et 1980. Il
offre un ensemble unique de souvenirs individuels sur la vie quotidienne sous le communisme et une nouvelle perspective de l’histoire
de cette période vue d’en bas.
Le troisième axe de recherche se rapporte à l’histoire régionale.
Ces vingt dernières années, l’on a assisté à une hausse notable des
publications et projets de recherche traitant des territoires perdus lors
du déplacement, en 1945, de la frontière orientale de la Pologne au
proit de l’URSS, les Kresy (Kochanowski, 2004), et des terres dites
« récupérées » (Ziemie Odzyskane), c’est-à-dire les territoires autrefois
allemands devenus polonais après la guerre (Mazur, 1997 et 2000).
Concernant le deuxième sujet, mentionnons par exemple le projet de
l’historien Robert Traba sur la mémoire des habitants de la Varmie,
documentée dans une série de publications intitulées Historia i pamięć
polsko-niemieckiego pogranicza. Warmińska Purda – « L’histoire et
la mémoire des territoires frontaliers germano-polonais. Le village de
Purda en Varmie » (Traba & Sakson, 2007 ; Kardach, Traba & Pilecki,
2008). Entre 2005 et 2007, une vingtaine d’étudiants polonais et allemands ont mené quelques dizaines d’entretiens avec les habitants du
petit village de Purda au nord-est de la Pologne pour sonder leur identité et leur mémoire collectives. L’intérêt de cette entreprise tient aussi
à sa « préhistoire » : le projet de 2005-2007 renoue avec une recherche
réalisée durant la seconde moitié des années 1940 au même endroit par
l’équipe du sociologue Stanisław Ossowski, une des igures de proue
de la vie intellectuelle polonaise d’après-guerre. Ainsi, un lien interdisciplinaire a été établi entre le passé d’une tradition de recherche et sa
réactualisation contemporaine.
Au plan théorique et méthodologique, les études mémorielles
en Pologne s’appuyaient avant tout sur des références allemandes
(Assmann, 2010 ; Assmann, 2003 et 2008 ; Harald Welzer, 2010 ;
Kałążny, 2006 et 2007 ; Saryusz-Wolska, 2009) et anglo-saxonnes
18. http://pamietaniepeerelu.pl/. Ce projet est réalisé par l’association KARTA
en coopération avec la « Maison des rencontre avec l’histoire » (Dom Spotkań
z Historią), l’institution de la ville de Varsovie ayant pour inalité de propager le
savoir sur l’histoire du temps présent.
146 kornelia końCzal
(Ankersmit, 2004 ; Domańska, 2002). Si quelques publications françaises ont également été traduites en polonais (Paul Ricœur 2006 ; Le
Goff, 2007 ou Augé, 2009), la connaissance des travaux rédigés en
anglais et en allemand est assurément plus répandue. Cela s’explique,
au moins en partie, par le fait que l’accès aux versions originales des
auteurs germanophones et anglo-saxons était facilité par une meilleure
maîtrise de ces langues en Pologne. Il semble néanmoins que la question
linguistique ne soit pas le seul obstacle à l’importation des approches
françaises. Une bonne illustration de ce problème est l’histoire de la
(non-)réception polonaise et, plus généralement, est-européenne d’un
produit d’exportation à succès : le concept de lieu de mémoire.
« leS lieux de mémoire »:
l’hiStoire au SeCond degré à la polonaiSe
L’on observe dans le domaine des études mémorielles de ces vingt
dernières années en Pologne une particularité fort étonnante, du point
de vue français : la réception quasi inexistante de la conception des
« lieux de mémoire » proposée par Pierre Nora, initiateur et directeur de
l’ouvrage monumental homonyme paru en sept volumes chez Gallimard
entre 1984 et 1992. En Pologne, à l’opposé de pays comme l’Italie,
l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas, le Luxembourg, la Suisse ou
encore la Belgique, il n’y a pas eu jusqu’à présent de publication de portée, de dimension ou d’importance comparables aux Lieux de mémoire
de Nora ou d’autres projets nationaux inspirés par son idée. Comment
expliquer cette résistance de l’historiographie polonaise aux lieux de
mémoire, une conception populaire presque partout en Europe ? Quatre
raisons peuvent contribuer à mieux comprendre cette réalité.
