2
L’ENVIRONNEMENT ÉCONOMIQUE ET FINANCIER
’année 1997 présente un bilan économique
d’ensemble favorable : nouvelle accélération de la
croissance, inflation de mieux en mieux maîtrisée,
expansion du commerce mondial et volonté quasi
généralement affichée d’assainissement des finances
publiques.
Ce satisfecit d’ensemble masque cependant de forts
contrastes :
dans l’espace, puisqu’à côté de zones à l’économie
solide et stable telles l’Amérique du nord et l’Europe
occidentale, subsistent des ensembles d’une extrême fragilité
(Amérique latine, Europe centrale et orientale, voire même,
maintenant, l’Asie) ;
dans le temps, puisqu’à un début d’année calme
prolongeant l’évolution de l’année antérieure a succédé
en Asie une grave crise économique et financière dont
les effets à long terme sont encore à l’heure actuelle
difficilement mesurables.
Sur le plan financier, les effets de cette crise, dévastateurs
pour les marchés asiatiques, ont pu être contenus en
Occident où l’année est marquée par une hausse importante
des Bourses européennes et nord-américaines, une forte
appréciation du dollar et une détente sur les taux d’intérêt
à long terme.
1- LANNÉE 1997 :
CROISSANCE ÉCONOMIQUE
ET CRISE FINANCIÈRE
a croissance de l’économie mondiale s’est affermie
en 1997 (+3%, après +2,8% l’année précédente) et apparaît
plus harmonieusement répartie. Si l’on considère les trois
grands pôles qui assurent à eux seuls près de 90% de la
production de la planète, on constate en effet un
resserrement des profils d’évolution : l’amplitude des taux
de croissance du produit intérieur brut (PIB), qui allait en
L
L
1996 d’un maximum de +4,8% (ensemble Asie-Océanie)
à un minimum de +1,5% (Europe occidentale) - et +2,4%
pour l’Amérique du Nord -, se resserre en 1997 de +3,7%
(Amérique du nord) à +2,5% (Europe occidentale), l’Asie-
Océanie se trouvant dans une situation intermédiaire avec
+2,7%. Dans le même temps, après le ralentissement
enregistré en 1996 (+6,5% après +9% en 1995 et +11%
en 1994), le commerce mondial s’est à nouveau repris
avec une progression de près de +9%.
LE PÔLE AMÉRICAIN :
L’ÉCONOMIE AMÉRICAINE,
PLUS QUE JAMAIS PERFORMANTE
’économie américaine a connu en 1997 une
croissance accentuée tout en enregistrant une nouvelle
diminution du chômage et une inflation réduite.
La progression du PIB a été de +3,6%, après +2,8% l’année
précédente : après le recul de 1991, c’est ainsi six années
consécutives d’expansion qu’enregistrent les États-Unis,
avec un taux moyen de +2,8% l’an. Le résultat de 1997 a
été acquis grâce à la forte progression de la demande
intérieure : hausse de +3,1% de la consommation des
ménages et de +6,4% des investissements (le taux annuel
moyen de croissance de la FBCF s’établit à +5,8% sur les
six dernières années). La forte hausse des exportations
(+12,7%) - réalisée malgré le handicap compétitif né de la
hausse du dollar vis-à-vis des monnaies européennes et du
yen - a été plus que compensée par le fort développement
des importations (+14,6%), stimulées par la demande
interne, d’où un solde négatif accru et une contribution
négative de celui-ci à la croissance (–0,5 point).
Cette croissance s’est réalisée dans un contexte parti-
culièrement sain : le taux de chômage est ainsi tombé au
taux historiquement bas de 4,7% de la population active
(taux le plus bas depuis vingt-quatre ans), quinze millions
de nouveaux emplois ont été créés en cinq ans et aucune
tension inflationniste n’apparaît.
