University of Groningen
Apulée
Mal-Maeder, Danielle Karin van
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1998
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Mal-Maeder, D. K. V. (1998). Apulée: Les métamorphoses Groningen: s.n.
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Chapitre 11
CHAPITRE 11
Un dîner avec Milon et Pamphilé.
33, 23-24: His et talibus obgannitis sermonibus inter nos discessum est: Après cet échange
de badineries, nous nous séparâmes.
His et talibus: la formule résume et clôt la conversation qui précède; cf. 9, 28 (224,
5) talis sermonis blanditie et 9, 28 (224, 16) his et pluribus uerbis, avec GCA 1995, 243 et
246 ad loc. Ce type de formules-résumés ont pour effet d'imprimer une accélération au
récit: voir intro. 2. 1. 2. A propos de la combinaison hic talis, Callebat 1968, 268 estime
qu'il ne s'agit pas d'un pléonasme ressortissant à la langue vulgaire, mais d'un `abrégé
volontairement approximatif d'expression caractéristique du style des conteurs et des narra-
teurs'. Cf. Cic. Att. 14, 10, 1; Liv. 5, 2, 13 haec taliaque uociferantes, etc.
obgannitis: sur ce verbe employé ici à propos d'un échange amoureux, voir comm.
ad 2, 2 (25, 19). En 2, 15 (37, 12), on trouve le subst. gannitus = grognement amoureux
ou murmure confidentiel.
33, 24-34, 1: Commodum meridies accesserat et mittit mihi Byrrena xeniola porcum
op[t]imum et quinque gallinulas et uini cadum in aetate pretiosi: Il était à peine midi
lorsque Byrrhène m'envoya comme présents de bienvenue un porc bien gras, cinq poulettes
et un fût de vin que son âge rendait précieux.
Commodum - accesserat: la première journée de Lucius à Hypata avait commencé à
l'aube (cf. 2, 1: 24, 17). Les événements occupant la matinée s'étendent du ch. 1 à la pre-
mière moitié du ch. 11. La seconde partie de la journée jusqu'au repas du soir se déroule
du point de vue de la vitesse du récit à un rythme beaucoup plus élevé, puisque l'après-
midi est résumée en une phrase (cf. plus bas 34, 8). Le reste du ch. 11 est consacré à une
partie de la soirée. La même soirée (et la nuit) s'étend jusqu'à la fin du ch. 17 (39, 11).
Voir intro. 1. 3. et 2. 1. 2.
commodum... et: Callebat 1968, 434 ss. observe qu'au contraire d'autres tours
paratactiques où un adv. est relié à et, commodum... et n'est que peu attesté en dehors des
met. Il souligne en outre la recherche des tournures de ce type, apparaissant dans des
contextes `de tonalité autant pathétique et recherchée que familière' (p. 436). Harrauer
1973, 1 soutient que commodum appartient au sermo cotidianus: voir contra GCA 1977, 69
ad 4, 8 (80, 6); Callebat 1968, 435 n. 190: `n'étant caractéristique ni d'un parler vraiment
populaire ni d'une langue trop recherchée, (commodum) paraît avoir été senti par Apulée
comme convenant particulièrement au style narratif'.
mittit - xeniola: ce détail est absent de l'Onos qui, après la scène de séduction dans
la cuisine, enchaîne directement sur la mention du bain précédant le repas du soir. Sur la
coutume des présents d'hospitalité, voir Mommsen 1864, 345; DSg `hospitium', 294-302
[Lécrivain] (p. 295) et RE 8 (1913) `hospitium', 2493-2498 [Leonhard] (p. 2495), qui
citent notre passage. Cf. aussi Vitr. 6, 7, 4 nam cum fuerunt Graeci delicatiores et fortuna
opulentiores, hospitibus aduenientibus instruebant triclinia... primoque die ad cenam
inuitabant, postero mittebant pullos, oua, holera, poma reliquasque res agrestes; Serv.