En premier lieu, à l’Est de l’Europe, Pologne incluse, la conception
de Nora est beaucoup moins connue qu’à l’Ouest du continent. Il sufit
de consulter les catalogues des bibliothèques pour le constater. En 1996,
l’introduction aux Lieux de mémoire a été traduite en tchèque (Nora,
1998). Trois ans plus tard, une traduction hongroise a suivi (Nora,
1999a). La même année, les textes de Nora ont été traduits en russe
(Nora, 1999b). Dans les années 2000, des articles choisis des Lieux de
mémoire et quelques autres textes de Nora ont paru en Pologne (Nora,
2001a ; 2007a ; 2008), en Roumanie (Nora, 2002 ; 2001b ; 2004a)
et en Bulgarie (Nora, 2004b). Parfois, certains ouvrages collectifs
VOLUME 44, SEPTEMBRE 2013
TradiTions, concepTions eT quesTionnemenTs : éTudes mémorielles en pologne 147
publiés en langues est-européennes incluent des contributions de Nora
(2007b). Récemment, est parue la traduction polonaise de l’introduction aux Lieux de mémoire (Nora, 2009 et 2011). De prime abord, cette
énumération peut impressionner mais, après un examen plus attentif,
il s’avère qu’il ne s’agit que de courts extraits des sept volumes des
Lieux de mémoire. En outre, les références à Nora que nous pouvons
trouver dans les études mémorielles polonaises, pour ne nous borner
qu’à elles, sont plutôt rituelles et témoignent d’une connaissance assez
limitée de son œuvre.
Il se peut d’ailleurs que l’importation de la conception des lieux de
mémoire à l’Est de l’Europe ait été rendue dificile par un autre facteur,
cette fois d’ordre sémantique. Ce constat correspond au moins aux cas
polonais (miejsce pamięci) et tchèque (místa paměti). Pour s’en tenir au
premier, le terme miejsce pamięci signiie aussi bien « lieu de mémoire »
que « site de mémoire » ; autrement dit, sur le plan linguistique, il est
impossible de distinguer en polonais la dimension symbolique du terme
« lieu de mémoire » et la dimension purement topographique du terme
« site de mémoire ». De plus, miejsce pamięci renvoie presque automatiquement au passé patriotique et à la martyrologie des Polonais. Ce
terme se réfère tout d’abord aux sites (monuments, mémoriaux, plaques
commémoratives) relatifs à la Seconde Guerre mondiale. Miejsca
pamięci i męczeństwa est une expression igée signiiant les « lieux de
mémoire et de martyrologie » ; le Conseil pour la préservation de la
mémoire des batailles et de la martyrologie (Rada Ochrony Pamięci
Walk i Męczeństwa) est une institution d’État fondée en 1947 et chargée de préserver la mémoire et les sites rappelant ce passé douloureux.
Ce lien étroit entre « lieu », « mémoire » et « douleur » ne se limite pas
uniquement à la pratique langagière ou à l’onomastique institutionnelle.
Presque chaque bibliothèque polonaise abrite des publications sur les
« lieux de mémoire » (miejsca pamięci) de différentes villes ou régions
(Kaczanowski, 1989 ; Bartoszewski, 1998) mais leur contenu se réduit
aux lieux de commémoration (les « lieux » étant compris au sens littéral). En effet, pour la plupart des Polonais, la première association avec
la « mémoire » et le « lieu » renvoie aux monuments, mémoriaux et
plaques commémoratives. Cela explique en quelque sorte les problèmes
sémantiques que soulève, dans le discours tant historiographique que
public, le terme miejsce pamięci et une certaine dificulté à le détacher
de sa dimension proprement topographique.
