Chapitre 16
purpurabant omnia. De façon plus générale, la rose, chère à Aphrodite-Vénus, apparaît (en
poésie notamment) comme la fleur de la séduction et de l'amour: voir Grigson 1976, 190
ss. Cf. e.g. apol. 9 (11, 19 s.: dans un poème); Ov. am. 1, 2, 39 s. laeta... mater... adpo-
sitas sparget in ora rosas (de Vénus); fast. 4, 138, avec Bömer 216 ad loc.; Stat. silv. 1,
2, 19 ss.; Anacreont. 6; 55, 4 ss. et v. 30 ss., où le poète raconte comment l'apparition de
la rose est liée à la naissance d'Aphrodite (Photis qui est ici habillée de roses apparaîtra
ensuite à Lucius comme une Vénus sortie des eaux: cf. 2, 17: 38, 15 ss.). A propos de
Anth. Graec. 5, 55, 1 s. )TD\*" J¬< D@*`BL(@<, Baldwin 1980, 357 signale la significa-
tion sexuelle de D`*@< et de D@*T<\" (= cunnus): cf. Hsch. s.v.; schol. Theoc. 11, 10.
Symbole de la jeunesse et de la jouissance de l'instant présent, la rose est aussi compagne
des symposia et de Bacchus. Cf. e.g. Copa 13 s.; Hor. carm. 2, 11, 13 ss.; epist. 1, 5, 14;
Ov. fast. 5, 340 ss., avec Bömer 311 ad loc.; Mart. 8, 77, 2; Anacreont. 43; 44, 1 ss. JÎ
D`*@< JÎ Jä< z+DfJT< / µ\>Tµ,< )4@<bFåq / JÎ D`*@< JÎ 6"88\NL88@< / 6D@JVN@-
4F4< •Dµ`F"<J,H / B\<Tµ,< •&D• (,8ä<J,H. La rose accompagnera encore d'autres
séances amoureuses de Photis et Lucius et son absence peut se révéler catastrophique: cf.
Apul. met. 3, 25 (71, 2 s.) utinam uesperi de more nobis parassem corollas aliquas, ne
moram talem patereris uel noctis unius (Photis, le soir de la métamorphose de Lucius en
âne). Fick-Michel 1991a, 386 ss. et Witte 1997, 54 s. étudient le motif de la rose dans les
met.; voir aussi les remarques de Trembley 1981, n. 125 p. 126 s. sur le rôle de la rose en
magie. Cf. encore 10, 29 (260, 8 ss.), où sont décrites les roses printanières annonciatrices
de l'anamorphose de Lucius; 11, 13 (275, 17 ss.).
rosa[e] serta et rosa soluta: dans les mss., on lit rosae serta et rosa soluta,
qu'impriment Eyssenhardt et Hildebrand. Après Oudendorp, Leo veut supprimer le second
rosa. Cette conjecture est approuvée par de Jonge 1941, 71, qui compare avec 4, 29 (98,
2) floribus sertis et solutis et avec 10, 32 (263, 10) iaculis floris serti et soluti. Dans un
paragraphe consacré aux répétitions de mots dans une phrase, Koziol 1988 ( 1872), 10 s.
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défend la lecture rosa serta et rosa soluta. Selon lui, l'adjonction du e final au premier
rosa provient d'une tentative de correction du sing. collectif. Il me semble que cette con-
jecture (défendue aussi par Bursian 1881, 123 s.) est confirmée par l'effet sonore et ryth-
mique de la phrase. Le parallèle de construction avec répétition euphonique du mot rosa
renforce l'opposition serta/soluta. Le singulier collectif de rosa est très fréquent, qui se
rencontre en prose comme en poésie: cf. Cic. Tusc. 3, 43; Copa 14 (cité infra); Ciris 98;
Hor. carm. 2, 11, 14, etc.
Outre les deux passages des met. cités ci-dessus, cf. pour la combinaison des deux verbes
Min. Fel. 38, 2 his (floribus) enim et sparsis utimur mollibus ac solutis et sertis colla
complectimur. Comparer aussi Onos 7, 3, où il est question des roses jonchant le lit de
Lucius: Jä< *¥ FJDTµVJT< D`*" B@88• 6"J,BXB"FJ@, J• µ¥< @àJT (Lµ<• 6"2'
"ßJV, J• *¥ 8,8LµX<", J• *¥ FJ,NV<@4H FLµB,B8,(µX<". Par rapport à l'Onos,
l'ordre des mots dans le texte des met. est inversé: à serta correspond FJ,NV<@4H FLµB,-
B8,(µX<", à soluta (Lµ<• 6"2' "ßJV et 8,8LµX<". L'opposition serta/soluta se retrouve
plus bas, dans un autre double abl. absolu: cf. lignes 20 s. La tournure rosa soluta désigne
des fleurs coupées ou des pétales détachés, destinés à être répandus en pluie (Oudendorp ad
loc.: `ad spargendum'); cf. ligne 21 flore persperso; Min. Fel. 38, 2 (cité ci-dessus);
Prop. 4, 8, 40 facilis spargi munda sine arte rosa. Le groupe rosa serta désigne des guir-
landes de roses ou des couronnes tressées, compagnes habituelles des réjouissances
(Oudendorp: `ad coronandum'; Plin. nat. 21, 3 cum uero e floribus [sc. stroppi] fierent,
serta a serendo serieue appellabantur); cf. ligne 20 corollis reuincto; Apul. apol. 9 (11, 11