La Ministre Conseillère pour les Affaires Economiques Berlin, le 18

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La Ministre Conseillère pour les Affaires
Economiques
Berlin, le 18 novembre 2016
NOTE
Dossier suivi par : Steven Bourgeois et Julien Miéral
Objet : Les priorités du 10ème « Nationaler IT-Gipfel » (sommet national des TI), 16 et 17 novembre 2016.
Résumé :
Les 16 et 17 novembre 2016 s'est tenu à Sarrebruck (Sarre) le 10ème sommet national des technologies de
l'information (« Nationaler IT-Gipfel »), qui a rassemblé environ 1100 personnes : acteurs politiques (dont la
chancelière Merkel et six ministres fédéraux
1
), économiques (dont le directeur général de Google, Sundar
Pichai), syndicats et chercheurs essentiellement, sur le thème « Apprendre et agir dans le monde numérique
». Ce sommet a pour vocation principale de faire le bilan et de dresser des axes de travail au regard des
différentes initiatives prises par les autorités publiques dans le domaine du numérique, en particulier les sept
champs d’action figurant dans l’agenda numérique 2014-2017 du gouvernement fédéral (i.e. infrastructures
numériques et haut-débit, économie numérique et travail numérique, Etat innovant, société numérique,
recherche/formation/sciences/culture et dias, sécurité/protection/confiance pour la société et l’économie et
dimension européenne et internationale) ainsi que les résultats des travaux des plateformes et fora du sommet
national des TI.
Trois priorités, qui ont au total fait l’objet de cinq fora de travaux, se sont dégagées de ce sommet: (i) faire
progresser le tournant numérique de l’économie vers la société gigabits, (ii) la formation dans une société
numérique (incluant le développement de stratégies politiques, la détermination des bonnes pratiques et un
forum sur « grandir dans un monde numérique », avec un zoom sur l’école), (iii) la politique des données et
les zones de tensions entre la protection et l’exploitation des données.
Le ministre de l’Economie et de l’Energie, Sigmar Garbiel, a profité de cet évènement pour lancer un appel à
candidature pour la mise en place d’un coordinateur-hub dans le cadre de la Digital Hub Initiative, afin de
soutenir et de coordonner les hubs
2
qui se forment en Allemagne, dont les cinq premiers (Berlin, Munich,
Francfort, Hambourg et Dortmund).
Le thème retenu pour le sommet de 2017 sera celui des « Smart Cities & Regions » et prévoira une mise à jour
des rapports d’étape et de suivi sur tous les champs d’études relatifs aux réseaux intelligents.
1. Faire progresser le tournant numérique de l’économie vers la société gigabits
Ce premier forum s’est appuyé sur les discussions lancées dans le programme d’action du BMWi « transition
numérique 12 points pour un avenir numérique », publié en septembre 2016. Ce forum a été l’occasion
d’étendre les discussions à la ministre de l’Education et de la Recherche ainsi qu’à celui des Transports et des
Infrastructures numériques. Le forum a également réuni des représentants de l’industrie (Siemens, Deutsche
Telekom), une startup (CareerFoundry) ainsi que le syndicat IG Metall. La disruption induite par les
plateformes numériques et la remise en question des modèles d’affaires traditionnels a figuré au centre des
débats, de même que l’« Industrie 4.0 », et notamment ce qu’elle signifie concrètement pour les entreprises du
1
Les ministres présents : le ministre de l’Economie et de l’Energie et vice-chancelier fédéral (Sigmar Gabriel), la ministre
du Travail et des Affaires sociales (Andrea Nahles), la ministre de l’Education et de la Recherche (Johanna Wanka), la
ministre d’Etat pour la Culture et les Médias (Monika Grütters), le ministre de l’Intérieur (Thomas de Maizière) et le
ministre des Transports et des Infrastructures numériques (Alexandre Dobrindt), ainsi que la ministre-présidente du Land
de la Sarre (Annegret Kramp-Karrenbauer).
2
La définition que retient le ministère fédéral de l’Economie et de l’Energie d’un hub est un écosystème numérique à fort
caractère international dans lequel des startups allemandes et internationales, des scientifiques, des investisseurs et des
entreprises déjà établies sur le marchés coopèrent et se renforcent mutuellement.
