LA VOIX DU NORD
VENDREDI 17 JANVIER 2014
18 SECLIN
2225.
Le projet de reconstruction et de
doublement de la ligne à très
haute tension Avelin-Gavrelle est
toujours en phase de conciliation
« difficile ». Pour apaiser les
craintes des habitants, qui
entendent parler de risques
sanitaires à proximité des lignes,
deux entreprises indépendantes
réalisent des mesures du champ
magnétique. Nous sommes allés
avec l’une d’elles au pied des
pylônes, à Moncheaux.
PAR ANNE-GAËLLE DUBOIS
PHOTO « LA VOIX »
1.
Comment se mesure le
champ magnétique ?
Un petit boîtier jaune posé sur un
trépied sous une ligne électrique, à
l’entrée de Moncheaux, route de
Thumeries. « 1,67 » indique l’ap-
pareil : nous parlons en microtes-
la, la mesure utilisée communé-
ment pour évaluer la valeur d’un
champ magnétique. Bernard Tor-
rent est chargé des mesures pour
l’entreprise Apave. Toute cette se-
maine, il est allé relever le niveau
de ce fameux champ qui fait si
peur, à vingt endroits différents le
long de la ligne. A chaque point,
souvent près d’un pylône, l’homme
prend une trentaine de mesures
différentes, sous la ligne et jusqu’à
cent mètres de chaque côté. Un tra-
vail fastidieux qui permettra
d’avoir 600 données chiffrées.
Et qui est complété par la mission
de la société Radiocem. Celle-ci
s’occupe d’aller chez des particu-
liers qui vivent à proximité immé-
diate de la ligne actuelle à très
haute tension : pendant 24 heures,
un boîtier relève l’intensité du
champ magnétique dans leur mai-
son. Douze familles jouent le jeu (à
Avelin, Moncheaux, Leforest, Evin-
Malmaison, Beaumont, Gavrelle,
Izel-les-Esquerchins). Elles ont
toutes été proposées par les maires
des communes, sachant que ceux
de Tourmignies, Attiches et Mons-
en-Pévèle, n’ont pas répondu à la
demande de RTE. Coïncidence ?
Ces maires sont aussi farouche-
ment opposés à la reconstruction
de la ligne THT...
2.
Une campagne pour rassu-
rer la population
Ce sont justement les opposants (à
qui nous avons régulièrement don-
né la parole, notamment fin dé-
cembre lors de la chaîne humaine)
que RTE espère convaincre à tra-
vers cette étude. « Pendant le débat
public, on a entendu parler des champs
magnétiques. On comprend les inquié-
tudes soulevées dans la commission
santé. Charge à nous d’apporter des
éléments d’information », assure
Jean-Louis Carlier, responsable du
projet de reconstruction de la ligne
pour RTE.
A quoi vont servir ces mesures
puisque la ligne a vocation à être
détruite ? « Nous voulons faire de la
pédagogie. Cette campagne de mesure
sera retranscrite dans un rapport et
permettra d’avoir une modélisation
sur la future ligne. » En clair, on de-
vrait pouvoir connaître le niveau
du champ magnétique après re-
construction. Le rapport sera pré-
senté lors de la commission santé
du 24 janvier à Leforest. Difficile de
croire que les opposants change-
ront d’avis après ça ! Car les asso-
ciations et les maires opposés conti-
nuent à remettre en cause la re-
construction, non seulement pour
les raisons sanitaires, mais aussi
pour l’impact paysager. Et parce
qu’ils la jugent inutile.
3.
Le champ magnétique « va
baisser » selon RTE
Le responsable de la reconstruction
assure que le champ magnétique
induit par la future ligne sera plus
faible qu’actuellement, alors
qu’elle va être doublée avec deux
circuits de 400 000 volts au lieu
d’un seul actuellement. Sans ren-
trer dans des détails trop tech-
niques, disons que la forme des py-
lônes devrait jouer en faveur d’une
baisse : « Les pylônes actuels, en
forme de tour Eiffel, sont les pires
pour le champ magnétique. Les nou-
veaux, de nouvelle génération, per-
mettront une décroissance plus rapide
du champ. » Le fait d’avoir deux cir-
cuits devrait induire aussi un
champ magnétique plus faible
(l’intensité étant répartie sur deux
lignes).
4.
Quelle influence sur le
choix du futur tracé ?