Parallèlement, le rééquilibrage des comptes publics se
poursuit, visant l’équilibre budgétaire en 2002 : de 290
milliards de dollars en 1992, le déficit a d’ores et déjà été
ramené à 107 milliards en 1996 puis à 22 milliards en
1997.
Sur le plan monétaire, le dollar, soutenu par la vigueur de
la croissance économique, s’est fortement apprécié, tant
par rapport aux monnaies européennes (vis-à-vis desquelles
il a gagné environ 15%) que par rapport au yen (le taux
de change passant de 115 à 130 yens pour 1 dollar).
Cette hausse sensible a été également favorisée par la
position affichée des autorités américaines, longtemps
soupçonnées d’encourager une politique du dollar faible,
notamment à des fins commerciales, et qui ont tenu à
exprimer leur attachement à un dollar fort garant d’une
inflation faible et de bas taux d’intérêt.
Le Canada, premier partenaire commercial des États-Unis,
a largement profité du dynamisme de l’économie
américaine et enregistre un taux de croissance proche de
celui de son voisin (+3,6% après +1,5%). Là aussi, la
consommation intérieure a été particulièrement dynamique
L
2,8% 3,0%
2,4%
3,7%
1,5%
2,5%
4,8%
2,7%
96/95 97/96
Monde Amérique du Nord Europe occidentale Asie-Océanie
Croissance annuelle dans le monde
L’ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE ET FINANCIER
3
(+4% en 1997 après +2,4% l’année précédente), l’inflation
à nouveau modérée (+1,6% après 1,4% en 1996) dans
une situation d’assainissement budgétaire rigoureux, et les
échanges très actifs (les exportations ont progressé de
+7,7% après +4,5% un an plus tôt tandis que les
importations s’accroissaient de +12,4% contre +5,1% en
1996). Ayant ainsi, après vingt-huit ans de déficit, ramené
le budget de l’État à l’équilibre sans augmentation sensible
des prélèvements obligatoires, il reste maintenant au
Canada à s’attaquer à la résorption de sa dette publique
(égale à 68% de son PIB contre une moyenne de 46% pour
les pays du G7).
Evolution annuelle du Produit Intérieur Brut (en %)
-2
-1
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1992 1993 1994 1995 1996 1997
France
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1992 1993 1994 1995 1996 1997
Allemagne
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1992 1993 1994 1995 1996 1997
Italie
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1992 1993 1994 1995 1996 1997
Royaume-Uni
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1992 1993 1994 1995 1996 1997
Union Européenne (15 pays)
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1
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1992 1993 1994 1995 1996 1997
Etats-Unis
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4
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1992 1993 1994 1995 1996 1997
Japon
4
En Amérique centrale, le Mexique, dont le FMI a souligné
la discipline, a vu redémarrer son économie après la grave
crise de 1995 : la croissance s’y est accélérée en 1997
(+6,7% après +5,1% en 1996), toutefois accompagnée
d’une inflation qui s’est certes réduite mais demeure encore
supérieure à 15% (après +52% et +27% les deux années
précédentes) ; les échanges avec l’extérieur sont restés très
actifs (hausse des exportations de +16% et des importations
de +23%), l’investissement privé a augmenté d’environ
25% et près d’un million d’emplois ont été créés au cours
de l’année. Le Mexique, dont le commerce se fait pour 80%
avec les États-Unis, en est devenu le second partenaire
commercial après le Canada et devant le Japon.
La croissance s’est accentuée en Amérique du sud : de
+2,6% en 1996 à +4,3% en 1997. Le Mercosur, marché
commun regroupant 210 millions d’habitants, est devenu
une réalité économique, politique et commerciale,
l’Argentine et le Brésil (qui représentent 70% du PIB total
de la zone) en constituant l’ossature. La croissance s’est
légèrement accélérée au Brésil (+3,2% après +2,9% en
1996), beaucoup plus vivement en Argentine (de +4,4%
à +7%). À partir de la mi-octobre, les effets de la crise
asiatique se sont fait sentir, amenant les grands fonds de
placement à effectuer des arbitrages défavorables tout
particulièrement aux places financières latino-américaines.
