Insuffisance cardiaque et pathologies associées

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Synthèse
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2015 ; 13 (supplément 1) : 13-22
Insuffisance cardiaque et pathologies
associées
Heart failure and comorbidities
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
ClÉmence Boully1,2
Olivier Hanon1,2
1 Service de gériatrie, Hôpital Broca,
AP-HP, Hôpitaux universitaires
Paris centre, Paris, France
2 Université Paris-Descartes 5, EA4468,
Paris, France
<[email protected]>
Tirés à part :
O. Hanon
Résumé. L’insuffisance cardiaque concerne le plus souvent des personnes âgées et très
âgées. Sa présentation clinique est d’autant moins typique et son pronostic d’autant plus
sombre qu’elle survient chez des malades polypathologiques et complexes. Une évaluation gériatrique est indispensable afin de dépister les pathologies associées et le dépistage
d’éléments de « vulnérabilité ». Les principales pathologies associées à l’insuffisance
cardiaque sont la démence, la dépression, la dénutrition, la fibrillation atriale, la maladie
coronarienne, l’hypotension orthostatique, l’insuffisance rénale, l’anémie et la carence martiale. La présence des comorbidités participe à l’aggravation de l’insuffisance cardiaque
et complexifie la mise en œuvre des traitements. Leur repérage et leur prise en charge
contribuent à améliorer le pronostic en termes de mortalité mais surtout en termes de qualité de vie. Des précautions particulières d’utilisation des médicaments sont nécessaires
en raison des comorbidités et des modifications pharmacocinétiques ou pharmacodynamiques liées au vieillissement. Dans ce cadre, la surveillance clinique et biologique doit
être accrue, en particulier lors de la survenue d’un épisode aigu (décompensation cardiaque,
infection, déshydratation, ajout d’un nouveau traitement, chute. . .). Par conséquent, le suivi
de l’insuffisant cardiaque âgé nécessite une prise en charge multidisciplinaire qui implique
une étroite collaboration entre cardiologues, gériatres, médecins traitants, pharmaciens et
personnels paramédicaux.
Mots clés : insuffisance cardiaque, sujet âgé, comorbidités
Abstract. Heart failure is a frequent disease in the elderly. Its clinical presentation is less
typical and the prognosis more severe than in younger subjects because heart failure occurs
in patients with multiple comorbidities. A comprehensive geriatric assessment should
therefore be performed to detect the vulnerabilities and manage the comorbidities. The
main diseases associated with heart failure are dementia, depression, malnutrition, atrial
fibrillation, coronary artery disease, orthostatic hypotension, renal failure, anemia and iron
deficiency. Comorbidities worsen heart failure and makes its treatment more difficult. The
identification and treatment of comorbidities improve the prognosis in terms of mortality but especially in terms of quality of life. Caution with drugs is necessary because of
pharmacokinetic or pharmacodynamic changes related to aging and the comorbidities. In
this context, clinical and laboratory monitoring should be increased, mostly during an acute
event (acute heart failure, infection, dehydration, fall, new therapy. . .). Therefore, the followup of elderly patients with heart failure requires a multidisciplinary approach that involves
close cooperation between cardiologists, geriatricians, general practitioners, nurses, and
pharmacists.
Key words: heart failure, elderly, comorbidities
doi:10.1684/pnv.2015.0544
E
n raison du vieillissement de la population,
l’incidence et la prévalence de l’insuffisance cardiaque (IC) augmentent de façon importante. Dans
ce cadre, l’IC concerne fréquemment des personnes
âgées avec une prévalence de 10 à 15 % après 80 ans
[1]. Les complications de l’IC s’inscrivent en termes de
mortalité mais surtout en termes d’altération de qualité
de vie.
L’insuffisance cardiaque représente ainsi une des
causes les plus fréquentes de réhospitalisation chez la
personne âgée, avec un taux de réhospitalisation à 30
jours d’environ 25 % [2]. La présence de comorbidités a
un impact sur la mortalité, la fréquence des hospitalisations, la sous prescription des médicaments recommandés
pour le traitement de l’insuffisance cardiaque tels que les
inhibiteurs de l’enzyme de conversion (IEC) et les bétabloquants (ßB), et par conséquent sur la qualité de vie
du patient. Connaître les comorbidités les plus fréquemment présentes, les prendre en compte, les traiter, adapter
les traitements en fonction de ces pathologies, sont des
éléments majeurs à une meilleure prise en charge de
l’insuffisance cardiaque du patient âgé.
