Les troubles psychiques associés aux dysfonctionnements thyroïdiens

publicité
FAUCILLON Claire-Alice
GUIFFARD Claire
Module 9 Mr JOUHET
17/02/12
Les troubles psychiques associés aux dysfonctionnements
thyroïdiens
INTRODUCTION :
Les troubles psychiques peuvent être la marque d'une pathologie en cours telle que la
tuberculose ou une leucémie.
Nous sommes dans un cadre particulier qui est celui de l'endocrinologie, cet appareil
physiologique qui contribue à la régulation de certaines fonctions : régulation de la température,
désir, reproduction humaine, glycémie …
Classiquement, on fait remonter à 1908 la première publication dans le monde du lien
existant entre les troubles mentaux et l'existence de perturbations du système endocrinien.
=> Des troubles psychiques par perturbation des glandes à fonctionnement interne.
Le mot « endocrine » vient du Grec, crinein : secréter, endo : à l'intérieur.
On peut prendre l'exemple du pancréas qui possède 2 fonctions : une fonction endocrine qui permet
la sécrétion d'insuline, et la fonction exocrine qui sécrète les sucs pancréatiques.
En exergue, on va rappeler certaines choses.
•
On a longtemps considéré que le système endocrinien était radicalement différent du
système nerveux. On a pensé que le SN transmettait ses informations par un influx nerveux,
et qu'il utilisait également des médiateurs chimiques, alors que le système endocrinien a une
action directe sur les tissus.
Mais si on pense à des cas de ménopause précoce, des aménorrhées ou stérilités
psychogènes, on voit que chacune de ces parties agissent en interaction avec les autres, et non
individuellement.
Exemple : Un couple essaie d'avoir depuis longtemps des enfants sans y parvenir. Après une
quinzaine d'années et après plusieurs consultations dans des centres, on n'a jamais trouvé
d'anomalies que ce soit du côté de l'homme que de la femme.
Ce couple, en désespoir de cause se tourne vers l'adoption.
Comme il y a peu de bébés à adopter, on va leur conseiller d'adopter des enfants un peu
plus grands, une fille et un garçon d'environ 7ans. Ils vont commencer à accueillir des enfants
quelques week-ends, pour qu'ils s'habituent à eux. Mais au moment où l'adoption va être finalisée,
la jeune femme va tomber enceinte.
Le couple va alors renoncer à la procédure d'adoption.
Seulement le bébé est décédé de mort subite 9 mois après sa naissance, le couple n'a plus
tenté d'avoir d'enfants, et ont renoncé à en avoir à ce jour.
1/7
On peut donc considérer l'existence d'un système intégré, le système neuro-endocrinien
servant à coordonner les processus de l'ensemble de l'activité métabolique.
On a aussi l'idée qu'à un organe correspond une sécrétion endocrinienne particulière. (la
thyroïde qui synthétise les hormones thyroïdiennes ou le pancréas l'insuline ...)
En réalité, ce n'est pas si simple. Un certain nombre d'hormones sont formées dans des tissus extra
glandulaires.
Ex : estrogènes chez l'homme, testostérone chez la femme …
•
De plus, certaines hormones correspondent à des sécrétions bizzaroïdes d'hormones
provenant d'un dysfonctionnement grave, tel qu'une tumeur.
C'est le cas du syndrome paranéoplasique. Il se caractérise par un malaise, une diminution
de la tension artérielle, des sueurs, des tremblements...Il faut alors penser qu'il peut y avoir un
désordre sous-jacent. On fait alors des recherches et on se rend compte que la glande fonctionne
normalement mais qu'il y a une tumeur sécrétoire.
•
Ce qui nous intéresse ce matin est la question de la coexistence de troubles psychiques avec
des troubles endocriniens.
=> Un trouble endocrinien peut générer un trouble psychique
On est donc confrontés à l'idée qu'une pathologie endocrinienne peut générer une pathologie
mentale, qui peut aller du simple, ordinaire (anxiété, fluctuation de l'humeur) à des troubles
psychiques bien plus graves nécessitant hospitalisation (bouffée délirante aiguë), due par exemple à
un hyper fonctionnement des para thyroïdes.En effet, ce dysfonctionnement est souvent révélés par
des troubles psychiques tels que un « pétage de plomb », des propos curieux voire des délires.
=> Un trouble psychique peut générer un trouble endocrinien.
La maladie de Basedow, pathologie de la thyroïde caractérisée par un hyperfonctionnement
thyroïdien peut être générée par un état de stress.
La survenue d'un diabète insulinodépendant peut être liée à une infection virale, mais aussi
par des conditions de stress.
