GARD VILLENEUVE-LEZ-AVIGNON MAISON MEDIEVALE 1, rue du Bourguet (cadastré AN 376) et 2, rue Montée-du-Fort (cadastré AN 377) Ces deux parcelles n'ont formé au XlVe siècle qu'une grande parcelle traversante à deux façades opposées, l'une sur la rue Montée-du-Fort, l'autre sur la rue du Bourguet. Au XVIIe siècle, la maison est déjà morcelée en plusieurs lots. Dans le contexte plutôt exigu et modeste du Bourguet médiéval, cette unité apparaît comrge exceptionnellement vaste. Sa construction est d'une qualité inhabituelle dans le quartier et elle comporte des éléments de luxe intérieur (moulurations des linteaux de cheminées, fresques, etc.) qui lui donnent un relief tout à fait particulier dans le quartier. Il est probable que la formation de cette unité foncière au XlVe siècle, résulte d'un remembrement. Cependant aucune trace archéologique ne subsiste des états antérieurs et la demeure a manifestement été construite entièrement a novo. On ne possède malheureusement aucun indice précis sur les circonstances de la construction ni sur l'identité du maître d'ouvrage. Une maison de notable La cave est le premier élément remarquable de cet ensemble. Elle forme un espace longiligne, au format exact de la parcelle, voûté en berceau en arc segmentaire. Quatre arcs doubleaux chanfreinés articulent l'espace et correspondent manifestement aux grandes divisions transversales de l'élévation. A l'origine, la descente en cave se faisait au nord par un degré droit couvert d'une série de rouleaux plein-cintre et à ressauts. Au-dessus, la distribution a dû s'adapter au format ingrat de la parcelle : sa forme laniérée a conduit à distribuer les espaces en profondeur, les pièces occupant toute la largeur disponible entre les deux mitoyens. En façade cette largeur laisse place, sur les deux orientations, pour deux travées de fenêtres seulement. Les divisions transversales d'origine ont été quelque peu bouleversées. On peut néanmoins reconstituer le parti d'origine en partant des divisions de la cave, que les arcs doubleaux, on l'a vu, segmentent en quatre travées. Nous croyons que la maison comportait à l'origine deux corps opposés (dont un double) avec cour intermédiaire. La cour actuelle est le résidu, après réduction, de cette cour d'origine. On a tout lieu de penser que l'entrée se faisait par la rue Montée-du-Fort, la plus large et donc la plus valorisante, presque vis à vis de la porte du somptueux palais cardinalice de Bertrand du Rouget. L'entrée d'origine n'existe plus mais un fragment en remploi dans le parement intérieur de la façade s'identifie manifestement avec un élément de son chambranle mouluré. A côté de l'entrée au logis était l'entrée de la cave. L'entrée au logis introduisait dans un niveau bas compris entre la cave et le niveau d'habitation : cet espace, aujourd'hui entièrement remanié, devait avoir le caractère d'un vestibule où s'effectuait sans doute, par une courte volée, l'accès au premier niveau d'habitation. La première pièce de ce niveau, s'éclairant sur rue, était carrée et possédait une grande cheminée adossée. De là, on accédait à l'arrière, à une pièce plus petite prenant jour sur cour. Vu la faible profondeur de cette dernière pièce, il se peut que sa fonction, plutôt que d'habitation, ait été de contenir l'escalier d'accès au niveau supérieur et qu'elle ait eu le caractère d'une loggia. L'escalier a pu également se trouver dans la cour. On ne saurait toutefois le confondre avec la vis qui distribue aujourd'hui les niveaux de la demeure. Au-delà de la cour le corps arrière n'avait qu'une pièce au rez-de-chaussée ayant une autre grande cheminée de même type que la précédente. La place de cette cheminée, comme l'autre adossée à un mur mitoyen, témoigne nettement qu'on voulait réserver les murs goutterots pour les ouvertures. Ce trait nous révèle par conséquent que les versants de toiture, étaient bien orientés, dès l'origine, comme aujourd'hui, vers les deux rues opposées et vers \ë?