rEpOrTaGE prOJECT “Nos solutions visant la réalisation d’écoles saines et économes en énergie mises en musique” tel était le thème de l’événement organisé par Foamglass®, Forbo, RENSON®, Trespa et Wienerberger au profit des architectes, des bureaux d’études, des maîtres d’ouvrage et des organisations actives dans la construction et la rénovation de bâtiments scolaires. Les immeubles Cloquet & Pauli du Bijloke de Gand récemment rénovés avec notamment un nouveau bâtiment annexe, servirent de décor à cette manifestation. Le maître d’ouvrage de la rénovation et de la nouvelle construction est la “Koninklijke Academie voor Schone Kunsten, KASK” de la Haute Ecole de Gand qui, par manque d’espace, a élu domicile sur ce site historique. Faisaient e. a. partie du projet: des auditoires, des ateliers, des locaux pour le traitement de l’image et des médias audiovisuels ainsi que des services administratifs. L’équipe de conception était constituée de l’Association des bureaux d’études Abscis, Provoost et Boydens. Rénovation en douceur En raison de la grande valeur du site historique, le projet a été strictement contrôlé par les services du Patrimoine immobilier. L’ancien hôpital universitaire conçu par l’architecte Adolphe Pauli et les laboratoires de recherche de la Pasteurlaan réalisés par l’architecte Louis Cloquet sont des monuments classés. Les bâtiments existants datant de 1904 ont fait l’objet d’une enquête approfondie sur les plans architec- Académie des Arts sur le site gantois du Bijloke turaux, de la physique et de la pathologie du bâtiment. En concertation avec le plan directeur du site du Bijloke, cette étude a abouti à un projet architectural combinant rénovation douce et architecture contemporaine. Les murs et les différences de niveaux n’isolent plus le campus de la ville. Après le “stadsmuseum STAM” (nouveau musée urbain) et le nouveau studio de “Les Ballets C de la B”, ce projet de rénovation et de construction réalisé au profit de l’Académie des Arts contribue à la mise en valeur architecturale du site du Bijloke. Patine sur la pierre La construction complémentaire à l’arrière réalisée durant la période 1920-1960 témoigne de régression architecturale. L’analyse de la physique du bâtiment a démontré que les bâtisses situées à l’arrière étaient également de mauvaise qualité du point de vue de la construction. Elles ont été démolies afin de rendre sa vraie valeur à l’œuvre de Cloquet. Les bâtiments qu’il réalisa le long de la Pasteurlaan dont le style s’apparente au néo-gothique, ont bénéficié d’une rénovation en douceur. C’est ainsi que le service de préservation des monuments a exigé que les pierres naturelles et de façades ne soient pas nettoyées chimiquement pour préserver la patine de la pierre. Les joints ont été évidés, soigneusement nettoyés et comblés offrant ainsi un résultat très esthétique. Les fenêtres d’origine situées à l’avant du bâtiment ne pouvant être remplacées, il fallut conserver le simple vitrage. >> DIMENSION L’Académie des Beaux-Arts de la Haute Ecole de Gand a finalement fait son entrée sur le site du Bijloke. un projet ambitieux de rénovation et de construction confère une plus-value à ce lieu historique gantois. Des bâtiments de grande valeur sont mieux mis en valeur et le site est plus transparent. un décorum brillant pour un événement ayant pour objet les écoles saines et économes en énergie ... 45 rEpOrTaGE Certains défauts de construction très anciens avec pour conséquence un affaissement des fenêtres avec fissures, ont été soigneusement corrigés. Dans le cadre de la protection contre l’incendie, les bâtiments historiques ont été compartimentés dans les couloirs à l’aide de vitrages résistant au feu et de portes intégrées dans les parois. une vision globale pour le site Une analyse historique a démontré que la première ébauche de Louis Cloquet témoignait d’une vision à l’échelle de l’ensemble du site. La construction de 1934 réalisée par son fils Norbert dans un style qui n’est pas sans rappeler l’art déco avait pour ambition de terminer le projet et de former un ensemble cohérent orienté sur le ring de Gand. Diverses modifications aux plans originaux ont été apportées dans ces bâtiments au cours des travaux de rénovation. C’est ainsi que le nombre de chambres noires a dû être réduit de façon drastique en raison de l’apparition de la photographie numérique. Circulation verte et douce Série répétitive de volumes denses L’extension du Campus