DOSSIER THÉMATIQUE
intervention à court ou à moyen terme. Ils représentent environ
2 à 3 % des patients vus en urgence pour une douleur abdominale
aiguë (1). C’est le cas de certains syndromes occlusifs du grêle sur
adhérences intrapéritonéales postopératoires, des diverticulites
sigmoïdiennes, des ischémies mésentériques chroniques ou de
cancers digestifs (pancréas, estomac, colorectal) ou autres (essen-
tiellement gynécologiques). À la douleur abdominale aiguë peuvent
être associés une anémie, une hémorragie digestive, une altération
de l’état général, des perturbations du bilan hépatique, une ascite ou
un état septique. L’interrogatoire retrouve en fait souvent la notion de
douleurs évoluant depuis quelques semaines ou quelques mois.
La majorité des patients consultant en urgence pour une douleur
abdominale aiguë ont une pathologie médicale, abdominale ou non,
qui va régresser rapidement sous traitement spécifique. Enfin, entre
un quart et un tiers des patients ont une douleur abdominale non spé-
cifique qui va régresser spontanément ou après un court traitement
antalgique aspécifique, et dont l’origine ne sera pas retrouvée (12).
CONCLUSION
Les douleurs abdominales aiguës sont le témoin d’une urgence
chirurgicale chez une minorité de malades. La cœlioscopie a sim-
plifié la prise en charge et le traitement d’une grande partie d’entre
eux. Elle ne doit cependant pas prendre le pas sur l’examen clinique
ni sur les examens complémentaires peu ou pas invasifs (scanner,
échographie) à la phase diagnostique. Une observation “armée”
des malades dont le tableau clinique n’est pas typique permet le
plus souvent d’éviter une intervention chirurgicale et une anesthé-
sie générale inutiles. Cette surveillance en milieu hospitalier doit
être courte et conduire, au moindre doute, à une exploration chirur-
gicale par cœlioscopie ou laparotomie en fonction du terrain et
de la pathologie suspectée. ■
Mots-clés : Abdomen - Douleur - Cœlioscopie - Laparotomie.
Keywords: Abdomen - Pain - Laparoscopy - Laparotomy.
R
ÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1.
Irvin TT. Abdominal pain: a surgical audit of 1190 emergency admissions. Br
J Surg 1989;76:1121-5.
2.
Flamant Y. Sémiologie, étiologie et pièges des douleurs abdominales aiguës.
Rev Prat 2001;51:1642-7.
3.
Madsen LG, Bytzer P. The value of alarm features in identifying organic
causes of dyspepsia. Can J Gastroenterol 2000;14:713-20.
4.
Marco CA, Schoenfeld CN, Keyl PM et al. Abdominal pain in geriatric emer-
gency patients: variables associated with adverse outcomes. Acad Emerg Med
1998;5:1163-8.
5.
Fingerhut A,Yahchouchy-Chouillard E, Etienne JC, Ghiles E. Appendicite ou
douleur non spécifique de la fosse iliaque droite ? Rev Prat 2001;51:1654-6.
6.
Kessler N, Cyteval C, Gallix B et al. Appendicitis: evaluation of sensitivity,
specificity, and predictive values of US, Doppler US, and laboratory findings.
Radiology 2004;230:472-8.
7.
Poortman P, Lohle PN, Schoemaker CM et al. Comparison of CT and sono-
graphy in the diagnosis of acute appendicitis: a blinded prospective study. Am J
Roentgerol 2003;181:1355-9.
8.
Douglas CD, Macpherson NE, Davidson PM, Gani JS. Randomised control-
led trial of ultrasonography in diagnosis of acute appendicitis, incorporating the
Alvarado score. Br Med J 2000;321:919-22.
9.
Horton MD, Counter SF, Florence MG, Hart MJ. A prospective trial of com-
puted tomography and ultrasonography for diagnosing appendicitis in the aty-
pical patient. Am J Surg 2000;179:379-81.
10.
Nagurney JT, Brown DF, Chang Y et al. Use of diagnostic testing in the
emergency department for patients presenting with non-traumatic abdominal
pain. J Emerg Med 2003;25:363-71.