Aen. 9, 358; notice suivante. Bien que Lucius ait décliné l'offre de Byrrhène de venir loger
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chez elle (en raison du lien sacré d'hospitalité le liant à Milon: cf. 2, 3: 26, 21 ss.), Byrr-
ne semble le considérer comme son hôte et le traite comme tel. Ses cadeaux tombent à
pic, leur nature convenant parfaitement aux projets amoureux de Lucius: voir s.v. porcum
op[t]imum et gallinulas. Pour d'autres ex. de mise en évidence du verbe par `Anfangstel-
lung' chez Apul. (ici, mittit est position chiastique par rapport à accesserat), voir Bernhard
1927, 11 ss. (en part. 13).
xeniola: le diminutif xeniolum est attesté pour la première fois ici, comme aussi
gallinulas qui lui fait écho (infra; sur ces correspondances euphoniques, voir Facchini Tosi
1986, 124); OLD s.v. cite ensuite le seul Ulp. dig. 1, 16, 6, 3. Dans ce contexte où Lucius
est d'humeur joyeuse à la perspective de son rendez-vous amoureux, ces diminutifs possè-
dent une nuance hypocoristique (voir aussi comm. ad 2, 1: 24, 18 s.v. lectulo sur l'emploi
des diminutifs témoignant de l'état d'esprit de l'acteur Lucius).
Au sens premier, xenium (>X<4@<) désigne un présent d'hospitalité offert par un hôte à son
invité. Cf. e.g. Hom. Il. 11, 779 >,\<4V J' B"DX206,<, ž J, >,\<@4H 2Xµ4H ¦FJ\<;
Plin. epist. 6, 31, 14 summo die abeuntibus nobis... xenia sunt missa; Mart. 13, 3, 1 (à
propos de ses poèmes, intitulés xenia).
porcum op[t]imum: avec la majorité des éd., j'adopte pour la correction de Stewech
et Saumaise opimum (seul Hildebrand maintient la leçon optimum). Pour un cas semblable,
cf. 2, 13 (35, 17; en revanche, au livre 1, 19: 17, 17, la leçon des mss. optimi casei
échappe à ce mécanisme de correction). Hildebrand a beau commenter `mea enim opinione
utrumque uocabulum hoc sententiarum nexu idem significat, si quidem porcorum uirtutes
in pinguedine tantum ac nidore cernuntur', opimum est moins banal (la confusion entre
optimus et opimus est fréquente dans les mss.: voir ThLL s.v. opimus 708, 71 s.). Opimus
apparaît plusieurs fois dans les met. en rapport avec la nourriture: cf. 5, 3 (105, 12)
opimas dapes; 8, 5 (179, 22) opimam praedam; 8, 30 (201, 24); 10, 17 (250, 10).
De même que les gallinulae (notice suivante), la mention du porc est peut-être revêtue
d'une connotation sexuelle adaptée au contexte. Cf. Varro rust. 2, 4, 10 qui nous apprend
que les pudenda des filles nubiles sont désignées du mot porcus (P@ÃD@H chez les Grecs:
pour ce jeu de mots obscène, cf. Ar. Ach. 739 ss.). Voir comm. ad 2, 7 (30, 15) s.v.
uiscum pour un double sens similaire s'accordant avec la thématique de l'amour comme
nourriture. Cf. par ailleurs Fest. p. 408 L suillum genus inuisum Veneri prodiderunt poe-
tae... quod inmundissimi sint sues ex omni mansueto pecore et ardentissimae libidinis; ita
ut opprobrium mulieribus inde tractum sit, cum subare et subire dicuntur.
gallinulas: ce diminutif euphonique est attesté ici pour la première fois (néologis-
me); cf. ensuite Arnob. nat. 7, 8 et Avien. Arat. 1713. Pour sa valeur hypocoristique, voir
supra s.v. xeniola. Le choix de cet animal s'explique peut-être dans ce contexte (voir
notice précédente) par sa réputation: cf. Physiogn. 83 insatiabiles esse ueneris ut galli quos
•8,6JDL`<"H Graeci uocant; 131 gallus... animal est ineptum, in uenere calidum; Ps.
Arist. Phgn. 812b; Mart. 13, 63 et 64, avec un jeu de mots sur la verve amoureuse des
galli et Galli (prêtres de Cybèle); Phaedr. app. 11 où Vénus, pour démontrer à Junon la
nature libidineuse des femmes, prend l'exemple de la poule (gallina) qui ne peut s'empê-
cher de `gratter' (scalpare: sens obscène, cf. Pers. 1, 21): risisse Iuno dicitur Veneris
iocos, / quae per gallinam denotauit feminas (v. 13 s.).