~ cour. A l'étage du corps d'entrée, on retrouve la division du rez-de-chaussée : une pièce grande, elle aussi avec cheminée à l'aplomb de celle du premier, suivie à l'arrière d'un espace plus petit de fonction inconnue, chambre ou loggia contenant escalier. La plus grande de ces deux pièces avait sans nul doute fonction de grande salle avec cheminée. La particularité de ces deux espaces est d'être séparés, à ce niveau, non par un mur de refend, comme cela est usuel, mais par une cloison sur armature de bois. La panne, sans doute faîtière de ce corps, était supportée par un haut pilier octogonal servant d'appui médian à la cloison. Celle-ci est ancienne et paraît même d'origine. La motivation est manifestement d'économie : le pilier suffisant à tenir le rôle structurant, une légère cloison a paru suffire pour séparer les deux espaces contigus. Une porte en tiers-point faisait communiquer la salle et la pièce contiguë attestant l'ancienneté de la cloison. L'attestent également les fresques qui s'étendent sur Dossier en cours de rédaction par Bernard Sournia et Jean-Louis Vayssettes. décembre 11, 2000. l'ensemble des deux pièces, y compris sur la cloison et même sur le pilier octogonal, qu'elles chevauchent. Les fresques de la salle se disposaient en registres superposés : ne restent que quelques traces, en parties hautes sur la cloison et les murs nord des deux registres hauts. Tout en haut, au ras du toit, une frise porte un décor de grands rinceaux ocre rouge. Au-dessous le décor est historié : le morceau le plus lisible représente un cavalier terrassant un animal dans un paysage, sous le regard d'une pie perchée dans un arbre. Dans les parties les plus basses de cette fresque on repère un motif de tentures feintes jusque sur la porte en tiers point et au dessous de nombreux graffiti médiévaux (blasons, figures militaires, dauphins, messages écrits, etc.). Il ne reste que la sinopia des autres peintures. Sur le mur Est, on discerne parmi ces vestiges un visage féminin, un taureau, une frise d'étoffe plissée... Dans la petite pièce arrière, les restes de fresques couvrent trois faces (nord, est et ouest). Là aussi la peinture se dispose en registres : un registre haut à grands rinceaux de pampres à rameaux ocre rouge, feuilles et fruits vert sombre ; et un registre bas fort obscurci, où l'on distingue à grand mal des verdures et encore des graffitis. Dans le corps arrière, les seuls vestiges d'origine sont, à l'étage, les deux fenêtres à meneau donnant sur la rue du Bourguet. Ce sont les seules fenêtres d'origine de la maison. Celles de la façade d'entrée ont été remaniées tardivement (croisées du XVe-XVIe siècle). A l'étage, la communication entre les deux corps opposés devait se faire par une coursière que nous localiserions contre le mur mitoyen est de la parcelle où une pièce étroite et allongée existe aujourd'hui encore. Etat actuel de la maison. Elle est scindée en deux parcelles : la plus grande se trouve paradoxalement du côté de la rue du Bourguet. La plus petite ne comporte qu'une pièce par étage (côté rue Montée-du-Fort). La première parcelle (n° 376) : On lui a fait une descente en cave et un escalier en vis rond, sur cour, pour distribuer les niveaux supérieurs. Cet aménagement est datable du XVIe siècle. Il date, en gros, la fragmentation de la parcelle. Les niveaux sont également remaniés : on en fait passer 3 dans la hauteur des deux étages d'origine. Cette fois la construction est modeste La scission de la parcelle s'accompagne d'indices nets d'appauvrissement. La deuxième parcelle (n° 377) : On y bricole l'ancien système de montée, mais on conserve les divisions d'origine. Les fenêtres, en façade, sont mises en forme de croisées chanfreinés. On peut hasarder pour ces réfections la fin du XVe ou le début du XVIe siècle, comme au corps opposé. Cette maison avec ses décors mérite une protection, de plus avec l'actuelle mise en vente de la parcelle 377, il existe des menaces de dépose des décors. Dossier en cours de rédaction par Bernard Sournia et