148 kornelia końCzal
Alors que les deux premières raisons résident dans la connaissance
restreinte de la conception des lieux de mémoire et la charge sémantique spéciique de cette notion, une autre piste explicative nous mène
vers l’histoire des sciences humaines et sociales. Si nous omettons pour
un instant le mot « mémoire » et la notion de « lieux de mémoire » pour
nous concentrer sur le contenu de l’approche développée par Nora, nous
découvrirons qu’à l’Est de l’Europe, son questionnement remonte à des
traditions plus anciennes. Le précédent des « lieux de mémoire » avant
la lettre dans les travaux du sociologue polonais Stefan Czarnowski a
déjà été évoqué ci-dessus mais il en existe d’autres. Nous nous contenterons de deux, les plus célèbres : l’exploration des imaginaires sociaux
par les historiens des idées en Pologne, par exemple Jerzy Jedlicki
(1988), Tomasz Kizwalter (1999) ou Andrzej Walicki (1982 et 1994),
et l’école sémiotique de Moscou et de Tartu autour de Jurij Lotman
(1922–1993) et Vladimir Toporov (1928–2005)19, source d’inspiration
avant tout pour le chercheur tchèque Vladimír Macura (1945–1999)
(Macura, 1998)20. Ces traditions de recherche ont un dénominateur
commun, leur intérêt pour la formation des identités collectives par
l’intermédiaire de la langue, des symboles, des médias et de l’historiographie. Alors même que la terminologie des études mémorielles n’est
pas directement présente dans les travaux des chercheurs polonais et
est-européens, ceux-ci n’en ont pas moins traité d’un phénomène labellisé a posteriori « lieu de mémoire ». Compte tenu de cet héritage, nous
pouvons oser le constat que les sciences humaines et sociales étaient
en quelque sorte « saturées » dans cette région de l’Europe. Par conséquent, l’instrument de recherche proposé par Nora ne semblait pas aussi
attractif et innovant qu’à l’Ouest du continent.
Un retour dans le présent ou dans un passé moins éloigné nous propose encore une autre explication possible du manque d’intérêt pour
le concept de lieu de mémoire en Pologne et dans les pays voisins : la
politisation des enjeux mémoriaux après 1989 et, en particulier, depuis
la in des années 1990. L’illustration la plus symptomatique de cette
évolution est probablement, la création, d’abord en Pologne en 1998
(Instytut Pamięci Narodowej, IPN), puis en Slovaquie en 2003 (Ústav
19. Lire Lotman, 1990. La IIIe Partie, “Cultural Memory, History, and Semiotics”,
est particulièrement intéressante pour notre thématique.
20. Pour une sélection de ses textes en anglais, se référer à Macura (2010).
VOLUME 44, SEPTEMBRE 2013
TradiTions, concepTions eT quesTionnemenTs : éTudes mémorielles en pologne 149
pamäti národa), d’Instituts de la mémoire nationale, à l’instar Archives
de la Stasi en Allemagne (Behörde des Bundesbeauftragten, BStU).
En Pologne, la fondation de l’IPN a provoqué de vifs débats parmi
les historiens, hommes politiques et journalistes. Ses principaux objectifs sont, théoriquement, d’enquêter sur les crimes des occupants nazis
et communistes, de conserver et de mettre à la disposition du public la
documentation sur ce sujet, de poursuivre en justice ceux qui ont commis les crimes et d’éduquer le public en la matière. Au cours des dix
ans qui ont suivi sa fondation, l’Institut a produit 860 publications (PAP,
2010). Disposant d’un budget gigantesque, d’une équipe pléthorique,
de plusieurs sections locales et cumulant les fonctions scientiiques et
judiciaires, l’IPN est devenu un puissant instrument de lutte politique.
Un bon exemple en est l’étude biographique consacrée à Lech Wałęsa
par deux historiens de l’Institut en 200821. Par conséquent, aux yeux de
la plupart des historiens polonais afiliés tant aux universités qu’à l’Académie des sciences de Pologne, l’IPN, bien que son nom contienne le
terme de « mémoire », ne donne pas forcément leurs lettres de noblesse
aux études sur la mémoire (Moczulski, 2009 ; Romanowski, 2010).
