• Repères
ce récepteur est retrouvé en très grand
nombre sur les cellules tumorales.
Comme ce récepteur est sensible aux
signaux de prolifération cellulaire,
en cas de surexpression, les cellules
tumorales se développent plus vite. Un
médicament ciblé existe, le trastuzumab
(Herceptin®) qui bloque spécifiquement
le récepteur HER2. Ce médicament
est efficace. Cependant, chez environ
50 % des patientes, des résistances
se développent progressivement. Il a
été montré que ces résistances sont
liées à des anomalies dans l’ADN
(1) des cellules tumorales. Plusieurs
de ces anomalies ont été clairement
identifiées et des médicaments sont
en cours de développement pour les
cibler. L’objectif est, avec ces nouvelles
molécules, de lever les résistances
et de retrouver une efficacité des
traitements.
De nombreuses autres mutations ou
caractéristiques moléculaires sont
aujourd’hui identifiées qui ont un
impact sur le pronostic de la maladie
et sur la réponse aux traitements.
Chacune d’entre elle constitue un sous-
type moléculaire du cancer du sein.
Un prol moléculaire individuel
L’idée du programme SAFIR 01 est
de proposer une analyse de l’ADN
des cellules tumorales afin de
cartographier toutes les anomalies
ou caractéristiques moléculaires
présentes pour lesquelles il existe
potentiellement un médicament en
développement. Cela est aujourd’hui
possible grâce à des outils dits de
criblage à haut débit qui sont en mesure
d’analyser en quelques heures l’ADN
extrait d’une biopsie d’une tumeur et
d’en répertorier toutes les anomalies
moléculaires.
Mis en place dans dix-neuf centres de
lutte contre le cancer, ce programme
s’adresse à 400 femmes et hommes
pour lesquels il sera procédé à criblage
moléculaire. En fonction de leur
profil, il sera proposé aux participants
d’entrer dans des essais évaluant des
médicaments ciblant spécifiquement
les anomalies portées par leurs
cellules tumorales. Ils pourront ainsi
(suite de la page 1)
bénéficier d’un traitement adapté à
leur profil moléculaire dont on peut
espérer qu’il soit plus efficace qu’un
traitement standard.
SAFIR 01 vise à montrer que ce type
de criblage est réalisable dans la
pratique. Si tel est bien le cas, ce
programme ouvre la voie à la médecine
personnalisée de demain.
Une cohorte de 20 000 patientes
De son côté, l’étude CANTO s’intéresse
à une question toute aussi importante :
la toxicité des traitements. Il a en effet
été constaté que la qualité de vie des
femmes traitées pour un cancer du sein,
qui sont en rémission sans rechute,
est inférieure à celle de la population
générale. Il est fort probable que cet
état de fait soit lié à la toxicité des
traitements reçus par ces femmes, dont
les effets peuvent persister pendant
plusieurs années. Malheureusement,
les effets indésirables à moyen et long
terme des traitements sont peu étudiés.
Cela a conduit le groupe UNICANCER
(issu de la Fédération nationale des
Centres de Lutte contre le Cancer),
en partenariat avec l’Institut Gustave
Roussy de Villejuif, le Centre Georges
François Leclerc de Dijon et le Centre
Léon Bérard de Lyon, à vouloir mettre
en œuvre une étude spécifiquement
dédiée à cette question, en se donnant
les moyens nécessaires pour l’explorer
dans ses différentes dimensions.
CANTO est ainsi une vaste étude
de cohorte conçue pour suivre
20 000 femmes pendant cinq ans. Les
participantes seront des femmes
atteintes d’un cancer du sein qui
n’auront pas commencé leur traitement
au moment de leur entrée dans l’étude.
Elles seront vues en consultation
avant le début de leur traitement,
trois mois après la fin de celui-ci, puis
tous les ans. En plus d’un examen
clinique complet, chaque consultation
donnera lieu à des examens sanguins
et les participantes devront répondre
à différents questionnaires.
L’étude CANTO poursuit en effet trois
grands objectifs :
- Recueillir de façon systématique les
effets indésirables persistants auprès
de l’ensemble des participantes. Cela
permettra de pouvoir disposer d’un
tableau précis de l’ensemble des
toxicités chroniques associées aux
traitements du cancer du sein.
- Déterminer quels impacts ont ces
toxicités sur la qualité de vie des
femmes, sur leur état psychologique
et sur leur situation sociale et
économique.
- Rechercher à partir des prélèvements
sanguins recueillis des marqueurs
biologiques associés à la survenue
des toxicités chroniques. L’idée est,
une fois de tels marqueurs identifiés,
de pouvoir mettre au point des tests
qui puissent permettre d’identifier
les patientes qui seront à risque de
développer des effets indésirables à
long terme.
Améliorer la qualité de vie
« Cette étude va permettre à terme
d’améliorer la qualité de vie des
patientes pendant et après les
traitements. Maintenant que nous
guérissons de plus en plus de femmes,
il faut s’attacher à ce qu’elles puissent
vivre avec la meilleure qualité de vie
possible en prévenant les éventuelles
toxicités et séquelles liées aux
traitements », explique le Dr Fabrice
André, cancérologue à l’Institut Gustave
Roussy et coordinateur de CANTO.
Il est prévu que les premières
inclusions dans CANTO commencent
au début de l’année 2012. L’étude
sera proposée aux patientes dans dix
Centres de lutte contre le cancer dans
un premier temps.
L’importance de cette étude est
soulignée par le fait qu’elle a obtenu
un financement de l’Etat dans le
cadre du programme « Investissement
d’avenir » (appelé également Grand
Emprunt) dont l’objectif est de soutenir
des projets de recherche innovants.
(1) ADN : acide désoxyribonucléique. Molécule
présente dans toutes les cellules vivantes, qui
renferme l’ensemble des informations nécessaires au
développement et au fonctionnement d’un organisme.
C’est aussi le support de l’hérédité.