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uini - pretiosi: Byrrhène possède sans doute une fort belle cave; cf. aussi 2, 19 (40,
21 s.) pocula uini uetusti. Cf. Plaut. Asin. 624 noctem tuam et uini cadum uelim, si optata
fiant et Stich. 425 cadum tibi ueteris uini propino. - Papae, / ducam hodie amicam: deux
occurrences où le cadus uini se fait compagnon des plaisirs de la chair. Voir infra comm.
ad 34, 2 s.
uini cadum: la combinaison est archaïque: OLD s.v. cadus 1 cite pour cet emploi du
mot avec le gén. uini avant Apul. Plaut. Aul. 571 (cf. aussi notice précédente) et Lucil.
556 K; voir aussi ThLL s.v. cadus, 37, 23 ss., d'où il ressort que cet emploi est essentielle-
ment poétique. Dans les met. d'Apul., cf. encore 8, 28 (200, 4) et 9, 33 (227, 26).
in aetate pretiosi: pour cet abl. instrumental, voir comm. ad 2, 2 (25, 15 s.) senex
iam grauis in annis. Comparer Plin. nat. 14, 35 uinis in uetustate rufescentibus.
34, 1-3: Tunc ego uocata Fotide: `Ecce', inquam, `Veneris hortator et armiger Liber
aduenit ultro: J'appelai alors Photis et lui dis: `Regarde, il est arrivé, celui qui exhorte
Vénus, Liber le porteur d'armes, qui a pris l'offensive'.
Lucius se sert du même langage que Photis et lui démontre qu'il s'entend aussi dans l'em-
ploi des métaphores militaires (cf. 2, 10: 33, 21 s., où la servante s'adressait à lui comme
un général à ses troupes avant une bataille). Sous son revêtement métaphorique, la phrase
exprime le topos du vin, compagnon indispensable de l'amour: cf. Ter. Eun. 732 uerbum
hercle hoc uerum erit: `Sine Cerere et Libero friget Venus' (cité par Cic. nat. deor. 2, 23,
60 et par Serv. Aen. 1, 686); Ov. ars 1, 232 ss.; 244; 523 ss.; 3, 762; et déjà E. Ba. 773
(voir Otto 1988, 366 [ 1890]). Mais (s'il connaissait déjà le latin), Lucius devrait surtout se
1
méfier de cet adage de Plaut. Bacch. 87 s. quia istoc inlecebrosius / fieri nihil potest: nox,
mulier, uinum homini adulescentulo.
Ecce - hortator: pour ce tour familier exclamatif avec nom. (également attesté en
latin classique), voir Callebat 1968, 115, avec réf.; LHSz 2, 48. Cf. 2, 24 (44, 20 ss.).
Veneris hortator et armiger Liber: chiasme. Pour ces métonymies, cf. Cic. nat.
deor. 2, 23, 60 ut cum fruges Cererem appellamus uinum autem Liberum, ex quo illud
Terentii (suit le vers cité ci-dessus); 2, 23, 61 quo ex genere Cupidinis et Voluptatis et
Lubentinae Veneris uocabula consecrata sunt, uitiosarum rerum neque naturalium.
Veneris hortator: la combinaison est unique. Comparer Val. Fl. 8, 232 adsunt
unanimes Venus, hortatorque Cupido; / suscitat adfixam maestis Aeetida curis. Pour
l'emploi de Venus au sens érotique, voir comm. ad 2, 17 (39, 7) pendulae Veneris fructu.
Le mot hortator est couramment employé dans un contexte guerrier, à propos de combats:
cf. e.g. Liv. 21, 11, 7; Ov. trist. 4, 2, 32; Stat. Theb. 11, 51 s., etc. (voir ThLL s.v.
hortator 3004, 16 ss.).
armiger Liber: la combinaison est unique. Cf. 10, 31 (262, 14 s.) proeliaris deae
(Minervae) comites armigeri, Terror et Metus; Stat. Theb. 3, 425 frena ministrat equis
Pauor armiger (s.e. Martis). Vorberg 1965, 309 ( 1929) remarque à propos de Liber: `der
1
Befreier, der Gott der Zeugung. Der Name wird so erklärt, dass die begattungsbedürftigen
Männer mit Hilfe des Gottes durch die Wohltat des Beilagers - emissis seminibus -
gleichsam befreit wurden'. Voir notice initiale suivante.
ultro: l'adv. renforce la personnification du vin, en même temps qu'il s'inscrit dans
la taphore filée de la guerre amoureuse. Voir OLD s.v. 6a pour l'emploi de l'adv. ultro
`w. ref. to unprovoked mil. or other offensive action'; cf. e.g. Caes. Gall. 6, 24, 1; Verg.