Dans ce contexte, le Brésil, fragilisé par un double handicap
(déficit public élevé - 6% du PIB -, et monnaie surévaluée)
a été particulièrement attaqué. À l’exception de la Colombie
et du Venezuela, l’inflation a été maîtrisée dans l’ensemble
de la zone : au Brésil elle est tombée à moins de 5% et ne
dépasse pas 1% en Argentine.
LE PÔLE ASIATIQUE :
LA ZONE DE TOUTES LES TURBULENCES
’économie japonaise, après les faibles taux de
croissance enregistrés en 1993 (+0,3%) et 1994 (+0,7%),
paraissait avoir retrouvé le chemin d’une nette reprise en
1995 (+1,4%) et surtout en 1996 (+4,1%). Mais, dès le
deuxième trimestre 1997, sous l’effet du relèvement de la
TVA - induisant, sur l’année, une tension sur les prix après
l’inflation nulle de 1996 -, la consommation des ménages
se contractait, entraînant une chute des investissements des
entreprises, inquiètes au surplus des répercussions que
pourrait avoir dans l’archipel la crise née dans son proche
environnement et s’interrogeant sur la solidité du système
financier japonais.
Au total, la demande intérieure a stagné (après une
progression de l’ordre de +5% l’année précédente), freinant
l’évolution des importations (+2,4% après +11,4% en
1996) et, malgré une bonne tenue des exportations dopées
par la relative faiblesse du yen (+10,9% après +3,4% en
1996), la croissance a été limitée. La mesure exacte de
cette croissance de l’économie japonaise en 1997 a fait
l’objet d’estimations successives, moins pessimistes à
mesure que le temps passait : de +0,5% en fin d’année
1997, elle était revue à la hausse dans les premiers mois
de 1998 dans une fourchette allant de +0,9% à +1,3%
selon les sources.
Mais ce sont les pays composant les « économies dynamiques
d’Asie » (EDA)
(1)
qui se sont trouvés au centre d’une grave
crise économique, bancaire et monétaire. La croissance du
PIB de l’ensemble de la zone a été ramenée de +6,1% en
1996 à +4,4% en 1997 cependant que l’on y enregistrait
un regain d’inflation (5,7% après 4,6% en 1996).
Cette crise prend ses racines dans plusieurs facteurs qui
se conjuguent :
Perte de compétitivité des EDA vis-à-vis de leurs deux
grands voisins, la Chine - qui bénéficie d’une main-d’oeuvre
L
meilleur marché -, et le Japon - profitant, lui, d’une monnaie
affaiblie par rapport au dollar - ;
Afflux massif de capitaux à caractère spéculatif dans
ces mêmes pays aux monnaies par ailleurs surévaluées
par rapport au dollar, entraînant, en l’absence de règles
prudentielles bancaires strictes, une croissance incontrôlée
du crédit allant de pair avec une dégradation de la qualité
des investissements et la création, in fine, d’une bulle
financière, particulièrement sensible dans l’immobilier.
Apparue en mai avec les difficultés de la monnaie
thaïlandaise, la crise s’est propagée en juillet aux principaux
pays de l’ASEAN (Association des Nations de l’Asie du
Sud-Est), en liaison avec les attaques contre le dollar de
Hong Kong et la chute brutale de la bourse de ce territoire
qui venait de perdre son statut politique privilégié. À
l’automne, l’onde de choc boursière s’étendait aux pays
industrialisés et surtout aux pays émergents d’Amérique
du Sud et de certains pays d’Europe orientale parti-
culièrement vulnérables. La crise se focalisait alors sur la
Corée du Sud, contrainte de faire appel à la communauté
financière internationale pour éviter une situation de faillite.
