échocardiographie transœsophagienne, le remplissage (optimisation du débit
cardiaque) a permis d’augmenter la surface télédiastolique du VG de
9,6 ± 3,6 cm2/m2à 12,8 ± 3,7 cm2/m2, suggérant une augmentation de 30 à
40% de la surface télédiastolique du VG au cours du choc septique.
La fonction diastolique est aussi affectée au cours du sepsis. Ainsi, les alté-
rations de la relaxation du VG sont courantes, voire plus fréquentes que les
altérations de la fonction systolique (10). De plus, il semble que, chez un
certain nombre de patients, il y ait un continuum entre une dysfonction dias-
tolique isolée et une insuffisance ventriculaire à la fois systolique et diastolique
(3). Ces anomalies de la relaxation pourraient être un facteur pronostique
majeur du choc septique (3, 11).
L’évaluation de la dysfonction cardiaque au cours du choc septique pourrait
bénéficier du dosage de marqueurs sériques comme la troponine I cardiaque
(TnIc). La TnIc semble être un marqueur très spécifique de lésions des cardio-
myocytes. De nombreuses études ont montré que le taux sérique de TnIc était
augmenté chez plus de la moitié des patients en choc septique (12-13). De
plus, l’augmentation du taux de TnIc est reliée à la dysfonction ventriculaire
gauche, à la mortalité, au score APACHE II, et au besoin en inotropes (12-14).
Les lésions des cardiomyocytes semblent donc fréquentes au cours du sepsis et
sont plus marquées encore en cas de maladie coronarienne préexistante (15).
Bien que les taux de TnIc soient reliés positivement avec la dysfonction du VG
(évaluée par la fraction d’éjection du VG en échocardiographie) (13), l’aug-
mentation des taux de TnIc au cours du sepsis reste modérée et
l’électrocardiogramme, la coronarographie ou les constatations autopsiques
révèlent rarement la présence concomitante d’une ischémie myocardique (3).
Cette élévation des taux de TnIc pourrait cependant, au moins partiellement,
avoir une origine ischémique. En effet, au cours du choc septique, il existe une
dysfonction micro-vasculaire qui pourrait entraîner une oxygénation tissulaire
insuffisante et des foyers de micronécrose. De plus, des épisodes d’hypotension
prolongés, une diminution de la perfusion coronarienne et une diminution du
transport myocardique en oxygène peuvent survenir au cours du sepsis, ce qui
peut favoriser et aggraver ces lésions ischémiques, surtout en cas d’anomalies
microvasculaires. Ver Elst a retrouvé sur des biopsies de cœur de patients
décédés de choc septique une nécrose de certaines bandes de contraction (14).
Bien qu’une origine ischémique soit possible, d’autres phénomènes, comme
une augmentation de la concentration des catécholamines endogènes et/ou
exogènes ou des phénomènes d’ischémie-reperfusion, peuvent également être
impliqués dans le développement de telles lésions. En effet, la dysfonction
micro-vasculaire liée au sepsis et l’utilisation dans le traitement du choc
septique de thérapeutiques qui augmentent la consommation d’oxygène du
myocarde peuvent induire des lésions d’ischémie-reperfusion. Le processus
infectieux lui-même, en activant les leucocytes, les macrophages et les cellules
endothéliales qui libèrent alors des espèces radicalaires de l’oxygène (anion
superoxyde, hydroxide, peroxyde d’hydrogène), peut induire des phénomènes
d’ischémie-reperfusion (16). La sécrétion de cytokines, comme le tumor
54 Sepsis sévère et choc septique