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politique certaine, puisque cinq des sept commissariats furent crées dans la seule année 1914.
De plus, la population des villes du bassin minier n’excédait en général que de peu le seuil
des 5 000 habitants, alors que de nombreuses communes rurales qui le dépassaient restèrent
sous administration de la gendarmerie. On ne peut s’empêcher de rapprocher ce phénomène
de la volonté qu’avait eue le gouvernement, juste avant la première guerre mondiale,
d’étatiser les polices des communes du bassin ferrifère lorrain
7
. Le succès touristique du
Touquet justifia également la création d’une police municipale dans la station balnéaire en
1908.
La première guerre mondiale et son cortège de destructions ne modifièrent pas la répartition
des polices municipales. En 1923, le commissariat d’Hesdin était fermé, compensé dans
l’arrondissement de Berck par la création de celui d’Etaples, mais pour peu de temps, puisque
ce dernier fut supprimé en 1930. Entre les deux guerres, le développement des houillères et
du syndicalisme communiste aidant, six nouveaux commissariats furent implantés à Bully-
les-Mines, Calonne-Ricouart, Divion, Mazingarbe en 1924, Montigny-en-Gohelle en 1933 et
Marles-les-Mines en 1939.
Malgré la fermeture du commissariat de Vendin-le-Vieil, où fut du reste installé pendant la
seconde guerre mondiale un poste de police dépendant de la circonscription de Harnes, le
basin minier se trouvait donc enserré dans un maillage de vingt et un commissariats en 1939,
sur les vingt-huit que comptait alors le Pas-de-Calais. Tous les autres jalonnaient la côte, à
l’exception de celui d’Arras.
Le régime de Vichy fut à l’origine de la dernière vague de création de commissariats dans le
Pas-de-Calais, autant pour épauler les Allemands dans leurs opérations de maintien de l’ordre
que pour maintenir un semblant de présence administrative française dans une des régions
soumises au régime d’occupation le plus rigoureux puisqu’elle se situait dans la zone
interdite. Désormais, le ressort des commissariats s’étendait aux communes environnantes, ce
qui permettait de couvrir l’ensemble des secteurs urbanisés. Quatre circonscriptions virent
donc le jour à Dourges, Fouquières-les-Lens, Rouvroy-sous-Lens et Wingles dans le bassin
minier, tandis qu’un poste, ressortissant de la circonscription de Saint-Omer, fut installé à
Arques pour surveiller l’important dépôt de charbon que la Wehrmacht y avait.
Cette organisation, que le gouvernement de la Libération conserva intégralement, ne fut
remise en cause qu’à partir du moment où le déclin de l’activité minière se précipita, dans les
années 1960
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. Entre 1966 et 1972, les circonscriptions de Fouquières, Mazingarbe, et
Rouvroy furent supprimées. La création en 1964 de la sous-préfecture de Lens, résultant de la
division de l’arrondissement de Béthune et la réforme de la Police nationale de 1966, entraîna
une profonde refonte de la géographie administrative policière. Le district de Lens comprenait
les commissariats de Billy-Montigny, Bully-les-Mines, Carvin, Dourges, Harnes, Hénin-
Beaumont, Liévin, Sallaumines et Wingles. Du district de Béthune dépendaient Auchel,
Barlin, Beuvry, Bruay-en-Artois, Calonne-Ricouart, Divion, Lillers. Les circonscriptions de
Marles-les-Mines, Nœux-les-Mines et Avion étaient quant à elles indépendantes.
Depuis lors, outre la dissolution du commissariat de Beuvry et l’étatisation de la police
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G. Carrot, Histoire de la police en France, 1992, p. 650.
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L’ensemble du bassin du Nord employait en 1947 220 000 mineurs, contre 80 000 en 1969 (A. Beltran, Un siècle
d’histoire industrielle en France, industrialisation et sociétés, 1880-1970, Paris, 1998, p. 48).