Si je veux comprendre ce qui s'est passé pendant un événement j'utilise une crue réelle. C'est
typiquement ce que l'on fait en phase de validation du modèle. La crue réelle est introduite à la
limite amont (et bien entendu, je n'oublie pas une hypothèse ou une mesure en aval), et je
compare mes résultats de calcul avec les mesures disponibles (laisses de crues, hydrogrammes
mesurés, témoignages...) et mon expertise. On règle alors les paramètres de la schématisation:
les coefficients de rugosité, de perte de charge, et puis tout ce qui a été représenté dans le
modèle et ses équations de manière très grossière par rapport à la réalité.
Dans la phase d'exploitation du modèle, j'utilise donc le modèle réglé, validé, et dont je connais
les limites, pour tester une hypothèse, valider un scénario d'aménagement, pour faire une carte
des zones inondables, etc. J'utilise dans ce cas une “crue de projet”. Cela peut être une crue
réelle (je veux par exemple vérifier que le scénario d'aménagement projeté traite bien le
problème de débordement). Cela peut être une crue reconstituée (que se passerait-il si...). Un
cas un peu particulier est celui de la crue “réglementaire”: il faut produire une carte qui reproduit
l'effet de la crue centennale (reconstituée) ou historique et qui fait référence dans la région (la
crue de 1930).
Calage du modèle
Les stations qui permettent de définir les valeurs limites peuvent-elles être utilisées pour calibrer
le modèle? Fil de discussion 2.5, post de ORoufosse, cf. réponse de O. Navratil
Non, il faudra vous assurer d'avoir un jeu de données pour le calage du modèle et un autre jeu
pour valider votre modèle.
Pourquoi n'avez-vous pas entré différents facteurs de rugosité en fonction des tronçons ou des
zones inondables? Fil de discussion 2.5, post de dems
En principe, la rugosité est locale et variable. Cependant, dans la pratique, on tente de
conserver soit une seule rugosité, soit un nombre limité de rugosités définies par grandes zones
(par exemple une rugosité modérée dans la rivière elle-même, et une rugosité plus importante
dans les champs d'inondation, car ces derniers sont couverts de végétation). Plus on a de
paramètres à calibrer, plus la calibration devient hasardeuse, car l'influence de chaque
paramètre devient difficile à cerner. @Y. Zech
Modèle numérique ou physique
Les modèles physiques sont introduits et illustrés par P. Belleudy dans le fil de discussion 2.3.
La mise en place d'un modèle physique (une maquette) requiert l'utilisation de lois de similitude
adaptées, pour mettre "convenablement" le modèle à l'échelle. Cela n'est pas si simple qu'il n'y
paraît... Il existe des lois physiques qui régissent ces similitudes, et grâce à elles, on se rend
compte qu'il est souvent impossible de respecter toutes les échelles sur le même modèle:
distances, effets de viscosité, pressions, tailles des grains s'il y des sédiments. Par ailleurs, la
mise en place d'un modèle physique est très coûteuse. Dès lors, quand c'est possible, on a
plutôt recours à la modélisation numérique qui permet plus facilement d'ajuster les paramètres
et de tester différentes solutions. Mais pour cela, il faut disposer d'un modèle numérique fiable,
dans lequel on peut avoir confiance, et qui, idéalement, a été au préalable calibré et validé sur
base de mesures en laboratoire ou sur le terrain. @S. Soares Frazão