Pour citer cet article : Boully C, Hanon O. Insuffisance cardiaque et pathologies associées. Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil 2015 ;
13(supplément 1) : 13-22 doi:10.1684/pnv.2015.0544
13
C. Boully, O. Hanon
L’insuffisance cardiaque :
une pathologie grave qui altère la
qualité de vie des personnes âgées
100
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80
CCI 1-2
Survie
Le pronostic de l’IC est sombre chez le sujet âgé. Après
80 ans, près d’un patient sur 4 décède dans les 3 mois suivant un épisode de décompensation cardiaque [3] et 40 %
meurent dans l’année [4]. Les causes de décès sont à la fois
d’origine cardiovasculaire, mais aussi non cardiovasculaire
en rapport avec les nombreuses comorbidités présentes à
cet âge.
60
40
CCI 3-4
20
CCI > 4
0
Les comorbidités aggravent le pronostic
de l’insuffisance cardiaque chez le sujet âgé
0
104
156
Suivi (semaines)
La présence de comorbidités chez le patient âgé insuffisant cardiaque aggrave le pronostic.
Dans un travail mené sur un échantillon de 122 630 insuffisants cardiaques ambulatoires âgés, seuls 4 % d’entre
eux ne présentent pas d’autre comorbidité associée à
l’insuffisance cardiaque, alors que 40 % ont plus de 5 pathologies associées [5]. Les données provenant d’un registre
de 86 094 insuffisants cardiaques vivant en institution, âgés
en moyenne de 85 ans [6], indiquent qu’un malade sur trois
présente au moins 5 pathologies associées à l’IC, avec une
prévalence importante des troubles cognitifs (57 % des
cas), de chutes (30 %), de diabète (23 %), d’anémie (20 %),
de pathologies pulmonaires (19 %), de dépression (19 %)
ou de cancer (9 % des cas).
Le pronostic des insuffisants cardiaques âgés dépend
du nombre de comorbidités. La mortalité à 3 ans est de
43 % pour un score de comorbidités (score de Charlson) de
1-2, de 57 % pour un score 3-4 et de 81 % lorsque le score
est supérieur à 4 [7]. Le score de Charlson est le plus fort
facteur prédictif de mortalité retrouvé (figure 1).
Dans l’étude européenne Euro heart failure survey [8],
menée dans une population de 10 692 patients insuffisants
cardiaques, les caractéristiques des patients âgés de plus
de 80 ans ont été comparées à celles des patients de
moins de 80 ans. La prévalence des comorbidités associées
à l’insuffisance cardiaque est significativement différente
dans les deux groupes (tableau 1), signant la grande vulnérabilité des patients âgés de plus de 80 ans.
Plusieurs études épidémiologiques [4, 9] ont permis
d’évaluer les facteurs prédictifs de mortalité retrouvés
chez les insuffisants cardiaques qui sont résumés dans le
tableau 2.
Des travaux récents ont permis d’évaluer l’intérêt de
l’évaluation gériatrique standardisée pour déterminer le
pronostic des insuffisants cardiaques âgés [10]. L’échelle
14
52
Charlson comorbodity index (CCI) :
Aprés ajustement sur le sexe,
I’âge, la FEVG, le NT-proBNP
CCI 3-4 :
HR (IC95%) : 1,95 (0,7-2,9)
CCI > 4 :
HR (IC95%) : 4,0 (1,9-8,8)
Figure 1. Comorbidités et pronostic chez les patients insuffisants
cardiaques âgés.
Figure 1. Comorbidities and prognosis in elderly patients with
heart failure.
gériatrique utilisée (Comprehensive geriatric assessment
scale (CGA)) apprécie l’autonomie, la mobilité, le score
de Charlson, le déclin cognitif et le nombre de médicaments. Les résultats mettent en évidence une association
entre l’altération de l’évaluation gériatrique et la mortalité
(figure 2).
Les comorbidités aggravent la qualité de vie
et le risque de réhospitalisations
de l’insuffisant cardiaque âgé
L’insuffisance cardiaque altère grandement la qualité de
vie des personnes âgées. Près de 50 % des insuffisants
cardiaques âgés vont être réhospitalisés pour un nouvel
épisode de décompensation au cours de l’année, principalement dans les 6 premiers mois [11]. Les principales
causes médicales de réhospitalisations sont les poussées
ischémiques (14-33 %), la survenue de troubles du rythme
(8-28 %) et les épisodes infectieux (16-23 %). Cependant,
plus de 50 % des réhospitalisations pour insuffisance cardiaque pourraient être évitées, en particulier dans les cas où
elles sont en rapport avec une sortie mal organisée ou un
mauvais suivi (35 %), une insuffisance du système d’aide
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 13, supplément 1, septembre 2015
Insuffisance cardiaque et pathologies associées
Comorbidités (%)
Age ≥ 80 ans
(n = 2 780)
Age < 80 ans
(n = 7 912)
p value
Fibrillation atriale
49
40
< 0,001
Anémie
48,4
39,4
< 0,001
Démence
22,5
8,2
< 0,001
Accident vasculaire cérébral
21,8
15,2
< 0,001
Insuffisance rénale (clairance < 30 mL/min)
15,3
9,3
< 0,001
Tableau 2. Facteurs prédictifs de mortalité chez le patient insuffisant cardiaque âgé.
