C A S C L I N I Q U E Une cause exceptionnelle d’acouphènes : l’exostose du méat acoustique interne. À propos d’un cas A exceptional cause of acouphene: the exostosis of internal auditory canal. A case report ● K. Dami*, M. El Ouali *, N. Cherif Idrissi*, H. Nouri**, A. Raji**, O. Essadki*, A. Ousehal* Résumé : L’exostose du conduit auditif interne est extrêmement rare. Les auteurs rapportent le cas d’une patiente de 55 ans qui consultait pour des acouphènes gauches. Le scanner et l’IRM ont mis en évidence, au niveau du méat acoustique interne, une exostose refoulant le nerf cochléaire. Mots-clés : Exostose - Conduit auditif interne - Scanner - IRM. Summary: Exostosis of internal auditory canal are extremely rare. The authors report the case of a 55-year old woman who presented a tinnitus. The diagnosis has been made by computed tomography and MR examination. Keywords: Exostosis - Internal auditory canal - Computed tomography - Magnetic resonance imaging. A exostose ostéogénique, ou ostéochondrome, représente 9,5 % de l’ensemble des tumeurs des os. La localisation au niveau du conduit auditif interne est exceptionnelle. Nous rapportons une localisation au niveau du méat acoustique interne révélée par des acouphènes. L’ OBSERVATION Une femme de 55 ans, sans antécédents pathologiques, est venue consulter pour des acouphènes gauches évoluant depuis huit ans. L’examen audiométrique était normal. Une tomodensitométrie (TDM) du rocher, réalisée en coupes axiale et coronale (figure 1) a révélé la présence d’une excroissance osseuse prenant naissance au niveau de la paroi postérieure du méat acoustique interne gauche. Elle avait une forme géogra- B Figure 1. TDM en coupes axiale (A) et coronale (B) en haute résolution. Excroissance osseuse de la paroi postérieure du conduit auditif interne (CAI) (flèches) responsable d’un rétrécissement du méat acoustique interne. * Service de radiologie, CHU Mohammed-VI, Marrakech, Maroc. ** Service d’ORL, CHU Mohammed-VI, Marrakech, Maroc. La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no 300 - septembre-octobre 2005 21 C A S C L I N I Q U E phique, en continuité avec les corticales du méat et de l’apex pétreux. Cette formation était responsable d’un rétrécissement du conduit auditif interne (CAI). L’IRM de l’angle pontocérébelleux réalisée en séquences pondérées T1 axiales et frontales (figure 2), en séquences T2 (figure 3) et en séquences Fiesta haute résolution (figure 4), a montré que le nerf cochléaire était refoulé par l’excroissance osseuse, mais sans signe de souffrance. Le diagnostic d’exostose du conduit auditif interne a été retenu. Une surveillance de la patiente a été préconisée. L’état de celleci est stationnaire, avec un recul de six mois. DISCUSSION L’exostose du CAI est une entité très rare (1-3). Seuls cinq cas ont été rapportés dans la littérature. Elle est caractérisée par la perte progressive de l’audition, due au rétrécissement du canal et à la compression de la huitième paire crânienne. Elle est accompagnée d’acouphènes et de vertiges (1). A A B B Figure 2. IRM : T1 axial (A) et coronal (B). La formation du CAI est en hypersignal lié à la spongieuse de l’exostose (flèche). 22 Figure 3. IRM : T2 axial. La formation est en hyposignal (flèche) et comble partiellement le CAI et l’angle pontocérébelleux. Figure 4 (A et B). IRM : séquences Fiesta haute résolution. L’excroissance est responsable d’un refoulement du nerf cochléaire en bas (A : tête de flèche). La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no 300 - septembre-octobre 2005 L’examen radiologique le plus performant pour le diagnostic d’exostose est le scanner, qui montre une excroissance osseuse pédiculée ou sessile, faisant saillie dans le CAI, et dont la corticale et l’os spongieux se continuent avec l’os temporal. Il n’y a pas d’érosion du porus du méat acoustique interne (1). L’IRM n’a jamais été rapportée dans la littérature. L’aspect de l’exostose est similaire quelle que soit la localisation. L’intérêt de l’IRM est de rechercher le conflit entre l’exostose et le nerf cochléovestibulaire. Le diagnostic différentiel se fait avec la maladie de Paget et la dysplasie fibreuse (1). La maladie de Paget apparaît à la TDM sous la forme d’une déminéralisation osseuse, avec dédifférenciation corticomédullaire et, dans ce cadre, le méat acoustique peut être sténosé (4). Le traitement de choix est la chirurgie, qui permet de décomprimer le nerf auditif avant l’installation de lésions irréversibles. N OUVELLES CONCLUSION La localisation de l’exostose au niveau du conduit auditif interne est exceptionnelle. Son aspect est similaire à celui des autres localisations osseuses. La gravité réside dans le risque de compression avec une souffrance du paquet acoustico-facial. ■ R É F É R E N C E S B I B L I O G R A P H I Q U E S 1. Doan HT, Powell JS. Exostosis of the internal auditory canal. J Laryngol Otol 1988;102:173-5. 