Conférence de Thierry BIZOT du 7 avril 2011 à ND du Grandchamp

Conférence de Thierry BIZOT du 7 avril 2011 à ND du Grandchamp
Le 7 avril 11
Marié, père de 3 enfants et diplômé de l’ESSEC (après une prépa HEC à Paris), Thierry Bizot a
maintenant 48 ans. Après un début de carrière comme commercial dans la cosmétique chez l'Oréal, il entre
en 1995 à la télévision en tant que directeur de l'uniMusique et Divertissement de M6. En 1999 il est
directeur de la musique et des magazines, et lance la chaîne M6MUSIC ; il crée alors, avec son associé
Emmanuel Chain (son copain de prépa), ELEPHANT & CIE, une société de production d'émissions
télévisées, comme "sept à huit", "cactus", "fait pas ci - fais pas ça", etc.
Il est venu ce soir pour témoigner de sa conversion il y a 4 ans et suite à laquelle il a publié son livre
"catholique anonyme". Son épouse Anne Giafferi, scénariste très connue à la télévision, en a fait un film
qui est sorti le 9 février dernier et est intitulé "qui a envie d'être aimé ?"
Né en Italie, Thierry Bizot a vécu ses dix huit premières années à Milan. Jusqu'à ses 20 ans il a
accompagné ses parents à la messe tous les dimanches et pensait qu'être catholique c'était s'embêter une
heure par semaine à la messe. Il a alors annoncé très fièrement à ses parents qu'il n'irait plus à la messe,
pensant avoir pris une décision courageuse et d'émancipation remarquable. Il n'allait plus qu'aux messes
de mariage et d'enterrement et à Noël (pour faire plaisir à mes parents). Il n'avait pas d'animosité contre
l'Eglise catholique mais aucune sympathie particulière ; il l'aimait bien de loin mais pas de près. Il s'est
quand même marié à l'église et a baptisé ses enfants. Il pensait que la foi était cérébrale et réservée aux
sages, aux vieux à la retraite et à ceux qui avaient beaucoup lu, à l'image qu'il se faisait de la foi de sa
maman, une dame assez intellectuelle et très croyante. Ce n'était donc pas fait pour lui qui avait une
famille à élever, un boulot important et des amis.
Avec sa fille aînée, qui a un fort caractère, il s'est montautoritaire : "fais pas ci, fais pas ça !". Il ne
savait pas si c'était la bonne méthode. Comme le disait Freud, il pensait que l'on ne pouvait pas réussir les
métiers de professeur et de parent. A savoir si nos enfants étaient heureux, il pensait que ce n'était pas de
notre ressort en tant que parent. Quant à son fils, son deuxième enfant, il est entré dans l'adolescence par la
mollesse. Il était toujours crevé. C'était cependant un bon gars qui travaillait très bien. Un jour il reçoit un
bulletin de son école disant que Jacques ne passera pas en 4ème. Donc il doit prendre rendez-vous avec
son professeur qui commence par lui dire que tout va bien. Ne comprenant plus ce qu'il venait faire, mais
ayant trouvé ce professeur très sympathique, il lance une réflexion sur la difficulté d'être père de famille.
Son père très autoritaire et très écrasant l'avait beaucoup stressé sur la nécessité de réussir, au point il
priait tous les soirs "pour réussir" sans savoir ce que cela voulait dire. Cela lui a procuré de grandes
angoisses dans sa jeunesse et lui a même fait perdre beaucoup de ses moyens, par manque de confiance en
lui-même. Le professeur lui fait comprendre en conclusion que son fils voyait dans son père un homme
qui parle bien, sûr de lui et indestructible, soit un héros sans faille. Il faudrait lui avouer une fois de temps
en temps que son père peut aussi douter de lui-même, comme il venait de le faire ce soir là.
Une année se passe et il reçoit un carton d'invitation pour une catéchèse pour adultes, de la part de ce
professeur, en souvenir de la "bonne conversation qu'ils avaient eu il y a un an". Il ne savait pas ce que
signifiait ce mot de catéchèse. Il est cependant allé à cette catéchèse organisée par le chemin néo-
catéchuménal à Meudon (Haut de Seine), dans une salle paroissiale polyvalente et "sinistre", simplement
pour faire plaisir au professeur de son fils (en pensant d'ailleurs que cela pourrait jouer sur sa notation). Ils
étaient 5 élèves et 9 catéchistes, dont un prêtre. Et le professeur n'était pas ! C'était son 1
er
contact
volontaire avec l'église après de nombreuses années d'émancipation. Le premier témoignage commence
par un homme qui se lève pour dire : Jésus m'a sauvé. Puis une femme "très austère" dit que cette
catéchèse a changé sa vie. Le 3
ème
intervenant fait un cours très intéressant sur un texte biblique. Il prend
conscience qu'il a la culture d'un enfant de 12 ans, lorsqu'il a arrêté d'aller au catéchisme, et qu'il a
beaucoup à apprendre malgré ses 44 ans. Le prêtre termine la soirée en annonçant que cette catéchèse va
durer deux mois et demi, à raison de deux soirées par semaine. Son but n'est pas d'être un cours de
formation mais que "la parole de Dieu transperce son cœur comme une lance et change sa vie".