Table 2. Factors associated with mortality in elderly patients with heart failure.
Facteur de mortalité à 5 ans
HR (IC95%)
Facteur de mortalité à 14 ans
HR (IC95%)
Maladie coronarienne
1,51 (1,06-2,14)
1,51 (1,16-1,95)
Hyponatrémie
1,40 (1,05-1,88)
1,67 (1,19-2,32)
Diabète
1,46 (1,04-2,05)
-
Démence
-
2,02 (1,13-3,61)
Maladie vasculaire périphérique
-
1,74 (1,20-2,52)
Insuffisance rénale
-
1,20 (1,12-1,29)
1.0
0.8
Q1
Survie
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Tableau 1. Comparaison de la prévalence des comorbidités entre les patients insuffisants cardiaques selon l’âge.
Table 1. Comparison of the prevalence of comorbidities among patients with heart failure according to age.
Q2
0.6
Q3
0.4
Q4
0.2
Des données françaises récentes [13] issues d’une
population de 69 076 patients hospitalisés pour la première
fois pour décompensation cardiaque (dont 79 % étaient
âgés de plus de 70 ans et 12,5 % de plus de 90 ans), mettent
en évidence que le taux de réadmission pour insuffisance
cardiaque à 6 mois est de 23 % pour les patients âgés de
80 à 89 ans, et de 50 % pour les patients âgés de 90 ans
et plus (tableau 3). Le taux de réadmission toutes causes
confondues est de 61 % pour les patients âgés entre 80 et
89 ans et de 66 % pour les patients de 90 ans et plus.
Les comorbidités complexifient le diagnostic
d’insuffisance cardiaque chez le sujet âgé
0
0
26
52
78
104
Suivi (semaines)
Survie selon le score de la CGA :
Quartile 2 : HR (IC95%) : 1,98 (1,24-3,16)
Quartile 3 : HR (IC95%) : 2,29 (1,43-1,67)
Quartile 4 : HR (IC95%) : 4,37 (2,78-6,87)
Figure 2. Survie en fonction des quartiles du score de la CGA.
Figure 2. Survival curves according to quartiles of the Comprehensive geriatric assessment (CGA) score.
sociale (21 %), une mauvaise observance (15-32 %), un traitement pharmacologique incorrect (17 %) et des facteurs
iatrogènes (10 %) [12].
De façon générale, la présence de comorbidités modifie
la symptomatologie de l’IC, les signes cliniques habituellement observés chez l’adulte plus jeune sont souvent absents chez l’octogénaire ou intriqués à d’autres pathologies
avec pour conséquence soit un diagnostic posé en excès,
soit à l’inverse une sous-estimation diagnostique [14].
Ainsi, une dyspnée peut être provoquée par une
pathologie respiratoire ou une inadaptation à l’effort
(sédentarité, affections de l’appareil locomoteur et des
systèmes de l’équilibre). En outre, plusieurs signes classiques d’insuffisance cardiaque n’ont plus la même valeur
diagnostique chez le sujet très âgé. Des râles « crépitants » sont fréquemment retrouvés en dehors de toute
pathologie cardio-vasculaire. Les œdèmes des membres
inférieurs peuvent être secondaires à des pathologies
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 13, supplément 1, septembre 2015
15
C. Boully, O. Hanon
Tableau 3. Devenir des patients après une première hospitalisation pour insuffisance cardiaque selon l’âge.
Table 3. Outcome of patients after a first hospitalization for heart
failure, according to age.
1 an
2 ans
70-79 ans
77,4
68,0
80-89 ans
65,7
52,3
≥ 90 ans
49,7
34,3
70-79 ans
40,5
51,5
80-89 ans
49,0
63,1
≥ 90 ans
61,2
75,6
70-79 ans
72,7
83,0
80-89 ans
73,6
84,8
≥ 90 ans
77,5
88,4
70-79 ans
17,5
19,5
80-89 ans
15,2
15,2
≥ 90 ans
12,0
12,4
Les troubles cognitifs
Survie globale (%)
La démence peut masquer un diagnostic d’IC via les difficultés de communication et l’anosognosie [18]. Le patient
est alors incapable de bien décrire ses symptômes, ce
qui rend l’interrogatoire peu contributif. Les troubles cognitifs peuvent retentir non seulement sur le pronostic ou
l’autonomie, mais aussi sur la compréhension des conseils
et l’observance thérapeutique [19]. De même, leur présence modifie la prise en charge des médecins et favorise
notamment la sous-prescription des traitements recommandés dans l’insuffisance cardiaque.
Copyright © 2017 John Libbey Eurotext. Téléchargé par un robot venant de 88.99.165.207 le 25/05/2017.