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2
Mittelstand. Sept principales questions ont été abordées: (i) les possibilités, pour les acteurs économiques,
d’exploiter au mieux les possibilités offertes par le numérique tout en minimisant les risques, (ii) les
instruments pouvant contribuer à accélérer la transformation numérique de l’économie, (iii) comment faire
progresser l’Industrie 4.0 aux échelles nationale et internationale, (iv) comment le développement du
numérique dans le Mittelstand peut-il être mieux promu, (v) l’organisation de l’apprentissage et la formation
continue de la main d’œuvre d’aujourd’hui et de demain, (vi) comment favoriser la coopération entre les
entreprises déjà présentes sur le marché et les jeunes startups innovantes, et (vii) la mise en place des
infrastructures nécessaires.
Le ministre de l’Economie et de l’Energie, Sigmar Garbiel, a lancé, à l’occasion du sommet, un appel à
candidature pour la mise en place d’un « coordinateur des hubs » dans le cadre de la « Digital Hub
Initiative », qui devrait comporter entre 10 et 12 hubs (sont déjà sélectionnés : Berlin, Munich, Francfort,
Hambourg et Dortmund).
Le sommet a également été l’occasion de présenter le « D21-Digital-index 2016 »
3
, qui conclut notamment
que 18 millions d’Allemands (soit 26% des 14 ans et plus) sont à la marge de l’évolution numérique, 30
millions (43%) arrivent à en suivre le rythme et 21 millions (31%) sont à un niveau avancé.
2. La formation dans une société numérique stratégie politique, bonnes pratiques et zoom sur l’école
Le BMWi a publié, le 16 novembre, un document de position intitulé « Education numérique la clé vers un
monde en mutation »
4
. Le projet phare est de créer 1000 établissements d’enseignement professionnel
« 4.0 » du cycle primaire aux établissements d’enseignement supérieur, en incluant la formation
professionnelle continue. Ce projet s’appuie sur le réseau des « centres de compétence Mittelstand 4.0 » et un
investissement de 37 M EUR jusqu’en 2018, pour les équipements numériques, comme les imprimantes 3D.
Les autres principaux objectifs affichés dans le document sont (i) l’insertion dans l’enseignement primaire et
secondaire l’apprentissage de base en informatique, en programmation ainsi qu’en matière d’algorithmes (ii)
la création dun prix BMWi-SCHULEWIRTSCHAFT, qui récompensera les bonnes pratiques en matière de
coopération entre écoles et entreprises dans le domaine de la formation numérique. Enfin (iii), en partenariat
avec les entreprises et les syndicats, le BMWi cherchera à identifier les nouveaux besoins en termes de métiers
liés au développementla transformation numérique et à les encadrer (le BMWi le fait actuellement pour celui
de vendeur/vendeuse dans le e-commerce).
Le second axe, regroupant trois fora consacrés à la formation professionnelle et aux défis du numérique pour
la qualification, a été présenté par le ministère fédéral de l’Education et de la Recherche (BMBF) et par celui
du Travail et des Affaires sociales. Il a rassemblé des représentants des groupes Scheer et Volkswagen, le
président de la Fédération centrale allemande de l’artisanat (ZDH) et la ministre de l’Enfance et de l’Education
de la ville-Etat de Brême.
Le gouvernement fédéral et les Länder ont travail conjointement sur des stratégies promouvant
l’utilisation d’outils numériques dans les systèmes d’apprentissage et de formation professionnelle
continue. Les questions évoquées se sont articulées autour de deux axes : (i) pour quel type de main d’œuvre
est-il nécessaire d’élargir les compétences, ou comment élargir l’accès à la formation continue et (ii) la
présentation de la plateforme de stages « JOIN », qui explique comment les réfugiés peuvent s’intégrer sur le
marché du travail.
Les travaux de ces fora s’inscrivent dans la suite du le « pacte numérique » (5 Md EUR au cours des cinq
prochaines années) annoncé en octobre par le BMBF et qui prévoit notamment le développement des clouds
propres aux écoles, de formations professionnelles numériques, l’adaptation des filières ainsi que la création
et le développement de centres de compétences numériques à l’échelle régionale. Le sommet national des TI
a été l’occasion pour la ministre de l’Education et de la Recherche d’annoncer l’ouverture en Allemagne
les deux premières « smart schools » Sarrebruck pour l’école primaire et à Saint-Wendel pour le lycée
tous deux dans la Sarre), qui inclut un volet numérique dans toutes les disciplines.
L’Initiative D21 et Kantar TNS ont également publié dans le cadre du sommet une étude spéciale sur « "L’école
numérique" le monde de l’enseignement, de l’apprentissage et le cadre de vie : éducation numérique dans le
triangle élève-parents-enseignant ». Celle-ci sonde, élèves, parents et professeurs sur l’utilisation de moyens
3
Association d’utilité publique créée en 1999 (dont le siège est à Berlin), qui est le principal partenariat allemand pour
les technologies de l’information et de la communication (elle regroupe notamment 200 entreprises et organisations ainsi
que des partenaires publiques fédéraux et des Länder).