Jean-Louis Vayssettes. décembre 11, 2000. M1TN1S 1ERE DE LA CULTURE DEPARTEMENTAL DE L'ARCHITECTURE ET PU PATRIMOINE 2 Rue Pradier - 30000 NIMES Tél. : 04 66 29 50 18 - Télécopie : 04 66 84 16 78 Nîmes, le 5 décembre 2000 CONSERVATION REGIONALE DES MONUMENTS HISTORIQUES 5 Rue de la Salle l'Evéque 34967 MONTPELLIER CEDEX 2 A l'attention de Josette CLIER Gard VILLENEUVE LES AVIGNON -4 Maison médiévale 2 Rue de la Montée du Fort N/Réf. : 627/00/JD/RS C. R. P. S. du 14 décembre 2000 AVIS DE L'ARCHITECTE DES BATIMENTS DE FRANCE Bien que les documents nous renseignent peu sur l'origine de cet édifice, sur son constructeur et sa destination d'origine, i'ensembie formé par ies parcelles AN 376 et-377 est tout à fait remarquable. Une étude plus précise permettrait de définir la composition des bâtiments lors de leur construction, qui occupaient une parcelle entre la Rue de la montée du Fort et la Rue du Bourguet. Les différents niveaux d'origine, notamment au niveau de la cour, sont encore bien lisibles malgré les remaniements récents des bâtiments de la parcelle 377. Les décors très remarquables visibles au deuxième étage, les très belles cheminées, ainsi que la très belle cloison séparant aujourd'hui les deux propriétés, justifient pleinement une protection au titre des monuments historiques. Compte tenu des menaces de dépose des décors et d'une étude sérieuse à mener sur cet ensemble, je suis favorable à une inscription au titre des monuments historiques de l'ensemble des bâtiments et à un classement des décors. l'ARCHITECTE DF S QF -RANGE Liberté • Egalité • Fraternité RÉPUBLIQUE FRANÇAISE PREFECTURE DE LA REGION LANGUEDOC-ROUSSILLON Direction Régionale des Adirés Culturelles Languedoc-Roussillon Conservation régionale des monuments historiques Montpellier, le 11 décembre 2000 Affaire suivie par : L. Hugues N/Réf. : LH/MYS/00/98 Objet : 30 - VILLENEUVE-LEZ-AVIGNON, maison médiévale, 1 rue du Bourguet et 2 rue Montée-du-Fort AVIS SUR DOSSIER DE PROTECTION Cette demeure datable du début du XlVe s. conserve un important potentiel archéologique malgré les remaniements anciens des façades, des murs gouttereaux, des circulations verticales et les transformations intérieures récentes de la parcelle 377. La séparation entre deux propriétaires du corps de bâtiment nord a sans doute sauvé la cloison ornée de scène de chasse et de rinceaux qui est de nos jours encore un mur mitoyen. La partie n° 377 a conservé une des deux cheminées monumentales, l'ensemble des planchers ayant subi des modifications de niveaux et une restitution moderne. La cour et le corps de logis sud (parcelle 376) ont peu évolué^ depuis le XVIIIe s. date probable des constructions de l'étroit bâtiment empiétant sur la cour au sud. La cheminée et le plafond de la salle du rez-dechaussée semblent bien appartenir à l'état d'origine, hypothèse que des sondages sur les polychromes pourraient confirmer. Les graffitis relevés sur le registre bas de la cloison peinte donnent également des indices de datation. Il est assez remarquable qu'autant d'éléments de décors intérieurs aient survécu aux transformations subies par les bâtiments depuis le XVIe-XVIIe s. L'inscription en totalité de ces deux parcelles et bâtiments devrait être complétée par le classement de l'ensemble des décors peints du premier étage des 2 parcelles, mesure qui pourrait être étendue à la salle basse du corps de logis sud (parcelle 376). L'Inspecteur des ents historiques DRAC Languedoc Roussillon - 5 rue de la Salle l'Evêque - 34967 Montpellier Cedex 2 - Tél. 04 67 02 32 00 - Fax. 04 67 02 32 04 Fax énis par : 84 78 24 83 86 AEC 12/12/88 18:88 Pg : 2/2 MINISTERE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION JEAN-FRANÇOIS GRANGE-CH AVANIS Architecte en Chef des Monuments Historiques AVIS DE L'ARCHITECTE EN CHEF DES MONUMENTS HISTORIQUES sur le dossier de protection de la Maison médiévale 2 Rue de la Montée du Fort à Villeneuve-lez-Avignon (Gard) II. est indéniable que, malgré ses très nombreuses