Procédés sémantiques des noms des plantes et des animaux en sino-tibétain et en
austronésien
SAGART Laurent
CRLAO CNRS (France)
Languesd’agriculteursdurizetdumillet,lesfamillessino‐tibétaineetaustronésiennepossèdentun
vocabulairestable,reconstructible,détailléetpartiellementopaquepourdésignercesplantesetleursgrains
dansleursétatssuccessifsdepréparation:ceciimpliqueunetrèsanciennefamiliaritéaveccescéréales.Les
deuxfamillesontégalementencommundeuxespècesanimalestrèsanciennementdomestiquées:lechienet
lecochon.Levocabulairedel’élevageestleplusdéveloppéentibéto‐birman,peut‐êtresuiteàl’introduction
d’espècesdomestiquéesdepuisl’ouestaucoursdunéolithique:chevaux,bovins,caprins.
Onexamineradiversesstratégiesemployéesdansladénominationdesespècesanimalesetvégétales,
domestiquéesetsauvages,danscesdeuxfamilles:onomatopées,emprunts,termesliésàlasaisonde
plantation/récolte,etc.Onévoqueradeschangementssémantiquesremarquablestelsque«graine»<
«fruit»entibéto‐birmanetenaustronésien,«richesse»<«cochon»enchinois;leremplacementrécurrent
dunomdel’animalparlenomdujeune;leremplacementdunomduriz(plante)parlenomdesgraines
revêtuesdeleursenveloppesenchinois;letransfertderéférentd’unecéréaleàuneautredanslecadred’une
domesticationlocaleseraillustréparlecasdesmots«riz»et«orge»ensino‐tibétain.Enfin,lerôledu
contactdelanguesdansladénominationdesespècesseraévoquéd’unepartautraverslesnomsdeplantes
empruntés,telslethéenchinois,lerizindicaenbarito,lemilletenpuyumaetc.etd’autrepartparletransfert
deréférentde«truie»à«vache»parlestibétains,ainsiquede«millet»à«sorgho»danslemonde
austronésien.