Ex : une patiente étudiante en première année de médecine se sentait pas bien, avait régulièrement
des malaises … ses parents ont alors mis ça sous le compte du stress. Au bout de quelques mois elle
avait constamment faim et mangeait en grande quantité sans prendre de poids. Par hasard, son
père cardiologue décide de prendre son pouls qui s'est avéré être a 130 bpm !! C'était en fait la
génèse d'un diabète insulinodépendant.
Afin d'identifier le lien entre des maladies et les marqueurs endocriniens, plusieurs
démarches ont été mises en place :
–
Existe-t-il un lien entre une pathologie dépressive et un marqueur biologique de cette
dépression ?
Au fond, rechercher si à l'instar de la pathologie infectieuse et de son marqueur qui est la
CRP, on pourrait mettre en évidence un ou des marqueurs qui nous permettraient de faire le
diagnostic du type de dépression : mélancolie ou dépression ordinaire.
Par exemple : test à la dexaméthasone urinaire, non efficace l'idée a été abandonnée.
2/7
–
Faire le lien entre une pathologie et l'endocrinologie
Par exemple : est-ce qu'il y aurait un lien possible entre les troubles bipolaires de l'humeur et
les troubles thyroïdiens.
Au fond, dans l'hypothyroidie : ralentisesment psychique, manque d'énergie ….
Dans l'hyperthyroïdie : excitation, exaltation contraire …. : excitation, manie.
De plus, le thymorégulateur le plus éprouvé, le lithium, peut entraîner des troubles
thyroïdiens (goître). Cependant son efficacité est démontrée, notamment contre les risques
de suicide chez le bipolaire. On maintient alors le plus souvent le lithium et on corrige
l'hypothyroïdie.
–
Recherche de marqueurs endocriniens permettant de sélectionner une molécule précise pour
une pathologie psychique précise
Ex : comprendre comment le cannabinol peut générer des troubles mentaux chez
certains sujets.
Il faut fumer 50 joints dans sa vie pour multiplier par 6 le risque de devenir schizophrène.
I. Hypothyroïdie
A/ L'hypothyroïdie peut être primitive, c'est à dire issue d'une pathologie de la
thyroïde
1) Thyroïdite de Hashimoto, considérée comme auto-immune. C'est une maladie
auto-immune chez des sujets qui ont une pathologie comme un diabète insulinodépendant ou une
pathologie auto-immune des surrénales.
Les marqueurs de cette pathologie sont caractérisés par l'élévation d'anticorps antimicrosomes thyroïdiens.
2) Thyroïdites atrophiques, également d'origine auto-immune.
B/ L'hypothyroïdie peut aussi être secondaire, par exemple à une action chirurgicale,
de l'iode radioactif 131 anti cancéreuse, ou encore des traitements de la maladie de Basedow.
Enfin, l'hypothyroïdie peut être secondaire à un :
– dysfonctionnement de l'hypophyse, par un adénome hypophysaire
– une chirurgie de l'hypophyse
– syndrome de Sheehan, conséquence d'un accouchement qui s'est mal passé (éclampsie =
coma convulsif et hémorragie) pouvant détruire l'hypophyse. (HTA pouvant aller jusqu'à
30mmHg)
1) Tableau clinique
Ralentissement du métabolisme basal :
–
–
–
–
Tendance à l'hypothermie
Fatigabilité, asthénie, frilosité
Prise de poids alors même qu'il y a une tendance à l'anorexie alimentaire
Ralentissement cardiaque : bradycardie
3/7
– Voix qui devient rauque
– Dépilation des sourcils et du pubis
– Peau pâle, voire jaunâtre sur un visage bouffi, « lunaire »
– viscosité intellectuelle (cerveau lent :) )
– Macroglossie
– chute des cheveux
– baisse de la transpiration
– crampes
– hypersomnie
En fin : malaise, tableau d'anasarque = syndrome oedémateux généralisé (ressemble à
bibendum)
2) Traitement
Il faut être prudent lors de l'administration d'extraits thyroïdiens : cela nécessite une mise en
place extrêmement progressive pour éviter de tuer le patient. C'est surtout le cas chez les personnes
âgées qui peuvent faire un infarctus du myocarde par décompensation cardiaque !!
3) Tableau psychique
Tableau dépressif atypique
– Idée de dévalorisation, tristesse
– Débit verbal lent
– personne qui va mal, qui se fait des auto-reproches, qui est démotivée et qui pense que sa vie
est foutue.
Cela peut aller jusqu'à la survenue d'une mélancolie, avec prostration et état hallucinatoire.
=> Dépression sévère mélancolique
•
•
Deux situations :
pathologie dépressive à soigner chez une femme dans un hôpital psychiatrique, ayant
conduit à la destruction de son couple. Seulement personne n'a pensé à mesurer sa fonction
thyroïdienne, qui était effectivement diminuée.