modifications, cette maison divisée depuis longtemps laisse entrevoir les dispositions et les décors encore bien visibles d'une demeure de grande qualité. Les analyses et recherches en cours préciseront sans doute l'intérêt historique et artistique d'un ensemble situé à mi-chemin entre le palais cardinalice et la simple maison, ce qui semble inhabituel dans le tissu urbain de Villeneuve. Quelles que soient les conclusions de ces recherches, la maison me paraît devoir être protégée dans son ensemble au titre des Monuments Historiques par un classement en totalité, ses dimensions réduites et sa complexité rendant difficile la mise en place d'une protection partielle. Fait à Lyon, le 12 Décembre 2000 L'Architecte en Chef des Monuments Historiques, 47 AVENUE DU MARECHAL DE SAXE 69006 LYON T 04 78 52 09 99 FAX 04 78 24 83 06 Membre d'une association agréée, le règlement de honoraires par chèque est accepté Liberté • Egalité •fraternité RÉPUBLIQUE FRANÇAISE PREFECTURE DE LA REGION LANGUEDOC-ROUSSILLON Commission Régionale du Patrimoine et des Sites Séance du 14 décembre 2000 PROCES-VERBAL La Commission régionale du patrimoine et des sites de la région Languedoc-Roussillon s'est réunie sous la présidence de Monsieur François de Banes Gardonne, directeur régional des affaires culturelles représentant Monsieur le Préfet de la région Languedoc-Roussillon, le 14 décembre 2000 à 10 h au château de Flaugergues à Montpellier. 26 membres présents : - le directeur régional des affaires culturelles M. François de BANES GARDONNE, - le directeur régional de l'équipement représenté par M. DROSSE, - le conservateur régional des monuments historiques M. Robert JOURDAN, - le conservateur régional de l'archéologie M. Xavier GUTHERZ, - le conservateur régional de l'inventaire M. Xavier FEHRNBACH, - M. Laurent FfUGUES, conservateur du patrimoine (monuments historiques), - M. Dominique LARPIN, architecte en chef des monuments historiques, suppléant de J-L. REBffiRE - M. Christian PIERROT architecte des bâtiments de France (P.O.), - M. Lucien B AYROU, architecte des bâtiments de France (Lozère), - M. Hubert PESLE, maire d'Aubais (Gard), suppléant de M. Gilles DUMAS (démissionnaire), - Mme Géraldine MALLET, maître de conférence à l'Université Paul Valéry, - M. Laurent SCHNEIDER, chargé de recherches au CNRS, - M. Jean-Louis VAYSSETTES, ingénieur de recherches au service de l'inventaire, - Mme Jacqueline BAISSETTE, déléguée de la Société pour la protection des paysages et de l'esthétique de la France, - Mme F. CHAMSKA-MANDAJORS suppléante de Mme B. de ROQUETTE-BUISSON, représentant "Vieilles maisons françaises" et "Demeure historique", - M. Antoine BRUGUEROLLE, architecte, - M. Philippe JOUVIN, urbaniste, - M. Emmanuel NEBOUT, architecte, - M. Henri de COLBERT, président de "Praedium rusticum", suppléant de M. Daniel LAROCHE. - M. Daniel TRAVIER, directeur du musée des vallées cévenoles membres absents : - la directrice régionale de l'environnement, - Mme Nicole BOUYALA maire de Saint-Quentin-la-poterie (Gard), excusée - M. Jacques DANJOU, maire de Villasavary (Aude), - M. Jean-Paul ALDUY, maire de Perpignan (Pyrénées-Orientales), - M. Jean-Claude CHAZAL, député, conseiller général de Lozère, excusé, - M. Gilles DUMAS, maire de Fourques (Gard), démissionnaire, représenté par son suppléant, - M. Georges PRECHE, député de l'Hérault, maire de Montpellier, excusé, - M. Alain GIRARD, conservateur en chef des musées du Gard, excusé, - M. Daniel LAROCHE, président de l'association régionale de la Fédération française du paysage, représenté par son suppléant, - M. Robert LECOU, maire de Lodève (Hérault) - M. Michel MOLY, vice-président du Conseil général, maire de Collioure (Pyrénées-orientales), excusé, assistaient en outre : - M. Michel GEOFFROY, chargé de la coordination des ZPPAUP, CRMH - Mme Marie-Odile VALAISON, chargée de mission, DRAC - Mme Josette CLJJER, MM. Yvon COMTE et André SIGNOLES, chargés d'études documentaires, chargés de la protection des immeubles au