4
Cf. le document dans son intégralité ici pour les germanophones.
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3
numériques en cours ainsi que des infrastructures numériques à l’école, l’une des principales conclusions
étant que celle-ci est pour l’instant empêchée par un manque d’infrastructures TI et de formations
continues pour les enseignants.
3. La politique des données comme zone de tensions entre la protection et l’exploitation des données
Ce troisième forum, sous l’impulsion du ministère fédéral de l’Intérieur, a rassemblé des représentants de
Giesecke & Devrient, d’IBM Allemagne et le secrétaire d’Etat parlementaire au ministère de la Justice et pour
la Protection des consommateurs, Ulrich Kelber. La principale thématique abordée a concerné la protection
des données, notamment en relation avec les produits, les processus et les nouveaux modèles d’affaires
innovants, ce qui soulève de nombreuses questions politiques, sociétales et économiques : (i) quelles données
peuvent être utilisées et quel est le cadre juridique à mettre en place, (ii) comment concilier protection des
données et intérêts du client et (iii) quels leviers doivent être utilisés dans la sécurité de la technologie et de
l’information pour à la fois protéger le citoyen et les entreprises et en même temps assurer un climat propice
pour les affaires à l’international.
4. Réactions presse sur cet événement constituant avant tout le temps fort de la communication du
gouvernement fédéral sur sa politique du numérique
La presse retient essentiellement l’inflexion adoptée par la chancelière et le ministre de l’Economie et
de l’Energie sur le principe, profondément ancré en Allemagne, de « Datensparsamkeit », qui pourrait
être traduit en français par « minimisation des données » ou « austérité des données », et qui fait l’objet de
dispositions législatives précises outre-Rhin
5
. Selon la chancelière, ce principe « tel que nous le connaissons
depuis plusieurs années, ne peut plus être le fil conducteur général pour le développement des nouveaux
produits ». Elle précise que « d’ici l’entrée en vigueur en mai prochain du règlement général de l’UE sur la
protection des données, l’Allemagne devra veiller à ce que l’application du règlement ne se fasse pas à un
degré de restriction le développement du big data ne soit impossible ». Elle a aussi considéré que « nous,
Européens, sommes connus pour interdire les choses ». Ce positionnement est potentiellement porteur d’un
véritable changement de paradigme en Allemagne, où la sécurité des données a une signification
particulière. Dans une tribune publiée dans Die Welt (cf. annexe 1) et reprise par la Frankfurter Allgemeine
Zeitung, le ministre de l’économie Sigmar Gabriel explique que les gens ont besoin de « souveraineté
intellectuelle dans l’usage des données, afin qu’ils puissent croire sans crainte à la force des progrès induits
par le numérique mais aussi dans le même temps de pouvoir en déterminer les limites », ces limites impliquant
une l’existence d’une vraie « souveraineté juridique ». Comme la chancelière, il estime qu’il est « important
de s’affranchir de l’acception classique de la protection des données, car elle ne signifie rien d’autre que la
minimisation des données ». La Süddeutsche Zeitung a par ailleurs pointé le « pacte numérique » du BMBF
(cf. titre 2), en estimant que l’enveloppe de 5 Md EUR pour financer 40 000 écoles, soit 125 000 EUR/école
est insuffisant, compte tenu du prix des smartphones et des tablettes, ce qui pose nécessairement la question
que les élèves viennent avec leur propres appareils, avec les difficultés que cela pose en termes de
programmation des appareils et surtout en termes d’inégalités.
Anne-Laure de COINCY
5
Bundesdatenschutzgesetz § 3a Datenvermeidung und Datensparsamkeit.