Il ne se rend pas à la soirée suivante, mais au bout de 15 jours il s'aperçoit qu'il ne cesse de penser à cette
soirée qu'il pensait "minable". Par curiosité et juste voir s'il y aurait du nouveau il y retourne. Un ami
prêtre du Burkina Faso l'y encourage également. C'était intéressant du point de vue culturel. Puis ils sont
invités, pour terminer ce cycle, à une retraite de deux jours au cours d'un week-end. Il y va et comprit une
chose importante qu'il était un "bras cassé" comme les autres participants à cette catéchèse, et que lui aussi
n'avait pas d'autres choses de plus importantes à faire dans ses soirées lorsqu'il a suivi cette catéchèse. Son
orgueil est tombé d'un coup sans explication, en l'émouvant aux larmes (tout seul dans son coin). En
conclusion du week-end ils sont invités à se regrouper en communauté de vie. Il doit avouer alors que c'est
beaucoup lui demander, après 25 ans sans pratique religieuse. Et son copain prêtre Eloi lui déconseille
également cette vie en communauté, pour laquelle il n'est pas fait, et lui dit d'être fier de son métier.
Il retourne donc dans sa vie en se disant qu'il aura une histoire très amusante à raconter au cours des diners
entre amis. Il pensait alors avoir fait un stage de récupération de points spirituels, un peu comme cela se
passe pour le permis de conduire. Six mois après, il déjeune avec un des ses anciens amis de l'Oréal, pas
particulièrement catholique, et lui raconte son histoire ; ils en sont tous les deux émus aux larmes. Il n'a
cessé alors d'en parler à ses amis et a réalisé que son histoire touchait les gens ; la petite graine avait
poussé en lui et un arbre en sortait, sans qu'il s'en aperçoive et de manière très délicate de la part de Dieu.
A la demande de sa femme et de son éditeur il en a écrit un livre, qui est sorti très rapidement. Puis un soir
tard, lors d'une émission en direct à M6 avec Marc-Olivier Fogiel, ce dernier lui demande d'expliquer en
deux mots ce qu'est avoir la foi ; l'image qui lui vient alors à l'esprit est celle d'une relation extra conjugale
avec Jésus. Cette réponse est passée comme une lettre à la poste.
Plus tard la même question lui a été posée devant 120 élèves de Terminales. Il rappelle qu'avant sa
conversion il pensait qu'avoir la foi demandait un travail assez long et pénible, qui se faisait notamment
avant de mourir. Maintenant il pense que c'est tout simplement être amoureux. Tout le monde peut tomber
amoureux. C'est ce qui a changé dans sa foi. La foi sert à vivre tout de suite. Dans l'église il voit
maintenant de simples frères, en oubliant leurs fauts. C'est un message d'amour que se transmettent les
chrétiens de génération en génération. Sa vie n'a pas changé mais cela a changé toute ma vie. Et il a
maintenant confiance en lui. Ses angoisses enfantines qui revenaient gulièrement et qu'il croyait
normales ont été totalement supprimées par sa rencontre avec Jésus. Cela lui permet de devenir humble
(en mettant son superbe de coté). Il a lu beaucoup de livres sur Jésus et a beaucoup témoigné. C'est le fait
d'avoir raconté son histoire qui lui a permis de comprendre que Jésus se manifestait à chaque fois qu'il
témoignait. Il a une soif inimaginable de parler de Jésus-Christ.
Son épouse a voulu faire un film sur l'histoire de sa conversion pour lui dire ce qu'elle en avait compris.
C'est elle qui en a eu l'idée car son histoire l'a beaucoup touchée. Elle a pu mesurer à quel point cette
histoire faisait naître des discussions très profondes. Très souvent, depuis la sortie du livre, le sujet venait
sur les convictions religieuses lors de diners entre amis. Auparavant, ils n'en parlaient jamais.
Jésus a donune saveur très particulière à sa vie. Cela l'a rendu plus simple, plus fort et surtout plus
joyeux. Il a reçu la grâce toute particulière et journalière de la joie de vivre.
Questions :
1- Le film est la vision de sa femme non croyante et donc non prosélyte. C'est son premier long métrage,
en adaptant son livre ("catholique anonyme"). Ce fut une aventure difficile qui a pris 3 ans. Elle a
conservé la partie sur la catéchèse et sur sa conversion mais a inventé l'histoire familiale pour ne pas en
faire une autobiographie. Le film a eu 120 000 entrées, un succès pour le milieu du cinéma. Il est sorti
dans 100 salles, ce qui est aussi un très score.
De très nombreux catholiques ont lu son livre car tout le monde peut se sentir concerné ; ils apprécient
aussi de s'interroger sur leur foi. Les non croyants ont trouvé formidable que cela se passe dans une
paroisse. Il y a une vrai demande des gens qui ont envie de trouver la foi, mais ont peur que cela leur
tombe dessus.
2- Sa famille n'a pas suivi pour l'instant sa conversion, mais son épouse a fait le chemin avec lui en le
laissant faire. Elle a eu une observation très fine de mon cheminement spirituel. Il va seul à la messe
depuis 4 ans. Son fils l'y accompagne de temps en temps.
3- Le DVD du film sort en septembre. La Pastorale de ND GC est intéressée et invitera Thierry Bizot pour
témoigner auprès des jeunes.
4- L'image des catholiques dans les médias est souvent ringarde. Pour les juifs et les musulmans c'est plus
facile car ils sont minoritaires. Les critiques viennent plus souvent des catholiques déçus de l'église, alors
qu'ils ont une formation d'enfants de 12 ans. Leur agressivité est à la mesure de leurs blessures.
5- Les gens sont très intéressés par Dieu. On a besoin d'être assurés qu'on domine sa vie, tout en étant sous
la domination d'un grand qui est la Nature ou Dieu.
Benoît Villemain (conseiller de l'APEL ND GC)
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