Un traitement a été initié, et en 3 semaines la jeune femme est revenue à elle même : perte
de poids, esprit vif …
Pseudo-démences. Dans 10 % des cas les troubles psychiques peuvent être résistants à un
traitement des troubles thyroïdiens. Ce type de cas concerne le plus souvent des personnes
âgées.
4) Biologie
TSH augmentée (VU = 0,2-4UI), T4 diminuée
Si TSH entre 4 et 5,5, on parle d'hypothyroïdie frustre.
Faute de diagnostic, si on utilise un antidépresseur même bien mené, il y a une résistance au
traitement anti dépresseur.
4/7
Cas :
Une jeune brillante musicienne avec une histoire très lourde. Son père était hospitalisé 6
mois par an pour troubles bipolaires, sa mère était en procès avec l'éducation nationale (procès
qu'elle a gagné), mais manifestement paranoïaque.
Sa sœur a fait une psychose puerpérale (psychose après l'accouchement de son enfant)
Cette patiente raconte qu'à l'âge de 8 ans elle aurait vu le film de Hitchock, Psychose, et
depuis elle refuse de prendre des douches.
Après un accès de bouffées délirantes, elle pense qu'elle manipule par la force de son esprit les
tableaux d'affichages de la SNCF.
Elle est de plus hyper émotive, avec une tendance à pleurer beaucoup.
Elle sera traitée avec des antidépresseurs, et du lithium.
Sous lithium, elle ira beaucoup mieux. Elle pourra reprendre la fac, mais toujours des épisodes
dysphoriques.
Mais un jour, Mr Jouhet s'aperçoit qu'elle a un goître qui lui provoque une dysphagie, et va
conduire à l'arrêt du lithium.
Sa biologie est normale quand à la TSH et la T4.
Contre l'avis des endocrinologies, Super Jouhet va lui donner tout de même un traitement
par extraits thyroïdiens qui vont mettre sa thyroïde au repos, et éviter une sécrétion.
Il commence donc par une petite dose de 25 µg.
En quelques jours, elle se sent mieux. Alors on passe à 50 µg, elle se sent toujours mieux,
sans changement de TSH et de T4.
En 1 an, on va arriver à une forte dose de 175 µg, avec disparition du goître et des troubles
dysphoriques.
En quelques mois, cette jeune femme a été totalement transformée : elle a rencontré son
futur mari, trouvé un travail à temps plein.
Elle a tout de même continué son traitement par rispéridone et par extraits thyroïdiens.
II. Hyperthyroïdie
–
–
Primitive : Basedow (stress = facteur déclenchant)
Secondaire : adénome toxique (hypersécrétion hypophysaire), de Quervain (généralement
virale)
1) Tableau clinique
Inverse par rapport à l'hypothyroïdie. Les troubles psychiques sont au premier plan :
– Etats de subexaltation
– Confusion (phase aiguë ++)
– Délires qui coexiste avec un état dépressif (personnes âgées +++)
2) Diagnostic
–
–
–
–
–
–
–
Insomnie
états maniaques
Peau chaude, personnes ne supportant pas la chaleur
Mains moites avec sudation excessive
Appétit insatiable, et diminution du poids (métabolisme de base accéléré)
Tremblement fin distal
Tachycardie,palpitations avec sensation vertigineuse => Risques de troubles coronarien
5/7
–
–
troubles oculaires : exophtalmie de Basedow : augmentation du volume du globe oculaire
fixité, brillance du regard, tendance au larmoiement, tendance à la rétractation de la paupière
tendance aux goîtres hypervascularisés, chauds, qui peuvent être compressifs. On entend un
souffle de la circulation sanguine à l'intérieur du goitre (flush)
=> L' histoire extraordinaire de Jouhet :)
Une patiente ayant fait un malaise chez elle est hospitalisée en médecine.
Très vite, on se rend compte qu'elle est complètement délirante. Elle présente une familiarité
exacerbée.
Elle avait un goître colossal (quand on la regarde de face, ça fait comme si elle avait « la nuque
d'un mec » sous le menton), qu'elle refusait de faire examiner.
Mais des nodules sont apparus dans son goitre, et elle a enfin accepté de se faire opérer. Elle s'est
donc fait opérer.
Son goître contenait des cellules cancéreuses : elle a subit un traitement à l'iode radioactif.
Mais même soignée, elle a continué à être délirante.
3) Diagnostic
FT3 / FT4 augmentées, TSH effondrée, TRH ne stimule pas la TSH
Dans les formes infracliniques (sans goître, T3 et T4 normales), il faut savoir y penser.
