Médecine
27Revue ABB 3/2006
Le Sherlock Holmes de la gastroentérologie
déré comme un point de
départ potentiel. Il s’agissait
d’intégrer la technique de
mesure Uras dans un systè-
me hautement précis, com-
patible avec un usage médi-
cal et capable de déterminer
le taux de 13CO2/12CO2 dans
le souffle des patients. Si le
13CO2 et le 12CO2 ont beau-
coup de propriétés en com-
mun, leur masse atomique
diffère sensiblement, diffé-
rence qui peut facilement
être détectée par analyse
spectrale à infrarouge 2.
Le principe de mesure Uras
repose sur l’utilisation des gaz eux-
mêmes et ne nécessite aucun dispositif
de dispersion (membranes ou filtres).
Les résultats peuvent ainsi être compa-
rés directement au spectre naturel de
référence encadré . Les premiers essais
en laboratoire furent encourageants et,
en collaboration avec l’université de
Düsseldorf (Institute for Laser Medici-
ne), Hartmann & Braun développa un
analyseur Uras adapté à l’usage clini-
que. Le projet aboutit à la mise au
point d’un instrument capable de com-
parer deux échantillons d’air expiré.
Le patient souffle simplement dans un
premier ballon (« test respiratoire
zéro ») puis ingère l’urée marquée au
13C. Vingt minutes plus tard, il expire
un second échantillon d’air dans un
autre ballon. Les taux de carbone des
deux échantillons sont mesurés et
comparés, une différence notable rele-
vant la présence de la bactérie H. pylo-
ri. Généralement, les patients infectés
reçoivent un traitement (trithérapie) de
sept jours associant deux antibiotiques
à un antiacide.
Conception et domaines d’application
La version finale de l’appareil, spécifi-
que à l’usage médical, a été mise au
point par des partenaires commer-
ciaux, mais le cœur de l’appareil reste
l’analyseur Uras d’ABB. Il a été intégré
dans un petit module également fabri-
qué par ABB, lui-même placé dans
un boîtier adapté à son utilisation en
milieu hospitalier. La sensibilité néces-
saire a été obtenue en optimisant à la
fois les technologies de mesure et le
système. De ce fait, seule une dose
relativement faible de substrat suffit
(75 mg de 13C), réduisant le coût du
test. De même, la réutilisation des bal-
lons en fait une solution par-
ticulièrement économique.
Si le test détecte une infec-
tion, le traitement est admi-
nistré et des tests respiratoi-
res sont effectués régulière-
ment pour évaluer l’efficacité
de la thérapie. 3 compare
les résultats d’un patient in-
fecté par H. pylori à ceux
d’un sujet sain.
A l’issue du développement
de la technologie, de nom-
breux essais cliniques furent
réalisés et les autorisations
nécessaires obtenues. Dans
l’intervalle, il a été démontré que la
répartition géographique mondiale de
H. pylori est très variable.
Le principe de mesure
Uras repose sur l’utilisa-
tion des gaz eux-mêmes
et ne nécessite aucun
dispositif de dispersion
(membranes ou filtres).
Les résultats peuvent ainsi
être comparés directe-
ment au spectre naturel
de référence.
Dans les pays d’Europe centrale et du
Nord, le taux d’infection est d’environ
30 %, alors qu’il peut dépasser 90 % en
2 Bandes rotationnelles des vibrations du 12CO2 et du 13CO2 dans le
domaine central des rayons infrarouges
450
400
350
300
250
200
150
100
50
0
2200 2220 2240 2260 2280 2300 2320 2340 2360 2380 2400
Absorption
Longueur d’onde (cm–1)
12CO2
13CO2
Encadré Principe de mesure Uras
Le principe de mesure de l’analyseur de gaz
Uras repose sur la capacité spécifique des
molécules gazeuses à absorber les rayons
infrarouges (IR). L’énergie est donc extraite
d’un faisceau lumineux dans une plage de
fréquence variable en fonction des compo-
sants du gaz et de leur concentration, ainsi
que de la longueur de la cellule d’absorption.
A la différence du système Uras, la plupart des
analyseurs de gaz à infrarouge utilise un photo-
détecteur pour isoler cet effet.
L’analyseur de gaz Uras comporte des détec-
teurs « opto-pneumatiques » remplis de gaz,
dans lesquels on place l’échantillon à analyser.
L’énergie rayonnante absorbée par l’échan-
tillon de gaz provoque un changement de tem-
pérature, donc une modification de la pression
de quelques nanobars qui est suffisante pour
déclencher un signal électrique via un conden-
sateur à membrane. La comparaison entre le
gaz du détecteur et l’échantillon est extrême-
ment précise, notamment pour des gaz tels
que CO, CO2, SO2, NO, CH4 ou N2O.
Dans le système Uras26, des détecteurs en
série peuvent mesurer de manière fiable les
concentrations de quatre composants maxi-
mum du gaz de procédé. La longueur des
cellules contenant l’échantillon, placées en
amont des détecteurs, détermine les concen-
trations démontrables d’un volume pouvant
aller de <10–5 % (quelques parties par milliard
en volume (ppbv) à 100 %.
L’analyseur Uras26 intègre également des
cuvettes d’étalonnage qui suivent automati-
quement le tracé du faisceau optique [1] et
fournissent un signal de référence garant de
la stabilité à long terme. Les coûts de mainte-
nance sont considérablement réduits grâce
à ces cuvettes qui évitent le recours aux coû-
teuses bouteilles de gaz étalon.
La stabilité de la mesure est assurée par la
modulation périodique de la source de rayon-
nement IR : le signal lumineux est « haché » par
un modulateur tournant, ce qui permet une
amplification sélective de fréquence et de
phase, technique de traitement du signal par
blocage ou lock-in. [2].