Taux de réadmission pour
insuffisance cardiaque (%)
Taux de réadmission pour
toute cause confondue (%)
Patients admis au moins une fois pour
insuffisance cardiaque sans décès (%)
extracardiaques (insuffisance veineuse, hypoalbuminémie,
insuffisance rénale, lymphœdème). L’oligurie est difficile
à mettre en évidence chez les malades incontinents et la
tachycardie manque souvent.
Enfin, certains signes généraux non spécifiques tels
qu’une asthénie, des troubles du comportement, une
désorientation temporo-spatiale, des troubles du sommeil, des chutes, une perte d’autonomie sont autant de
manifestations cliniques qui peuvent parfois être la seule
manifestation d’une IC chez un octogénaire [14].
Principales comorbidités
chez l’insuffisant cardiaque
L’hypotension orthostatique
Plusieurs études ont montré que l’hypotension orthostatique augmente le risque de décès, d’accident vasculaire cérébral, d’infarctus du myocarde, de chutes et
d’hospitalisations [15]. Sa prévalence peut atteindre 50 %
chez l’insuffisant cardiaque âgé [16]. Elle se définit par une
baisse de la pression artérielle systolique (PAS) de plus de
20 mmHg et/ou de la pression artérielle diastolique (PAD) de
plus de 10 mmHg, à 1 et/ou 3 minutes après le passage en
orthostatisme [17]. Sa présence nécessite une adaptation
16
thérapeutique (bas de contention, hydratation suffisante,
réduction ou arrêt des psychotropes, réduction ou arrêt des
médicaments vasodilatateurs (en particulier arrêt des dérivés nitrés et alphabloquants) ou des antihypertenseurs).
Plusieurs études indiquent une fréquence plus élevée
des troubles cognitifs chez les patients porteurs d’une IC.
Une méta-analyse récente menée chez 17 785 patients
retrouve ainsi une augmentation significative des troubles
cognitifs chez les insuffisants cardiaques en comparaison
aux sujets du même âge sans insuffisance cardiaque (risque
relatif = 1,62 (1,48-1,79)) [20]. La présence de troubles
cognitifs aggrave le pronostic et augmente la mortalité
des insuffisants cardiaques. Dans l’étude GIFA menée chez
1 113 insuffisants cardiaques, la mortalité est significativement multipliée par 4,9 (2,9-8,3) en présence de troubles
cognitifs [21] (figure 3). Une autre étude retrouve des résultats similaires avec une augmentation du risque de décès
de 1,83 (1,26-2,65) (p = 0,002) en cas de fonction systolique altérée et de 2,37 (1,50-3,74) (p = 0,001) en cas
de fonction systolique préservée (p = 0,002) [22]. Cette
étude montre également que les démences représentent
le second facteur de mortalité des insuffisants cardiaques
(après l’insuffisance rénale sévère).
À l’inverse, l’IC peut aussi être un facteur d’aggravation
d’une démence préexistante et parfois même représenter
une circonstance de découverte d’une démence jusque-là
non connue. Ainsi, une aggravation de la démence peut
s’observer au moment d’une décompensation cardiaque.
C’est pourquoi lors d’un déclin cognitif rapide et/ou de la survenue de troubles du comportement aigus chez un patient
dément, il est nécessaire de rechercher systématiquement
la décompensation d’une pathologie chronique, en particulier d’une maladie cardiovasculaire [23].
En résumé, les troubles cognitifs doivent impérativement être dépistés et évalués car ils peuvent retentir
non seulement sur le pronostic ou l’autonomie, mais
aussi sur la compréhension des conseils et l’observance
thérapeutique.
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 13, supplément 1, septembre 2015
Insuffisance cardiaque et pathologies associées
10,0
Absence de troubles cognitifs
0,9
0,8
Survie
0,7
0,6
0,5
Présence de troubles cognitifs
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P < 0,0001
0,4
0,3
0,2
0
10
20
30
40
50
Suivi (jours)
Figure 3. Troubles cognitifs et mortalité chez l’insuffisant cardiaque.
Figure 3. Cognitive impairment and mortality in patients with heart failure.
Les maladies respiratoires (BPCO)
La présence d’une insuffisance respiratoire modifie les
signes de l’insuffisance cardiaque, en particulier le caractère
de la dyspnée. La coexistence d’une maladie pulmonaire et
d’une IC est fréquente et complique l’attribution des symptômes à l’une ou l’autre des pathologies. En outre, des
lésions pulmonaires peuvent rester asymptomatiques chez
une personne sédentaire et se révéler à l’occasion d’une
insuffisance cardiaque, dont elles aggravent le tableau. La
prévalence de la BPCO est significativement plus importante chez les insuffisants cardiaques (20 % versus 13 %).
Chez les patients nord-américains insuffisants cardiaques,
la prévalence de la BPCO varie de 11 à 52 %. Dans les
cohortes européennes, elle varie de 9 à 41 %. Cette prévalence tend à augmenter depuis quelques années [24]. La
BPCO est retrouvée comme facteur de risque indépendant
de mortalité chez l’insuffisant cardiaque [25, 26].