La coniance de la société en l’IPN et également très faible (Gazeta
Wyborcza, 2010). La même critique peut être formulée à l’égard des
autres institutions créées assez récemment en Europe de l’Est dont un
trait commun est une épineuse combinaison des enjeux d’éducation
et de recherche : la Maison de la Terreur (Terror háza) à Budapest,
les musées de l’Occupation à Talllin (Okupatsioonidemuuseum) et à
Riga (Latvijas okupācijas muzejs) ou bien le Centre de recherche sur
le génocide et la résistance de Lituanie (Lietuvos gyventojų genocide ir
rezistencijo styrimo centras).
De prime abord, le lien entre la politisation des enjeux mémoriels
et le destin de la conception des lieux de mémoire peut paraître assez
abstrait. Cependant, l’historien de l’art et ancien directeur général du
Centre international d’études pour la conservation et la restauration
des biens culturels (ICCROM), Andrzej Tomaszewski (1934-2010),
qui envisageait un projet sur les lieux de mémoire polonais l’a abandonné en raison justement de la politisation du discours sur la mémoire
21. Voir la recension critique de cet ouvrage par l’historien Andrzej Friszke
(Friszke, 2008) , la réponse des auteurs (cenckiewicz & gonTarczyk, 2008) et
enin la réaction de Friszke à cette dernière (Friszke, 2008b), toutes publiées dans
le quotidien Gazeta Wyborcza.
en Pologne. Dès 2001, Tomaszewski, avait tenté d’ouvrir un débat sur
les lieux de mémoire polonais en proposant une liste de 80 entrées qui
pouvaient constituer l’ossature d’une publication à venir (Tomaszewski,
2001). Malgré l’enthousiasme de certains historiens, la proposition a été
accueillie avec scepticisme comme l’ont montré la plupart des réactions.
Du reste, Tomaszewski lui-même a renoncé à son idée après l’arrivée au
pouvoir des frères Kaczyński en 2005 parce que, selon ses dires, le climat
politique n’était pas favorable aux débats sur l’identité collective.
En conséquence, la première tentative d’adapter la conception de Nora à
la relecture de l’histoire polonaise a eu lieu dans un contexte assez original,
innovant même : en 2006, le Centre de recherche historique de l’Académie
des sciences de Pologne à Berlin (http://www.cbh.pan.pl) a amorcé un projet de recherche sur les lieux de mémoire germano-polonais. Le point de
départ de cette entreprise était la conviction que l’extension du paradigme
des « lieux de mémoire » à l’histoire des relations (Beziehungsgeschichte)
germano-polonaises pouvait être féconde. La coopération d’une centaine
de chercheurs polonais et allemands ainsi que de collaborateurs venant de
pays tiers (y compris la France) doit déboucher sur une publication en quatre
volumes à paraître simultanément en allemand et en polonais entre 2012
et 2014 (Hahn & Traba, 2012-2014). Ajoutons que ce projet est novateur à
plus d’un titre. Tout d’abord, sa réalisation n’est pas une entreprise purement
éditoriale comme la majorité des projets de grande envergure sur les lieux
de mémoire car cette recherche a une vocation collective et s’accompagne
de toute une série de conférences, colloques et débats. De plus, ses initiateurs, Robert Traba et Hans Henning Hahn, ont proposé d’élargir la typologie des lieux de mémoire en y adjoignant une nouvelle catégorie : les lieux
de mémoire parallèles. Il s’agit de phénomènes historiques complètement
différents dont l’un s’inscrit dans l’histoire polonaise et l’autre dans l’histoire allemande. L’enjeu de cette mise en parallèle est d’aller au-delà d’une
« phénoménologie historique » pour mieux ixer les fonctions des lieux de
mémoire respectifs dans les deux sociétés. La possibilité de présenter au
public allemand les événements-clés de l’histoire polonaise et vice versa est
un avantage supplémentaire de cette approche dans un contexte bilatéral,
marqué bien sûr par une certaine asymétrie de la connaissance de l’histoire
du voisin. Enin, Les lieux de mémoire germano-polonais sont le premier
TradiTions, concepTions eT quesTionnemenTs : éTudes mémorielles en pologne 151
projet inspiré par la conception de Pierre Nora dont l’enjeu n’est ni
national ni régional mais transnational22. On peut ainsi le considérer
comme une concrétisation du postulat de l’historien autrichien Moritz
Csáky qui plaide pour le dépassement du cadre national dans l’exploration des lieux de mémoire (Csáky, 2004). En résumé, l’application de la
conception de Nora dans le contexte germano-polonais offre non seulement une nouvelle approche de l’histoire des relations germano-polonaises, elle procure également une nouvelle perspective à la conception
en tant que telle, à savoir une dimension transnationale.