11.
Storm-Dickerson TL, Horattas MC. What have we learned over the past
20 years about appendicitis in the elderly? Am J Surg 2003;185:198-201.
12.
Bugliosi TF, Meloy TD, Vukov LF. Acute abdominal pain in the elderly. Ann
Emerg Med 1990;19:1383-6.
13.
Poulin EC, Schlachta CM, Mamazza J. Early laparoscopy to help diagnose
acute non-specific abdominal pain. Lancet 2000;355:861-2.
14.
Salky BA, Edye MB. The role of laparoscopy in the diagnosis and treatment
of abdominal pain syndromes. Surg Endosc 1998;12:911-4.
15.
Decadt B, Sussman L, Lewis MP et al. Randomized clinical trial of early
laparoscopy in the management of acute non-specific abdominal pain. Br J Surg
1999;86:1383-6.
16.
Elliott DC, Rodriguez A, Moncure M et al. The accuracy of diagnostic laparo-
scopy in trauma patients: a prospective, controlled study. Int Surg 1998;83:294-8.
17.
Moberg AC, Ahlberg G, Leijonmarck CE et al. Diagnostic laparoscopy in
1043 patients with suspected acute appendicitis. Eur J Surg 1998;164:833-41.
18.
McGreevy JM, Finlayson SR, Alvarado R et al. Laparoscopy may be lowe-
ring the threshold to operate on patients with suspected appendicitis. Surg
Endosc 2002;16:1046-9.
19.
Hui TT, Major KM, Avital I et al. Outcome of elderly patients with appendici-
tis: effect of computed tomography and laparoscopy. Arch Surg 2002;137:995-1000.
La lettre de l’hépato-gastroentérologue - n° 6 - vol. VII - novembre-décembre 2004
256
La cœlioscopie diagnostique
La cœlioscopie est fiable dans le diagnostic étiologique des dou-
leurs abdominales aiguës (13-15).Elle ne doit cependant pas être
considérée comme un examen complémentaire supplémentaire.
Elle a ses propres risques,bien connus (plaies digestives ou vas-
culaires,complications du pneumopéritoine) et impose classi-
quement une anesthésie générale, qui conduit elle-même à un
certain nombre de complications. Elle a également des limites
dans le diagnostic des lésions intrapéritonéales,notamment au
niveau du grêle (16).Le bénéfice d’une cœlioscopie précoce dans
l’exploration des douleurs abdominales non spécifiques reste à
démontrer.Le taux rapporté de 20 % (17) à 33 % (18) de cœlio-
scopies exploratrices pour suspicion d’appendicite aiguë n’est
pas tolérable.L’adjonction d’une cœlioscopie diagnostique à un
scanner abdominal augmente la rentabilité diagnostique.Néan-
moins, notamment dans le cadre de la suspicion d’appendicite
chez le sujet âgé,son apport ne réduit ni la mortalité ni la mor-
bidité globale de la thérapeutique par rapport aux patients n’ayant
eu qu’un scanner abdominal (19).
Il n’en reste pas moins que la cœlioscopie a pris une place déci-
sive dans le traitement de pathologies chirurgicales responsables
de douleurs abdominales aiguës.Elle a de nombreux avantages
lorsqu’elle est proposée à bon escient.Elle diminue les douleurs
et la consommation d’antalgiques,raccourcit la durée de l’hos-
pitalisation et réduit le risque pariétal. Elle permet en outre de
traiter la majorité des lésions
chirurgicales,en particulier les appen-
dicites,les perforations
d’ulcère duodénal ou les occlusions aiguës
du grêle sur bride intrapéritonéale.
Elle appartient donc,à part entière,à l’arsenal diagnostique mais
surtout thérapeutique,à condition de poursuivre l’intervention
par laparotomie au moindre doute ou en cas de difficulté im-
prévue. Dans ces cas, la conversion en laparotomie ne doit pas
être considérée comme un échec, mais comme une attitude
de prudence et de raison. ■