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est extrêmement variable et qu’il y a des facteurs autre
que les signes purement objectifs qui entrent dans cette
perception [7].
Si l’évaluation de la fonction sexuelle postopératoire
dans cette étude prospective avait été limitée à l’éva-
luation réalisée par le médecin lui-même, nous aurions
alors conclu que la totalité des 11 patients étaient
sexuellement actif en post-opératoire et donc que les
patients étaient certainement satisfaits du traitement.
Cependant lorsque les patients répondent à un ques-
tionnaire de qualité de vie validé, près des trois quarts
d’entre-eux signalent avoir des difficultés pour obtenir
ou pour maintenir une érection. Plus encore il est appa-
ru que seulement 2 des 11 patients se sentiraient
comme plutôt satisfait de leur fonction sexuelle. Ainsi,
l’évaluation de la fonction sexuelle après prostatecto-
mie basée uniquement sur l’évaluation médicale est
probablement biaisée et ne reflète pas exactement la
propre perception des patients.
En 1982, WALSH et DONKER ont permis l’évolution de
la prostatectomie radicale en identifiant les éléments
neuro-vasculaires de l’érection [17]. Leurs conclusions
étaient que ces structures neuro-vasculaires destinées
aux corps caverneux pouvaient être lésées lors de la
prostatectomie radicale et être à l’origine des dysérec-
tions postopératoires. Cependant plus récemment,
d’autres investigateurs ont avancé une hypothèse vas-
culaire à l’origine des impuissances après prostatecto-
mie [2, 3]. ABOSEIF et al. ont constaté que 40% des
patients qui étaient impuissant après prostatectomie
radicale n’étaient pas améliorés par les injections intra-
caverneuse [2]. La conclusion de cette étude a été qu’il
existait probablement une insuffisance artérielle possi-
blement associée à des fuites veineuses pour expliquer
la survenue de ces impuissances après prostatectomie
radicale malgré la préservation des bandelettes neuro-
vasculaires. Il est intéressant de noter que dans notre
étude 3 des 5 patients qui se sont déclarés plutôt insa-
tisfait de leur fonction sexuelle postopératoire avaient
pourtant une fonction érectile normale lors de l’étude
par objectif par Rigiscan. Ceci suggérerait que des fac-
teurs psychogènes pourraient également contribuer à la
survenue d’un trouble sexuel postopératoire.
Ainsi, il est possible de conclure que l’impuissance
après prostatectomie radicale est d’origine multi-facto-
rielle.
Le but de cette étude prospective a été de mettre au
point et d’évaluer une méthode de recueil d’informa-
tion pour évaluer la fonction sexuelle et le degré de
satisfaction des patients sur le plan sexuel après pros-
tatectomie radicale. Cette étude préliminaire a montré
que bien qu’un patient puisse signaler à son médecin
qu’il a une fonction sexuelle normale, il peut ne pas
être satisfait. De plus, nous avons observé que certains
patients qui se déclaraient insatisfait avaient une explo-
ration objective par Rigiscan normale. Ainsi il semble
que certains patients non satisfaits de leur fonction
sexuelle après prostatectomie radicale puisse avoir une
composante psychogénique à leur problème.
L’évaluation de la qualité de vie est un élément supplé-
mentaire et indispensable à prendre en compte dans
l’évaluation des patients après chirurgie pour cancer.
Cette étude montre que l’évaluation de fonction sexuel-
le lorsqu’elle est réalisée par le médecin apparaît peu
corrélée avec ce que ressent réellement le patient.
CONCLUSION
L’évaluation de la qualité de vie après traitement d’un
cancer de prostate fourni des informations essentielles.
Ce type d’évaluation devrait être inclue dans toute dis-
cussion sur l’efficacité thérapeutique, de même que cet
élément devrait être pris en compte dans la décision thé-
rapeutique. L’évaluation de la fonction sexuelle post-
opératoire basée seulement sur l’évaluation par méde-
cin ne reflète pas réellement ce que ressent le patient, ni
son degré de satisfaction. De même, lorsqu’une évalua-
tion objective trouve une activité érectile spontanée
normale, documentée par exemple par une exploration
par Rigiscan, cela ne signifie pas non plus que le patient
soit satisfait de sa fonction sexuelle. Ceci suggère que
la composante psychologique soit également à prendre
en compte dans l’évaluation de la fonction sexuelle
après prostatectomie radicale. En conclusion, l’évalua-
tion de la fonction sexuelle post-prostatectomie radica-
le doit être globale et doit associer : questionnaire médi-
cal, auto-questionnaire et test objectif.
Cet article a été traduit par le Dr. F.Haab
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