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Aen. 2, 193 s.
34, 3-5: Vinum istud hodie sorbamus omne, quod nobis restinguat pudoris ignauiam et
alacrem uigorem libidinis incutiat: Buvons ce vin aujourd'hui, jusqu'à la dernière goutte!
Qu'il noie nos lâches pudeurs! Et qu'il insuffle en nous la vigueur et l'énergie nécessaire à
nos amours.
La phrase développe sous une forme impérative la métaphore topique qui précède: le vin
libère (Liber) des inhibitions et donne courage. Cf. Lucr. 3, 476 hominem cum uini uis
penetrauit / acris, et in uenas discessit diditus ardor; Ov. am. 1, 6, 59 nox et Amor
uinumque nihil moderabile suadent; / illa pudore uacat, Liber Amorque metu, avec
McKeown 153 ad loc.; ars 1, 237 uina parant animos faciuntque caloribus aptos; met. 12,
242. Voir comm. ad 2, 19 (40, 22 ss.).
Vinum... omne: l'hyperbate résulte en une mise en évidence de l'adj. omne. Ces
résolutions seront suivies à la lettre: cf. 2, 16 (37, 21 ss., où apparaît le verbe sorbillare).
istud: voir Callebat 1968, 270 sur la présence de iste dans un dialogue, `où il
constitue une adresse à l'interlocuteur et un moyen de suggérer un geste ou d'intéresser
plus intimement à l'énoncé la personne à qui l'on parle'.
sorbamus: pour cette forme (au lieu de sorbeamus), voir Neue-Wagener 3, 264 ss.,
il est traité des verbes de la seconde conjugaison présentant parfois des formes de la
troisième (sorbere: p. 271 s.); LHSz 1, 592 et 605. Ce type d'alternance n'est attesté avec
certitude que tardivement pour le verbe sorbere: en dehors de ce passage d'Apul., on la
rencontre chez Comm., Ennod. et Prisc. gramm. II, 491, 13 `sorbeo' uel etiam `sorbo', ut
Probo placet, `sorpsi' uel `sorbui'.
quod - incutiat: comparer, dans un discours d'exhortation faisant également usage
de la terminologie militaire 3, 5 (55, 24 ss.) uiribus alacribus... adgrediamur, omnis
cunctatio, ignauia omnis facessat e pectore.
alacrem uigorem: cette combinaison quelque peu pléonastique, attestée pour la
première fois dans ce passage, se retrouve chez Auson. epist. 8, 12 (p. 244 Prete) et Mart.
Cap. 9, 901. Comparer Colum. 11, 1, 17 uelut in aliquod proelium cum uigore et alacrita-
te animi praecedentem.
uigorem libidinis incutiat: cf. 2, 17 (39, 12) libidinem incitantes (uino); 10, 21
(253, 11 s.) prolubium libidinis suscitaram. ThLL s.v. incutio 1102, 32 s. ne cite que notre
passage pour la combinaison du verbe avec uigorem (comparer avec uim Verg. Aen. 1,
69). Dans F, le groupe de lettres -cut est presque invisible. Robertson, pour qui le texte
pourrait aussi bien être -cul, comme dans les mss. de la classe a, signale l'existence du
verbe culire attesté par une scholie à Hor. sat. 1, 5, 38 culina id est coquina ab eo quod
culiat carbones et qui semble signifier `réchauffer', `cuire' (ThLL s.v. culio 1289, 2 ss.).
Pour l'emploi du terme libido dans le sermo amatorius (= cupido et/ou coitus), voir
Adams 1982, 188; Vorberg 1965, 309 s. ( 1929); cf. 3, 20 (67, 12); 10, 21 (253, 11 s.);
1
Prop. 2, 16, 14 rumpat ut assiduis membra libidinibus; Ov. am. 2, 15, 25. Pour cet emploi
de uigor, comparer Ov. am. 3, 7, 67 (membra) quae nunc, ecce, uigent intempestiua
ualentque.
34, 5-7: Hac enim sitarchia nauigium Veneris indiget sola, ut in nocte peruigili et oleo
lucerna et uino calix abundet': Car ce sont là les seules provisions dont il faut charger le
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