titre des M.H, CRMH. et pour les dossiers les concernant : - M. Didier FOUGEROLLES, maire de Sauve et Mme Catherine MUTELLE, adjointe à la culture de Sauve, - Mme Monique NOUGEER, représentant la municipalité de Villeneuve-lés-Avignon. - Mme HARISPE, propriétaire à Villeneuve-les-Avignon, - Mme SIRVENTON, représentant la municipalité de Narbonne, - Mme VALENTIN, propriétaire à Narbonne. - M. Jacques DREYFUS, A.B.F., chef du SDAP du Gard, - M. Alain PJJERSON, bureau d'études Alain Pierson, urbanistes-architectes. M. de Colbert, propriétaire du château de Flaugergues, souhaite la bienvenue à la Commission. M. de Banes Gardonne introduit la séance par une information sur la décentralisation patrimoniale : la région est notamment concernée par une action pilote en Lozère. Il est procédé à l'approbation du procès-verbal de la précédente séance de la commission régionale du patrimoine et des sites puis à l'examen des dossiers inscrit à l'ordre du jour. les deux dossiers suivants inscrits à l'ordre du jour de la séance du 4 mai 2000, avaient été reportés, faute de temps et sont examinés en priorité. 30 - Gard: VILLENEUVE LES AVIGNON : - Maison médiévale 1, rue du Bourguet et 2, rue de la Montée du Fort - présentation par Josette CLIER du dossier établi par Jean-Louis Vayssettes et Bernard Sournia (S.R.I.) (cf. fiche) présence de Mme Nougier, représentant la municipalité et de Mme Harispe, propriétaire, proposition : inscription en totalité et classement des décors peints. Instance de classement en attente de signature. -4 * avis : - l'architecte des bâtiments de France, M. J. Dreyfus, est favorable au classement des décors et à l'inscription de l'ensemble des bâtiments. - l'architecte en chef des monuments historiques, M. J.-F. Grange-Chavanis, est favorable au classement en totalité parmi les monuments historiques car l'exiguïté des parcelles et la complexité pour situer précisément les décors rendent difficiles une protection mixte. - le conservateur du patrimoine (mh), M. L. Hugues, est favorable à l'inscription en totalité et au classement des décors peints et de la salle basse du corps de logis sud car cette demeure conserve un important potentiel archéologique. Mme Harispe, propriétaire, rappelle que cet achat et les travaux faits (aménagement et dégagement des décors peints) représentent beaucoup d'investissement pour eux qui ont aussi restauré leur habitation, la livrée cardinalice située en face et inscrite sur l'ISMH. Elle n'est pas opposée à la protection mais craint que cela ne bloque la vente actuelle qui est basée sur un projet d'utilisation. Elle se demande comment transformer cette parcelle en habitation tout en préservant le décor en place (qui sera alors caché derrière des cloisons) ; dans ces conditions, elle estime qu'il convient de réfléchir à la possibilité de dépose dans un musée. M. Signoles s'interroge sur l'identification certaine du taureau car ce serait la plus ancienne représentation. Ceci est confirmé par le propriétaire mais non par le service de l'Inventaire qui n'a pas • analysé ce décor découvert récemment et encore très lacunaire. M. Dreyfus rappelle que ces peintures sont connues depuis 1995 et que les deux parcelles ont été étudiées dans le cadre du Secteur Sauvegardé mais qu'une étude plus poussée serait souhaitable. Il rappelle que le projet de vente existe ainsi que les menaces de dépose des décors puisque des dossiers ont été envoyés aux experts dont Sotheby's. La déclaration d'intention d'aliéner mentionne le prix de 2,6 M. et un compromis de vente est signé sous réserve de dépose. M. de Banes Gardonne demande si la ville serait prête à acquérir ce bien. : Mme Nougier répond affirmativement mais pas au prix de 2,6M. ! M. Vayssettes remarque que les draperies n'ont pas été touchées mais que le panneau central a été extrêmement restauré et se demande si ce n'était pas en vue d'une vente. * vote : La commission se prononce pour l'inscription sur l'inventaire supplémentaire des monuments historiques