2. Smelt GJ. Exostoses of the internal auditory canal. J Laryngol Otol 1984;98:347-50. 3. Debain JJ, Siardet J, Kopiloff T. Surdité par exostose du conduit auditif interne. Ann Otolaryngol 1965;82:94-5. 4. Marsot-Dupuch K. Imagerie de l’oreille interne : aspect normal et pathologique EMC Radiodiagnostic 2001;31-675-B-10. DE L’ INDUSTRIE PHARMACEUTIQUE Communiqués des conférences de presse, symposiums, manifestations organisés par l’industrie pharmaceutique Patients asthmatiques : plus de saison pour la rhinite allergique Paris, le 13 septembre 2005. Jusqu’à 8 asthmatiques sur 10 souffrent d’une rhinite allergique associée. Généralement bénigne, celle-ci doit être traitée pour améliorer l’asthme, et ce même en dehors de la période du printemps, puisque ses facteurs déclenchants peuvent sévir tout au long de l’année. ● Asthme et rhinite allergique : deux expressions d’une même maladie ? Cette association fréquente est liée au fait que ces pathologies concernent toutes deux l’appareil respiratoire : haut (le nez) pour la rhinite allergique, bas (les poumons et les bronches) pour l’asthme. Elles relèvent également d’un processus inflammatoire comparable, impliquant des médiateurs de l’inflammation communs, parmi lesquels les leucotriènes et les cytokines. ● Les leucotriènes : substances-clés de l’inflammation de l’asthme et de la rhinite allergique associée Tout comme l’asthme, la rhinite allergique se caractérise par une inflammation des voies respiratoires. Ses symptômes incluent la sensation de nez bouché, le prurit nasal, la rhinorrhée et les éternuements. Les problèmes oculaires et les difficultés d’endormissement sont également fréquents. Elle peut gêner la vie quotidienne de l’asthmatique. La nouvelle classification ARIA (Allergic Rhinitis and its Impact on Asthma) de la rhinite allergique : – utilise à la fois des symptômes et des paramètres de qualité de vie ; – est fondée sur la durée, permettant la distinction entre rhinite “intermittente” et rhinite “persistante”, – est également fondée sur la sévérité, permettant la distinction entre rhinite “légère” et rhinite “modérée à sévère”. ● Des facteurs déclenchants communs toute l’année L’asthme et la rhinite allergique peuvent avoir des facteurs déclenchants communs, comme les allergènes (pollens d’arbres, de graminées, poils de chats ou de chiens, acariens, etc.), les facteurs professionnels, les polluants, certaines infections virales, certains médicaments (aspirine, anti-inflammatoires non stéroïdiens, etc.). Si les pollens sont saisonniers, d’autres allergènes de l’environnement extérieur et intérieur, eux, sont présents toute l’année. Le risque de déclenchement d’une crise d’asthme et/ou de rhinite allergique existe donc, lui aussi, toute l’année. ● La rhinite allergique non traitée, un facteur aggravant l’asthme La rhinite allergique, habituellement bénigne, peut pourtant aggraver l’asthme. On observe, chez les patients asthmatiques ayant une rhinite allergique associée, une plus grande fréquence d’exacerbations de l’asthme, d’hospitalisations et d’admissions aux urgences liées à l’asthme, ainsi qu’une plus grande utilisation des “médicaments de secours”, comparativement aux patients souffrant d’asthme seul ; c’est pourquoi il est souhaitable de rechercher une rhinite allergique chez le patient asthmatique. La Lettre d’Oto-rhino-laryngologie et de chirurgie cervico-faciale - no 300 - septembre-octobre 2005 Dans leurs Recommandations sur la rhinite allergique et son impact sur l’asthme (ARIA), les experts préconisent de traiter simultanément les deux maladies. Dans la mesure où l’asthme et la rhinite allergique semblent avoir des mécanismes physiopathologiques communs, ils devraient bénéficier d’une approche thérapeutique commune, certains médicaments pouvant être efficaces dans le traitement des deux maladies. ● Le montélukast, le seul médicament qui agit à la fois sur l’asthme et sur les symptômes de rhinite allergique associée* Le montélukast 10 mg, des laboratoires Merck Sharp & Dohme-Chibret, disponible sous forme de comprimé, a un mode d’action différent de celui des autres traitements antiasthmatiques et des médicaments contre la rhinite allergique, puisqu’il lutte contre l’inflammation à l’origine des symptômes d’asthme et de rhinite allergique, en bloquant les leucotriènes. Aujourd’hui, nous disposons d’une nouvelle option thérapeutique quand les corticostéroïdes inhalés seuls ne suffisent pas : un médicament en comprimé pour traiter à la fois l’asthme léger à modéré et les symptômes de rhinite allergique associée*. * Le montélukast 10 mg peut en outre apporter un soulagement symptomatique de la rhinite allergique saisonnière chez les patients pour qui il est indiqué en traitement additif de leur asthme persistant léger à modéré, insuffisamment contrôlé par les corticoïdes inhalés et les ß2-mimétiques à courte durée d’action. 23