Article de synthèse
RMC-2012 45
a) Travail avec le patient
D
ans cette fonction du « prendre soin » et d’accompagnement, le psychologue peut
avoir notamment lors du diagnostic, une fonction d’étayage, de contenance ; de
recadrage dans le temps et l’espace. Il tente d’apporter aux patients et à leurs proches,
un espace, un lieu et un temps où ils peuvent exprimer leurs souffrances psychiques et
leurs sentiments associés et y réfléchir afin de mettre des mots sur ce qu’il se passe, sur
leurs ressentis ( émotions, pensées, …).
Il permet également d’aider à comprendre et à intégrer ce qui ne l’a pas été dès le mo-
ment où l’annonce du diagnostic a été transmise.
A
près le diagnostic, le psychologue en oncologie offre la possibilité de mettre du
sens sur ce qu’il se passe pour le patient et/ou ses proches, sur ce qu’ils vivent ;
d’exprimer leur vécu (émotionnel, social, cognitif, …) comme de parler de leurs craintes,
de leurs angoisses (de mort) et de leurs émotions.
Il permet également d’aider à gérer les incertitudes (liées au pronostic, à l’avenir, …) et
la perte de contrôle ; d’investiguer les représentations liées à la maladie ; d’aider à l’iden-
tification des mécanismes d’adaptation ; d’aider à trouver de nouveaux équilibres, repè-
res et à se réorganiser ; d’aider à la gestion de la peur de ne pas arriver à faire face, de
«peser sur les autres», etc.
C’est aussi proposer un accompagnement dans les différents deuils (transformations
corporelles, l’arrêt de travail, etc.) ; prendre en compte le vécu de marginalisation, d’iso-
lement, d’exclusion sociale ; aborder la fin des traitements et la sensation éventuelle d’a-
bandon qui peut en résulter ; prévenir les problèmes de réinsertion socioprofessionnelle
(reprendre le travail et les activités antérieures, adapter son mode de vie, etc.) ainsi que
rester vigilant aux fluctuations de l’humeur, des troubles du sommeil, de l’appétit, etc.
Par exemple, en ce qui concerne les patients atteints de cancers du poumon, Dauchy et
Lopez (2011) soulignent dans leur article que la détresse émotionnelle est présente
chez au moins un patient sur deux.
Un épisode dépressif majeur peut être diagnostiqué chez environ un sur dix d’entre
eux ; il faut donc y être attentif, tout comme pour la recherche des facteurs prédictifs. Il
s’agit en premier lieu de la douleur et des symptômes somatiques; des antécédents de
dépression et la présence d’une dépression au diagnostic.
Les différentes phases d’annonce sont également à risque chez ces patients dont le can-
cer s’accompagne de représentations très péjoratives. Le risque de suicide est égale-
ment nettement accru dans cette population et contribue à la nécessité d’être vigilant aux
éventuels troubles thymiques et au traitement des symptômes comme la douleur.