leS étudeS mémorielleS vueS de l’eSt :
non-Simultanéité du Simultané
Au terme de ce tour d’horizon des études sur la mémoire en Pologne,
nous pouvons mettre en question le constat communément admis évoqué au début de cet article, à savoir celui de l’émergence des études
mémorielles dans les années 1970. Il est vrai que, depuis une quarantaine
d’années, la problématique de la mémoire est l’une des plus populaires
au sein des sciences humaines et sociales. Il faudrait néanmoins s’empresser d’ajouter que ce constat n’est valable que pour les pays ouesteuropéens et les États-Unis. Le cas de la Pologne illustre ce que Wilhelm
Pinder a appelé la « non-simultanéité du simultané » (Ungleichzeitigkeit
des Gleichzeitigen). Cette formule de l’historien de l’art allemand se
réfère à la coexistence dans une formation culturelle d’éléments issus de
différentes strates temporelles (Koselleck, 2000). Dans cette optique, les
années 1970 sont à la fois celles de l’émergence de la mémoire en France
ou en Allemagne et la in d’un âge d’or de la méthode biographique en
Pologne. Un autre aspect de la non-simultanéité du simultané concerne
l’étiquetage des courants de recherche. À l’époque, les sociologues
polonais n’utilisaient pas le terme de « mémoire » et nous sommes alors
confrontés aux études sur la mémoire sans mémoire ou, autrement dit,
aux études sur la mémoire avant la lettre.
En outre, ce qui distingue la tradition des études sur la mémoire en
Pologne des études françaises ou américaines est la signiication et la
prégnance de la rupture de l’année 1989. Une situation politique, éco22. Notons que le projet « Mémotransfront » réalisé dans l’eurorégion SaarLorLux
il y a quelques années était une entreprise, certes inspirée par la conception de
Nora, mais exclusivement centrée sur la dimension topographique et matérielle des
lieux (Hudemann et al., 2002).
152 kornelia końCzal
nomique et sociale inédite et relativement instable qu’ont accompagnée
l’ouverture des archives, l’intensiication des contacts des historiens et
des sociologues polonais avec leurs collègues de l’Europe de l’Ouest
ainsi qu’un certain renouvellement et rafraîchissement de la méthodologie et des instruments d’analyse sont autant de facteurs qui ont favorisé
l’émergence de la mémoire dans la sociologie et l’histoire polonaises
au sens strict du terme et la redécouverte des traditions du passé (avant
tout de Stefan Czarnowski et Nina Assorodobraj-Kula).
L’exposé de plus d’un siècle de sociologie et d’histoire suggère
également que le fait d’écrire dans une « petite langue » n’est pas la
seule cause du manque de réception internationale des auteurs polonais. Le cas de Stefan Czarnowski, qui a fait ses études en France et
écrit une partie de ses textes en français, prouve que la langue, c’està-dire l’accessibilité, n’est pas nécessairement une garantie de succès.
Le fait que la pensée mémorielle des auteurs polonais soit méconnue à
l’étranger, voire en Pologne même, semble plutôt dû au contenu qu’à
la forme. Pour avoir une certaine « capacité à s’imposer », un travail
empirique exige toujours l’abstraction conceptuelle (conirmée bien
sûr au contact des sources). Il exige des notions et des conceptions
maniables et donc « attrayantes » pour la communauté scientiique. Or
Czarnowski n’a proposé ni de théorie ni de notion aussi attractive que
celle, par exemple, de « mémoire collective » de Maurice Halbwachs.
