peu importe les valeurs tensionnelles lorsque la per-
sonne est couchée
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.
La polypharmacie est l’un des facteurs de risque très
souvent en cause. Les benzodiazépines, les inhibiteurs
sélectifs du recaptage de la sérotonine (ISRS), les neu-
roleptiques, les hypotenseurs et les antiépileptiques
sont les médicaments les plus susceptibles d’entraî-
ner des chutes.
Enfin, bien évidemment, toute maladie aiguë pou-
vant diminuer l’état général du patient ou favoriser
une courte immobilisation contribue à accroître les ris-
ques de chute.
Sur le plan des comportements à risque, notons la
témérité (Ex. : grimper sur une chaise pour atteindre
un objet haut placé), la prise d’alcool, le port de chaus-
sures mal adaptées à l’état du patient, des vêtements
trop longs et même des sacs à main trop lourds
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!
Enfin, en ce qui a trait à l’environnement, certains
lieux dans la maison (encadré 2) sont plus propices
aux chutes.
Comme bien des gens de son âge, M
me
Petitpas se lève
fréquemment la nuit. Elle ne possède aucun système
d’éclairage et prend des médicaments hypotenseurs et
des benzodiazépines au coucher. De plus, elle ne met pas
ses lunettes quand elle va à la salle de bains et a placé un
petit tapis de sol pour que ce soit plus douillet sous ses
pieds… Que d’occasions de chutes !
Quelle est l’évaluation
systématique de base de tout chuteur ?
L’anamnèse centrée sur le problème
L’anamnèse du patient chuteur (encadré 3) doit in-
clure la recherche des causes de chutes ainsi que l’éva-
luation de leurs conséquences et du risque de récidive.
Voici une série de questions simples et ouvertes vous
permettant de laisser parler le patient afin d’en ap-
prendre le plus possible sur le contexte dans lequel
surviennent les chutes.
1. Décrivez-moi votre chute.
Pour les patients atteints de troubles cognitifs, il
est bon de toujours poser la question à un témoin.
2. Vous arrive-t-il souvent de tomber ?
Plus le patient fait des chutes, plus son risque d’en
faire d’autres augmente. La possibilité de multi-
ples causes sous-jacentes est également plus éle-
vée. Le patient risque alors de limiter sa mobilité
par peur de tomber et donc de développer un syn-
drome postchute.
3. Avez-vous senti venir votre chute ?
Vous interrogez alors le patient pour vérifier la pré-
sence de prodromes cardiaques et neurologiques
(palpitations, douleur rétrosternale, sudation, voile
noir, paralysie, symptômes d’hypotension ortho-
statique, aura).
4. Avez-vous perdu connaissance ?
Attention, plusieurs personnes perdent connaissance
sans le savoir et d’autres ne perdent pas connais-
sance, mais utilisent cette expression pour exprimer
un malaise. La version des témoins est donc d’au-
tant plus importante. Une perte de connaissance
demande toujours un examen supplémentaire pour
déceler des problèmes cardiaques (sténose aortique,
trouble du rythme, hypersensibilité du sinus, etc.)
ou neurologiques (épilepsie, etc.).
5. Où étiez-vous ?
Les chutes dans la salle de bains, les escaliers ou la
chambre à coucher sont très souvent d’origine en-
vironnementale. La sortie du bain est un moment
particulièrement propice aux chutes du fait de la
difficulté physique que cet exercice représente, du
risque de glisser et du risque d’hypotension ortho-
statique associée à la prise d’un bain chaud.
Les chutes dans la chambre à coucher le matin ou la
nuit sont fréquentes également. L’éclairage est le plus
souvent insuffisant, les mictions impérieuses font
Le Médecin du Québec, volume 44, numéro 1, janvier 2009
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Formation continue
Anamnèse du chuteur
1. Décrivez-moi votre chute.
2. Vous arrive-t-il souvent de tomber ?
3. Avez-vous senti venir votre chute ?
4. Avez-vous perdu connaissance ?
5. Où étiez-vous ?
6. Combien de temps êtes-vous resté par terre ?
7. Qu’avez-vous fait par terre ?
8. Vous êtes-vous blessé ?
9. Avez-vous peur maintenant quand vous marchez ?
10. Vous sentez-vous capable de retourner chez vous ?
Encadré 3