Il convient de noter que cette crise est de nature totalement
différente de celle qu’a connue le Mexique en 1995 : il
s’agissait alors d’une crise de liquidités d’un État dont les
effets ont pu être maîtrisés assez rapidement. La crise
asiatique, qui demeure encore pour l’essentiel régionale,
paraît en revanche plus longue à résoudre, dans la mesure
où c’est l’ensemble du tissu économique des pays concernés
qui est fragilisé et nécessite d’être assaini, supposant à cette
fin des mesures de restructuration profondes, allant parfois
à l’encontre d’habitudes culturelles ancestrales.
Sur le continent asiatique, l’Inde et la Chine, moins
ouvertes sur l’extérieur, ont été, pour le moment,
relativement épargnées par ces turbulences. L’Inde
maintient un rythme de croissance de l’ordre de +5 à +6%
et voit l’inflation se ralentir sensiblement. En Chine,
le taux de croissance s’est légèrement infléchi en 1997
(+9% après +9,7% en 1996), la production industrielle,
l’investissement et la consommation marquent le pas. Le
yuan ne semble pas devoir être dévalué, les autorités
chinoises misant sur la baisse des taux d’intérêt pour
relancer la consommation.
LE PÔLE EUROPÉEN :
UNE CROISSANCE SOUTENUE
EN EUROPE OCCIDENTALE
a croissance de la zone de l’Union Européenne
s’est accélérée en 1997 : +2,6% après +1,8% l’année
précédente. Cette bonne performance résulte en premier
lieu de la fermeté de la demande intérieure, qui contribue
à elle seule pour près de 80% au résultat global : si la
consommation est en léger repli (+2% après +2,2% en
1996 pour les seuls ménages), l’investissement conserve
une bonne tenue (+2,5% après seulement +1% l’année
précédente) et les échanges extérieurs ont été également
bien orientés (hausse des exportations de +8% après +4,8%
en 1996 et des importations de +6,6% après +3,7%).
Au total, la production de l’Union Européenne peut être
estimée à 5 950 milliards d’ECU en 1997 - valeur constante
1990 -, soit un montant supérieur de l’ordre de 13% au
PIB des États-Unis et représentant plus de 2,3 fois celui du
Japon.
L
(1) Hong-Kong, Malaisie, Philippines, Singapour, Taiwan, Thaïlande.
L’ENVIRONNEMENT ECONOMIQUE ET FINANCIER
5
En moyenne annuelle, l’inflation a été ramenée de +2,4%
en 1996 à +1,7% en 1997 et le chômage a légèrement
diminué (10,7% de la population active après 10,9% en
1996).
Chacun des grands pays de l’Union reflète, avec des
nuances, cette tendance globalement favorable.
Dans les îles britanniques tout d’abord, où l’économie du
Royaume-Uni (15% du PIB total de l’Union Européenne en
1997) se porte décidément bien. En croissance pour la
cinquième année consécutive (à un rythme moyen de +3%
l’an sur la période), elle accélère encore sa progression
(+3,3% en 1997, soit un point de mieux que l’année
précédente) dans un environnement où toutes les
composantes paraissent bien orientées : forte accélération
de la demande intérieure (+4% après +2,8%) liée à la
bonne tenue de la consommation des ménages (+4,4%) et
de celle de l’investissement (+4,6% en 1997 après +1,8%
en 1996) ; maintien d’une progression soutenue - bien
qu’au rythme légèrement ralenti - pour les exportations
(+5,1% après +6,8%, la dégradation de la compétitivité
résultant de l’appréciation de la livre sterling étant
compensée par les efforts de marge consentis par les
exportateurs et par la demande soutenue en provenance
Production industrielle Hausse des prix Chômage
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France Allemagne
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France Allemagne
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France Italie
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1992 1993 1994 1995 1996 1997
France Italie
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France Royaume-Uni
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France Etats-Unis
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France Etats-Unis
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1992 1993 1994 1995 1996 1997
France Japon
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7
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France Japon
-1
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France Japon
6
de l’Europe continentale et des États-Unis) et les importations
(+7,2% après +8,4%).
