Ce jeudi 14 novembre, la Région Limousin accueillait un grand nombre de professionnels du
bâtiment pour débattre sur le thème du bois dans la rénovation thermique. Pourquoi ce choix est-il
important ?
Parce qu’il est une des solutions pour faire notre part, ici et maintenant, pour atténuer
l’ampleur du changement climatique, avec une augmentation de la température moyenne de globe
qui pourrait être comprise entre +2°C et +6°C d’ici 2100. Le 5è rapport du GIEC confirme que cela
dépendra des décisions prises pour réduire les émissions de gaz à effets de serre.
Les bâtiments constituent en France plus de 40% de la consommation totale d’énergie. En
Limousin, selon le Schéma Régional Climat Air Energie (SRCAE), ce sont 420 000 logements et
11 millions de m2 de bâtiments tertiaires qui contribuent pour 19% aux émissions de gaz à
effet de serre1.
L’objectif stratégique de la Région est d’engager un vaste programme de réhabilitation des
bâtiments les plus énergivores et mettre en place les conditions nécessaires à sa rénovation1. Le
moyen pour réussir est de mobiliser et articuler des systèmes de financements innovants pour
pouvoir réhabiliter chaque année 15 000 logements et 440 000 m2 du parc immobilier tertiaire1.
Il semblait que c’était un des buts de ces 3è rencontres Bois Construction en Limousin :
Montrer des réalisations exemplaires sur le thème du bois dans la rénovation thermique,
Décerner, pour la première fois, des prix aux réalisations les plus remarquables avec un
Palmarès de la construction bois en Limousin.
Co-organisées par l’inter-profession forêt-bois BoisLim et le Pôle éco-construction
Limousin, elles faisaient suite aux 2è rencontres, fin 2012 à Tulle, sur le thème «bois construction
et développement local», aux ateliers qui ont préparé le SRCAE et s’inscrivaient dans une suite
d’initiatives dans la région2 pour mobiliser les professionnels du bois.
Mais qu’avons-nous entendu ?
Souhaitant la bienvenue, le Président de la Région, Jean-Paul Denanot a affirmé
l’importance du développement des métiers et des entreprises du bois-construction et de la forêt,
soulignant «qu’il ne s’agit pas de consommer de la forêt sans se demander ce qu’elle va devenir
ensuite» et signalant des réalisations remarquables en bois, telles que celle de l’école maternelle
de Chalus. Mais l’enjeu de réduire rapidement les émissions de gaz à effet de serre n’a pas été
présenté comme un objectif central, qui devrait motiver tous les acteurs de la filière bois et du
bâtiment. Le changement climatique avait disparu des discours ! Comment mobiliser si les
élus ne le mettent pas en rapport avec les objectifs économiques des entreprises ?
Plusieurs questions importantes, posées au fil des exposés, sont restées sans réponse !
Le manque d’objectifs sur le niveau d’efficacité à atteindre en rénovation pour ne pas «tuer» les
gisements d’efficacité énergétique !
Comment faire pour simplifier la complexité du système de financement actuel ?
L’absence d’intervention sur la formation des acteurs à l’efficacité énergétique.
1. L’absence de référence claire du niveau de performance à atteindre laisse le champ
libre à des rénovations thermiques insuffisantes : les améliorations apportées vont certes
dans le bon sens, mais c’est du temps et de l’argent perdu quand elles ne sont pas
suffisantes ! Comme le remarquait un architecte, une réhabilitation partielle peut bloquer la
performance énergétique d’un bâtiment à un niveau trop bas par rapport à ce qui serait
atteignable... et l’argent dépensé ne pourra pas être remis à nouveau sur ce bâtiment
quelques années plus tard. Trois des quatre exemples présentés concernaient la rénovation
Rénover les bâtiments, faire la transition énergétique, agir
contre le changement climatique :
c’est maintenant ?
Rencontres pour la rénovation thermique des bâtiments-b.pages!19/11/2013
1 Voir le SRCAE LImousin, adopté par la Région le 23 avril 2013 : http://www.limousin.developpement-
durable.gouv.fr/le-schema-regional-du-climat-de-l-a1397.html
2 Une demi-journée «Bois construction & Performance énergétique» avait aussi eu lieu fin 2010 à Limoges.
énergétique (le 4è exposé, fort intéressant, mais hors-sujet, concernait la transformation en
logement d’ un ancien hangar agricole).