Par ailleurs, la présence d’une maladie respiratoire est
un facteur limitant la prescription des bêtabloquants (ßB)
dans le cadre de l’insuffisance cardiaque. Dans une étude
récente [27], 58 % des patients du groupe BPCO bénéficiaient d’un traitement par ßB contre 97 % dans le groupe
non-BPCO. Pourtant, une diminution des exacerbations
de BPCO était retrouvée chez les patients traités par ßB
(HR(95%) : 0,41 (0,23-0,75)). D’autres travaux mettent en
avant le bénéfice d’un traitement par ßB chez les insuffisants cardiaques avec une BPCO. Dans une étude [28]
menée chez 2 670 insuffisants cardiaques de plus de 70 ans
(ayant une FEVG < 40 %), la mortalité était augmentée chez
les patients ne bénéficiant pas du traitement par ßB que ce
soit dans le groupe BPCO ou non BPCO. Ainsi, ne pas prescrire de bêtabloquant au seul titre d’une maladie respiratoire
augmente le risque de mortalité du patient âgé insuffisant
cardiaque. En cas de BPCO, on préfère l’utilisation de ßB
cardiosélectifs. En revanche, la maladie asthmatique reste
une contre-indication à l’utilisation des ßB.
Les troubles psychiatriques
Les décompensations cardiaques se traduisent souvent
sous la forme d’un syndrome confusionnel risquant alors
d’orienter à tort le patient vers des services non cardiologiques. Le syndrome dépressif est présent dans 24 à
42 % des IC du sujet âgé [29]. Il se caractérise souvent
par une symptomatologie « d’aspect organique » avec une
faible expression de la tristesse et de la douleur morale. La
fatigue, l’inhibition psychomotrice, la sédentarité et le confinement sont au-devant du tableau clinique, venant masquer
les plaintes telles que la dyspnée, ou amenant à interpréter
la dyspnée comme l’expression d’une anxiété.
La dépression augmente le risque de mortalité des
insuffisants cardiaques. Une étude retrouve que la dépression multiplie par 2 le risque de mortalité des sujets
insuffisants cardiaques (OR = 2,10 (1,71-2,58)) [30]. Par
conséquent, elle doit être détectée par exemple au
moyen d’une échelle validée chez la personne âgée
(Geriatric depression scale GDS) [31] et traitée de façon
efficace.
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 13, supplément 1, septembre 2015
17
C. Boully, O. Hanon
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Dénutrition
La dénutrition touche 30 à 60 % des personnes âgées
hospitalisées. Elle aggrave le pronostic de l’insuffisant cardiaque âgé [32]. Elle est pourtant souvent diagnostiquée
avec retard.
Dans une étude récente [33], la prévalence de l’hypoalbuminémie chez les insuffisants cardiaques est de 30 %.
Au terme d’un suivi de 27 mois, la présence d’une hypoalbuminémie apparaît comme un facteur de risque de
mortalité toute cause confondue (HR (95 %) : 1,65 (1,092,5)). Cette étude met également en évidence qu’un score
au MNA test ≤ 17/30 (stade de malnutrition) est un facteur de risque de mortalité chez le patient insuffisant
cardiaque (HR (95 %) : 2,34 (1,12-4,6)). Un autre travail
[34] retrouve une augmentation significative de mortalité due à l’aggravation d’une insuffisance cardiaque (HR
(95 %) : 2,66 (1,70-4,17)) chez les patients IC ayant une
pré-albumine basse (HR (95 %). De plus, les patients
ayant une pré-albumine basse présentent une augmentation de la mortalité totale (HR (95 %) : 2,49 (1,67-3,70),
des réhospitalisations (HR (95 %) : 1,87 (1,39-2,50)) et des
réhospitalisation dues à un nouvel épisode d’insuffisance
cardiaque (HR (95 %) : 1,92 (1,35-2,74)).
La pré-albumine apparaît donc comme un facteur
indépendant de morbidité et de mortalité chez le patient
insuffisant cardiaque, justifiant une prise en charge
adaptée (enquête alimentaire médico-sociale, prescription de compléments alimentaires hypercaloriques,
hyperprotidiques).
Insuffisance rénale
L’évaluation de la fonction rénale est indispensable
(clairance de la créatinine) à l’évaluation du pronostic des
insuffisants cardiaques âgés et à l’adaptation des posologies des médicaments (IEC, ARA 2, digoxine, diurétiques
et certains bêtabloquants). Chez le sujet très âgé, il est préférable d’utiliser la formule de Cockcroft plutôt que celle du
MDRD pour adapter les posologies des médicaments [35].