Cette campagne va-t-elle influen-
cer le choix du tracé final, prévu
pour mai-juin ? RTE veut surtout
ici rassurer... Car, on sait déjà qu’à
cent mètres des lignes, il n’y a quasi
plus de champ magnétique et qu’à
70 mètres, on tombe sous la valeur
symbolique de 0,4 microtesla.
Pourquoi ce chiffre ? Simplement
parce qu’une étude estime que les
risques sanitaires (on parle ici de
leucémies accrues chez les enfants,
bien que les études soient contro-
versées et que les spécialistes aient
des points de vue divergents). Ré-
glementairement, la limite à ne pas
dépasser est de 100 microteslas,
bien au-dessus !
Jean-Louis Carlier s’explique :
«L’idée, c’est de faire mieux qu’au-
jourd’hui, partout où c’est possible.
D’abord, on s’engage à ne pas sur-
plomber des habitations. Ensuite,
pour les maisons déjà proches de la
ligne, on va essayer de s’éloigner si
possible. Ce sera le cas route de Thu-
meries à Moncheaux, où on devrait
être à cent mètres des habitations au
lieu de 35. Par contre, on sera parfois
obligé de rester au même endroit. »
Pour choisir le tracé, RTE compta-
blise pour chacune des possibilités
le nombre d’habitations touchées.
L’objectif affiché : aucune nou-
velle maison à moins de 70
mètres de la ligne pour exposer le
moins possible d’habitants. Le
choix final reviendra au ministre
concerné, après avis de la commis-
sion locale de concertation.
■
ON EN PARLE
Ligne à très haute tension : au pied
des pylônes, les champs sont... magnétiques
Bernard Torrent (Apave) réalise les mesures du champ magnétique.
« On s’engage à ne pas
surplomber les maisons et
faire mieux qu’aujourd’hui
là où ce sera possible. »
LE + DU WEB
Sur notre site, retrouvez le
dossier consacré au projet de
reconstruction de la ligne THT
et les manifestations
des opposants.
www.lavoixdunord.fr/seclin
Les six anciens salariés qui ré-
clament une avance de prime de
licenciement (notre édition de
mercredi) devront attendre le
13 février pour connaître la déci-
sion du conseil prud’homal. L’af-
faire a été renvoyée au 13 février.
Ce qui n’a pas surpris l’avocate
des ex-Visteon, militants CGT.
«C’est normal. Ce délibéré leur per-
mettra d’examiner les dossiers. »
Nathalie Campagnolo a dénoncé
une discrimination syndicale, a
rappelé que seuls ces Cégétistes,
sur 240 licenciés, n’ont pas reçu
leur avance de prime de licencie-
ment de 6 000 euros. « C’est une
mesure de rétorsion compte tenu des
contestations. En plus, je n’ai fait
que m’appuyer sur les deux relances
de l’inspection du travail. Que la di-
rection de Visteon fasse la sourde
oreille devant elle, c’est quand même
invraisemblable. »
M
e
Farmine, qui représentait Vis-
teon au conseil, réfute catégori-
quement cet argument « C’est un
problème purement technique et ju-
ridique complexe. »
« Monté en épingle » ?
Comme ces salariés ont saisi le
tribunal administratif pour de-
mander l’annulation de leur li-
cenciement et que l’inspection du
travail a reformulé sa décision,
«cela leur donne la possibilité de ré-
intégrer la société jusqu'à fin janvier.
Dans ce cas, en toute logique, les
droits individuels ne peuvent être
versés. C’est un problème technique
qui est monté en épingle pour en
faire une affaire de discrimination
syndicale. »
Un argument contredit par la
partie adverse. « Alors pourquoi,
entre le moment où la demande a été
faite, en octobre, et l’annulation en
novembre, les syndicalistes n’ont-ils
pas obtenu leur prime ? »
M
e
Campagnolo est confiante de
la décision du conseil. « Ce n’est
pas imaginable que mes clients
soient privés de leurs droits. » Sylvie
Grzechowiak, une des six salariés
CGT, se sentait, hier, soutenue par
la présence d’une vingtaine de ses
anciens collègues, son appel à la
mobilisation ayant été entendu
par quelques-uns : « On se sent
moins seuls dans ces moments-là où
on ne comprend pas toujours
tout. »
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M.-C. N.
ACTUALITÉ SOCIALE
Visteon : le conseil de prud’hommes statuera le 13 février