ACTION URGENTE
LE DERNIER ESPOIR D'EMPÊCHER UNE EXÉCUTION
REPOSE SUR LA COUR SUPRÊME
COMPLÉMENT D'INFORMATION
Lorsque le président Bill Clinton a promulgué la Loi relative à la répression du terrorisme et à l'application de la peine de mort le 24 avril
1996, il a déclaré : « Depuis trop longtemps, et dans de trop nombreux cas de condamnation à mort, les appels interminables
empêchent la justice d'être rendue. Désormais, les criminels qui se sont vu infliger la peine capitale pour leurs actes odieux ne pourront
plus y avoir recours pour retarder leur exécution. » La Cour suprême américaine a indiqué que, en vertu de la Loi de 1996, les tribunaux
fédéraux doivent « appliquer des normes fortement différentielles lorsqu'il s'agit d'évaluer les jugements rendus par les tribunaux des
États, ce qui nécessite que l'on accorde le bénéfice du doute aux décisions de ces juridictions ». En 1998, le rapporteur spécial des
Nations unies sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires a exprimé de vives inquiétudes. En effet, il estimait que « la
garantie d'une procédure légale [était] sérieusement mise à mal » par la Loi de 1996, qui imposait des restrictions sans précédent aux
prisonniers invoquant des violations de la Constitution. En 2012, il a réitéré ses préoccupations quant au fait que les États-Unis ne se
penchaient pas sur ce problème de limitation du contrôle par une autorité judiciaire.
Dans la décision qu'il a rendue le 22 avril 2013 au sujet de Warren Hill, le collège du 11e circuit a statué à deux contre un que la Loi de
1996 excluait sa nouvelle requête. À l'appui de ladite requête, les avocats de Warren Hill avaient pourtant joint les déclarations sous
serment signées en février 2013 par les trois experts cités par l'État fin 2000, qui avaient affirmé à l'époque qu'ils ne croyaient pas au
retard mental de l'accusé. Dans ces déclarations, les trois experts révélaient qu'ils avaient changé d'opinion : ils considéraient
maintenant que Warren Hill présentait effectivement un retard mental et, partant, se rangeaient à l'avis des quatre experts présentés par
la défense en 2000. Les deux juges majoritaires du 11e circuit ont déclaré : « Nous avons considéré avec attention et circonspection les
observations dissidentes de notre collègue. Néanmoins, nous sommes tenus d'appliquer les dispositions de la Loi relative à la répression
du terrorisme et à l'application de la peine de mort. »
Pour sa part, la juge dissidente a écrit : « L'État de Géorgie et la majorité […] estiment qu'un tribunal fédéral ne peut pas examiner les
éléments nouveaux et convaincants concernant [Warren] Hill au motif que les garde-fous établis par le Congrès dans le cadre de la Loi
relative à la répression du terrorisme et à l'application de la peine de mort nous interdisent de permettre à une personne présentant un
retard mental d'invoquer son droit constitutionnel à ne jamais être exécuté. Les effets pervers d'une telle application de la Loi sont que
les tribunaux fédéraux doivent acquiescer, voire fermer les yeux, lorsqu'un État insiste pour procéder à l'exécution, pourtant
anticonstitutionnelle, d'une personne présentant un trouble mental […]. L'idée que les tribunaux ne sont pas autorisés à reconnaître
qu'une erreur a été commise alors que cela empêcherait une exécution est totalement incroyable dans un pays qui non seulement se
targue d'avoir le système judiciaire parfait mais tente aussi de l'exporter dans le reste du monde comme un modèle d'équité. » La juge a
ajouté que la Loi relative à la répression du terrorisme et à l'application de la peine de mort ne devait pas être interprétée de façon à
demander l'exécution d'un prisonnier dans une affaire où les éléments actuels « garantissent presque à coup sûr que le retard mental
peut être établi » et peuvent « même satisfaire les exigences absurdes de la Géorgie quant à la charge de la preuve ». Aucun autre État
des États-Unis ne requiert des preuves de retard mental au-delà de tout doute raisonnable dans une affaire où l'accusé encourt la peine
de mort. En effet, une majorité des 32 États appliquant encore la peine capitale, ainsi que le gouvernement fédéral, utilisent le principe
des « éléments nécessaires », en vertu duquel le juge de première instance a reconnu que Warren Hill souffrait d'un retard mental.
Aucune requête n'a été adressée au Comité des grâces et des libérations conditionnelles de Géorgie, qui a déjà refusé de gracier Warren
Hill en 2012. Le dernier espoir d'obtenir un sursis à l'exécution repose sur la Cour suprême. Plusieurs éminents spécialistes de la santé
mentale ont signé un mémoire destiné à éclairer la cour, dans lequel ils se déclarent favorables à la requête de Warren Hill devant la
Cour suprême : « En tant que cliniciens spécialisés dans les déficiences mentales, nous sommes pleinement conscients des enjeux des
affaires dans lesquelles l'accusé encourt la peine capitale, et nous estimons qu'une condamnation à mort ne peut pas s'appuyer sur ce
qui est désormais reconnu comme une erreur de diagnostic. »
Le 3 juillet 2013, le tribunal d'un comté de Géorgie a fixé une période de sept jours durant laquelle l'exécution de Warren Hill,
aujourd'hui âgé de 53 ans, peut avoir lieu. L'ordre d'exécution est valable du 13 juillet à 12 heures au 20 juillet à 12 heures. Le
directeur de l'administration pénitentiaire de Géorgie a prévu l'exécution pour le 15 juillet à 19 heures, au Centre de diagnostic et de
classification de Géorgie, à Jackson.
Dix-huit personnes ont été mises à mort aux États-Unis depuis le début de l'année, ce qui porte à 1 338 le nombre d'exécutions
enregistrées depuis 1977 – 53 ayant été comptabilisées en Géorgie. Amnesty International est opposée à la peine de mort en toutes
circonstances.
Nom : Warren Hill
Homme
Action complémentaire sur l'AU 197/12, AMR 51/046/2013, 8 juillet 2013