Lorsqu'il y a un goître de Basedow, il faut :
– repos
– des Bêta-Bloquants,
– des anti thyroïdiens de synthèse (néo mercazole, besoin de surveillance de la NFS car
toxicité hématologique de type agranulocytose possible), ou le Benzdène : benzilthiouracile
Fonction thyroïdienne et traitement psychiatrique
Les AD utilisés de façon chronique peuvent avoir un effet de diminution de la fonction
thyroïdienne. On ne sait pas si c'est dû à un effet direct du médicament ou au retour à la normal de
l'humeur du patient.
Le lithium semble agir en diminuant la captation des iodures par l'hormone thyroïde, d'où la
chute de la concentration en hormones thyroïdiennes.
Ce sont les bipolaires à cycle rapide qui ont le plus tendance à développer des hypothyroïdies sous
sels de Lithium sans en savoir la cause exacte.
Syndrome polyuro-polydypsique : soif de plus en plus importante (jusqu'à 5L/jr) avec des risques
de confusion liée à l'hyponatrémie, qui résulte d'une intrication de l'action des sels de lithium avec
la diminution de la production d'hormone anti-diurétique.
La diurèse excessive est compensée en buvant plus.
Ce problème peut être réglé en mettant le patient en restriction hydrique (pas toujours bien tolérée,
le patient a soif mais ne peut pas boire)
On connait la Carbamazépine (CBZ) utilisée comme thymorégulateur qui a l'effet inverse :
augmente l'ADH. On associe alors généralement un thymorégulateur et la CBZ.
=> patient maniaco dépressif : syndrome polyuro polydypsique sous lithium : ainsi, arrêt du lithium.
6/7
Histoire de Mr Jouhet :
Un boulanger un peu fou se retrouve à l'hôpital, attaché à son lit. Il avait décidé qu'il allait
monter une boulangerie industrielle du côté de Parçay Meslay, pour fournir toute la ville en pain.
(idée de grandeur)
Mais il n'avait pas le sou, à part une somme d'argent qu'il avait prêté à son frère qui a
acheté avec une maison à Lorient. Son frère ne pouvait pas lui restituer l'argent rapidement.
Il décide alors en pleine nuit d'aller à Lorient tuer son frère ! Sur la route, il s’arrête chez
sa fille à Nantes. Celle ci appelle alors les pompiers qui l'emmènent à l'hôpital.
Il s'échappe de l’hôpital, retourne chez sa femme. Il va alors l'aggresser avec violence (au
point qu'elle en a eu le biceps traversé par la poignée de la porte !)
Sa femme rappelle les pompiers, qui le prennent et l'emmènent à l'hôpital et l'abandonnent
aux urgences.
Il se bat contre les infirmières pour s'enfuir ….
Tout ça était la conséquence de l'arrêt du lithium chez ce patient.
Il décédera quelques années plus tard par rupture d'anévrisme en quelques heures.
Les anti épileptiques thymorégulateurs : dépamide, acide valproïque … ont une action sur le
système neuroendocrinien : ils diminuent la T4 et la T3.
Syndrome de Cushing (tumeur sécrétrice des surrénales) et caractérisé par des troubles tels
que une hypertension arterielle, une réoartition des graisses tronculaire, une amyotrophie des
muscles... et peut être accompagné de troubles psychiques pouvant aller jusqu'à la confusion
délirante, avec hallucination visuelle – auditive.
Ces tableaux peuvent toutefois aussi prendre une allure d'état maniaque => confirme par
l'hypercorticisme dus à l'excès de cortisol : traitement par AIS.
Histoire de Père Castor :
Une patiente avec un cancer métastasé souffre de vomissements répétés qui peuvent faire
penser à une hypertension intracranienne. Les medecins décident alors de la mettre sous AIS pour
diminuer l'oedème cérébral.Cela a alors déclenché une furie chez la patiente,qu'ils ont dû attacher,
et qui malgré ces précautions a réussi a mordre une infirmière au sein.
Elle était en fait sous floxyfral, un antidépresseur connu pour donner des vomissements. Dès
l'arrêt des AIS et de l'antidépresseur la patiente est redevenue normale.
Les syndromes dysphoriques de la période prémenstruelle : irritabilité, un peu speed dans les 3 ou
4 jours qui précèdent les règles. Ces symptômes disparaissent dès l'apparition des règles.
Parfois, vrais petits épisodes dépressifs à ce moment là : diminution des hormones thyroïdiennes
symptôme du baby blues : diminution brutale du taux d'hormones lors de l'accouchement (touche
50% des femmes)
Conclusion :
il existe un lien entre troubles psychiques et endocriniens : il faut y penser !!
7/7
Téléchargement