La prévalence de l’insuffisance rénale chez le patient
insuffisant cardiaque est estimée à 20 % [36]. Une étude
[37] menée chez 2 680 patients insuffisants cardiaques
retrouve une augmentation significative des décès et des
hospitalisations proportionnelle à la gravité de l’insuffisance
rénale : chez les patients ayant un débit de filtration glomérulaire (DFG) inférieur à 45 mL/min, le taux d’incidents (décès
ou hospitalisation) est de 60 % alors qu’il est de 25 % chez
le patient ayant un DFG supérieur à 90 mL/min.
L’insuffisance rénale doit être repérée pour permettre
une adaptation des posologies des médicaments, elle ne
contre-indique pas leur utilisation. Les IEC peuvent être
18
maintenus et initiés chez l’insuffisant rénal, une diminution
de la fonction rénale peut être observée à l’introduction du
médicament mais est tolérée si elle ne dépasse pas 30 %
de la créatinine de base.
Les bêtabloquants ne sont pas non plus interdits dans
l’insuffisance rénale.
Au total, l’insuffisance rénale, sauf terminale, ne doit pas
être un frein à la prescription du traitement de l’insuffisance
cardiaque.
Syndrome cardio-rénal
Le syndrome cardio-rénal est défini comme un syndrome regroupant une altération de la fonction rénale et de
la fonction cardiaque, l’organe défaillant initialement pouvant être l’un ou l’autre [38].
Il existe aujourd’hui une classification du syndrome
cardio-rénal (SCR) :
– SCR de type 1 : une dégradation aiguë de la fonction
cardiaque provoque une insuffisance rénale aiguë ;
– SCR de type 2 : une dégradation chronique de la fonction
cardiaque provoque une atteinte progressive ou permanente de la fonction rénale ;
– SCR de type 3 : une dégradation aiguë de la fonction
rénale provoque une pathologie cardiaque aiguë ;
– SCR de type 4 : une altération chronique de la fonction
rénale provoque une dégradation chronique de la fonction
cardiaque ;
– SCR de type 5 : atteinte systémique altérant simultanément la fonction cardiaque et la fonction rénale.
Une étude [39] menée chez 1 005 patients insuffisants cardiaques retrouve une prévalence du SCR de type
1 de 28 %. Dans cette étude, la présence d’un SCR de
type 1 est un facteur de risque de mortalité indépendant
chez les patients insuffisants cardiaques (HR (95 %) : 3,22
(2,24-4,62)). Une autre étude récente [40] retrouve une prévalence du syndrome cardio-rénal tout type confondu de
17,5 %. Le SCR de type 1 est le plus fréquent, la moyenne
d’âge de ces patients est la plus élevée, enfin le SCR de
type 1 est un facteur de risque de mortalité comparé aux
autres types de SCR (p = 0,006).
Le syndrome cardio-rénal est un facteur de risque de
mortalité chez le patient insuffisant cardiaque. Selon la
définition, les patients âgés insuffisants cardiaques sont
principalement concernés par le SCR de type 1 et le SCR
de type 2.
Anémie
L’anémie est une comorbidité fréquemment associée
à l’insuffisance cardiaque. Les symptômes cliniques de
ces deux pathologies sont similaires, tels que l’asthénie ou
Geriatr Psychol Neuropsychiatr Vieil, vol. 13, supplément 1, septembre 2015
la fatigue à l’effort. Les symptômes sont majorés lorsque
les deux pathologies sont présentes. Une revue de la
littérature réalisée en 2004 [41] retrouve des prévalences
de l’anémie chez le patient insuffisant cardiaque variant
de 4 % à 55 %, dépendant de la définition de l’anémie et
de la population observée. L’anémie apparaît également
comme un facteur de risque de mortalité, avec un risque
de décès augmenté de 3 à 34 %.
Une étude randomisée en double aveugle [42] a
comparé l’effet de l’érythropoïétine (EPO) au placebo,
chez des insuffisants cardiaques avec anémie, pendant 55
semaines. Les résultats ne retrouvent aucune différence
significative concernant le stade NYHA, la qualité de vie,
l’exercice physique. Une autre étude randomisée [43]
menée chez 2 278 patients insuffisants cardiaques d’âge
moyen 72 ans ne retrouve pas de bénéfice de l’EPO
sur la mortalité totale (HR(95%) : 1,04 (0,92-1,19)), la
mortalité cardiovasculaire (HR(95%) : 1,04 (0,91-1,20)), les
hospitalisations (HR (95 %) : 0,99 (0,85-1,16)). En revanche,
une augmentation du risque embolique artériel ou veineux
est observée (HR (95 %) : 2,1 (0,6-3,6)) ainsi qu’une
augmentation du risque d’accident vasculaire cérébral
ischémique (HR (95 %) : 1,7 (0,2-3,2)).
Dans ce cadre, l’utilisation systématique de l’EPO chez
le patient anémié et insuffisant cardiaque n’est pas recommandée.