des deux parcelles en totalité, et pour le classement des intérieurs avec les décors peints à l'unanimité moins une voix contre. La commission émet le vœu qu'une instance de classement soit prise. Mme Harispe considère que cela empêche la transaction prévue et que cela entraîne une perte financière pour le propriétaire. Le projet d'inscription sur l'inventaire supplémentaire des monuments historiques, préalable à la poursuite de la procédure de classement partiel, sera soumis à Monsieur le Préfet de région. Paris, le 30 octobre 2001 L'inspecteur général des Monuments historiques Direction Madame la Directrice de 1'architecture et du Patrimoine sous-direction des Monuments H i s t o r i q u e s à l ' a t t e n t i o n de M. Francis Jamor de l'architecture et du patrimoine 4/ d'Aboukir 7 5 0 0 2 PARIS rue Affaire suivie par poste Références olivier poisson 0140157565 30/Villeneuve-les-Avignon, maison médiévale (AN 376/AN 3 proposition de classement (CSMH du 19/11/2001) votre transmission du 24/10/2001 La maison médiévale située entre la rue du Bourguet et la Montée du fort est analysée comme une maison de la fin du XlVème ou du début du XVème siècle, ayant peut-être fait partie des propriétés du cardinal Bertrand du Pouget vers 1344. L'importance de cette maison, remaniée et divisée aux XVIème et XVIIème siècles réside surtout dans les éléments de décor peints et les nombreux graffiti médiévaux, qui montrent la richesse de la substance médiévale de la demeure. Cette maison a été placée sous instance de classement en raison d'un projet de dépose et de vente de ces décors, et je rappellerai à cet égard que de nombreux palais cardinalices d'Avignon et de Villeneuve ont déjà été écumes avant- et après-guerre par les antiquaires, en particulier Marcel Simon, qui a déposé de nombreux décors peints. Ces opérations ont, d'ailleurs, la plupart du temps, gravement endommagé voire détruit ces décors. Il semble que la réglementation du Secteur sauvegardé ne soit pas encore en mesure de s'opposer à de tels démembrements. Je suis donc favorable à son classement parmi les monuments historiques en totalité, au besoin par décret en conseil d'état. copie: M. Bernard Voinchet IGMH M. Robert Jourdan CRMH SDAP 30 C.S.M.H.- lère section Séance du 19 novembre 2001 Procès-verbal Gard - VILLENEUVE-LEZ-AVIGNON - Maison médiévale composée des immeubles 1, rue du Bourguet (CC 253) et 2 rue Montée du Fort (CC 254) Protection existante : ISMH 22 mars 2001 : « façades et toitures ainsi que l'intérieur en totalité Présentation : Mlle CLIER Rapporteur : M. HUGUES Ces deux parcelles forment un même ensemble, à deux façades opposées, l'une sur la rue du Bourguet, l'autre sur la rue Montée du Fort. L'analyse du tissu bâti, confortée par la structure des caves, étudiées par l'équipe des chercheurs de l'Inventaire , démontrent clairement qu'il s'agit d'une seule parcelle traversante. La demeure est datable du XlVe siècle. Au XVIIè siècle, la maison est déjà morcelée en plusieurs lots. Elle est d'une qualité inhabituelle dans le quartier, avec des éléments luxueux, et située en face de la livrée cardinalice de Bertrand du Pouget, ce qui a fait penser à une de ses propriétés, mais on n'en connaît pas le maître d'ouvrage ni les circonstances de sa construction. La cave, au format exact de la parcelle traversante, est un élément remarquable de cet ensemble. Elle est voûtée en berceau avec des arcs doubleaux segmentant l'espace en quatre travées. A 1' origine, la descente de cave se faisait au nord par un degré couvert de rouleaux plein cintre et à ressauts. Grâce aux murs de refend de la cave, la distribution d'origine de la maison en élévation peut être reconstituée. La maison devait comporter deux corps de logis opposés, séparés par une cour. Le même type de cheminées monumentales se retrouve dans les deux maisons. La première parcelle a des aménagements de distribution du XVIe siècle (escalier en vis par exemple) et les niveaux ont été remaniés. La seconde parcelle a