du Bijloke a été élaborée à la transversale de la Godshuizenlaan et avec vue sur le jardin classé du cloître. Ce nouveau bâtiment est conçu comme une série répétitive de volumes denses le long d’un axe de circulation transversal et longitudinal. On y trouve la partie comprenant la ‘Zwarte zaal’, une salle polyvalente avec des grilles pare- soleil sur les fenêtres. Elle peut être complètement plongée dans l’obscurité, notamment pour mettre en valeur de manière optimale les créations des étudiants. Les locaux des différentes disciplines de l’Académie des Arts - Photographie, Graphisme, Illustration, Animation et Cinéma - sont implantés dans un autre bâtiment composé de trois ailes reliées entre elles par deux escaliers de secours. Il s’agit de trois volumes distincts en partie pour des raisons acoustiques. Les passerelles de secours conçues pour se déplacer d’un volume à l’autre en cas d’incendie sont maintenant utilisées par les fumeurs ... >> DIMENSION L’optique du nouveau campus passe par les éléments visant à réaliser une circulation verte et douce. Les axes de circulation conçus à l’origine par Louis Cloquet ont été réhabilités ou complétés. Les voies piétonnières ont été raccordées aux couloirs existants réalisés par Pauli. Les jardins et les bâtiments de la Bijloke sont mieux reliés grâce à la création d’un tracé de promenade étudié. 47 rEpOrTaGE Saines et économes en énergie Des matériaux durables ont été utilisés pour pouvoir accueillir les étudiants et le personnel de l’Académie des Arts dans des bâtiments sains et économes en énergie. L’inertie thermique des murs intérieurs en céramique de Wienerberger exerce un effet tampon sur le climat intérieur. Pour l’isolation des toits plats, on a choisi un verre cellulaire Foamglas®, un matériau d’isolation entièrement étanche à l’air, à l’eau et à la vapeur. En raison de la lourde charge en termes de physique du bâtiment, le choix se porta sur le système de toiture compacte Foamglas®. Certains toits sont accessibles au public et nécessitent une grande flexibilité en termes de résistance à la compression. Le revêtement de sol est le Marmoleum de Forbo Flooring Systems certifié cradle-to-cradle. www.abscis.be MARJET RuTTEN : «LE SECTEuR DE LA CONSTRuCTION DOIT SE RéINITIALISER COMPLÈTEMENT» DIMENSION La Néerlandaise Marjet Rutten suit de près les tendances et les développements du secteur de la construction. En 2010, elle a publié le livre ‘Van Yab Yum naar Dim Sum, uitdagende visies voor de bouw-, installatie- en vastgoedsector in 2025’ (De Yab Yum à Dim Sum, visions provocatrices pour les secteurs de la construction, de l’installation et de l’immobilier en 2025). Dans la Kraakhuis du Bijloke, elle a exprimé son opinion sans mettre des gands: «Pour le secteur de la construction, innover signifie se réinitialiser complètement. Nous avons perdu notre connaissance de la nature et nous devons trouver des “matériaux zéro”. Il s’agit de matériaux qui, utilisés, ont une plus longue durée de vie que le coût total nécessaire s’il fallait les remplacer. Je pense, par exemple, à des matières synthétiques biologiques. C’est avec beaucoup de peine que nous nous débarrassons du stigmate «quel sera le coût pour construire ce bâtiment? », alors que le point de départ devrait être: «quels seront les coûts de gestion de ce bâtiment pendant toute sa durée d’utilisation?». Il faut encore concevoir de manière plus ingénieuse car construire deviendra encore plus complexe à l’avenir. La bonne nouvelle est que nous pouvons disposer de beaucoup de nouveaux outils. Pensez aux possibilités que la robotique et les nanotechnologies peuvent offrir à la construction ou au “Building Information Modeling”, le BIM. Aux Pays-Bas, ce sont principalement les maîtres d’ouvrage qui insistent sur celui-ci. Pour le moment, les architectes préfèrent l’ignorer. Pour bon nombre de projets, on conçoit encore à chaque fois la construction à partir de zéro. Les dessins techniques devraient encore être mieux coordonnés entre tous les partenaires du projet. L’impression en 3D offre également d’énormes possibilités. Les bâtiments peuvent être réalisés étage par étage. En Asie, un hôtel a pu être construit en six jours. Au même titre que le secteur des TIC, l’industrie de la construction doit trouver de nouveaux produits pour lesquels le marché s’enthousiasmera. L’objectif de la construction de l’avenir doit être : «A quels défis le maître d’ouvrage devra-t-il faire face? » 48