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4
Annexe 1 : Résumé de la tribune de Sigmar Gabriel dans Die Welt du 15 novembre: « Nous
avons besoin d’une émancipation numérique ; les citoyens doivent savoir gérer les données
[littéralement : "devenir souverains dans la façon de gérer les données", "souverän werden im
Umgang mit Daten"]. C’est la c de la démocratie à lère du numérique et la clé de
l’innovation » :
Le sommet national des TI est consacré à la formation numérique. […] Les données ont beaucoup d’avantages :
le big data permet moins d’encombrements sur les routes, moins d’émissions, davantage de places de parking
libres. Dans le journalisme, le big data a permis les Panama papers. […] Le rôle de l’Etat est de protéger les
données de ses citoyens. Seuls des infrastructures et des sites de stockage sûrs ainsi que des droits clairs
permettront la confiance dans le développement du numérique et seront décisifs pour décider s’il s’agit in fine
de vol de données ou de nuage de données (cloud). […] Cette « souveraineté sur les données » est la condition
de la numérisation d’une société libre et le résultat de la formation au numérique, qui doit être exigée et apprise
dans quatre domaines :
- Souveraineté technique : nécessité d’une formation continue des parents et des enfants, y compris afin
de savoir programmer, et pas seulement pour utiliser des logiciels ;
- Souveraineté économique : il faut connaître la valeur des données pour comprendre pourquoi les
données personnelles sont si attractives et pour permettre une attitude de consommateur capable de
critique ;
- Souveraineté psychologique : il faut croire à la force du progrès numérique, il faut apprendre cet
optimisme [ndlr : dans un contexte les Allemands ont globalement peur de transmettre leurs
données] ; ce progrès permet au client d’avoir davantage de poids et de transparence, permet à une
startup de se créer facilement, permet de disposer du savoir de façon massive et librement ;
- Souveraineté juridique : c’est le rôle de l’Etat d’éviter les abus dans l’utilisation des données. Des
règles claires sont nécessaires pour que la souveraineté en matière de données soit possible. C’est
d’autant plus important de faire avancer un cadre juridique européen comme code continental pour
tous, cela concerne les questions du droit des ententes, de la propriété intellectuelle et de la protection
des données ;
Le nouveau règlement européen sur la protection des données est une étape. Avec la portabilité des
données ou le « droit à l’oubli », ce règlement met en place des instruments efficaces.
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5
Annexe 2 : Organisation détaillée du travail dans le cadre du sommet national des TI
Secteur
d‘activité
Plateforme/
Forum
Organisation
1
Infrastructures
numériques
Plateforme
« Réseaux
numériques et
mobilité »
Présidence: ministre fédéral des Transports et Infrastructures
numériques Dobrindt/Höttges (Deutsche Telecom AG).
Organisation: Plateforme avec focus groups et groupes de
projet
Groupe de discussion 1 : « La société-gigabit » :
- Des réseaux-gigabits convergents comme infrastructure
pour la société-gigabit ;
- Défis qualitatifs pour l’Internet des objets (IdO) et
utilisation industrielle.
Groupe de discussion 2 :« Mobilité intelligente » :
- Plan d’action pour satisfaire les besoins des clients
prioritaires ;
- De quelles normes et plateformes l’Allemagne/l’Europe
a-t-elle besoin ?
- Conditions cadres, standards et interfaces.
Groupe de travail 3 : « 5G »:
- Communication et mise en application ;
- Conditions générales régulatrices et technologiques.
2 Economie
numérique et
travail
numérique
Plateforme
« Numérisation
innovante de
l’économie »
Présidence: ministre fédéral de l’économie Gabriel/Dirks (Bitkom).
Organisation: plateforme avec des groupes de focus (co-présidence
secrétaires d’Etat du ministère fédéral de l’Economie et de
l’Energie/entreprises ou association).
Groupe de travail 1 : « La souveraineté numérique dans une
économie interconnectée »:
- Suivi de l’économie numérique, des modèles
économiques et de leur potentiel, internationalisation,
innovations « disruptives » ;
- Politique d’attractivité et d‘innovation pour la
souveraineté numérique et les thèmes économiques à
l’exception de l’industrie 4.0 (qui dispose d’une
plateforme dédiée).
Groupe de travail 2 : « Mise en réseau intelligente »:
- Accélération de la numérisation et de l’interconnexion
des marchés et secteurs critiques telles que l’énergie, la
santé, les transports, la formation et l’administration,
ainsi que l’application de la stratégie de « mise en
réseau intelligente » pour les « smart cities » et les
« smart regions » ;
- Technologies clés pour la mise en réseau intelligente
dans les domaines M2M/Internet des objets, smart data,
wearables ;
- Les questions transversales de régulation et de droit
concernant la mise en réseau intelligente ainsi que la
gouvernance des données et les modèles économiques
de la mise en réseau intelligente en Allemagne.
Groupe de travail 3 : « Young IT/SMEs »:
- Mettre en lien les young-IT avec les industries établies;
stratégies de croissance pour les startups et les PME
dans le secteur TIC ;
- Utilisation des technologies numériques par le
Mittelstand, dans l’ensemble de leur process; convivialité
et simplicité pour l‘utilisateur comme thème transversal
pour tous les domaines d’application ;
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