Science économique (Sociologie – Science politique) 1ére ES

Sciences économiques
et sociales
Le diagnostic : faut-il réformer le système monétaire international ?
1/ L’accélération des entrées et des sorties de capitaux.
Le contexte : le processus de globalisation financière.
La globalisation financière désigne l’intégration très avancée des marchés de capitaux dans
l’ensemble de l’économie mondiale. Elle a conduit à l’édification d’un marché unique de
l’argent à l’échelle planétaire, caractérisé par une double unité de temps (fonctionnement en
continu 24h/24h) et de lieu (interconnexion des places financières). Depuis les années 1980,
le mouvement de déréglementation financière a en effet conduit à une grande liberté de
circulation des capitaux, à une forte croissance des opérations financières, et à une
complète interdépendance des différents marchés (marché monétaire, marché financiers,
marchés des changes, marchés de produits dérivés). Avec la « globalisation » financière, les
positions vis-à-vis des avoirs et des engagements étrangers (investissements directs
étrangers, investissements de portefeuille, dettes) ont considérablement augmenté et les flux
de capitaux sont désormais en mesure de se déplacer très rapidement au gré des
modifications, même minimes, des taux d’intérêt et des taux de change, tandis que les
échanges financiers entre pays de l’OCDE ont augmenté quatre fois plus vite que leur PIB
depuis vingt ans.
Le processus de globalisation financière s’appuie sur trois piliers :
une déréglementation des marchés de capitaux favorable aux déplacements des flux
financiers, à l’émergence d’une offre plus large de placements et à l’intervention des
investisseurs institutionnels (fonds mutuels, fonds de pension, compagnies
d’assurance, fonds spéculatifs) ;
une désintermédiation permettant aux agents à besoin de financement de recourir
directement aux marchés financiers (finance directe) plutôt qu’au crédit bancaire
(finance indirecte) ;
un décloisonnement des marchés effaçant progressivement la spécialisation des
activités entre banques commerciales et banque d’investissement.
Le mouvement de libéralisation des marchés financiers va permettre aux firmes
multinationales d’acquérir par la finance directe les ressources nécessaires pour financer
leurs opérations de rachat à l’étranger, tandis que les Etats vont ainsi pouvoir financer
leur déficit extérieur en attirant l’épargne étrangère vers l’achat de titres de la dette
publique. La création de marchés dérivés constitue un aspect essentiel de la
globalisation financière, puisqu’elle a permis la création de nouveaux produits financiers
permettant aux opérateurs de se couvrir contre des variations de change dans le cadre
des transactions commerciales.
L’accélération des entrées et des sorties de capitaux a profondément modifié la conduite
des politiques économiques, la gouvernance des entreprises et les modalités d’épargne
des ménages.
Globalisation financière et intensification des flux de capitaux.
L’essor de la finance directe a également transformé le paysage monétaire et financier
international. De 1990 à 2007, la capitalisation boursière du New York Stock Exchange est
passée de 2 692,1 milliards de dollars à 16 281,6 milliards de dollars. La baisse des coûts de
transaction, la suppression des restrictions aux échanges d’actifs sur les marchés
internationaux de capitaux, et l’ouverture des marchés boursiers aux investisseurs étrangers
vont favoriser, avec l’essor d’un certain nombre d’innovations financières (produits dérivés,
titrisation), l’intensification considérable des flux de capitaux et le développement des places
financières. Ainsi, en France, d’importantes réformes du secteur bancaire et financier vont
conduire à un développement rapide de la place de Paris, en particulier par l’apport de
capitaux étrangers. Les échanges de devises entre les pays et les échanges d’actifs
financiers ont eux aussi fortement augmenté : depuis les années 1980 dans les pays de
l’OCDE, le ratio de la somme des stocks des avoirs et engagements étrangers par rapport
au PIB a quintuplé.
Les pays développés ont ainsi multiplié les échanges financiers entre eux. S’ils représentent
environ 90% du total du stock des engagements financiers dans le monde, la part des pays
émergents progresse néanmoins, tandis que leur structure de financement externe s’est
largement modifiée, avec une forte augmentation des investissements directs étrangers, une
très nette prépondérance des financements privés par rapport aux fonds publics, et un déclin
des crédits bancaires au profit des titres financiers. Ainsi, depuis 1999, les pays émergents
sont devenus exportateurs nets de capitaux et ont accumulé d’importantes réserves de
change grâce à leurs excédents commerciaux souvent recyclés sous la forme d’une
acquisition d’un montant important de titres de la dette publique des pays occidentaux.
L’accélération des entrées et sorties de capitaux a permis de drainer l’épargne vers les pays
émergents, de faire coïncider les capacités et les besoins de financement, et d’assurer une
meilleure allocation des capitaux à l’échelle mondiale. Pourtant, elle s’est accompagnée
d’une instabilité plus forte du système financier international.
