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de l’Europe continentale et des États-Unis) et les importations
(+7,2% après +8,4%).
L’inflation s’établit à +1,9% en moyenne annuelle et le taux
de chômage, en décroissance régulière, se situait en
décembre 1997 à 6,6% de la population active contre
7,7% un an auparavant.
L’Irlande, bien que d’un poids économique encore modeste
(0,9% du PIB total de l’Union) mérite cependant de retenir
l’attention pour son parcours particulièrement brillant : elle
bénéficie d’une croissance d’une vigueur peu commune
(taux annuel moyen de +7% sur les cinq dernières années),
d’une inflation maîtrisée et d’un chômage en recul sensible
(de 14,3% de la population active en 1994 à 10,2% en
1997), tout en se ménageant pour l’avenir de fortes
potentialités, notamment dans le domaine des technologies
de pointe.
En Europe continentale, l’Allemagne (25% du PIB total de
l’Union Européenne en 1997) enregistre un profil
d’évolution très proche - comme on le verra plus loin -
de celui de la France : légère accélération du rythme
de croissance (+2,5% après +1,4% en 1996), tirée
essentiellement par les échanges extérieurs (le solde
contribue pour 55% à la progression d’ensemble) alors
que la demande intérieure évolue peu (+0,6% pour la
consommation finale et quasi-stagnation des investis-
sements). Les exportations, très dynamiques, notamment à
destination des États-Unis et des pays d’Europe centrale
et orientale - grâce aux effets conjugués de la dépréciation
du deutschemark, de la modération salariale et des forts
gains de productivité réalisés dans l’industrie - sont en
hausse de +11% et les importations de +6%.
L’inflation a été faible (+1,4% en glissement annuel à fin
décembre) mais la résorption du chômage se fait toujours
attendre (9,7% de la population active en moyenne annuelle
1997, soit près d’un point de plus en un an). Le
deutschemark s’est affaibli, tant par rapport au franc que
par rapport au dollar vis-à-vis duquel il s’est déprécié
d’environ 15%.
En Italie (16% de la production de l’Union Européenne en
1997), le PIB a progressé de +1,4% après +0,7% en 1996.
Cette légère accélération résulte de la bonne tenue de la
consommation des ménages (+1,7%, après +1,1% l’année
précédente) - favorisée notamment par l’aide gouver-
nementale à l’achat d’automobiles - qui contribue pour 75%
à la croissance globale. Les échanges extérieurs ont été très
soutenus : les exportations ont progressé de +5,1% après
une quasi-stagnation en 1996 et les importations, sous l’effet
de la vive demande intérieure, ont augmenté de +6,2%
après un recul de –2,3% l’année précédente. Le taux de
chômage s’est établi en 1997 à 12,1% de la population
active en moyenne annuelle (12% en 1996).
En Espagne (7% du PIB de l’Union Européenne en 1997),
la croissance a été vive (+3,3% en 1997 après +2,3% en
1996), tirée par la consommation (+3,1% après +1,9% en
1996). Si celle-ci a pu être contrariée par la hausse des
prélèvements fiscaux destinés à réduire les déficits publics,
elle a en revanche bénéficié du net ralentissement de
l’inflation et de l’amélioration de la situation de l’emploi
(le taux de chômage a été ramené en moyenne de 22,1%
de la population active en 1996 à 20,9% en 1997 et plus
de 350 000 emplois nouveaux auraient été créés).
Il convient de souligner les efforts très importants de
réduction des déficits publics accomplis par ces deux pays
afin de se qualifier pour participer à la création de l’euro :
l’Italie, sur laquelle s’étaient focalisées les critiques de
certains pays de l’Europe du Nord a pu ramener son déficit,
qui était encore de 6,7% en 1996, à 2,7% en 1997 ; et
l’Espagne, dont a pu douter qu’elle satisfasse au critère,
termine l’année avec un déficit de 2,6% de son PIB. Dans
les deux pays, l’inflation s’établit à +1,9% en 1997, après
+3,5% en Espagne et +4% en Italie l’année précédente.
Dans les Pays d’Europe Centrale et Orientale (PECO), la
croissance a légèrement ralenti (de +4% en 1996 à +3%
en 1997, dont +5,5% après +6% en 1996 en Pologne, et
+1% après +4,8% en République tchèque) sous l’effet du
poids des contraintes extérieures engendrées par la
transition vers l’économie de marché et l’intégration dans
les échanges mondiaux de biens et de services. Ces pays
composent la seule zone où l’on constate en 1997 un net
rebond inflationniste et le taux de chômage y reste en
moyenne supérieur à 10%.
Avec une croissance nulle - voire, même, selon certaines
sources, une légère progression - la Russie a, en tout état
de cause, mis fin en 1997 à la baisse de production qu’elle
connaissait sans répit depuis le début de la décennie. La
faiblesse chronique de l’investissement, dans un environ-
nement politique et économique encore mal structuré et
stabilisé, ne permet cependant pas d’entrevoir une
prochaine reprise forte de l’activité. Le chômage a continué
à croître pour atteindre au moins 10% de la population
active. À 14% l’an, l’inflation s’établit maintenant à un
niveau peu différent de ceux des autres pays d’Europe
orientale.
Dans le voisinage immédiat de l’Europe, le Maghreb a vu
globalement stagner son activité, après la forte croissance
enregistrée en 1996 (+7%). Les évolutions divergent
cependant selon les pays : en Algérie, l’évolution du secteur
pétrolier n’arrivant pas à compenser la baisse de la
production, la croissance se limite à +1% contre +5% en
1996 ; le Maroc, dont la valeur ajoutée agricole a fortement
reculé, enregistre une récession de –2% (contre +10% en
1996) ; en revanche, la Tunisie continue à bénéficier d’une
croissance équilibrée à un taux proche de +5% l’an.
Plus au sud, l’Afrique sub-saharienne a connu une
croissance d’ensemble de l’ordre de 3,5%, malgré le net
ralentissement de l’Afrique du Sud - qui représente près
de 45% du PIB global de la zone -, dont le taux de
croissance est ramené de +3% en 1996 à +1,8% en 1997.
LES TAUX D’INTÉRÊT
ET LES MARCHÉS FINANCIERS
ompte tenu de la reprise économique en Europe et
des craintes de tensions inflationnistes aux États-Unis, les
observateurs pensaient que l’orientation à la hausse des
taux d’intérêt à long terme allait être durable. La crise
asiatique a apporté un démenti, causant une détente brutale
sur les marchés : ainsi, aux États-Unis, le rendement de
l’emprunt d’État à trente ans est passé de 6,7% à moins
de 6% entre septembre et décembre 1997 ; de la même
façon, en France, le taux de l’OAT fléchissait de 5,78% à
5,27%, ce qui constitue un plancher historique.
La crise asiatique a eu en outre pour effet d’estomper les
perspectives d’autres relèvements de taux qui auraient pu,
en resserrant les conditions de crédit, contribuer à perturber
encore plus les marchés. Ainsi, dans la crainte de la
formation d’une bulle financière, la Réserve Fédérale des
États-Unis avait, en mars, relevé ses taux de 5,25% à
5,50%. Elle les a ensuite laissés inchangés tout au long de
l’année, considérant que les risques de surchauffe de
l’économie s’étaient dissipés.
En termes réels (taux nominaux diminués de la hausse
des prix), il convient de noter la convergence sur lon-
gue période entre les taux à long terme (10 ans) des
principaux intervenants (États-Unis, Allemagne, Royaume-
Uni et France). Le Japon demeure un cas particulier compte
tenu du niveau extrêmement bas des taux qui y sont
pratiqués.
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