Carence martiale
La carence martiale est fréquente en cas d’insuffisance
cardiaque. Elle se définit par une ferritine < 100 ␮g/L
(carence martiale absolue) ou une ferritine entre 100 et
100
HR de mortalité = 1,42 (1,14-1,77)
Survie cumulative (%)
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Insuffisance cardiaque et pathologies associées
80
P = 0,001
60
40
20
Patients sans carence martiale
Patients avec carence martiale
0
0
1
2
3
4
5
6
7
8
Suivi (années)
Figure 4. Survie des insuffisants cardiaques en fonction de la présence d’une carence martiale.
Figure 4. Survival curves according to iron deficiency status, in
elderly patients with heart failure.
299 ␮g/L associée à un coefficient saturation transferrine
< 20 % (carence martiale fonctionnelle).
Ses causes sont principalement liées à une baisse des
réserves en fer (carence absolue) en rapport avec des
pertes sanguines (traitements anticoagulants, traitements
antiagrégants, lésions digestives, lésions urogénitales. . .)
et/ou un défaut d’apport (dénutrition, malabsorption). Parfois il s’agit d’un défaut de disponibilité du fer qui entraîne
une mobilisation insuffisante du fer (carence fonctionnelle)
en rapport avec un syndrome inflammatoire, une insuffisance rénale ou un processus néoplasique. Ainsi, la carence
martiale peut s’observer même en l’absence d’anémie.
Une étude française récente [44], menée chez des
patients hospitalisés pour insuffisance cardiaque retrouve
une prévalence de la carence martiale de 69 % chez
l’homme et 75 % chez la femme. Une étude européenne
menée sur une large population [45] retrouve une augmentation significative de la mortalité (de 42 %) chez les
insuffisants cardiaques avec une carence en fer en comparaison à ceux sans carence martiale (figure 4).
Une étude randomisée en double aveugle menée chez
des insuffisants cardiaques avec une carence en fer [46] a
mis en évidence une amélioration clinique grâce à l’injection
de fer intraveineux (carboxymaltose ferrique, Ferinject®) :
47 % des sujets du groupe ayant bénéficié du fer IV étaient
classés NYHA 1 ou 2 comparé à 30 % dans le groupe placebo (HR (IC95%) = 2,40 (1,55-3,71). Une amélioration sur
la qualité de vie est observée dès la quatrième semaine
du début du traitement (p < 0,001). La distance parcourue
pendant 6 minutes est également améliorée dès la quatrième semaine de traitement (p < 0,001). Les bénéfices
sont démontrés chez les patients avec anémie mais aussi
chez les patients sans anémie. Une seconde étude randomisée récente [47] met en évidence des résultats similaires
caractérisés par une amélioration significative du test de
marche de 6 minutes, de la qualité de vie et des symptômes
de l’insuffisance cardiaque (classe NYHA). Là encore, les
bénéfices sont observés indépendamment de la présence
d’une anémie. Enfin, une réduction significative des réhospitalisations pour insuffisance cardiaque de 61 % (p < 0,01)
est aussi observée dans le groupe traité par fer IV.
Il est aujourd’hui bien établi que la carence martiale a
une forte prévalence chez les patients âgés insuffisants
cardiaques. Ainsi, la Société européenne de cardiologie
recommande d’évaluer le statut martial chez ces patients. Si
le statut martial est normal, il est recommandé de l’évaluer à
nouveau tous les 6 mois chez les patients classés NYHA IIIIV et tous les ans chez les patients classés NYHA I-II. Selon
ces recommandations, le traitement par fer intraveineux est
à considérer [48].
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19
C. Boully, O. Hanon
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Comorbidités et traitements
de l’insuffisance cardiaque
Points clés
Plusieurs études mettent en évidence l’impact des
comorbidités sur la sous-prescription des médicaments
dans l’insuffisance cardiaque du sujet âgé. La peur de voir
apparaître des effets secondaires des traitements limite
leur prescription chez le patient âgé, mais cette sousprescription augmente en réalité le risque de mortalité et
la fréquence des hospitalisations.
La présence de comorbidités implique la nécessité
d’une surveillance renforcée de l’apparition de signes cliniques évocateurs d’insuffisance cardiaque, ainsi qu’une
surveillance accentuée de l’apparition d’effets secondaires
des traitements, mais ne doit pas limiter l’initiation d’un
traitement optimal.
IEC (ou ARA2)
La prescription doit se faire avec une augmentation
progressive de la posologie en tenant compte de la fonction rénale (clairance de la créatinine). Un contrôle de
la clairance doit être systématiquement réalisé dans les
7 jours suivant chaque augmentation de posologie. Une
co-prescription avec des anti-inflammatoires non stéroïdiens représente une contre-indication absolue en raison
du risque d’insuffisance rénale. Une surveillance régulière de la pression artérielle (couchée et debout) est
nécessaire. L’évaluation de la fonction rénale est recommandée au moins 2 fois par an ainsi qu’au cours des
épisodes intercurrents aigus (fièvre, diarrhée, déshydratation, vomissement. . .). Enfin, l’association IEC + ARA 2
n’est pas recommandée chez le sujet âgé.