À l’époque, sa rélexion sur le « présent dans le passé » (dawność w
teraźniejszości) n’a pas su s’imposer et, de nos jours, cette formule,
aurait même un certain parfum d’antiquité.
Par rapport aux développements plus récents dans le domaine des
études mémorielles polonaises, la question se pose de savoir comment mesurer la vitalité, l’eficacité ou l’originalité d’une tradition
de recherche ? De prime abord, nous avons pu constater ces dernières
années une véritable loraison des études polonaises sur la mémoire.
Toute une série de numéros thématiques de revues sociologiques, culturelles et philosophiques ont abordé la problématique de la mémoire
individuelle et collective. De même, des dossiers mémoriels sont parus
dans des périodiques de référence comme Res Publica Nova (2001),
Kultura i Społeczeństwo (2001, 2003, 2009, 2011), Borussia (2002,
2003, 2007), Konteksty (2003, 2003), Przegląd Filozoiczny (2004),
Kultura Współczesna (2007, 2010), Więź (2007, 2010) et Didaskalia
(2011). Cependant, aucune revue strictement historique n’a consacré de
VOLUME 44, SEPTEMBRE 2013
TradiTions, concepTions eT quesTionnemenTs : éTudes mémorielles en pologne 153
dossier à ce sujet et le périodique de langue anglaise, Memory Studies,
créé en 2008, n’a toujours pas son pendant en Pologne (ni dans aucun
autre pays européen d’ailleurs)23. Sur le plan institutionnel, le paysage
polonais n’est pas aussi saturé que celui de l’Allemagne ou des ÉtatsUnis24 mais quelques initiatives importantes sont à signaler, à commencer par la création du Centre interdépartemental de la mémoire sociale
(Międzywydziałowa Pracownia Pamięci Społecznej), fondé en 2010 à
l’Université de Varsovie dans le but de faciliter l’échange entre les chercheurs polonais et étrangers attentifs au phénomène mémoriel (http://
www.is.uw.edu.pl/pl/instytut/zaklady-i-pracownie/pracownie/miedzyzakladowa-pracownia-pamieci-spolecznej). Le projet “Genealogies of
Memory”, une plateforme internationale établie à Varsovie en 2011,
représente une autre innovation qui, depuis, organise notamment des
conférences internationales dédiées aux divers aspects des études sur la
mémoire (http://genealogies.enrs.eu).
Ces initiatives récentes traduisent bien le dynamisme et l’enthousiasme pour les questionnements mémoriaux des chercheurs polonais, tant chevronnés que plus jeunes. Cela nous renvoie de nouveau
à la célèbre formule de Pinder à condition, cette fois, de l’inverser :
« la simultanéité du non-simultané ». En effet, alors que le « memory
boom » semble décliner à l’ouest, l’intérêt pour la mémoire ne cesse de
croître à l’est de l’Europe.
23. Il existe en Pologne quatre revues dans le titre desquelles igure le mot « mémoire » (dont deux sont éditées par l’Institut de la mémoire nationale). Cependant,
leur contenu porte sur l’histoire au sens traditionnel du terme plutôt que sur la
mémoire : « Indépendance et mémoire » (Niepodległość i Pamięć ; depuis 1994),
« Bulletin de l’Institut de la mémoire nationale » (Biuletyn Instytutu Pamięci
Narodowej ; depuis 2001), « Le passé et la mémoire » (Przeszłość i pamięć ; depuis
2008), « La mémoire et la justice » (Pamięć i Sprawiedliwość ; depuis 2002).
24. Une liste des instituts de recherche sur la mémoire en Allemagne et aux ÉtatsUnis peut être consultée dans l’ouvrage de Gudehus, Eichenberg & Welzer, 2010.
154 kornelia końCzal
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