La première présentation du matin nous a montré la rénovation thermique d’une
maison individuelle, à Saint-Junien, par la pose d’une isolation par l’extérieur. Ces travaux
ont fait passer son étiquette énergétique de la catégorie E à la catégorie C et une division
par deux environ de sa consommation d’énergie. Mais il n’a pas été fait d’étude thermique
pour ce projet et le pont thermique que constitue le balcon est resté inchangé !
La présentation des travaux de rénovation de 146 logements de la cité des
«Turbaudières», à Cholet (49) était le second exemple : explications détaillées sur la
méthode employée pour rénover, avec le moins de gêne possible pour les habitants qui
pouvaient rester sur place pendant le chantier, les travaux, faits à la belle saison, étant
planifiés pour limiter la durée d’intervention à 3 jours par appartement. Le travail a
consisté à poser une isolation par l’extérieur (ce sont des immeubles de 8 étages), tenir
compte du fléchissement des dalles en béton à chaque étage (une amplitude de quelques
centimètres a été mesurée), supprimer les ponts thermiques, etc. Au résultat, un
agrandissement de la surface habitable et les premiers résultats mesurés montrent une
division par trois des consommations d’énergie. Tout cela pour un coût de rénovation de
320 €#HT / m2. Mais c’est à Cholet. Pourquoi n’avons nous pas encore d’exemple
équivalent en Limousin ?
L’exposé suivant présentait la rénovation du lycée des Vaseix, à Verneuil. Un beau
travail qui met en valeur la rénovation de 100 mètres de façades avec un bardage en
douglas, une belle réalisation qui porte aussi sur la mise en accessibilité pour tous et sur
les aménagements intérieurs. Mais qu’en est-il de la programmation et des objectifs
thermiques de ce chantier, demande un auditeur ? Pas de réponse de l’architecte sur ce
sujet, ou plutôt celle-ci : on a mis 10 cm d’isolant derrière le bardage et posé une centrale
photovoltaïque en toiture. C’est tout ? Oui, ou presque : l’intervenant de la Région précise
que «quand nous le pouvons, nous isolons la façade» Pas d’étude thermique qui aurait
permis de programmer des solutions plus efficaces ? Rien de plus, question suivante !
2. Les systèmes de financement qui ont été présentés sont extrêmement complexes !
Leur mise en oeuvre fait appel une multitude d’intervenants et ne peut que :
freiner les demandes des propriétaires,
générer une perte d’efficacité quand les résultats visés ne sont pas atteints.
Une meilleure visibilité des aides, crédits d’impôts, prêts bancaires à taux zéro,
certificats d’économie d’énergie, etc. est nécessaire pour que les habitants comprennent les
moyens qu’ils ont. Cela nous concerne tous : les propriétaires, pour encourager à investir
dans des travaux «sans regrets» qui améliorent la valeur du patrimoine, et les locataires afin
de réduire les charges. Mais les innovations qui apparaissent dans d’autres régions afin de
promouvoir des modes de financement qui renforcent le rôle des régions pour garantir la
performance énergétique, tels que le tiers-financement3 par exemple, n’ont été ni évoquées
sur le principe, ni citées.
3. Enfin, on a pu noter l’absence de présentation sur la formation professionnelle pour
atteindre ces objectifs. Pourtant, des initiatives intéressantes avaient été présentées voici
trois ans, lors de la journée «Bois et performance énergétique» du 8 novembre 2010, dans la
même salle. De nombreuses initiatives ont été prises depuis pour développer les savoir-faire,
et chacun sait que leur acquisition prend du temps et nécessite de faire aussi des retours sur
expérience : il aurait donc été intéressant de revenir sur ces questions.
ALDER Climat Energie
3 Le Tiers-Financement consiste à faire financer une rénovation énergétique par un tiers qui réalise
l’investissement et les travaux. Ensuite le client verse au tiers-financeur un « loyer » inférieur ou égal aux
économies réalisées. Dès la fin du contrat, les économies d’énergie sont au bénéfice du client. Voir par
exemple : http://www.lesepl.fr/pdf/transition_energetique_sem_energies_%20positif_20130616.pdf
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