Géorgie - Swiss Refugee Council

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Géorgie :
Les modalités de prise en charge
de l'hépatite C et le traitement des
toxicomanes
Martin Shenton pour OSAR
Traduction R .Tremeaud
Bern, 7. Juni 2005
Introduction
Suite à la demande d’information faite à l’OSAR le 27 mai 2005, nous avons mis en
évidence les problématiques suivantes :
1) Comment se présente le système de santé en Géorgie ?
2) Quelles sont les possibilités de traitement de l'hépatite C ?
3) Quels sont les traitements pour héroïnomanes en Géorgie ?
Y a-t-il des programmes de désintoxication ?
4) Quelles sont les possibilités de prises en charges de l'hépatites C
en cas de détention ?
L'OSAR observe le développement de la Géorgie depuis plusieurs années, c'est sur
la base de rapport d'experts et de nos propres recherches que nous avons traité ces
questions.
1. Comment se présente le système de santé en Géorgie ?
En Géorgie, les soins sont presque toujours payants. De ce fait, peu de Géorgiens
peuvent y accéder. Les programmes de soins complexes sont souvent impossibles,
du fait du manque de ressource de l'Etat. La Croix Rouge géorgienne part du
principe que le traitement des maladies chroniques n'est pas possible.
Indépendamment de l'existence théorique d'un accès aux soins libres pour certaines
maladies et d'un règlement juridique d'assurance maladie obligatoire (type SS), la
population géorgienne doit payer presque tous les frais elle-même. En plus des frais
de traitement (examens, médicaments...), les patients doivent aussi payer les
médecins, le personnel soignant et le lit. En 2003, les frais journaliers pour un lit à
l'hôpital s’élevaient à 27 CHF. Il fallait compter 10 CHF par jour pour les médecins
et 3.5 CHF par jour pour les infirmières. Pour la majorité de la population, le
paiement de ces sommes d'argent “au noir” empêche un traitement médical adapté à
la maladie. Du fait de la situation socio-économique dégradée, de nombreux patients
ne recourent aux soins qu'en cas de maladie grave, le coût des traitements étant
trop élevés.
En cas d'accident, le traitement d'urgence est assuré, mais le suivi à l'hôpital n'est
possible que si la famille ou des amis prennent en charge les frais.
L'ensemble du système de santé est le plus souvent de nature informelle et les lois
sur l'assurance maladie ainsi que les programmes de soins restent très théoriques.
Il existe une assurance maladie obligatoire mais en réalité seule une très petite part
de la population est couverte. La plus grande partie des géorgien n'ont qu'une
chance très faible d'en profiter, pour 50% d'entre eux l'accès est limité, pour 30% les
soins sont inaccessibles. Globalement 40% du budget de santé bénéficie à 2.5% de
la population.
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2. Quelles sont les possibilités de traitement de l’hépatite C ?
Quand ils existent, les traitements des maladies chroniques relevant de la médecine
interne ne sont possibles que dans les grandes villes. Les patients porteurs d'une
hépatite virale chronique peuvent être soignés au «Georgian Infectious Diseases,
Aids&Clinical Immunology Research Center» à Tbilissi, qui seul est capable
d'assurer une surveillance à long terme.
L'accès au traitement des hépatites C, du fait du coût très élevé des thérapies et
des médicaments, est rendu quasiment impossible. Un examen médical (biologie
moléculaire du foie) coûtait en 2002 environ 1000 US $. Selon un téléphone avec la
médecin responsable dans ce centre, le traitement, tel que conseillé par le
département de gastro-entérologie et d'hépatologie de l'hôpital universitaire de
Zürich pour un patient pris en charge, coûterait 9000 US $. Ceci pour un traitement
de 6 mois à base d'Interferon(Pegyliert) et Ribavarin ou 6000 US $ avec l’ Interferon
normal.
Les frais pour le traitement et les médicaments ne sont ni pris en charge par l'Etat ni
par une assurance médicale, le patient doit les assumer seul. Du fait des frais très
élevés, ce traitement n'est pas accessible pour la plupart des patients.
3. Quels sont les traitements pour héroïnomanes en Géorgie ?
Y a-t-il des programmes de désintoxication ?
D'après un documents de «Human rights information&documentation center
(HRIDC)» la toxicomanie est toujours considérée en Géorgie comme une honte. Les
consommateurs sont stigmatisés par la société et doivent cacher leur dépendance
en public. La consommation et le trafic n'a pas lieu dans la rue mais plutôt en privé.
Le trafic et la consommation à petite dose est un délit dans la loi géorgienne.
D'après l'article 45, ce délit est puni d'une amende (jusqu'à 100 fois le salaire
minimum), de 30 jours de travail social ou de 15 jours de prison. D'après l'article
273, la consommation est un délit en cas de récidive dans l'année. Dans ce cas, la
peine est d'un an d'emprisonnement ou de 180 jours de travail social.
D'après les informations du «programme de lutte contre la toxicomanie et le trafic de
drogue dans le Caucase Sud (SCAD)», il existe un grand écart entre la demande de
traitement des toxicomanies et les possibilités de traitements existantes. Du fait des
faibles ressources étatiques, il manque un nombre adapté de centres de traitements
ainsi que des modalités diverses de traitement. En Géorgie il existe deux hôpitaux
(à Tbilissi) qui s'occupent d'une désintoxication stationnaire des toxicomanes.
L’offre se limite à environ 300 places par ans pour une durée de prise en charge
d'une semaine à un mois. Une désintoxication coûte 500-700 US $ et doit être
réglée par le patient. Seule un petit nombre de patient peut se permettre un tel
traitement. Au cours de l'année 2003, 306 personnes toxicomanes ont été traitée.
Peu de structures de réinsertions des toxicomanes existent en dehors des deux
hôpitaux de soins. Il y a dix centres régionaux et 21 centres d'informations dans les
différentes parties du pays, ils offrent des soins ambulatoires et des examens
médicaux.
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Aucun programme de réinsertion n'existe en Géorgie, l'offre se limite à un traitement
psychothérapeutique. Il est prévu pour l'automne 2005 le démarrage d'un
programme de méthadone qui va être financé par le “Global fund for Fight against
Malaria, Tuberculoses and AIDS” ce programme offrira 60 places.
4. Quelles sont les possibilités de prises en charges de
l'hépatite C en cas de détention?
Il n'y a pas d'informations sur la situation des malades de l'hépatite C en détention
en Géorgie. Comme l'accès aux thérapies et aux soins est déjà très dur en dehors,
on peut imaginer que les possibilités de traitements en prison sont pires.
Le traitement des prisonniers du fait du surpeuplement chronique des prisons a
toujours donné lieu à des critiques de la part des organisations des droits de
l'homme. Celles-ci constatent que la violence et la corruption font parties de
l'appareil judiciaire. Cette situation résulte des conditions économiques précaires et
des salaires très bas. Les détenus n'ont pas un accès suffisant aux médicaments et
à la nourriture. On peut considérer qu’il règne en prison une situation inhumaine et
un danger de mort.
Des rapports font régulièrement état de décès suite aux maladies et à l’absence de
soins dans les prisons Géorgienne.
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