La crise financière récente a démontré le besoin d’une meilleure gouvernance mondiale : le
renforcement de la régulation financière figure aux priorités de la présidence française pour
le G20. La France souhaite veiller à la mise en œuvre effective des règles décidées pour
renforcer durablement le contrôle du secteur financier et renforcer celles qui restent
insuffisantes en matière de régulation du « secteur bancaire fantôme » (activité bancaire
parallèle non régulée à ce jour). Elle souhaite également que le G20 contribue à renforcer
l’intégrité et la transparence des marchés financiers.
Quelques pistes pour des activités pédagogiques.
Document 1. Les opportunités et les risques de l’intensification des flux de capitaux.
Depuis un quart de siècle, le capitalisme a beaucoup changé dans les pays développés. La
finance a été un vecteur décisif de ces changements depuis la disparition du système de
Bretton Woods et la grande inflation des années soixante-dix. La globalisation financière est
le nom donné à des transformations qui ont affecté les principes de fonctionnement de la
finance. Ce sont des transformations très profondes qui associent étroitement la
libéralisation des systèmes financiers nationaux et l'intégration internationale.
Ce nouveau régime de la finance est profondément ancré dans les structures économiques
contemporaines. Si l'instabilité qui lui est consubstantielle ne provoque pas de catastrophe
globale, il est là pour durer. Car les forces déterminantes qui lui ont donné naissance sont
enracinées dans des évolutions socio- démographiques à longue portée. Ces évolutions font
apparaître dans les pays développés un capitalisme patrimonial dans lequel une partie
grandissante des salariés devient actionnaire des entreprises par la médiation des
investisseurs institutionnels. L'influence prépondérante de ces acteurs financiers imprime sa
marque sur la concurrence dans la finance, sur l'allocation des capitaux et sur les
comportements des entreprises. Ces effets microéconomiques ont des répercussions macro-
économiques. La globalisation financière agit sur les conditions de la croissance des
2
économies. Elle s'accompagne aussi d'une instabilité endémique qui nourrit des crises
financières récurrentes. Ces crises accompagnent l'extension de la libéralisation financière
dans les pays en développement. La globalisation financière est une transformation des
systèmes financiers qui est intimement liée au changement de régime de croissance dans
les pays de capitalisme avancé (…) Au cours des années soixante-dix, les pressions sur le
dollar, les chocs pétroliers, la montée inégale de l'inflation dans les pays de l'OCDE se sont
conjugués pour transformer le système monétaire international. On est passé d'un système
régulé par les gouvernements sous le contrôle des mouvements de capitaux à un système
mû par les marchés qui a libéré les flux internationaux de capitaux. Sous les règles de
Bretton Woods, les contraintes de balances courantes étaient strictes, car les déficits étaient
financés par les réserves officielles de change sous condition de changes fixes. Dans le
système actuel, où les déficits sont financés par le crédit international des banques et des
marchés de titres, les contraintes passent par les jugements des investisseurs financiers sur
la soutenabilité des dettes extérieures. Les mécanismes financiers de plus en plus
sophistiqués qui véhiculent les flux de capitaux tissent l'intégration financière de plus en plus
serrée de l'économie mondiale. Mais la diversification des instruments de placement et
d'emprunt, l'apparition de marchés dérivés sont des processus qui ont leur source dans la
mutation des systèmes financiers nationaux.
Michel Aglietta, « La globalisation financière », in CEPII, l’économie mondiale 2000,
Collection Repères, la Documentation française, 1999.
Questions :
-Rappeler ce que l’on appelle la règle des 3 « D ».
-Récapituler dans un tableau les avantages et les inconvénients de la globalisation
financière.
-Pourquoi la globalisation financière s’est-elle accompagnée d’une instabilité financière
plus forte ?
Document 2. Capitalisation boursière des premières places financières dans le monde
(milliards de dollars)
Décembre 1990 Octobre 2007
New York Stock Exchange
(NYSE) 2 692,1 16 281,6
Tokyo 2 928,5 4 626,8
Nasdaq 310,8 4 389,6
Euronext - 4 418,3
Londres Stock Exchange
(LSE) 850,0 4 207,0
Shanghai - 3 018,1
Hong Kong 83,4 2973,8
Allemagne 355,3 2 119,1
Espagne 11,4 1832,1
Suisse 157,6 1325,5
Italie 148,8 1134,0
Total de la Fédération
internationale des Bourses - 63 050,3
Source : World Federation of Exchanges.
Questions.
-Faire une phrase avec les chiffres soulignés.
-Calculer l’évolution de la capitalisation boursière du NYSE et du LES.
3
Autres activités proposées.
- Réaliser une recherche sur les décisions des différentes réunions du G20 en matière de
régulation financière.
Finalité : permettre de faire le point sur les chantiers, les avancées et les insuffisances en
matière de coordination des Etats pour mieux assurer la stabilité financière.
- Rechercher les grandes étapes de la libéralisation financière en France.
Finalité : resituer l’accélération des entrées et des sorties de capitaux dans le temps et le cas
français.
- Questionnaire à partir de la présentation de l’ouvrage de Florence Pisani et Anton Brander :
http://www.lafinancepourtous.com/La-crise-de-la-finance-globalisee.html
Finalité : faire comprendre aux élèves les opportunités et les risques liés au processus de
globalisation financière.