L’inflation s’établit à +1,9% en moyenne annuelle et le taux
de chômage, en décroissance régulière, se situait en
décembre 1997 à 6,6% de la population active contre
7,7% un an auparavant.
L’Irlande, bien que d’un poids économique encore modeste
(0,9% du PIB total de l’Union) mérite cependant de retenir
l’attention pour son parcours particulièrement brillant : elle
bénéficie d’une croissance d’une vigueur peu commune
(taux annuel moyen de +7% sur les cinq dernières années),
d’une inflation maîtrisée et d’un chômage en recul sensible
(de 14,3% de la population active en 1994 à 10,2% en
1997), tout en se ménageant pour l’avenir de fortes
potentialités, notamment dans le domaine des technologies
de pointe.
En Europe continentale, l’Allemagne (25% du PIB total de
l’Union Européenne en 1997) enregistre un profil
d’évolution très proche - comme on le verra plus loin -
de celui de la France : légère accélération du rythme
de croissance (+2,5% après +1,4% en 1996), tirée
essentiellement par les échanges extérieurs (le solde
contribue pour 55% à la progression d’ensemble) alors
que la demande intérieure évolue peu (+0,6% pour la
consommation finale et quasi-stagnation des investis-
sements). Les exportations, très dynamiques, notamment à
destination des États-Unis et des pays d’Europe centrale
et orientale - grâce aux effets conjugués de la dépréciation
du deutschemark, de la modération salariale et des forts
gains de productivité réalisés dans l’industrie - sont en
hausse de +11% et les importations de +6%.
L’inflation a été faible (+1,4% en glissement annuel à fin
décembre) mais la résorption du chômage se fait toujours
attendre (9,7% de la population active en moyenne annuelle
1997, soit près d’un point de plus en un an). Le
deutschemark s’est affaibli, tant par rapport au franc que
par rapport au dollar vis-à-vis duquel il s’est déprécié
d’environ 15%.
En Italie (16% de la production de l’Union Européenne en
1997), le PIB a progressé de +1,4% après +0,7% en 1996.
Cette légère accélération résulte de la bonne tenue de la
consommation des ménages (+1,7%, après +1,1% l’année
précédente) - favorisée notamment par l’aide gouver-
nementale à l’achat d’automobiles - qui contribue pour 75%
à la croissance globale. Les échanges extérieurs ont été très
soutenus : les exportations ont progressé de +5,1% après
une quasi-stagnation en 1996 et les importations, sous l’effet
de la vive demande intérieure, ont augmenté de +6,2%
après un recul de –2,3% l’année précédente. Le taux de
chômage s’est établi en 1997 à 12,1% de la population
active en moyenne annuelle (12% en 1996).
En Espagne (7% du PIB de l’Union Européenne en 1997),
la croissance a été vive (+3,3% en 1997 après +2,3% en
1996), tirée par la consommation (+3,1% après +1,9% en
1996). Si celle-ci a pu être contrariée par la hausse des
prélèvements fiscaux destinés à réduire les déficits publics,
elle a en revanche bénéficié du net ralentissement de
l’inflation et de l’amélioration de la situation de l’emploi
(le taux de chômage a été ramené en moyenne de 22,1%
de la population active en 1996 à 20,9% en 1997 et plus
de 350 000 emplois nouveaux auraient été créés).
Il convient de souligner les efforts très importants de
réduction des déficits publics accomplis par ces deux pays
afin de se qualifier pour participer à la création de l’euro :
l’Italie, sur laquelle s’étaient focalisées les critiques de
certains pays de l’Europe du Nord a pu ramener son déficit,
qui était encore de 6,7% en 1996, à 2,7% en 1997 ; et
l’Espagne, dont a pu douter qu’elle satisfasse au critère,
termine l’année avec un déficit de 2,6% de son PIB. Dans
les deux pays, l’inflation s’établit à +1,9% en 1997, après
+3,5% en Espagne et +4% en Italie l’année précédente.
