Chapitre 10
de cette phrase. A propos de nourriture, carpere se trouve e.g. chez Verg. ecl. 1, 77 s.; à
propos de baisers, e.g. chez Prop. 1, 20, 27; Ov. met. 4, 358 (OLD s.v. carpo 1b et 2c).
caue - contrahas: un `lecteur second' (pour cette notion, voir intro. 2. 2.) verra ici
davantage qu'une plaisanterie amoureuse, dans la mesure où c'est sa liaison avec Photis qui
conduira Lucius à être métamorphosé en âne. C'est la seconde fois que Photis met Lucius
en garde (cf. 2, 7: 31, 6 s., avec comm. ad loc.). Avant elle, Byrrhène avait déjà explici-
tement averti notre héros des dangers de la magie et de ses liens avec l'érotisme (cf. 2, 5:
28, 16 ss., avec comm. ad loc.). La phrase développe le topos de la phrase précédente.
nimia - amaritudinem: parallèle de construction (adj. - subst. compl. au gén. -
subst.), où les subst. dulcedine et amaritudinem reprennent les adj. dulce et amarum. Pour
l'emploi d'un subst. abstrait avec un subst. concret compl. au gén., voir Bernhard 1927,
96 ss. (emploi connu en latin classique, se développant en latin post-classique et tardif). Cf.
infra lignes 14 s. oris inhalatu et linguae inlisu.
nimia mellis dulcedine: cf. ligne 5 mellitissimum illud sauium. Pour le topos de la
douceur du miel, cf. dans les seules met. d'Apul. 2, 9 (32, 10); 4, 27 (96, 11); 5, 6 (108,
3 s.); 5, 15 (115, 7); 8, 22 (194, 18).
diutinam bilis amaritudinem: l'amertume qui résultera de ses amours avec Photis
sera en effet bien longue, puisque Lucius restera métamorphosé en âne pendant près d'une
année (voir van der Paardt 1978, 86). Dans les expressions proverbiales opposant miel et
fiel, on trouve d'ordinaire les termes mel et fel: voir les ex. cités s.v. dulce et amarum
gustulum; ThLL s.v. fel, 424, 19 ss. et s.v. bilis, 1987, 16 cite notre seul passage pour la
combinaison avec bilis (l. 52).
33, 10-13: `Quid istic', inquam, `est, mea festiuitas, cum sim paratus uel uno sauiolo
interim recreatus super istum ignem porrectus assari' et cum dicto artius eam complexus
coepi sauiari: `Qu'est-ce que cela', répondis-je, `ô ma joie, alors que je suis prêt - ne
serait-ce, si tu veux bien, que pour un seul petit baiser me rendant un instant à la vie - à
rôtir, étendu sur ton feu!' Et sur ces mots, je la serrai étroitement dans mes bras et me mis
à la couvrir de baisers.
Quid istic... mea festiuitas: comme celle de Photis, la réplique de Lucius abonde en
réminiscences plautiniennes (cf. 2, 11: 34, 1 ss., où Lucius répond encore à Photis en
usant du même langage métaphorique qu'elle). Pour la tournure quid istic (que l'on
retrouve en 9, 6: 206, 21; voir GCA 1995, 69 ad loc.), cf. Plaut. Epid. 141 quid istic
uerba facimus?; Rud. 1331; Trin. 573; et Ter. Andr. 572. Pour mea festiuitas, cf. Plaut.
Cas. 135 mea uita, mea mellilla, mea festiuitas et 577 quid agis, mea festiuitas?; Poen.
387 s. Pour ce type d'échos intertextuels `dans le registre verbal affectif des apostrophes
amoureuses - ou bien injurieuses', voir Callebat 1968, 499, avec ex. suppl.; 1994, 1641.
cum sum paratus: on trouvera chez Bernhard 1927, 15 s. de nombreux ex. de cette
position du verbe dans une subordonnée.
uel uno sauiolo: la particule uel renforce ici les nuances restrictives de unus et la
valeur minorative de sauiolus; voir OLD s.v. uel 6 `at any rate, even if only'. Cf. 6, 15
(139, 18) uel unam stillam; 9, 15 (214, 17) isto tamen uel unico solacio. La nuance origi-
nelle de uel (`veux-tu',`si tu veux': voir KSt 2, 2, 107s.; LHSz 2, 500 s.) est particulière-
ment sensible dans cette occurrence. Cf. la trad. de Hanson: `if you will revive me now
with one little kiss'.
sauiolo: le diminutif sauiolum apparaît encore en 7, 11 (162, 25 s.; voir GCA 1981,