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Gérer la complexité
Chaque malade âgé peut avoir plusieurs problèmes de santé. Certains n’ont
entre eux aucun lien : cataracte et séquelle de sciatique, cancer cutané et
bronchopathie chronique. D’autres peuvent interférer entre eux ne fût-ce que
pour le traitement : diabète et hypertension, par exemple. D’autres ont une
origine commune : accident vasculaire cérébral, dépression et pneumopathie
d’inhalation.
Le médecin devra identifier les pathologies, juger de leurs liens, hié-
rarchiser les priorités du soin en fonction du pronostic vital ou fonctionnel. La
prévention du handicap est la base de la préservation de la qualité de vie. C’est
cette préservation qui assure la longévité. Donner « de la vie aux années »
donne « des années à la vie » et non l’inverse !
La complexité de l’ordonnance du malade âgé est la règle. Cette com-
plexité médicale s’enrichit d’une complexité sociale dès qu’il y a handicap. Il
n’y a jamais de dépendance liée à l’âge. Il n’y a que des handicaps liés à la mala-
die chronique.
Le médecin aura à veiller à la santé de l’aidant familial. Il faut veiller à
ne jamais sacrifier la santé de l’aidant à celle du malade.
Il faudra s’informer auprès des aides familiales, professionnelles, et
des soignants de ce que le malade ne dit pas au médecin, ou de ce que le méde-
cin ne peut pas observer par son examen. En tous lieux, domicile, hôpital, ins-
titution, le soin du malade âgé handicapé est un travail d’équipe. Nul ne peut
être efficace s’il n’a pas une équipe compétente autour de lui.
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Routine ou sérendipité
La routine médicale et soignante menace le malade chronique âgé. La visite de
contrôle superficielle, où on prend la tension en disant trois mots, ne permet
pas de s’apercevoir du fait nouveau que le malade lucide ne voudra pas dire
parce qu’il en a peur et que le malade altéré ne pourra pas exprimer.
La « sérendipité », de l’anglais « serendipity », est la curiosité bien pla-
cée, celle de l’attention en éveil qui verra dans un tableau, à première vue
inchangé, le petit truc qui ne colle pas, le fait nouveau qui peut faire prévoir la
catastrophe, donc permettra de la prévenir. L’examen clinique reste la base de
la médecine gériatrique.
EXAMEN CLINIQUE DU PATIENT ÂGÉ
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