conservé les divisions d'origine. Les fenêtres en façade ont été modifiées aux XVe et XVIe siècles. A l'étage du corps d'entrée, on retrouve la division du rez de chaussée : une grande salle avec cheminée, suivie à l'arrière d'une petite chambre. Ces deux espaces , à l'étage, sont séparés par une cloison sur armature de bois, portée par un pilier principal servant d'appui médian à la cloison. Celle-ci est d'origine, et elle est entièrement peinte de fresques. Ces peintures s'étendent sur l'ensemble des deux pièces et sur le pilier. Les peintures comportent plusieurs registres superposés : dans le haut, des rinceaux sur fond rouge, puis un panneau historié où l'on distingue un chevalier combattant un dragon, avec un paysage et une pie, puis des draperies et enfin des graffiti médiévaux (blasons, dauphins..) relevés par le propriétaire et dont l'interprétation est en cours d'étude. La cloison peinte sert de séparation entre les deux propriétés actuelles. L'hypothèse d'une demeure cardinalice ne semble pas fondée, en raison de la taille étroite de la parcelle, pas plus que celle d'une demeure d'Humbert II de Dauphiné, mais il s'agit en tous cas d'une maison importante d'un notable. Actuellement, elle est divisée entre deux propriétaires différents, dont l'un souhaitait effectuer des aménagements locatifs. En raison des menaces sur le maintien in situ des peintures, une instance de classement a été ouverte le 18 décembre 2000. La commission régionale du patrimoine et des sites a confirmé l'intérêt historique et architectural de l'ensemble de la maison en votant pour son inscription en totalité et en souhaitant un classement des intérieurs, fondé sur l'intérêt exceptionnel de l'ensemble des décors peint du XlVe siècle en place et sur les potentialités archéologiques, témoignages de la période historique de Villeneuve liée à la présence de la papauté en Avignon. M. HUGUES souligne qu'il convient essentiellement de sauver la peinture murale, en classant la cloison et le pilier qui la portent ; le classement pourrait s'étendre également à la pièce du rez de chaussée de la parcelle 376, qui contient une cheminée monumentale et un plafond appartenant sans doute à l'état d'origine. M. POISSON n'est pas favorable à un classement portant sur quelques éléments. Il est partisan d'un classement d'ensemble, et ce, au besoin d'office. Il rappelle en effet que la compréhension des structures s'est faite à partir des caves communes aux deux parcelles. Il considère que, s'il est vrai que l'importance de cette maison, remaniée aux XVIe et XVIIe siècles, réside surtout dans les décors peints et les graffiti, ceux-ci, ainsi que d'autres éléments architecturaux, concourent à démontrer la richesse de la substance médiévale de l'ensemble de la demeure, qui a peut-être fait partie des propriétés du cardinal du Pouget vers 1344. M. de SAINT-VICTOR se prononce également en faveur d'une mesure globale, et il intervient pour développer des hypothèses de solutions juridiques pour conserver l'authenticité et mettre en valeur la maison. La Commission, par son vote, se déclare en faveur d'un classement en totalité de la maison située à Villeneuve-lez-Avignon d'une part 1 rue du Bourguet et de l'autre côté 2 rue Montée du Fort sur les parcelles CC 253 et CC 254 (anciennes parcelles AN 376 et 377 du cadastre), considérant que ces deux parcelles qui formaient à l'origine un seul et même immeuble, portent des vestiges importants et significatifs de sa construction au XlVe siècle et des éléments très remarquables de décors intérieurs médiévaux, dont des fresques murales de l'époque de la papauté en Avignon. JAMOT GARD VILLENEUVE-LEZ-AVIGNON MAISON MEDIEVALE Mur Sud de la parcelle 377 : Partie Ouest : Peintures murales Clichés : Josette CLIER CRMH Montpellier 1988 Kuel ^ GARD VILLENEUVE-LEZ-AVIGNON MAISON MEDIEVALE Mur Sud de la parcelle 377 : Partie Ouest : Peintures murales Chevalier terrassant un dragon (Saint Georges ?) Clichés : Josette CLIER CRMH Montpellier 2000