Dans les Pays d’Europe Centrale et Orientale (PECO), la
croissance a légèrement ralenti (de +4% en 1996 à +3%
en 1997, dont +5,5% après +6% en 1996 en Pologne, et
+1% après +4,8% en République tchèque) sous l’effet du
poids des contraintes extérieures engendrées par la
transition vers l’économie de marché et l’intégration dans
les échanges mondiaux de biens et de services. Ces pays
composent la seule zone où l’on constate en 1997 un net
rebond inflationniste et le taux de chômage y reste en
moyenne supérieur à 10%.
Avec une croissance nulle - voire, même, selon certaines
sources, une légère progression - la Russie a, en tout état
de cause, mis fin en 1997 à la baisse de production qu’elle
connaissait sans répit depuis le début de la décennie. La
faiblesse chronique de l’investissement, dans un environ-
nement politique et économique encore mal structuré et
stabilisé, ne permet cependant pas d’entrevoir une
prochaine reprise forte de l’activité. Le chômage a continué
à croître pour atteindre au moins 10% de la population
active. À 14% l’an, l’inflation s’établit maintenant à un
niveau peu différent de ceux des autres pays d’Europe
orientale.
Dans le voisinage immédiat de l’Europe, le Maghreb a vu
globalement stagner son activité, après la forte croissance
enregistrée en 1996 (+7%). Les évolutions divergent
cependant selon les pays : en Algérie, l’évolution du secteur
pétrolier n’arrivant pas à compenser la baisse de la
production, la croissance se limite à +1% contre +5% en
1996 ; le Maroc, dont la valeur ajoutée agricole a fortement
reculé, enregistre une récession de –2% (contre +10% en
1996) ; en revanche, la Tunisie continue à bénéficier d’une
croissance équilibrée à un taux proche de +5% l’an.
Plus au sud, l’Afrique sub-saharienne a connu une
croissance d’ensemble de l’ordre de 3,5%, malgré le net
ralentissement de l’Afrique du Sud - qui représente près
de 45% du PIB global de la zone -, dont le taux de
croissance est ramené de +3% en 1996 à +1,8% en 1997.
LES TAUX D’INTÉRÊT
ET LES MARCHÉS FINANCIERS
ompte tenu de la reprise économique en Europe et
des craintes de tensions inflationnistes aux États-Unis, les
observateurs pensaient que l’orientation à la hausse des
taux d’intérêt à long terme allait être durable. La crise
asiatique a apporté un démenti, causant une détente brutale
sur les marchés : ainsi, aux États-Unis, le rendement de
l’emprunt d’État à trente ans est passé de 6,7% à moins
de 6% entre septembre et décembre 1997 ; de la même
façon, en France, le taux de l’OAT fléchissait de 5,78% à
5,27%, ce qui constitue un plancher historique.
La crise asiatique a eu en outre pour effet d’estomper les
perspectives d’autres relèvements de taux qui auraient pu,
en resserrant les conditions de crédit, contribuer à perturber
encore plus les marchés. Ainsi, dans la crainte de la
formation d’une bulle financière, la Réserve Fédérale des
États-Unis avait, en mars, relevé ses taux de 5,25% à
5,50%. Elle les a ensuite laissés inchangés tout au long de
l’année, considérant que les risques de surchauffe de
l’économie s’étaient dissipés.
En termes réels (taux nominaux diminués de la hausse
des prix), il convient de noter la convergence sur lon-
gue période entre les taux à long terme (10 ans) des
principaux intervenants (États-Unis, Allemagne, Royaume-
Uni et France). Le Japon demeure un cas particulier compte
tenu du niveau extrêmement bas des taux qui y sont
pratiqués.
C
1 / 12 100%