Bêtabloquants
La prescription doit se faire de façon progressive jusqu’à
l’obtention de la dose maximale tolérable. Lorsqu’ils sont
utilisés avec les précautions habituelles (à distance d’un épisode aigu, chez un patient stabilisé, en utilisant des doses
initiales faibles et des périodes prolongées de titration) leur
tolérance apparaît le plus souvent bonne. Durant la période
de titration, une hypotension ou une bradycardie doivent
être recherchées.
Diurétiques de l’anse
Les principaux risques d’effets indésirables des diurétiques chez les personnes âgées sont :
– une hypovolémie (en cas de diarrhée, vomissements,
fièvre, forte chaleur) ;
20
• Les comorbidités associées à l’insuffisance cardiaque
ont un impact sur la mortalité, la qualité de vie et la
prescription des thérapeutiques.
• Chez les personnes âgées, on observe une sousprescription souvent injustifiée des médicaments validés pour le traitement de l’insuffisance cardiaque.
• La présence de comorbidités implique la nécessité
d’une surveillance renforcée des effets secondaires des
médicaments, mais ne doit pas limiter l’initiation d’un
traitement optimal.
• L’évaluation gériatrique standardisée apparaît essentielle à la prise en charge des insuffisants cardiaques
avec des comorbidités. Elle doit être réalisée dans le
cadre d’une collaboration entre cardiologues, gériatres,
médecins traitants et personnels paramédicaux.
– une hyponatrémie (en particulier en cas de traitement
antidépresseur sérotoninergique) ;
– une hypokaliémie (en particulier en cas de diarrhée et de
prise de laxatifs).
Une surveillance régulière du ionogramme sanguin et
de la créatininémie est nécessaire, en particulier en cas
d’événement intercurrent aigu.
Anti-aldostérones
Il n’existe pas actuellement de données suffisantes chez
les sujets de plus de 80 ans en faveur de l’utilisation fréquente de cette thérapeutique. En raison de l’altération
fréquente de la fonction rénale chez les sujets très
âgés, les risques d’hyperkaliémie et d’insuffisance rénale
sont majorés, surtout lorsqu’on associe cette classe avec
les IEC. En cas d’utilisation (IC à fraction d’éjection
altérée restant symptomatique malgré un traitement diurétique/IEC/bêtabloquant maximal), on peut recourir aux
faibles doses (12,5 mg/jour) sous une surveillance étroite
de la kaliémie et de la fonction rénale.
La prise en charge pluridisciplinaire
Plusieurs études indiquent que des interventions multidisciplinaires (cardiologue, gériatre, médecin généraliste,
infirmière) à domicile auprès des insuffisants cardiaques
ont des effets bénéfiques et permettent de réduire significativement les réhospitalisations [49] ou le transfert en
institution [50].
Une prise en charge avec un programme éducatif ou
un suivi coordonné spécifique (difficultés médico-sociales,
éducation thérapeutique et diététique) proposés dans un
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Insuffisance cardiaque et pathologies associées
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réseau de soins est recommandée. Les méta-analyses des
essais randomisés indiquent que la mise en place d’un suivi
pluridisciplinaire (intégrant l’éducation thérapeutique) permet de réduire significativement la mortalité (réduction du
risque de 20 %, p = 0,003) et les réhospitalisations (réduction de 24 %, p < 0,0001) [51]. Dans ce cadre, le suivi de
l’insuffisance cardiaque du sujet âgé nécessite le recours
de plusieurs intervenants médicaux et paramédicaux : cardiologue, gériatre, médecin traitant, pharmacien, infirmière,
aide-soignant, assistante sociale, kinésithérapeute.
Conclusion
L’insuffisance cardiaque est une pathologie fréquente
et grave chez le sujet âgé, elle affecte la quantité et la
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qualité de vie. Les comorbidités associées à l’insuffisance
cardiaque ont un impact sur la mortalité et sur la prescription des thérapeutiques. La prise en compte de
ces comorbidités est primordiale afin d’envisager une
prise en charge thérapeutique adaptée qui évite, entre
autre, les interactions médicamenteuses. Dans ce cadre,
l’évaluation gériatrique apparaît essentielle à la prise en
charge nécessitant une étroite collaboration entre cardiologues, gériatres, médecins traitants et personnels
paramédicaux (infirmières, aides-soignantes, kinésithérapeutes. . .).
Liens d’intérêts :
Olivier Hamon déclare avoir participé
à des interventions ou des missions de consultant pour
les laboratoires Boehringer Ingelheim, Sanofi-Aventis, Bayer,
Bristol-Myers Squibb, Pfizer, Servier, Vifor, Novartis, DaichiSankyo.
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