- Collecte de statistiques sur la croissance du volume des échanges financiers depuis les
années 1980 pour faire apparaître la croissance des flux de capitaux (savoir-faire).
BIBLIOGRAPHIE
-J. Couppey-Soubeyran, Monnaie, banques, finance, PUF, 2010.
-C. De Boissieu (dir.), Les systèmes financiers, mutations, crises et régulations, Economica,
2009.
-Montoussé M., 100 fiches pour comprendre la bourse et les marchés financiers, Bréal,
2010.
SITOGRAPHIE
-Un rapport du FMI sur les perspectives de l’économie mondiale (avril 2011)
http://www.imf.org/external/french/pubs/ft/weo/2011/01/pdf/textf.pdf (en particulier le chapitre 4
page 135 : flux internationaux de capitaux : fiables ou inconstants ?)
-Un site avec de nombreuses données statistiques sur les transactions financières :
http://www.world-exchanges.org/statistics
-Le rapport de la Banque des règlements internationaux (2010) :
http://www.bis.org/publ/arpdf/ar2010_fr.pdf
4
2 / Les déséquilibres des balances des transactions courantes
La balance des paiements comptabilise les échanges d’un pays avec le reste du monde.
Elle comprend, dans la logique européenne, trois comptes qui retracent les flux d’échange
selon leur nature et un poste « erreurs et omissions » d’ajustement comptable. Le compte
des transactions courantes (ou balance des transactions courantes) enregistre les échanges
de biens et de services, les opérations de revenus et les transferts courants, alors que le
compte financier mesure les entrées et les sorties de capitaux sous forme d’investissements
directs ou d’investissements de portefeuille.
La balance des paiements est équilibrée par construction car elle enregistre pour chaque
échange deux opérations, l’opération réelle et l’opération monétaire qui en est la
contrepartie. Cependant chaque compte peut faire apparaitre un solde positif (excédent) ou
négatif (déficit). Evoquer un déficit de la balance des paiements est un abus de langage qui
désigne le déficit de la balance courante.
Le développement des échanges depuis les années 50 et la spécialisation des pays qui les
rendaient complémentaires a permis aux pays industrialisés de connaitre des excédents
durables de leurs balances courantes. Ils exportaient leurs surplus de biens manufacturés
vers les pays en développement et importaient des matières premières et des biens
agricoles. Les excédents d’un pays disparaissaient rapidement par l’utilisation de ce surplus
exceptionnel en importations. Un déficit durable était rapidement sanctionné par une
dévalorisation de la monnaie et contraignait le pays à mener une politique lui permettant de
rétablir un équilibre commercial vis-à-vis de l’extérieur. S’ils étaient possibles, les
déséquilibres commerciaux étaient peu importants et rarement durables.
La position des Etats-Unis est particulière. Le dollar est le pivot du système financier mis en
place à Bretton Woods (1944) et repris par les accords de la Jamaïque (1976), ce qui justifie
l’existence d’un déficit américain. Les liquidités nécessaires aux échanges internationaux
contraignent les Etats-Unis à émettre des dollars et à les faire circuler à travers la planète.
Le déficit courant américain permet de faire sortir les dollars du territoire américain à travers
de simples opérations d’achats de biens et de services. Les Etats-Unis compensent ces
sorties de monnaie par un financement venu de l’étranger, principalement d’Europe et du
Japon. C’est pourquoi, au cours des années 80, alors que le déficit courant américain
semblait croitre sans cesse, les autorités américaines considéraient le problème comme
négligeable.
Les conditions du déficit américains changent cependant au cours des années 2000-2010.
L’importance des déficits courants est de plus en plus souvent considérée comme une cause
importante de la crise mondiale actuelle. Le déficit courant des Etats-Unis a atteint un pic en
2006 où il dépassait 800 milliards de dollars, soit 6% du PIB du pays. Il représentait plus de
la moitié des déficits courants mondiaux cumulés. Le déficit commercial américain vis à vis
de la Chine a atteint 226.9 milliards de dollars en 2009. Le déficit américain a pris une
ampleur d’autant plus préoccupante qu’il était presque inexistant dans les années 90. La
forte croissance qu’il avait connu au milieu des années 80 avait été résorbée par une
dépréciation du dollar (accords du Plaza – 1985).
Balances courantes en % du PIB, source FMI.
1999 2000 20001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009
Pays
avancés -0.4 -1.1 -0.9 -0.8 -0.7 -0.7 -1.2 -1.2 -0.9 -1.3 -0.3
Dont
Etats-Unis -3.2 -4.2 -3.9 -4.3 -4.7 -5.3 -5.9 -6 -5.2 -4.9 -2.7
Pays
émergents -0.3 1.4 0.7 1.2 2 2.5 4.2 5.2 4.2 3.7 1.8
Dont
Chine 1.4 1.7 1.3 2.4 2.8 3.6 7.2 9.5 11 9.4 6
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