JE VAIS AU SANG DE JÉSUS-CHRIST La vraie foi trouve son fondement, son objet, sa réalisation dans le Christ, car Jésus n'est pas seulement la voie, il est encore l'objet et la fin de la foi : "Je suis la voie, la vérité et la vie" (Jn 14,6). Christocentrique, la foi est en même temps une foi trinitaire, parce que nous n'atteignons la trinité des Personnes divines que dans le Christ : "Qui croit en moi, ce n'est pas en moi qu'il croit, mais en Celui que m'a envoyé" " (Jn 12,44) et "Personne ne peut dire Jésus est Seigneur, sinon dans l'Esprit-Saint" (1 Co 12,3). Qui donc est Jésus ? Le prologue de l'Evangile de S. Jean répond d'une manière précise et complète à cette question : Il est le Verbe éternel du Père ; Il est Dieu ; par Lui tout a été fait. Il est la vie et la lumière des hommes. Non seulement la connaissance de Dieu passe par Lui, mais elle est centrée sur Lui. La lumière du Verbe, répandue depuis toujours, devait illuminer et guider les hommes sur la voie de Dieu, mais les hommes ne l'ont pas reçue. Le Verbe est le révélateur direct et immédiat de Dieu. Non plus par la création, non plus à travers la voix des patriarches et des prophètes, mais c'est le Verbe de Dieu Lui-même qui se fait parole vivante pour les hommes. La vraie lumière et la parole vivante sont trop élevées et trop lointaines pour que les hommes puissent les percevoir, alors le Verbe descend au milieu des hommes, de la manières la plus réelle et la plus concrète : Il se fait homme Lui-même. A la plénitude des temps, Dieu parle ainsi aux hommes par son propre Fils. Le Fils de Dieu n'a pas changé en assumant une nature humaine ; se faisant homme, Il ne cesse pas d'être la parole du Père. Jésus-Christ, Dieu fait homme, n'est donc pas un prophète qui parle au nom de Dieu, Il n'est pas un législateur, qui dicte une loi par l'autorité de Dieu ; Il est le réalisateur de la parole, de la loi et de la grâce de Dieu. Il est le chemin vers Dieu par sa nature humaine, et II l'est bien plus profondément encore par sa Parole divine qui se situe dans l'intime de la Trinité Ainsi, la parole de Dieu n'est pas une parole commune qui se transmet et se reçoit comme n'importe qu'elle parole humaine. Certes, elle condescend et s'adapte à la capacité de l'homme, mais dans son essence et son dynamisme, elle demeure en dehors et au-dessus de Lui parce que sa source et sa force agissante résident en Dieu. Pour accueillir la parole de Dieu comme telle, l'homme doit être dans les dispositions convenables, indispensables pour cette écoute et cet accueil. Deux actions concomitantes sont nécessaires : celle de Dieu qui élève l'homme et lui donne d'entendre et d'accueillir sa parole ; celle de l'homme qui se met dans l'attitude adéquate pour écouter Dieu, ou qui, du moins, ne s'enferme pas dans un refus orgueilleux. La parole de Dieu est au fond l'instrument dont Dieu se sert pour se tourner vers moi, le moyen par lequel il se rend présent en personne. Le Seigneur n'entend pas simplement faire retentir des paroles, communiquer des connaissances, transmettre des vérités : Il veut faire sentir sa présence, faire percevoir se réalité et faire adhérer à sa personne. L'écoute appropriée de la Parole de Dieu se réalise donc dans la foi, c'est-à-dire dans le fait d'admettre et d'accueillir les vérités et les réalités révélées, non parce que l'intelligence les comprend et que l'expérience les confirme, mais uniquement par que Dieu les révèle et les atteste. Le principal, dans la foi, c'est celui auquel on croit, et il est donc naturel que celui qui croit s'adresse à Dieu et le rencontre personnellement. Cette rencontre avec Lui, dans la foi, est bien sûr adhésion à la Vérité première, mais, plus encore, communion avec le Bien suprême, car le bien connu est aussi le bien-aimé. Association Notre Dame de Chrétienté A la révélation définitive de Dieu dans son Fils doivent correspondre du côté de l'homme qui reçoit le Verbe une conversion radicale et un retournement décisif vers Dieu. Le Seigneur Jésus a commencé sa prédication par l'impératif d'une pénitence qui n'est pas la description théorique d'un itinéraire de l'homme vers Dieu, mais une voie concrète à parcourir si l'on veut parvenir au salut promis par Jésus. Il ne s'agit pas d'un simple changement de mentalité, mais d'une mutation d'état intérieur, nécessaire pour entrer dans le Royaume de Dieu. Ce n'est pas pour rien que l'on trouve dans les différentes formulations de l'envoi en mission des apôtres, avec la conversion, la mention du baptême et de la rémission des péchés et dans la prédication apostolique, conversion et baptême sont toujours unis. Se convertir, c'est se tourner vers Dieu, c'est se sanctifier. Plus exactement, se laisser sanctifier par la grâce. Cela ne peut se faire sans le "bain du Sang" de Jésus-Christ. "Sanction, nous dit saint Thomas d'Aquin dans son commentaire du Pater, signifie aussi "teint de sang", sanguine tinctum". Les saints qui sont dans le ciel sont appelés saints parce qu'ils sont teints de sang, suivant ces paroles de l'Apocalypse (7, 14) : "Ceux-là qui sont revêtus de robes blanches sont ceux qui viennent de la grande tribulation et qui ont lavé leur vêtement dans le Sang de l'Agneau". Lorsqu'elle allait se confesser, sainte Catherine de Sienne disait : "Je vais au sang de Jésus". Les confesseurs sont, tout au long du pèlerinage, au service des pèlerins, pour leur offrir ce "bain du Sang", ce bain de la purification. Ainsi purifiés, nous serons prêts à la rencontre personnelle avec le Seigneur. C'est à cette rencontre qu'il nous invite, pour nous faire entendre Sa parole. Abbé Jehan-François Audin Institut du Christ-Roi Association Notre Dame de Chrétienté